1 juin 2017 4 01 /06 /juin /2017 12:20

 

Dossier 2 | Florilège de textes poétiques 

 

 

Je veux marcher

 

 

 

Claude Luezior

 

Site officiel : www.claudeluezior.weebly.com/

 

Cet extrait est reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur

 

 

 

Ce texte est un extrait d'Impatiences de Claude Luezior, éd. Buchet/Chastel, Paris, 1995.

 

© Crédit photo : image de la 1ère de couverture d'Impatiences

fournie par l'auteur

 

 

 

Elle scande ces mots comme on agite un gri-gri, comme on secoue la statuette du désespoir. « Je veux marcher pour mes filles », dit-elle, en espérant m'amadouer un peu plus, comme si cet argument allait changer la maladie.

 

Tu as la force de la révolte. Tu ne viens pas demander quelque chose, mais conquérir un droit bien légitime. Illusoire droit à la santé. Tu as le regard limpide de ta fille qui ne rêve que de vivre à travers toi.

Le « je veux marcher », ce n'est pas le « marche » condescendant de la Bible, c'est le fœtus qui puise dans le corps de sa mère, sans lui en demander la permission ; avidité et sincérité de la vie qui n'a d'ambition que de vivre.

 

Ferveur dans cette jeune femme qui saigne de sincérité. Beauté du désespoir et du verbe affirmer.

 

Sclérose en plaques : le diagnostic sonne comme un coup de fouet : plaques de glace, plaques d'argile ; sclérose en cicatrices sur cette chair meurtrie.

« Je veux savoir ce que j'ai, de quelles erreurs ou de quelles fautes viennent ces cicatrices ».

 

La révolte est là, justement parce qu'il n'y a pas de faute. La jeune femme n'a pas peur de la mort ; elle a peur de mal vivre face à ses filles, elle a peur de mourir. Elle brûle de vie.

La maladie continue à dévorer lentement sa substance de femme.

« Sclérose, mais je ne demande qu'à vivre ». C'est le drame de la bouche qui harcèle le désespoir. L'intelligence de la masse corticale lutte contre la sclérose de la moelle. La flamme n'arrive pas à s'allumer dans la chair mouillée de ces jambes inertes.

J'aimerais te donner l'apaisement du songe et de l'espoir, l'énergie tentaculaire de l'amour et la folle sagesse. De ton corps naîtra un jour l'oiseau bleu et la fraternité mettra le feu aux plaques. Peut-être bientôt, un médicament rallumera-t-il l'étoile profonde ?

 

***

 

 

Pour citer cet extrait

 

Claude Luezior, « Je veux marcher », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :  Supplément au n°6 sur « Penser la maladie et la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 1er juin 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/cl.marcher.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans Numéro 6
27 mai 2017 6 27 /05 /mai /2017 17:21

 

N°6 | Critique & réception

 

 

La puissance d'être soi ou

 

 

Femmes hors normes de Barbara Polla,

 

 

éditions Odile Jacob, 2017

 

 

Dina Sahyouni

 

 

© Crédit photo : image de la 1ère de couverture de l'essai aux éditions Odile Jacob

 

 

 

 

« Retenons cette magnifique phrase de Barbara Polla à placer en exergue de toutes nos exigences morales et intellectuelles : "Il s’agit d’entrer en nous pour y trouver le monde". » (Françoise Urban-Menninger, Femmes Femmes hors normes de Barbara Polla. Essai paru aux éditions Odile Jacob, Exigence : Littérature, texte mis en ligne le 3 avril 2017)

 

 

Paru le 8 mars 2017 (la Journée internationale des droits des femmes) aux éditions Odile Jacob en hommage aux femmes en général et particulièrement aux autonormées, Femmes hors normes est un essai plurivoque à portée philosophique où l'humanisme est un féminisme (ibid., chapitre 3, p. 48) et le féminisme est une résistance aux normes qui comprend entre autres la norme d'être femme féministe (comme nous le démontre l'essayiste). Cet ouvrage s'inscrit ainsi dans la tradition philosophique de la pensée d'Étienne de La Boétie exposée dans son Discours de la servitude volontaire qui apprend à l'humain de se réapproprier sa liberté en cessant de se soumettre volontairement à autrui. Ici, l'essayiste nous recommande d'oser dire « Non » à l'instar d'une Antigone et d'arrêter d'obéir non pas aux lois justes mais aux normes, préjugés, us et coutumes. Barbara Polla s'inspire dans ce livre des philosophes comme Socrate, Spinoza, Hannah Arendt (et bien d'autres) pour nous expliquer que même si l'on est assujetti à plusieurs sortes de déterminismes, on peut toutefois agir pour s'en libérer. Au lieu de subir la vieillesse qui est un déterminisme puissant dans la vie d'une femme, Barbara Polla transforme cette période cruciale de la vie en une redécouverte de soi tout en assumant pleinement et en célébrant dans le chapitre « L'âge d'or » les vertus de vieillir comme son modèle Colette.

 

L'ouvrage est pensé, organisé et rédigé en essai de philosophie pratique qui se base sur les idées de plusieurs philosophes tels Socrate, Spinoza, Hannah Arendt, Luce Irigaray, Amin Maalouf, Michel Foucault, Deleuze, Cynthia Fleury... mais aussi des vies de femmes et d'artistes connues, méconnues et inconnues. L'essai prêche une éthique simple à suivre pour accéder à ce que l'on considère comme une expression du concept de l'Agency et que j'appelle « la puissance d'être soi et d'y persister » pour parvenir au vrai amour ou « la joie d'exister » dont parle Barbara Polla dans l'« Uncanny energy ». Cela consiste en l'adoption du mode de l'« autonormie », autrement dit, en se délestant de toutes les normes imposées à soi par la majorité (ou par un autrui) pour épouser celles qui s'offrent à soi au gré des jours (ou qui correspondent au dévoilement de soi et qui contribuent à son épanouissement).

 

Cet essai, publié sans introduction ni conclusion, retrace en seize chapitres avec l'« Interlude. Alexandra David-Néel » dûment enrichis de citations et de références poétiques, les voies d'émancipation singulières que prennent les personnes autonormées (ici, ce sont des vies de femmes qui y sont relatées) pour exprimer l'étendu époustouflant des contrées de la liberté qui s'offrent aux femmes pour être elles-mêmes et d'exercer leur potentialité créative afin d'accéder à la bonne vie.

Dans cet objectif, réussir sa vie devient un acte de liberté ultime car en subissant les normes dictées par les autres sans les interroger ni les choisir que par défaut voire par peur d'être rejeté, on erre dans un vaste océan de leurres ou dans la caverne de Platon au lieu de risquer de s'aventurer à l'extérieur. Se connaître – voire appréhender sa vérité multiple – exige une quête quotidienne et inclassable de la liberté. Or, cette liberté culmine dans le courage d'être dans un processus réitéré de déconstruction des normes collectives imposées et de construction des normes individuelles consciemment choisies pour faire éclore l'« individuation » dans nos sociétés rendues impuissantes et paralysées par une normativité anesthésiante soutirant surtout aux femmes le droit d'être libre, d'être elles-mêmes. Ainsi, réussir sa vie se mesure par la capacité d'être soi-même au lieu de se laisser bercer d'illusions sur une normalité imaginaire.

 

Pour y parvenir, l'essayiste expose dans son ouvrage plusieurs concepts parmi lesquels figurent l'autonormie et l'Uncanny energy pour transcrire dans le réel la puissance d'agir spinoziste en un acte de liberté, c'est-à-dire une puissance d'être soi par l'intermédiaire de l'énergie de la joie d'exister que procurent la connaissance de soi et chacune de son expression (ou de sa concrétisation réelle).

Ainsi, Barbara Polla commence par suivre l'enseignement de Jacques Derrida (sans le citer) pour déconstruire les normes et installer au fil des chapitres sa conception de l'autonormie en donnant des exemples réels de vies de femmes hors normes. Elle fait appel à certains épisodes de sa vie pour démontrer l'écart entre une vie normée et une vie autonormée. La pensée des féministes anarchiques lui permet entre autres, de définir le concept autornormie comme le fait de découvrir peu à peu ce qui nous détermine, le déconstruire puis reconstruire des normes sur mesure qui conviennent à notre manière d'être au monde ou qui y contribuent. Ce travail incessant et continuel fait advenir le soi sans nier les lois nécessaires au bon fonctionnement de la cité ni se contenter de suivre mimétiquement les autres par souci de leur plaire. En outre, être hors normes d'après l'essayiste ne revoie pas foncièrement au désordre mais à une quête initiatique de reconfiguration des normes en version personnalisée, réappropriée, réinventée voire imaginée...

 

En outre, l'essai est construit en récits successifs de vies de femmes analysées, scindées en pensées philosophiques, artistiques, littéraires, féministes.  Et ces récits sont rapportés en témoignage de manières d'être soi-même lorsqu'on bascule dans le mode « hors normes » en rejetant surtout les normes patriarcales de la domination masculine (cf. Pierre Bourdieu) pour adopter le mode de l'autonormie. Elle tente ainsi d'explorer les normes de la standardisation et de la hiérarchisation des individus qui leur dictent dès l'enfance un devenir genré et une identité hypertrophiée parmi lesquelles elle cite puis démantèle les commandements et autres injonctions aux femmes couvrant toutes les étapes de leur vie (la beauté, la jeunesse, la maternité, le tabou du plaisir sexuel féminin, la prostitution, l'hétérosexualité, l'excision, les métiers propres aux femmes, l'horreur de la vieillesse, la mode, la créativité sans le génie, le couple, la peur, les stéréotypes féminins rejetés ou endossés (superwomen, sorcières), etc.) pour donner aux femmes comme aux hommes un seul conseil utile à suivre dans leur quotidien : c'est d'oser être soi-même malgré tout. Pour parfaire son propre devenir d'individué, la désobéissance civile s'avère nécessaire et souvent la clé du mode des femmes hors normes afin de soustraire le soi de la dictature des normes.

 

 

Énumération de certaines caractéristiques de l'Autonormie

 

 

D'après Barbara Polla, l'autonormie est le mode de résistance à la standardisation des individus par les normes dictées en choisissant d'établir leurs propres normes.

 

  • la caractéristique linguistique : ce nouveau concept des sciences humaines et sociales est linguistiquement fabriqué du préfixe Auto-, du substantif « norme » mêlé au suffixe -ie, Le substantif « autonromie » est donc conçu comme un hors normes du langage (mais non de ses lois) pour faire advenir une idée en créant son signe. Ainsi, par analogie, on découvre au fil des pages l'adjectif « autonormé » néologisme du préfixe Auto- et de l'adjectif « normé ». Barbara Polla ne crée cependant ni le substantif "autonormalisation" (le processus par lequel passe l'individu pour construire ses propres normes et accède à l'individuation), ni le verbe pronominal "s'autonormer" (se doter de ses propres normes ou s'individuer en dehors des normes communes)

  • l'autonormie est par exemple :

  1. un concept très différent de l'autonomie (ibid., chapitre 1, p.15)

  2. un savoir théorique et un savoir-faire féministe libertaires, laïcs et humanistes. L'autonormie relève ainsi du matrimoine philosophique que l'on transmet à autrui en héritage intellectuel (c'est le cas d'ailleurs dans la famille de l'essayiste entre sa mère, elle et sa fille) toutefois ses expressions dans la vie de l'humain demeurent individuelles

  3. une éthique que l'on impose à soi non aux autres

  4. plutôt une pratique de soi qu'une norme

  5. une forme de désobéissance civile, religieuse, artistique, etc.

  6. un art de vivre dans la joie

  7. une sorte de surmoi choisi puis renforcé et non détesté

  8. une expression de la liberté d'exister qui conduit à l'individuation

  9. un changement de paradigme où l'humain passe du statut de subalterne victime au statut d'agissant en se réappropriant lui-même : « Attendre d'être libres pour ne plus être victimes ? Plutôt, arrêter d'être victimes pour être libres » (ibid., chapitre 5, p. 63)

  10. une manière d'être révolté, engagé publiquement et acteur de sa vie

  11. un basculement d'une hiérarchie verticale vers une hiérarchie horizontale

  12. un processus complexe voué non pas à devenir une habitude mais à être une invitation au renouvellement, à se régénérer comme les artistes et poètes du Mouvement dada

  • L'autonormie se caractérise également par son état de mode de pratique de soi (cf. Michel Foucault) invisible et discret (Femmes hors normes, op. cit, pp. 28-30) comme la poésie mineure (voir mon article « Qu'est-ce qu'une poésie mineure ») qui n'entre pas vraiment en contradiction avec la poésie dominante (dite aussi majeure) mais circule souvent dans des sphères fugitives et, où la visibilité des femmes est une manière de concevoir le monde et de l'offrir à autrui au lieu de s'en emparer et de le transformer en pensée dominante. C'est aussi apprendre à être minoritaire.

 

 

La puissance d'être soi est une joie d'exister

 

 

Chez Parbara Polla, la puissance d'être soi est en effet une joie d'exister qui se révèle dans l'« amour » du prochain lointain, différent de soi. Cet amour est retrouvé dans la solitude pour cheminer vers l'autre, dans la capacité d'apprendre à souffrir et à mourir "seul/seule". C'est aussi le parcours extraordinaire d'Alda Merini, de Virgina Woolf, d'Olympe de Gouges, de Sappho, de Jocelyne Saab, des vierges albanaises et de plusieurs femmes de la famille de Barbara Polla (sa mère, Ada l'aînée de ses filles, elle-même).

Chez l'essayiste, l'amour n'est pas la possession de l'autre mais la joie de son existence et cette joie appelle la vie même après la mort. Barbara Polla s'insurge également contre les préjugés et les discours traditionnels voire folkloriques sur les femmes, la beauté, la vieillesse, le handicap, l'immigration, la mort, mais elle fait l'éloge du corps féminin dans tous ses âges et tous ses plaisirs. Cet essai optimiste célèbre la puissance d'agir des femmes à travers les siècles qui se traduit dans leur puissance d'être elles-mêmes envers et contre tout.

Même si l'on peut rétorquer aisément certains arguments développés par l'essayiste sur entre autres l'« autonormie », et que l'on repère quelques égarements et répétitions dans les citations, je vous invite à vous procurer cet essai passionnant et à le lire pour vous nourrir d'expériences positives afin de prendre acte de votre puissance d'agir sur votre vie à l'instar de la conteuse Shéhérézade (personnage proposé par Barbara Polla) et de ne plus être happé/happée par la peur d'être singulièrement unique et irremplaçable.

 

Extrait du chapitre « Et l'amour »

(pp. 180-181) reproduit ici en citation :

 

Aimer « à toi », comme penser « à toi ». Alors que le « je t'aime » platonicien signifie en vérité : « Tu me manques, je te veux », un « je t'aime » qui demande tout, puisqu'il demande le sujet aimé même, le « je t'aime » aristotélicien ou spinoziste, irigaryien […] affirme au contraire : « tu es la cause de ma joie et je me réjouis à l'idée que tu existes », sans nécessité ni même désir de possession. Selon saint Augustin : « Amo : volo ut sis » – « J'aime : je veux que tu sois ». Aimer l'existence de l'autre dans toute son autonormie. J'aime à toi, volo ut sis : j'aime ce qui nous rassemble, mais aussi ce qui nous éloigne et l'écart qui nous permet, dans l'espacement nécessaire à la rencontre, de devenir qui nous sommes et, potentiellement de nous rapprocher d'autrui sans empiéter sur son territoire. À toi – sans appropriation, sans possession ni perte d'identité. C'est ainsi que l'on aime l'absent, y compris pour toujours.

 

***

 

 

Pour commander cet essai aux éditions Odile Jacob

 

 

 

Pour citer ce texte

 

Dina Sahyouni, « La puissance d'être soi ou Femmes hors normes de Barbara Polla, éditions Odile Jacob, 2017 », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°6|Printemps 2017 « Penser la maladie et la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 27 mai 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/femmes-hors-normes.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans Numéro 6
23 mai 2017 2 23 /05 /mai /2017 14:35

 

N°6 | Critique & réception

 

 

 

 

Jeanne Guizard,

 

 

 

Des étoiles

 

 

 

TheBookEdition, 2014, coll. Pictures, 113 p.

 

 

 

Maggy de Coster

Site personnel : www.maggydecoster.fr/

Site du Manoir des Poètes : www.lemanoirdespoetes.fr/

 

 

 

Quoi de plus beau que l’hommage d’une fille à sa mère vieillissante, jadis dévouée à sa progéniture, quoique vivant dans l’ombre d’un mari méprisant à qui elle a su tout pardonner à l’hiver de leurs vies respectives !

Sous la plume de Jeanne Guizard les mots se sont faits chair pour dire la souffrance de sa vénérée mère qu’elle évoque avec beaucoup d’empathie et d’amour filial. Une mère qui a su retisser la toile de sa vie avant qu’il ne soit temps de partir pour le chemin des étoiles : « Vieillir est la bénédiction que tu attendais, la grâce que tu espérais, malgré les peines […] ».

Elle nous décrit résolument les prémices de la vie de ses parents où tout semblait se jouer d’avance. On dit que l’histoire est un perpétuel recommencement, ainsi la narratrice nous entraîne dans une saga familiale où des actes se répètent à travers les générations tant du côté paternel que du côté maternel. Donc il s’agit d’une histoire transgénérationnelle bilatérale.

Sa mère a toujours eu mal à sa vie, mal à sa destinée de femme. Mal perçue par son père qui la voulait de sexe masculin pour assurer la perpétuation de sa lignée d’aristocrates aux mœurs passéistes qu’elle évoque : « Une jeune fille peut sourire à moitié, une femme mariée  peut sourire complètement mais qu’aucune des deux ne doit jamais rire en société. »

Elle est très bien placée pour comprendre la souffrance de sa mère pour avoir tout autant qu’elle, connu la relégation et l’outrance du mépris de la part de cet homme qu’est son père. Le destin des femmes est-il à jamais scellé ? Aussi se demande-t-elle, perplexe : « Pourquoi a-t-on toujours fait un tel sort aux femmes ? Par peur ? Si oui, pourquoi a-t-on toujours eu tellement peur des femmes ? »

Elle évoque aussi le cas du fils (son frère) qui, n’ayant pas trouvé un référent en la personne du père, a décidé de ne pas avoir de progéniture. Histoire de dire que le processus de transmission n’avait pas été engagé .

Jeanne Guizard nous démontre que sa mère est celle qui a su rester égale à elle-même tout au long de sa vie de femme auréolée de tristesse mais seulement comblée en tant que mère. Aussi s’avère-t-il important de rattraper le temps perdu avant qu’il ne soit trop tard, en acceptant la main tendue par son mari nourrissant la crainte de la solitude du moment fatidique qu’est l’ultime jour. C’est sur cette note de sagesse que se termine ce livre qui est une ode à la sérénité retrouvée, au bonheur revisité. Il y a sans doute une leçon à tirer de ces tranches de vie, c’est qu’ « il n’est jamais trop tard pour bien faire » et « mieux vaut tard que jamais ».

 

***

 

Pour citer ce texte

 


Maggy de Coster, « Jeanne Guizard, Des étoiles, TheBookEdition, 2014, coll. Pictures, 113 p.», Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°6|Printemps 2017 « Penser la maladie et la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 23 mai 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/guizard.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans Numéro 6
23 mai 2017 2 23 /05 /mai /2017 13:05

 

N°6 | Bémol artistique |

 

Invitation à se passionner pour la 

 


 

Rencontre avec

 

 

Valérie Schott à Widensolen

 

 

 

dans le café-épicerie de son arrière-grand-mère

 

 

 

Françoise Urban-Menninger

 

 

 

Photographies de

 

Claude Menninger

 

Rencontre avec Valérie Schott à Widensolen dans le café-épicerie de son arrière-grand-mère

© Crédit photo : Claude Menninger, "Image n°1 de l'exposition de

Valérie Schott", mai 2017.

 

 

 

 

Ce ne sont pas moins de dix années de travaux que Valérie Schott présente à l'occasion des ateliers ouverts de ce mois de mai. Adepte de lieux singuliers, l'artiste après avoir exposé ses œuvres dans la gare de Sentheim, le presbytère de Widensolen ou la synagogue de Bergheim, revient à Widensolen où elle investit le café-épicerie qui appartenait à son arrière-grand-mère.

Après une formation aux Arts Décoratifs de Strasbourg, Valérie Schott s'est plus particulièrement tournée vers la céramique et s'est perfectionnée dans ce domaine à l'Institut Européen des Arts Céramiques de Guebwiller ainsi qu'en suivant les cours du céramiste Michel Hoch.

 

Rencontre avec Valérie Schott à Widensolen dans le café-épicerie de son arrière-grand-mère

© Crédit photo : Claude Menninger, "Image n°2 de l'exposition de

Valérie Schott", mai 2017.

 

 

 

 

Inspirée par le corps humain, l'artiste lui donne chair par le biais de divers matériaux et use de différentes techniques allant du dessin à la céramique, en passant par la peinture. La robe qui a longtemps emprisonné le corps des femmes à l'instar d'une carapace, on songe aux robes à crinoline ou à panier, s'invite de manière récurrente dans les créations de Valérie Schott. Le corps s'y révèle dans ses formes amples, généreuse et sensuelles.

La robe enveloppe un corps invisible mais tangible, l'enrobe pour mieux le dévoiler, ou le « dérober », si je puis m'exprimer ainsi… Une musique silencieuse fait danser ces robes hantées, voire habitées par les fantômes de notre mémoire collective.

Ces robes, qui font toutes références à l'anatomie d'un cœur humain, battent à l'unisson dans un chœur d'argile qui égrène les petites notes d'une poésie intemporelle.
 

Rencontre avec Valérie Schott à Widensolen dans le café-épicerie de son arrière-grand-mère

© Crédit photo : Claude Menninger, "Image n°3 de l'exposition de

Valérie Schott", mai 2017.

 

 

L'immense tableau en bois, réalisé en pyrogravure, évoquant Adam et Eve sous forme d'écorchés, la chair à vif, renvoie à notre vulnérabilité et à notre humaine condition de mortels. Les iris et les ancolies, fleurs que l'artiste affectionne plus particulièrement, plantées au pied du couple biblique, signent notre appartenance au monde végétal.

Car du minéral à l'humain, Valérie Schott n'a de cesse de tracer un lumineux chemin qui interroge dans le même questionnement notre origine et notre finitude.

 

***

 

Pour citer ce bémol artistique

 

Françoise Urban-Menninger, « Rencontre avec Valérie Schott à Widensolen dans le café-épicerie de son arrière-grand-mère », photographies de Claude Menninger, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°6|Printemps 2017 « Penser la maladie et la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 23 mai 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/valerie-schott.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans Numéro 6

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