12 août 2022 5 12 /08 /août /2022 16:32

N°11 | Parfums, Poésie & Genre | Essai ou Manifeste | Leçons, méthodes & méthodologies en poésie | Revue culturelle des Amériques

 

 

 

 

 

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La place de l’homme dans les cultures

 

 

& les littératures

 

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Maggy de Coster

Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

 

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​​​Crédit photo : François Lemoine, "Four Muses"/"Quatre Muses", domaine public, Wikimedia.

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D’abord il convient de définir ce qu’on entend par culture. Selon Lévi-Strauss, « La culture est constituée par le principe fondamental de réciprocité et d'échange qui serait l'expression de la logique binaire, structure fondamentale de l'esprit humain ».

La Culture est un moyen de socialisation de l’homme défini en tant qu’espèce humaine et/ou en tant qu’entité politique, dont le véhicule est la langue, la musique, la danse, la peinture, le cinéma. Ainsi pour apprécier la culture de l’autre il importe de comprendre sa langue, d’être en immersion dans son mode de vie.

On découvre les autres au travers de leurs cultures qui sont des prismes réfléchissant les valeurs ancestrales fondamentales. Ainsi le socle de la culture grecque repose sur la mythologie qui traverse les siècles et sert de modèle dans différents domaines à l’humanité même de façon inconsciente. Ainsi nous pouvons dire sans conteste que nous sommes en situation d’interdépendance culturelle. 

L’écrivain est un guide et un modèle pour son lecteur. En matière littéraire c’est Esope qui fut le parangon pour La Fontaine dans ses Fables. « Art guide tout est dans les champs Elysées », dit-il. Personne n’ayant la science infuse, il a donc pris la matière chez les Anciens et l’a transformée en y apportant son cachet personnel qui lui confère un caractère original. À ce compte il opina : « Mon imitation n’est point un esclavage ». Il ne s’agit pas de plagiat ni d’imitation servile.

 

L’écrivain doit cibler son lectorat et connaître préalablement ses attentes. De ce fait, il doit avoir une visibilité dans les médias pour que son objectif soit atteint. La littérature est à la fois engagement et libération en ce sens qu’on se donne une mission à accomplir et une fois le but atteint ou qu’on tend vers ce but on est libéré mentalement.

La littérature permet de s’immerger dans la culture des peuples en nous permettant découvrant leur mode de vie, leur passé et leur présent. Elle peut nous aider à la compréhension des peuples et contribuer à changer notre regard en nous améliorant également. 

« L’homme est un roseau le plus faible de la nature mais c’est un roseau pensant » nous apprend Pascal, en tant qu’entité pensante l’homme est appelé à s’améliorer en modifiant ses praxis. Le contact avec les autres cultures peut l’amener à déconstruire les idées reçues pour se faire ses propres idées afin de progresser. On se découvre à travers les œuvres littéraires. Elles peuvent nous apporter des réponses à nos interrogations, éclairer nos lanternes sur certains domaines de l’existence, réduire nos incertitudes sur certains sujets. N’est-ce pas Victor Hugo qui dans la Préface des Contemplations avance : « Quand je vous parle de vous je vous parle de moi. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! Insensé, qui crois que je ne suis pas toi ! ».

Dans « Qu’est-ce que La littérature ? » Sartre nous convainc qu’ « écrire est un métier qui exige un apprentissage, un travail soutenu, de la conscience professionnelle et le sens des responsabilités »

 

 

 

Alors pourquoi écrit-on ? 

 

 

On écrit pour se guérir, on écrit parce qu’on veut partager, on écrit pour changer, « changer la vie »,  dit Rimbaud.

La littérature est un moyen de communication car « tout est langage » nous dit Françoise Dolto. Ainsi le langage littéraire nécessite un certain niveau de culture. 

Sur le plan sémantique, les mots utilisés sont fonction de notre état d’esprit, de notre schéma affectif ou nous sont dictés par le contexte social présidait à l’acte d’écrire. Dans chaque écrit il y a une part d’idéologie qui est véhiculée même à l’insu de l’auteur, l’homme étant le produit de son éducation. 

L’écriture en tant que moyen de communication revêt plusieurs fonctions. Aussi Sartre lui prête celle de l’engagement, Roland Barthe affirme que « L'écriture littéraire porte à la fois l'aliénation de l'Histoire et le rêve de l’Histoire... »  Pour ainsi dire, l’écrivain s’inscrit dans la contemporanéité de l’Histoire et par voie de conséquence la littérature évolue avec le temps.

Ma rencontre avec la culture latino-américaine depuis 2010 a été très formatrice pour moi en ce sens qu’elle m’a ouvert les yeux sur la façon de vivre des peuples latino-américains qui est très enrichissante, on peut dire que toutes les cultures se valent en ce sens qu’on a toujours quelque chose à apprendre des autres..

 

 

 

 

Écrire est un choix 

 

 

 

La poète colombienne Matilde Espinosa a pris fait et cause pour les Indiens de Colombie. Elle vécut dans l’immersion de la culture mythique des aborigènes, duende, lloronas et patasolas, dans l’amour de leur musique et fut éprise de leur essence et de leur région. Aussi dit-elle :

 

« La poésie me vient quand je vois souffrir beaucoup de gens. J’ai commencé à écrire avec beaucoup de responsabilité et de conscience poétique en 1955, quand la violence s’insurgeait. Je ne prétends pas pénétrer ses origines ni y déboucher, mais je voyais souffrir tant de gens injustement persécutés et quand je commençais à sentir le machisme, je ne rebellais pas parce que je ne suis pas rebelle mais je me suis solidarisée avec ceux qui luttaient pour un monde meilleur.  Ainsi naquirent les poèmes de mon premier recueil » in « Les crues des fleuves » traduction de votre servante.

En 1955, elle dénonça dans ses vers le déplacement des paysans dans ce poème : Pour tous les silences : « Aujourd’hui je veux penser à autre chose/ aujourd’hui ni le paysage, ni la fleur, ni les nuages/ ne me disent rien/ Je sens le poids des siècles/ Aujourd’hui j’ai l’âme absente »

**

Les Indiens

 

Ils jaillirent de la terre comme une forêt.

Ils se répandirent sur tous les chemins.

Ils demandèrent à la montagne

pour être leurs entrailles

s’ils pouvaient de la pierre pure

faire jaillir la flamme.

Ils consultèrent l’arbre

en lui demandant son bois

pour tatouer en son sein

leurs mains pour des siècles.

Dans l’escale incertaine des oiseaux

ils baptisèrent les fleuves

et dans la lune

ils en découvrirent les reflets.


 

Mais loin de là le souvenir,

que d’autres choses n’ai-je pas vues

et d’autres douleurs

doublées à leurs épaules.

La douleur des Indiens

est un nœud tenace qui s’enracine

comme la ronce,

et elle me submerge

pour extraire de mon être

le pollen d’une fleur.

 

Vive et haute,

la vision primordiale,

imprégnait leurs chairs,

bulbes aplaties,

comme un présage

du secret enterré,

de la couleur solitaire,

du dialogue enchanté avec le prince

de plumes et d’eau.


 

Ce fut un matin limpide.

La colline se vêtit de pourpre et d’azur.

Il restait dans la prairie

un peu de ce soleil de flûte et de fête.

Puis, dans la côte soumise,

en défilant dans le rêve,

la racine en ascension,

la montagne vers les montagnes,

les pyrophores me parlèrent

des micocouliers dans la forêt,

de l’ivresse du crime

dans la chair innocente;

ils me parlèrent du ravin

du moulin sans eau

et de ce cœur plongé

dans la flûte enchantée

par le prince de plumes et d’eau.

 

Pour tous les silences. Editorial Minerva. Bogotá, 1958.

(Traduit de l’espagnol par Maggy De Coster)

*

Maîtresse d’école elle garde de bons souvenirs de sa vie d’enseignante. Aussi consigne-telle ses souvenirs dans le poème suivant : 

La maîtresse du village

 

Marcher dans l’herbe,

se regarder dans les yeux des enfants,

apprendre des alphabets

dans les gouttes de pluie ;

consulter l’heure

dans l’ombre ronde au milieu du jour,

c’est la maîtresse rurale, une fronde

qui berce les villages de ses branches.


 

L’air naturel entoure la maison,

de son odeur de chaux vive,

de petit jardin,

de tiges vertes de laurier et de chêne.

 

Tout a la saveur de l’enfance

paysanne,

qui de bergerie en bergerie

descend les troupeaux le matin

et monte la ruche le soir.

 

Cette femme parcourt la campagne

comme une douce veine de la terre

et arrive jusqu’à ses tréfonds

pour susciter les naissances

et restaurer le blé détruit.

Dans le creuset qui fonde sa douceur,

les métaux obscurs se transforment

en livres étoilés,

où les yeux de la terre et du monde

apprennent à lire.

 

Les herbes de son âme

s’amincissent

dans le perpétuel voyage

de l’écriture au miracle.

 

La crue des fleuves. Antares. Bogotá, 1955. Pages 69-70.

 

(Traduit de l’espagnol par Maggy De Coster)

**

Sensibilisée par le développement et la beauté du fleuve Páez, elle lui dédie le poème suivant : 

Le Fleuve Páez

 

Je voyais le jour se lever sur tes eaux.

Je les voyais devenir rouges,

vertes, bleues,

sous la lumière changeante.

Je les voyais arracher les arbres

et fabriquer les tempêtes

avec des loups et des chevaux.

Je les voyais traîner les tendres agnelets

et se mousser davantage

sur la pente.

Je les voyais grandir sur les sommets

les soirs de pluies estivales ;

mais leurs élans célestes

ne marquèrent jamais pour l’homme

la déroute ou la mort.


 

Aujourd’hui nous te voyons grandir

pour la gorgée vermeille

qui s’épure dans tes eaux.

Coupe débordée, dieu terrible,

tu romps tes veines de sang pur.

L’Indien et le géranium ;

le métier à tisser et le cheval,

la brebis et la charrue

roulent par ton courant.


 

On te rend délinquant

et te prend ta beauté

d’escargot terrestre

pour t’enfoncer dans la peur.

Gémir dans le vent,

avec son immense embouchure,

ô ciel, pitié !

 

Tes ponts se courbaient

par le fruit sinistre.

Par ton cantique

d’orchestration agreste

les cris s’assourdissaient

et on voyait s’élever l’âme limpide

d’un grand village innocent.

 

(Traduit de l’espagnol par Maggy De Coster)

**

Le rapport de l’homme à la nature peut être très ambiguë car il n’y recherche pas toujours la quiétude. Tant de fois ne s’en sert-il pas comme théâtre de luttes sanglantes. Et c’est ce dont témoigne Cecília MEREILES figure incontournable du courant du modernisme brésilien dans son poème intitulé  « Guerre » où même les fleuves sont ensanglantés, les fleurs brûlées, les mers incendiées et naufragées :

 

 

 « Il y a tant de sang

que les fleuves se détournent de leur rythme,

l’océan délire et repousse son écume rouge.

Il y a tant de sang que la lune elle-même se lève,

et la terre avec des fleurs qui brûlent,

et les fleuves effarés, zébrés comme des tigres,

[… ]

et cette mer folle pleine d’incendies

et de naufrages »,

 

 

Cecília MEREILES

"Versets I", in Cantiques, traduit de l’espagnol par Maggy DE COSTER (NB : la version originale du poème a été écrite en portugais) : 

**

 

La psycho-généalogie nous apprend qu’une histoire se reproduit toutes les quatre générations. Ainsi Gabriel García Márquez avec Cent ans de solitude : roman burlesque dans lequel il fusionne le fantastique et la réalité, décrit la malédiction de la famille Buendía sur six générations, l’accomplissement de la prédiction d’une gitane, une histoire écrite d’avance et qui se termine par la décadence de ce groupe d’individus. Le roman s’inscrit dans le cadre du développement économique, politique et social du village. Chaque peuple étant marqué par son histoire donc il y a un message à décoder dans chaque écrit. Les mots ne sont jamais innocents et c’est pourquoi l’écrivain doit bien les choisir, et ce, en fonction du message à véhiculer et de l’effet qu’il veut produire sur son lectorat. 

**

C’est à Adrogué ville de la province de Buenos Aires, chef-lieu d’Almirante Brown que Jorge Luis Borges passa ses vacances avec ses parents dans la maison familiale Casa Borges (Maison Borges )qu’il appela « Le Délice »Les souvenirs de ce lieu ont tellement imprégné son œuvre qu’il avance :  «J'ai appris à faire du vélo et à marcher parmi les arbres, les eucalyptus et les portes», a-t-il déclaré lors d'une conférence intitulée «Adrogué en mis Libros», (Adrogué dans mes livres), en 1977. Il évoque dans le poème intitulé « Adrogué » son rapport à la nature ou l’apport de la nature à l’humain. C’est avec nostalgie qu’il parle cette ville dans laquelle la nature est bien présente. Aussi évoque-t-il : le chant de l’oiseau secret, les senteurs médicinales de l’Eucalytus : 

 

Adrogué

 

Dans la nuit indéchiffrable personne ne craint

Que je me perde entre les fleurs noires

Du parc où les amours nostalgiques

Tissent leur système propice

 

Ou, à loisir l’après-midi, l’oiseau secret

Qui toujours affine le même chant,

 

Les Eucalyptus donnent à l’ombre

Leur parfum médicinal : cette ancienne odeur

Qui, au-delà du temps et du langage

Équivoque, en appelle au temps des maisons de campagne.

 

Jorge Luis BORGES

 

(Poème tiré du livre Luis Borges EN ALMIRANTE BROWN,

Traduit de L’espagnol par Maggy DE COSTER)

**

Nous concluons par une citation de Dany Laferrière  de l’Académie française : «  L’écrivain est un homme à qui on donne le droit de traverser les barrière entre les classes sociales aussi bien que les frontières entre les pays » car par l’écriture je suis moi-même amenée à voyager et à découvrir d’autres cultures et d’autres littératures.

 

© Maggy De Coster


 

 

***

 

Pour citer cet article inédit
 

 

Maggy De Coster, « La place de l’homme dans les cultures et les littératures », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques N°11 | ÉTÉ 2022 « Parfums, Poésie & Genre »,  mis en ligne le 12 août 2022. Url :

http://www.pandesmuses.fr/no11/mdc-culturesetlitteratures

 

 

 

 

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11 août 2022 4 11 /08 /août /2022 17:14

N°11 | Parfums, Poésie & Genre | Réception d'autrefois /Presse... & REVUE ORIENTALES (O) | N°2-1 | Dossier 


 

 

 

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« Œil pour Œil »

 

 

(Contes Arabes)

 

 

 

 

 

​​

Images

Ou Images

Réception journalistique choisie & transcrite avec une note par Dina Sahyouni

 

 

 

 

 

​​​© Crédit photo : Portrait de la conteuse orientaliste Yvonne Laeufer trouvé dans la chronique transcrite ci-bas & photographié par DS pour LPpdm.

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Le coin des lettres

 

« Œil pour Œil » (Contes Arabes)


 

 

 

 

Mlle Yvonne Laeufer n'est certainement pas une inconnue pour nos lecteurs. Établie déjà depuis quelques années en Égypte, elle a collaboré à maints journaux et revues de langue française de la capitale. Ses contes et nouvelles, d'inspiration locale, plaisent au lecteur par la finesse d'observation, la robustesse du style, la force de la pensée et la profonde connaissance des mœurs et coutumes du pays...

    Elle nous avait déjà donné « Les Stigmatisés » qui eurent leur heure de gloire. Aujourd'hui, son nouveau recueil de contes arabes « Oeil pour Oeil » consacre définitivement sa carrière littéraire.


 

    Mlle Laeufer n'est pas seulement un écrivain. Elle possède le don, bien rare de nos jours, de ne parler que de sujets qu'elle a étudiés à fond. Elle ne voit pas l'Égypte à travers un mirage comme l'ont fait, hélas, pas mal d'écrivains étrangers.

Non. Elle a pénétré l'âme égyptienne, elle l'a comprise, elle l'a disséquée, elle s'est imprégnée de l'atmosphère du pays, elle en a découvert tous les dessous, tous les replis. Enfin elle en a parlé avec une connaissance approfondie des gens et des choses...

 

    Citerons-nous quelques passages des contes arabes de Mlle Laeufer ?

Lisez les quelques lignes qui suivent, détachées d'une page de « Œil pour Œil » et coûtez-en le mystère tout oriental :

 

    Oppressée, Aleya Hanem se pencha et s'absorba dans la féerie ambiante. Le palais, bâti sur la route des Pyramides, surplombait le Nil et faisait face à la perspective la plus captivante de la ville, massée au pied du Mokattam glabre. Dominant l'élancement prodigieux des mosquée du Vieux-Caire, les ruines de l'ancienne Fostat, l'étendue morne des cimetières où reposent, séparées par d'infimes distances, toutes les races* qui composent l'âme de l'Égypte moderne, la citadelle s'élève, altière. Habituellement baignée d'or fluide, ses fins minarets enchâssés dans l'azur d'un ciel éclatant, la citadelle revêtait par ce jour de pluie, un aspect mélancolique, étrange, d'une richesse imprévue de demi-teintes. Les nuages, un instant éparpillés, fuirent vers le nord. Un rais de soleil éclaboussa la ville bleuâtre et le Nil sembla charrier du sang.

__ Regarde, Dada Khéra, on dirait que le soleil s'est noyé dans le fleuve...


 

 

 

*Le terme "race" qui signifie "gens, tribu, ethnie, etc." selon la définition traditionnelle donnée par les dictionnaires diffère bien sûr des visions racialistes du XIXème siècle... Ici, le terme est employé au pluriel par la conteuse orientaliste et il renvoie aux différentes populations qui composent l'Égypte (pays cosmopolite alors...), il s'agit donc d'un usage usuel sans aucune autre valeur. Je vous donnerai prochainement des extraits des contes de l'écrivaine voyageuse méconnue Yvonne Laeufer...

​​​​​

La chronique ci-dessus provient du périodique Images, hebdomadaire égyptien paraissant le Dimanche, NO 40, 22 Juin 1930, p. 5. Cette presse écrite appartient au domaine public.

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________

 

 

 

Pour citer ce texte journalistique d'autrefois

 

Images, « "Œil pour Œil" (Contes Arabes) », extrait du périodique égyptien Images (No 40, 1930), choisi & transcrit avec une note par Dina Sahyouni pour Revue Orientales, « Les voyageuses & leurs voyages réels & fictifs », n°2, volume 1 & Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°11 | ÉTÉ 2022 « Parfums, Poésie & Genre »mis en ligne le 11 août 2022. URL :

http://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientales/no2/no11/images-chronique


 

 

 

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ORIENTALES ET LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Numéro 11 O-no2 REVUE ORIENTALES Muses et féminins en poésie
9 août 2022 2 09 /08 /août /2022 18:00

N°12 | Poémusique des femmes & genre | Dossier majeur | Florilège / Poésie des aïeules  | Handicaps & diversité inclusive

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La jeune aveugle pianiste du concert

 

de la loterie des artistes lyonnais

 

en faveur des inondés du Midi

 

 

 

 

 

​​

Adèle Souchier (1832-19??)

Poème choisi & transcrit par Dina Sahyouni

 

 

 

​​​Crédit photo : Pauline Auzou, "Two Women Making Music", domaine public, Wikimedia.

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Le poème ci-dessous provient de SOUCHIER, Adèle (1832-19??), L'oiseau blessé : poésie, Paris, BLOUD et BARRAL, libraires, 18 rue Cassette, 1878, p. 47. Le recueil appartient au domaine public.

 




 

Elle n'a pas ses yeux... mais elle a son génie !

Pauvre ange ! ses accords nous ont longtemps charmés ;

Ils étaient tour à tour, vifs, moelleux, animés,

Toujours si ravissants, si brillants d'harmonie !


 

Nous t'écoutions émus, jeune fille bénie ;

Ce Pleyel, sous tes doigts, eut des accents aimés,

Et les échos divins, tu les as tous semés

Dans la salle où les arts ont leur grâce infinie.


 

Ton infortune est là, souriant au malheur,

Prêtant son beau talent qui peut toucher le cœur,

Afin de secourir un effrayant martyre !


 

Les larmes dans les yeux, je te serrai la main,

Lorsque de mon pays je repris le chemin,

En te disant : Merci ! car, ma sœur, je t'admire !

 

 

 

***

 

Pour citer ce poème de l'aïeule

 

Adèle Souchier, « La jeune aveugle pianistedu concert de la loterie des artistes lyonnais en faveur des inondés du Midi », extrait de SOUCHIER, Adèle (1832-19??)L'oiseau blessé, poésie (1878), choisi & transcrit par Dina Sahyouni pour Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°12 |HIVER 2022-23 « Poémusique des Femmes & Genre »mis en ligne le 9 août 2022. URL :

http://www.pandesmuses.fr/no12/souchier-lajeunepianiste

 

 

 

 

Mise en page par Aude

 

 

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7 août 2022 7 07 /08 /août /2022 17:03

N°11 | Parfums, Poésie & Genre | Dossier mineur | Florilège / Poésie des aïeules

 

 

 

 

 

 

 

 

Muse

 

 

 

 

 

​​

Adèle Souchier (1832-19??)

Poème choisi & transcrit avec une note par Dina Sahyouni

 

 

 

 

 

​​​Crédit photo :  Johann Heinrich Tischbein, "Une Muse", peinture, domaine public, Wikimedia.

 ​​​​

 ​​​​

Le poème ci-dessous provient de SOUCHIER, Adèle (1832-19??), L'oiseau blessé : poésie, Paris, BLOUD et BARRAL, libraires, 18 rue Cassette, 1878, pp. 36-38. Le recueil appartient au domaine public.

 

 

 

Vous voulez le portrait d'une muse charmante,

Mais, créé par ma plume et non par mon pinceau,

Le type ravissant d'une idéale amante ?

Eh bien ! voyez l'éclat de son regard si beau !

Ce pur rayonnement jaillit d'un azur sombre,

De ce bleu velouté qui devient presque noir,

Contraste poétique et suave ! c'est l'ombre,

La seule ombre, il est vrai, que notre œil puisse voir

Sur le visage ovale, éthéré, d'une blonde,

D'une blonde expressive, aux attraits séduisants,

Dont les grands cheveux d'or ont des flots comme l'onde,

Dont les charmes lui font d'immortels partisans.

 

 

 


 

Beau front que le génie habite et qu'on admire,

Brillant tel que l'aurore, inspiré chaque jour ;

Bouche pensive et fière, avec un doux sourire,

Où la rose a posé sa nuance d'amour ;

Galbe noble, onduleux et royale prestance ;

Blancheur de neige où rit la fleur de nos buissons ;

Teint plein de morbidesse1 avec sa transparence ;

Voix d'ange résonnant en d'ineffables sons.

Et puis le sentiment ennoblit ce visage ;

L'âme, l'élan, l'essor et le beau feu sacré

Éclatent ; car là sa véritable image :

C'est la Muse ! la Muse ! un doux être adoré !


 

 

 

Chère consolatrice, embellis ma chambrette ;

Ma demeure est à toi, mon réduit est ton bien ;

Nous y vivons à deux, et tu me fais poète ;

Nous y vivons à deux, et tu me fais poète,

Blonde patronne aimée, harmonieux gardien !

Un seul braiser de toi, ma radieuse fée,

Donne l'enthousiasme et le culte du beau,

Ton luth est un sonore et magique trophée,

Que ton cœur fait vibrer sous un hymne nouveau !

Ô Muse ! me voici fidèle à ta tendresse,

Pourrais-je t'oublier, te déserter jamais,

Toi dont le bleu regard me protège sans cesse,

Toi qui m'aimes toujours ainsi que tu m'aimais !


 

 

 

On me dit de chanter, et je me sens des larmes !

Oui, des pleurs sont montés de mon cœur à mes yeux,

Mais ma lyre m'est chère, elle a pour moi des charmes ;

La muse est une amie, un ange gracieux,

Et je l'aime ! Je t'aime, ô vision divine,

Ô rêve éblouissant inondé de clarté,

Blanche sœur d'Apollon qu'un poète devine,

Et qu'il voit en extase, épris de sa beauté.

Mais qu'elle est bonne aussi, cette blonde Prêtresse,

Quittant un fier séjour pour venir nous bercer !

Quand nous avons besoin d'une douce caresse,

Aussitôt, généreuse, elle sait tout laisser !
 

 

 

Note

 

1. Morbidesse est un adjectif littéraire soutenu désignant une langueur, une certaine grâce romantique. En art, cet adjectif désigne ce qui est suave ou très doux.

 

 

***

 

 

Pour citer ce poème de l'aïeule

 

 

Adèle Souchier, « Muse », extrait de SOUCHIER, Adèle (1832-19??)L'oiseau blessé, poésie (1878), choisi & transcrit avec une note par Dina Sahyouni pour Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°11 | ÉTÉ 2022 « Parfums, Poésie & Genre »mis en ligne le 7 août 2022. URL :

http://www.pandesmuses.fr/no11/souchier-muse


 

 

 

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