10 décembre 2023 7 10 /12 /décembre /2023 16:59

N°15 | Poétiques automnales | Dossier majeur | Florilège | Astres & animaux 

 

 

 

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À L’orée de l’automne &

 

 

Matin de chamarande en automne


 

 

 

 

 

Jean-François Blavin​​

 

 

Crédit photo : Winslow Homer, « Woman in Autumn Woods », 1877, peinture tombée dans le domaine public, capture d'écran réalisée par LPpdm d'une image du site Commons.

 

 

 

À L’ORÉE DE L’AUTOMNE



 

 

C’est l’aube mouillée des automnes

Qui point soudain dans le décor

Pris de court sont les machinistes

Face à l’emballement du temps


 

Les brûlantes passions s’éloignent

Les serments de flamme s’éteignent

Reste une lueur de soupirail

Au flanc des avenues meurtries

Par le feu solaire implacable

Qui régenta ceux du mois d’août


 

Ce fut le ballet des amours

Et des détresses de l’été.

 

 

Paris – café Blanchet  (ex Hall 1900).


 

 

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MATIN DE CHAMARANDE EN AUTOMNE

 

 

 

Voici l’avant-garde automnale

Ces éclaireurs rares encor 

Et qui inquiètent notre marche

Patrouilles qui se cherchent toujours​​​​​​

Dans les creux mystérieux du val

La rivière s’écoule à peine

Au domaine de Chamarande


 

 

Le mystère est dans les marais

Où sommeillent les souvenirs

Que l’on chérit ou bien honnit


 

Tout est clair-obscur ici- bas

Et rien ne se voit dans les cieux


 

À ce prix naîtra le poème

Écho assourdi sous les herbes

Ombre fugitive sur l’onde.

 

 

 

© Jean-François Blavin, poèmes extraits de LA BOURRASQUE ET L’ARC-EN-CIEL, – Éditions Unicité, 2023, publiés ici en avant-première avec l'aimable autorisation du poète et de sa maison d'édition.

 

 

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Pour citer ces deux poèmes inédits

 

Jean-François Blavin, « À L’orée de l’automne » & « Matin de chamarande en automne », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 15 | AUTOMNE 2023 « Poétiques automnales » & N° 15 | AUTOMNE 2023 « Poétiques automnales », volume 1, mis en ligne le 10 décembre 2023. URL.

http://www.pandesmuses.fr/no15/jfb-automne

 

 

 

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6 décembre 2023 3 06 /12 /décembre /2023 17:17

N°15 | Poétiques automnales | Dossiers majeur & mineur |  Articles & témoignages  | Revue Matrimoine

 

 

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YVONNE CAROUTCH :

 

 

Les Soifs, la Licorne & l’inaccessible clarté


 

 

 

 

 

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Camille Aubaude

Sites officiels : http://www.camilleaubaude.com/

​​​​​​ www.lamaisondespages.com/

https://litterature-lieux.com/fr/guide/lieu/428-la-maison-des-pages-de-camille-aubaude

 

Blogue officiel :https://camilleaubaude.wordpress.com/ ​​​​​​

 

 

 

 

Crédit photo : La «Paix », peinture tombée dans le domaine public par Giuseppe Mentessi, capture d'écran réalisée par LPpdm d'une image du site Commons.

 

Récemment, l'équipe de la revue LE PAN POÉTIQUE DES MUSES a appris avec une grande tristesse la disparition de « la poétesse Francesca Yvonne Caroutch, qui s’est envolée le 29 novembre dernier » (cf. Camille Aubaude).

Cette revue publie la belle étude, présente ci-dessous, qui est consacré aux œuvres de la très regrettée défunte Yvonne Caroutch pour commencer à lui rendre hommage... et avec l'aimable autorisation de l'autrice et théoricienne de la littérature (en général) et en particulier celle des femmes de lettres Camille Aubaude. L'article a déjà été édité dans l’Anthologie dirigée par Laurent Fels (cf. pdf., p. 51sq)...

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES
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« Vos images sont directes, nouvelles, vivantes. […] Le feu central et l’eau s’étreignent, les contraires se transpercent », écrivait Gaston Bachelard, après la publication de Soifs1. « Merci de m’avoir fait lire vos poèmes. J’en aime le ton puissant et farouche […] »2, reconnaissait Jean Paulhan. « C’est un grand privilège de pouvoir à dix-huit ans écrire et publier de beaux poèmes – et de vivre, comme vous le dites, dans votre propre royaume », s’émerveillait le poète Pierre Reverdy3. « Soifs, les bien nommées, J’en aime le mouvement hardi, l’abondance charmée, les épousailles avec l’illustre univers »4, constatait à son tour Joseph Delteil.

 

Soifs


 

Dans le raccourci saisissant de ces correspondances résonne l’accueil d’exception fait au premier recueil de poésies d’Yvonne Caroutch, Soifs5 (1954). Née à Paris le 3 février 1936, elle poursuit ses études secondaires au lycée Fénelon lorsqu’elle publie son premier recueil de poèmes. Le contrat d’édition est venu de singulière façon. Le poète du groupe de l’École de Rochefort, Luc Bérimont produisait chaque mercredi une émission radio, Tout peut recommencer, consacrée aux grands poètes d’hier et d’aujourd’hui, qu’Yvonne Caroutch suivait avec ferveur, sur la station la plus écoutée à l’époque. Sans rien dire à personne, elle a envoyé un choix de poèmes à Luc Bérimont, qui, à défaut d’une réponse, les a fait lire par deux comédiens. Il lui a écrit quelque temps après pour lui demander d’autres poèmes, souhaitant la rencontrer, et lui a obtenu son premier contrat d’édition. Pour préparer le lancement du recueil, Luc Bérimont a publié une étude dans la revue Carrefour des lettres du 15 janvier 1955. Conséquence, après la parution de Soifs en septembre 1954, la jeune poétesse a reçu de nombreuses lettres de lecteurs. Bachelard, Reverdy et Jean Rousselot ont été parmi les premiers à réagir. « On a tant dit que la poésie, c’est l’enfance "conservée" ou "retrouvée en larmes", lui écrivit Jean Rousselot, qu’on s’étonne de pouvoir mettre sur une poésie aussi naturelle, aussi instinctive, et pure que la vôtre, le visage d’enfant que vous avez. Pour une fois – la dernière, c’était Cadou, l’avant-dernière Radiguet, l’avant-avant-dernière, Rimbaud – le poète est dans sa poésie comme poisson dans l’eau, comme chair dans la peau, comme sève dans l’ormeau. Je n’encense pas : j’assiste à l’évidence »6.

 

Comme Christine de Pizan, Louise Labé, Marie Noël, Sabine Sicaud et bien d’autres, Yvonne Caroutch porte en elle une vocation poétique. Elle incarne à mes yeux l’artiste dont les nombreuses publications, poèmes, romans, essais sur la Licorne et Giordano Bruno sont sous-tendues par la même « soif », pour tenir à distance les maux sournois et insistants qui détruisent l’être intime. Dans sa création littéraire, dont l’excellence s’est imposée d’emblée, elle a convié les plus belles figures de la conscience de soi et de la Nature, celles qui ont pour nom « poésie », leur langage même.

Le nomadisme est inscrit dans les origines d’Yvonne Caroutch, un mélange de parisiens, celtes, flamands, américains, italiens, grecs et eurasiens. Un de ses oncles maternels, un Raynald, fait partie des pionniers du film documentaire américain. Il est mort écrasé par la charge des bisons sauvages, filmant toujours. Son père fut un pionnier des œuvres sociales. Pendant deux ans, il a été l’éditeur de la revue Structure, consacrée à différents domaines des arts et de la spiritualité, et de l’écrivain François Augiéras, dont il a publié le Voyage des Morts. L’auteur de Domme et les poètes médiévaux ont donné à Yvonne Caroutch ses premières leçons, mais son idéal est Rimbaud. Il ressort des nombreuses critiques qui ont salué la parution de Soifs qu’elle n’a pas eu de difficulté à se déployer au-dessus des avant-gardes confinées dans leur impuissance de la poésie française d’après-guerre, réduite bien souvent aux clichés d’une époque et s’effaçant avec elle. Les poètes Jean Grosjean, Michel Manoll, Michel Velmans, Jean Breton l’ont ardemment soutenue, lui donnant une auréole de légende :

 

Soifs d’Yvonne Caroutch est un recueil qui fait parler, l’événement du jour. On sait le goût de Reverdy pour ces poèmes. Et comme les femmes poètes sont souvent discutables, il ne faut pas craindre d’apprécier celle-ci, dont le beau nom barbare est à lui seul un poème. […] Sa voix est ferme, forte, rauque, dirais-je… Elle donne au désespoir une expression saine, une ardeur bien réconfortante. Nous savons qu’Yvonne Caroutch ne sera point vaincue.7


 

Autre conséquence de cette publication inaugurale : Luc Bérimont invite Yvonne Caroutch pendant un an dans son émission, le philosophe Stanislas Fumet lui écrit et la convie à dialoguer avec lui lors d’une émission radio. Maria Casarès fait une lecture radiophonique des poèmes.

 

Royaumes

 

Enfant du silence et de l’ombre tu reposais dans de grands lits d’orties et de menthe céleste

Tu rêvais sur le fleuve immense dévoré par un feu de lune

Tes mains répandaient dans le vent

des océans et des forêts

Où sont tes nuits ange perdu L’aube écoute le sang trop lourd qui bat dans les coulées d’acier

Sens-tu la peur qui entre en toi

Comme un couteau dans ta poitrine

Tu marches dans notre pays

vaisseau égaré dans les bruines Tu ne vois pas le soleil luire

comme au premier matin du monde8


 

L’année suivante, Yvonne Caroutch publie chez le même éditeur son second recueil, Les Veilleurs endormis, des veilleurs qui « connaissent tous les songes de la vie »9, écrivit Bachelard. En 1956, le nouveau recueil s’intitule L’Oiseleur du vide (Éd. Empreinte). Dans les nombreux recueils de poèmes d’Yvonne Caroutch, il y a en même temps qu’une précision infinie, la transformation de l’expérience en chant. La Tente cosmique (Éd. Le Point d’Or, 1982) transcrit les rapports subtils entre l’initiée et les émotions que suscite la révélation des mystères. À la lecture de Voyages du double (Éd. Rougerie, 1988), le quinzième recueil précédé d’une remarquable préface d’André Pieyre de Mandiargues, Robert Amadou montra que ces « voyages » puisent dans la tradition religieuse : « Voyages du double. Ou voyages du dehors et du dedans, avec une merveilleuse lucidité, la force du Saint Esprit et l’attrait de Lilith. Avec aussi, pointe André Pieyre de Mandiargues, un talent très grand. […] »10. Ces figures de la conscience de soi et de la Nature, que l’on appelle « poésie », empêchent de désespérer, satisfont notre désir d’infini, et nous initient aux réalités hors de portée de la raison humaine.

 

La Licorne

 

Les études d’Yvonne Caroutch sont interrompues par un mariage précoce. Elle a voulu quitter Paris pendant un an, mais elle est restée bloquée sept ans dans un petit village du Tarn. Elle revenait souvent à Paris pour collaborer à la revue Structure, dont le premier numéro s’appelait « Une aventure spirituelle ». Elle a publié des textes dans cinq numéros, en compagnie de François Augiéras, partageant avec lui une aventure intérieure intense qui la conduira à défendre l’œuvre de ce novateur dans les champs littéraire, poétique et pictural.

 

Étudiant par elle-même la peinture et la poésie, Yvonne Caroutch construit une œuvre des plus amples. Si elle délaisse l’écriture versifiée pour élaborer un développement mythique tel la Licorne, elle réussit à atteindre la plénitude de la poésie. Elle affiche sa différence par une recherche minutieuse sur les mythes féminins11. Son choix du thème mythique de la Licorne, animation de la blancheur, personnification de la pureté, du goût de la transcendance à travers une théorie métaphysique puissante et aboutie, confirme qu’une œuvre littéraire réussie ne peut se passer d’une grande idée, qui affleure dans chaque livre. La Licorne recèle un pouvoir de suggestion si fort qu’il résume les possibilités artistiques de chaque être humain. Publié en 1988, Le Livre de la Licorne12, illustré de façon remarquable, suggère l’atmosphère délicate et idyllique de la célèbre tapisserie du Musée de Cluny, « À mon seul désir ». Il constitue une excellente éducation aux thèses métaphysiques et aux fastes de l’imaginaire.

Loin de décalquer les modes de son époque, Caroutch a su composer une famille d’esprit en observant avec acuité les œuvres qui l’entourent, œuvres de poètes inspirés, exemptes de bassesses, de dogmes et de compromis. Dans son presbytère près de Montpellier, autant que dans son appartement du Quartier Latin, à Paris, elle a réuni les poètes qui partagent la même quête d’une vie-écriture portée par des tensions intérieures. Dès le début des années 1970, elle a organisé des rencontres de poètes dans son appartement de la rue de Poissy. De 1989 à 2003, les soirées poétiques de « L’Orbe de la Licorne » ont présenté des poètes contemporains, tels Camille Aubaude, Jacques Lacarrière, Jean-Yves Masson. Yvonne Caroutch a accompagné ces poètes et amis dans l’accomplissement de leurs œuvres. Tous ces échanges, ces influences à partir d’une poésie mystérieuse, secrète, dénuée d’artifices, ont pour point commun une avancée vers la lumière, une quête inaugurée par la perte d’un objet d’amour, et le Salut attaché à cet objet même. Caroutch a construit ce que j’appelle une « Maison du Commencement », dont elle emprunte la matière au principe alchimique de la transmutation du plomb en or. Cette maison influence son existence et celle de poètes qui vibrent à l’unisson de notes cachées au fond des gouffres.

 

Les formes immuables des mythes, la vérité d’une expérience humaine, la nouvelle théorie des genres, l’exigence d’une culture féminine dans l’écriture poétique, il y a tant de façons d’aborder cette poésie flamboyante qui ouvre le sens secret des mots et se laisse imprégner par les anciennes connaissances ignorées du grand public13 ! On doit constater que cette poésie féminine dont nombre de critiques disent encore maintenant qu’elle n’a pas d’histoire et qu’elle est marginale14, ne cède ni à la facilité ni à la séduction. La poésie écrite par les femmes, en France, au XXe siècle, reste assujettie à des jugements conventionnels, inconciliables avec les vraies passions. Le constat de Christine de Pizan au début de La Cité des Dames : « Suis-je donc restée oisive pendant que Raison et toi, vous bâtissiez avec ardeur ? »15 reste fondé au début du XXIe siècle, comme je l’ai démontré dans de nombreux articles et conférences. Un important colloque international sur les « femmes poètes » ou « poètes » (en tant que pluriel de « la poète » !), Les Voi(es)x de l’Autre (2007), qui s’est tenu à l’Université de Clermont-Ferrand16, a confirmé qu’il était encore difficile d’employer le mot « poétesse » sans jugements négatifs. La femme écrivant de la poésie n’a plus de nom au début du XXIe siècle. Une telle lacune fait sens. Le mot médiéval « poétesse » a été mal ressenti à l’époque de Soifs, où se publiaient des études univoques et unifiées sur la « littérature féminine »17. Or « Poétesse » est un mot qui définit une technique, incluant les formes fixes, l’éloquence, la versification et l’expression lyrique, en un mot, un métier qui s’apprend et se transmet.

Avec Yvonne Caroutch, la différence des sexes n’est pas gommée, loin s’en faut. En défendant une poétesse telle que Danièle Sarréra, qui doit encore endurer la perte simultanée de son identité et de son œuvre, en choisissant le mythe féminin de la Licorne comme emblème de la Poésie, semblable en cela au mythe d’Isis18, elle a relevé le plus haut défi littéraire : s’immiscer dans un genre très particulier, car les « poètes » parlent de « la Femme » comme idéal, et l’associent à la Nature, à la paix, objet et inspiratrice du chant du poète, lui-même féminisé. Comme l’a bien vu Yves Bonnefoy, dans son étude sur Marceline Desbordes-Valmore, l’auteur de Bouquets et Prières, c’est dans la révélation de « la qualité encore furtive d’un rapport féminin au monde » que réside « la cause la plus profonde de cette perte d’une œuvre » qui l’emporte « sur toute voix masculine »19.

 

Grâce à un jeu de va-et-vient entre une culture féminine et l’acte d’écrire, Yvonne Caroutch perpétue la tradition d’une parole de femmes venue d’horizons divers, et que les facteurs sociaux-culturels ayant contribué à décourager les femmes de publier de la poésie, d’exister en poésie, obligent à considérer selon une perspective « féministe ». N’est-ce pas le poète Pierre Béarn qui, dans un essai sur L’Érotisme dans la poésie féminine, se livrait à ce constat si commun : « Caroutch est un pur produit de l’émancipation des femmes » 20… ?

 

Ses livres ont fonction de métamorphose. L’effort d’un engagement pour l’amélioration de l’art poétique traversé par le cycle vital se manifeste dans chaque publication Ŕ dans Bestiaire d’éveilDemeures du SouffleVol de la Vacuité et d’autres recueils. Bâtisseuse à l’instar de Christine de Pizan, Yvonne Caroutch exprime, par le foisonnement de son œuvre, et par une poésie qui est un instinct, le désir de vérité représentant le cadeau le plus précieux laissé par les poètes à la surface de la terre. Ce n’est pas un des moindres intérêts de ce processus de retrouvailles des figures intérieures, dans des vers ciselés avec ferveur, que de tisser des liens entre des personnalités féminines et une parole fondée sur la connaissance.

 

L’inaccessible clarté

 

Bien que la sensation prime, il ne s’agit pas d’occulter l’importance qu’accorde Yvonne Caroutch à des personnages de la Renaissance italienne, grâce auxquels elle élargit la sphère de sa réflexion d’une clarté et d’une harmonie peu communes, et le champ de son expérience. Ce qui peut être chez certains auteurs une sorte de cliquetis d’idées juxtaposées devient l’essence de sa poésie. Ce mouvement est d’une force et d’une évidence inouïes dans les livres consacrés à Giordano Bruno, nommé « le Voyant de Venise », « le Volcan de Venise », « l’homme de feu ».

 

Transparence, clarté et Feu en tant qu’élément essentiel de l’univers, expriment la passion. La pure et chaste Licorne manifeste l’aboutissement d’une quête intérieure. Elle est analogiquement reliée à la pierre philosophale. Une figure mythique transcrit toujours une quête spirituelle, c’est-à-dire l’approche de l’énigme de nos origines, par la voie d’un retour à la non-dualité, à la clarté qui est la matière de cette poésie résultant d’un puissant effort pour sortir les images de leur immobilité première :

 

Conscience béante et bleue de l’éther fulgurance de diamant noir.21

 

La poésie d’Yvonne Caroutch est nourrie par les métaphysiques orientales, une autre façon pour elle de témoigner sa singularité. Elle étudie les textes de femmes qui font voler en éclats les clichés sur la féminité pour trouver leur propre façon d’écrire, et pas une autre. Elle divulgue aussi les œuvres des femmes alchimistes, telles Christine de Suède, dont la démarche alchimique est plus technique que poétique, ou Dorothée Wallichin de Weimar, dont les textes codés, d’une grande densité ne sont pas entièrement traduits en français. À partir de ces sources, Caroutch sait donner des accents lyriques aux principes alchimiques, les convertir en une célébration de l’ordre du monde. Bianca Capello, l’épouse de Francesco Primo de Médicis, dont les écrits ont été détruits par les Médicis, l’a beaucoup inspirée, en particulier pour les jardins alchimiques qu’elle a fait construire avec son époux à Pratolino. Caroutch livre son interprétation des femmes alchimistes de l’époque alexandrine, dissimulées, dans les dialogues alchimiques sous les noms d’Isis, de Cléopâtre et de Marie.

Yvonne Caroutch redécouvre des femmes oubliées, mais dont les œuvres cristallisent des vies d’exception que couronne une conscience éclairée. Mue par l’aimantation d’une vérité inaccessible, elle explore leurs fictions, leurs désirs, leurs images. Pour exprimer son état intérieur, elle a élaboré une forme poétique dont elle ne s’éloignera plus, inscrite dans la lignée des trobairitz et des « Fidèles d’Amour ».

 

L’étude de l’alchimie culmine dans le recueil intitulé Tente cosmique, composé de trente poèmes qui diffusent l’alchimie ténébreuse de la parole lyrique, de l’Orient mélancolique et de l’initiation :

 

Nature vide de toute nature pétrifiée pourtant tourbillon Invisible le paon sidéral

pivot fou de l’enfance

Hauts pétales et pistils

dans le charnier des choses dites

Pulsions de la divinité cristalline

dans le lac de saphir étoilé

L’air palpite dans la maison de caresses

Terrassée par les joies éphémères

dont la texture est le vertige qui se tait

Joies sphériques et vagues de dons

du sentier qui murmure « suis-moi »

Taches ingrates fagots obscurs

Qui embraseront les nuits blanches

le cours des astres des saisons

incapables de réfléchir

Déploiement des grandes images vivantes

jamais venues jamais parties

dans le vivier inaltérable

Tympan secret pour le tantra du sol

et de la parole inutile.22


 

Ces faits sont consignés avec la clairvoyance, la bienveillance et la finesse qui siéent aux esprits passionnés, aux explorateurs de mystères et aux amateurs d’invention. Loin de s’afficher de façon dogmatique, elles s’infiltrent et se diffusent dans des poèmes d’une inaccessible clarté. L’imagination, loin de faire obstacle au savoir, s’unit à l’érudition, à la méditation et à la connaissance de soi. Caroutch n’est pas de ces poètes qui

 

Par fables ont caché le vray sens de leurs vers,

A fin que le vulgaire, amy de l’ignorance,

Ne comprist le mestier de leur belle science.23


 

Elle veut transmettre une expérience utile, ouvrir le chemin d’une conscience puisant dans la beauté et l’ordre de la Nature son agrément,

 

[…] pour annoncer les épousailles

de l’âme obscure des rivières

et de nos soifs multipliées.24

Notes

 

1 « Et vraiment, moi qui ai tant rêvé dans les champs, n’ai-je jamais pensé à faire, comme vous, sous des épaisseurs de terre, "un grand feu de menthe" […] », lettre du 31 octobre, Paris, 1954 (collection Y. CAROUTCH).

2 Lettre de Jean PAULHAN, Paris, le 17 février 1955, id.

3 Lettre de Pierre REVERDY, Paris, le 26 janvier 1955, id.

4 Lettre de Joseph DELTEIL, Paris, le 2 novembre 1954, id.

5 Aux Nouvelles Éditions Debresse, 38 rue de l’Université, Paris, 1954, que les critiques avaient l’habitude d’appeler les Éditions Ned.

6 Lettre de Jean ROUSSELOT, Paris, Octobre 1954, id.

7 Article paru dans le magazine mensuel de littérature et théâtre Arts et spectacles, et signé L. M, octobre 1954.

8 Voir le site Yvonne CAROUTCH, rubrique « poèmes ».

9 Lettre de Gaston BACHELARD, le 7 janvier 1956 (collection Y. CAROUTCH).

10 Paris, L’Autre Monde, n°118, juin 1989. Il faut préciser qu’André Pieyre de MANDIARGUES insista pour qu’elle reprenne son vrai prénom, Françoise, sous sa forme italienne, Francesca. Elle utilise donc la signature Francesca Y. CAROUTCH.

11 Voir les études de Marie MIGUET-OLLAGNIER, Métamorphoses du Mythe, Annales littéraires de l’Université de Franche-Comté, 628, 1997.

12 Sous-titre : Symboles, mythes et réalités, Éditions Pardès, Paris, 1988.

13 Voir article de Jean-Yves MASSON pour La Revue parlée du Centre Georges Pompidou, Paris, le 11 mai 1992.

14 À l’occasion du bilan littéraire du XXème siècle, les professionnels du livre continuent à s’interroger sur l’absence de talent féminin dans la poésie française. Un poète contemporain déclare : « C’est comme cela ». Jacques ROUBAUD, 129 poèmes de langue française, Paris, Gallimard, 1997, préface.

15 Première page de La Cité des Dames (1405). Texte traduit et présenté par

T. MOREAU et E. HICK, Paris, Stock, 1986. Voir aussi Christine DE PIZAN, Poésies d’amour, Paris, Aumage éd., 2003, traduction et préface de Camille AUBAUDE.

16 Organisé par le CELIS (Centre d’Études sur les Littératures et la Sociopoétique, ex-CRLMC), Université Blaise Pascal, les 7-8-9 novembre 2007, sous la direction de Patricia GODI-TKATCHOUK et Caroline ANDRIOT-SAILLANT. À paraître aux Presses Universitaires Blaise Pascal.

17 Voir Camille AUBAUDELire les Femmes de lettres, Paris, Dunod, 1993, p. 82.

 

18 Voir Camille AUBAUDE, Le Mythe d’Isis de Gérard de Nerval, Paris, Kimé, 1998. Isis, Narcisse, Psyché. Mythe et écritures, écritures du mythe. Études réunies et présentées par Pascale AURAIX-JONCHIÈRE, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2000.

19 Lire les Femmes de lettresop. cit., p. 100.

20 Paris, Éd. Jean-Jacques Pauvert, 1993. Voir aussi le jugement de Jean BRETON, dans la revue Poésie 1, « Poésie féminine d’aujourd’hui », Paris, 1969.

21 Tente cosmique, Paris, Le Point d’Or, 1982, XIX.

22 Ibid., XX.

23 RONSARD, Élégie à J. Grevin, 87-92.

24 Soifsop. cit.

 

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Pour citer cet article inédit

 

Camille Aubaude, « YVONNE CAROUTCH : Les Soifs, la Licorne et l’inaccessible clarté », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 15 | AUTOMNE 2023 « Poétiques automnales » & N° 15 | AUTOMNE 2023 « Poétiques automnales », volume 1, mis en ligne le 6 décembre 2023. URL.

http://www.pandesmuses.fr/no15/ca-yvonnecaroutch

 

 

 

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30 novembre 2023 4 30 /11 /novembre /2023 20:00

N°15 | Poétiques automnales | Dossier mineur | Articles & témoignages & REVUE ORIENTALES (O​​) | N° 3 | Critiques poétiques & artistiques

 

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La miniature persane &

 

la poésie visuelle

 

 

 

 

 

Témoignage par

 

Hanen Marouani

 

Œuvres artistiques &

photographies fournies par

 

Fatma Gadhoumi

 

Site perso : www.fatmina.com

 

 

© Crédit photo : Portrait photographique de Fatma Fatmina réalisé durant l’exposition parisienne « La Miniature Persane au Jardin du Luxembourg » (Paris, Août-Septembre 2023).

 

BIOGRAHIE :

 

Fatma GADHOUMI (Fatmina) est née le 16 août 1988. Artiste peintre et ingénieure. Elle décrit son univers artistique par ces propos : « Je crée un univers enchanté, qui s'inspire des visions du paradis, de l'enfer et de la psyché humaine. En ce temps de crise, mon art cherche à guérir l'âme du monde et non uniquement à exprimer les névroses et l’absurdité de la condition humaine. Ma mission est d’offrir au monde un message de sagesse, d’amour et de beauté, une porte vers une autre réalité où on parle d’Humain, en faisant abstraction de l’âge, du sexe, de la religion…, un voyage où le spectateur est amené à ressentir l'expression du sujet, mais aussi est invité à trouver sa propre perception de cette réalité, un univers où on chante une symphonie de couleurs et de formes idéalisées, et d'Amour. »



 

المنمنمة الفارسية ليست تصورا لما تراه عيوننا بل هي رسم لما تعيه قلوبنا، هي رسم لعالم من النور : اذ ان الرسومات

تعتمد على صبغات من الذهب و الفضة ( في الاصل استعمل المنمنمة الفارسية الاحجار الكريمة ايضا)


 

« En associant Héritage, Art et Culture, notre association Abbas Moayeri : Héritage, Art et Culture, a pour ambition de promouvoir en France, l’art de la Miniature Persane à travers l’œuvre d’Abbas MOAYERI et l’enseignement qu’il a transmis.

 

Elle assure l’organisation d’expositions, d’enseignement et de toutes autres activités assurant la promotion de la Miniature Persane et d’activités culturelles et artistiques plurielles. »

 

Abbas Moayeri, un nom qui résonne dans le monde de l'art et de la culture. Plus qu'un maître d'art et un grand maître de la miniature persane, c'est un Homme dont le talent et la passion ont illuminé notre vision du monde. Avec sa maîtrise exceptionnelle des techniques de la miniature persane, il nous a transportés dans un univers magique, rempli de détails exquis et d'histoires envoûtantes. Sa contribution remarquable à l'art traditionnel et son dévouement à préserver cet héritage précieux en font une figure incontournable de notre époque. Laissez-nous vous raconter l'histoire captivante de cet artiste exceptionnel et vous inviter dans son monde artistique extraordinaire.

 

Qu'est-ce qu’est la miniature ?

 

« Dans un monde islamique où la figuration / l'image est interdite, le peintre crée un monde intérieur, qui n'est pas dans l'imitation du visible (à ses yeux), mais dans la révélation du réel. Tout ce qu'on voit, ce qu'on croit appréhender, ce qu'on croit comprendre n'est qu'une image déformée par nos biais de subjectivité. Le miniaturiste crée une réalité du cœur qui se substitue à la réalité des yeux.  

 

Les traditions sacrées telles que l’art de la miniature sont des réservoirs prodigieux des métaphores du mystère. Elles font entrevoir la source, la rencontre avec le miracle, la seule et unique expérience qui exprime aux yeux de l’homme le drame de la création.

L’apparence de l’illustration n’est donc pas l’enveloppe du mystère, mais le signe de sa possibilité. Mani, le peintre « Messager » persan, fondateur de la religion manichéenne au 3ème siècle, utilisait ce moyen pour propager sa doctrine.

 

Selon la tradition manichéenne, l’art pictural est le reflet d’un monde invisible dont les artistes matérialisent la pureté et la lumière par une utilisation abondante de métaux précieux.

L’expérience de l’Islam a, certes, provoqué de grands changements mais n’a point interrompu l’évolution de cet art. La peinture persane est avant tout la logique des formes et des couleurs, rassemblées dans un certain ordre. Le sujet n’est qu’un prétexte au miniaturiste pour exposer à travers la pureté des formes et des couleurs, sa conception mystique du monde et de la nature.

Les miniatures sont généralement exécutées sur une structure préétablie : la spirale, qui organise au mieux l’espace. La composition devient alors aussi belle, aussi musicale et mathématique que possible.

La spirale est en quelque sorte la représentation du microcosme par rapport au macrocosme. C’est aussi le mouvement de la montée de l’homme vers le ciel.

 

En ce qui concerne la technique de la miniature persane, elle repose sur le dessin, la dorure et l’emploi de l’argent. Les différentes parties de la scène se passent apparemment sur le même plan ; pourtant les figures proches sont peintes en bas de la page et celles qui sont loin, à la bordure supérieure. Les couleurs ne sont définies que par leur valeur dans la structure générale. Leur place est déterminée au profit des nécessités autonomes des formes et de leur impact dans l’ensemble de la miniature. »

Fatma Gadhoumi



 

Pourquoi la miniature persane ? Le peintre crée un monde intérieur, qui n'est pas dans l'imitation du visible (à ses yeux), mais dans la révélation du réel. Tout ce qu'on voit, ce qu'on croit appréhender, ce qu'on croit comprendre n'est qu'une image déformée par nos biais de subjectivité. Le miniaturiste crée une réalité du cœur qui se substitue à la réalité des yeux, et s'inspire notamment de récits mythologiques fantastiques et de poèmes. La miniature est alors, non seulement une image, mais aussi une "Poésie Spirituelle".

 

Comme disait le Petit prince : « L’essentiel est invisible aux yeux ».

 

Dans un monde rongé par le capitalisme, la recherche de la conformité, l’absence de sens,

Dans un monde obnubilé par les apparences et les images véhiculées par les médias, et où nous sommes confrontés depuis quelques mois à une guerre contre un ennemi invisible, nous nous sommes données une mission :

 

Celle de nous libérer, renoncer à la certitude du monde sensible (le monde des réalités que nous percevons par nos sens), et sonder, avec nos peintures, notre monde intelligible - au sens platonicien - où règnent la beauté, l’harmonie, la lumière et l’Amour.

 

“Il n’y a pas plus de vérité à l’extérieur qu’à l’intérieur du monde que j’ai créé pour toi” The Truman show.

 

La technique de la miniature, riche en symbolique, libre de toute contrainte de ressemblance à la réalité visible (pas de perspective, pas de réalisme de couleurs ni de formes), était notre cheval de Troie en ce moment historique de retranchement et de recueillement. Nous créons des images poétiques qui interrogent et reflètent l’atmosphère onirique d’un monde enchanté.


 

LES MINIATURES EXPOSÉES


 

© Crédit photo : Fatma Gadhoumi, « L’amour interdit », Gouache, Aquarelle, Or, Argent et dorure, dimensions 60 cm x 80 cm, œuvre de l’exposition parisienne « La Miniature Persane au Jardin du Luxembourg » (Paris, Août-Septembre 2023).

 


 

Dans certaines sociétés contemporaines, les mariages forcés / arrangés demeurent le quotidien des femmes dans plusieurs cultures. La femme est kidnappée par un homme cheval, sous les yeux clos d’une société obnubilée par la matière, vide de sens, vivant dans le paraître.

 

 

© Crédit photo : Fatma Gadhoumi, « L’âne sur le trône », Aquarelle, Gouache, Or, dimensions 30 x 40 cm, œuvre de l’exposition parisienne « La Miniature Persane au Jardin du Luxembourg » (Paris, Août-Septembre 2023).

 

 

 

L’artiste Fatma Gadhoumi a précisé à propos de cette miniature : « J'ai dessiné cette miniature après avoir lu le poème du poète égyptien Youssef Abd-Errahman (Il s'agissait d'une critique de la dictature et du retour du régime militaire en Egypte, après la révolution de 2011, et le printemps arabe.)

La tyrannie est fondée sur cinq (5) piliers et ces cinq (5) piliers de la tyrannie sont comme suit :

 

بُنِيَ الطُّغْيانُ على خَمْسِ

تَقْديمُ الذَّيْلُ على الرَّأْسِ

تَخْدِيرُ الحَاضِرِ بالأَمْسِ

توزيع الخوف مع اليَأْسِ

تَقْدِيسُ الشُّرْطَةِ والعَسِّ

وبَقَاءُ الجَحْشِ على الكُرْسِي

 

 

Elle a encore ajouté : « J’ai été inspirée par ce vers le 5ème pilier ; la Mule qui reste assise sur le trône. Cette miniature est une dédicace à tous les tyrans, les dictateurs, les gourous, et les religieux qui se remplissent le ventre, et s’assoient sur l’âne qu’est le peuple résigné.

À force d’accepter, le peuple / populace se transforme en un âne, et le gouverneur en dictateur. Mais la tyrannie n'est pas uniquement la tyrannie d'un dictateur ou d'un supérieur. Il s'agit d'abord de la tyrannie de notre égo hypertrophié (surtout avec les réseaux sociaux et les média). Ce narcissisme démesuré coupe chacun individu de la dimension collective de son existence. (Nous n’existons, en tant que personne singulière, qu’à travers le groupe qui nous précède et qui nous permet d’être ce que nous sommes). Par conséquent, en perdant la dimension collective, nous affaiblissons le sens de l’engagement politique et nous renvoyons chacun à sa responsabilité individuelle, ce qui est la meilleure façon de ne rien changer du tout.

 

 

© Crédit photo : Fatma Gadhoumi, « Vieillir », dimensions 21 x 29,7 cm, Aquarelle, Gouache, œuvre de l’exposition parisienne « La Miniature Persane au Jardin du Luxembourg » (Paris, Août-Septembre 2023).

 

 

 

« Il s'agit de l'image que j'ai des extrémistes religieux, qui implorent le vide, et qui n'osent pas/veulent pas regarder la vie réelle. Même dans cette symphonie de couleurs et de lumière qu'est la miniature persane, je vois ces religieux comme des vieillards fatigués, qui connaissent plus les lois du Ciel, que celles des Humains.

 

Elle a ajouté « Vieillir n'est pas d'avoir un an de plus, mais c'est avoir un rêve de moins. Ces vieillards ne sont vieux que parce qu’ils vivent dans les écrits moyenâgeux. »

 

 

© Crédit photo : Fatma Gadhoumi, ​​​​​​​« Femme, Vie, Liberté, زن، زندگی، آزادی », œuvre de l’exposition parisienne « La Miniature Persane au Jardin du Luxembourg » (Paris, Août-Septembre 2023).

 

 

En hommage au combat des femmes dans leur lutte pour un monde plus juste. J’ai mélangé des lettres arabes et lettres persanes qui entourent en halo la femme qui se fait étrangler par son dragon. Le dragon qui symbolise le soi et l’ego.

 

مع بيت لأبي القاسم الشابي الشاعر التونسي

 

إذا الشعب يوما أراد الحياة، فلا بُدَّ أن يستجيب القدر 

 

« Au cœur de cette miniature, une femme, nue et vulnérable, lutte contre un dragon orange, incarnation de l'oppression. Son visage irradie la détermination face à un patriarcat implacable, tout cela dans le doux berceau d'un utérus bleu. Dans cette lutte, nous ne sommes jamais seuls. Tout autour de cette scène, des mots en or, à la fois en arabe et en persan, tissent un langage de résistance, donnant voix à la collectivité des femmes persanes et arabes. »

Le poème arabe de Abu Al-Qasim Al-Shabbi, "Quand un peuple aspire à la vie, le destin se doit de répondre" résonne dans chaque trait de cette œuvre. Il évoque la quête universelle de la vie et de la liberté face à un destin implacable.

Au centre de la toile, trois mots persans brillent comme des étoiles : "زن، زندگی، آزادی" (femme, vie, liberté). Ils symbolisent notre combat commun pour une existence libre.

Cette œuvre transcende les frontières culturelles, unissant le monde par sa créativité qui brise les chaînes de l'oppression. »

Et pour terminer avec nous en toute beauté, Fatmina a levé son slogan de toujours : « Ensemble, répondons à l'appel de la vie. »


 

EXPOSITIONS RÉALISÉES :

 

 

© Crédit photo : L’affiche officielle en deux volets de l’exposition parisienne intitulée « La Miniature Persane au Jardin du Luxembourg » (Paris, Août-Septembre 2023).

 

 

— Exposition Miniature Persane, Paris Jardin du Luxembourg, du 24 août au 4 septembre 2023.

— Exposition avec Les amis du salon de l'automne, 2020

— Recueil de poésie Les cinq saisons au féminin

— Grand Salon d'art Abordable 24e édition, La Bellevilloise Paris 11-13 Mai 2018

— Exposition à l’Hôtel des Arts et Métiers, Iéna Février 2018

— Exposition au Cercle Du Rire, Paris 19ème 30 Mai 2018


 

RENDEZ-VOUS PROCHAINS : 

 

— Exposition Gadz’Artistes, Cité universitaire, Paris, 17 septembre 2023

— Exposition Miniature Persane, Paris, Marie 6ème arrondissement, Janvier 2024.  

 

Pour découvrir encore l’artiste, consultez son site web :  www.fatmina.com

Pour contacter l’artiste Fatma Gadhoumi

 

 

 

 

© Crédit photo : Un portrait photographique du défunt artiste iranien Ostad Abbas Moayeri qui a initié Fatma Gadhoumi à l'art de la miniature persane.

 

 

Lien web permettant l'accès à la page de l’Association Abbas Moayeri Héritage Art et Culture a été créée suite au décès de l'artiste Ostad Abbas MOAYERI par ses disciples :

Ostad Abbas Moayeri-Héritage Art & Culture

 

 

© Hanen Marouani, novembre 2023.


À lire également : 

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Pour citer cet article illustré & inédit

 

Hanen Marouani (texte), « La miniature persane et la poésie visuelle » avec des photographies fournies & œuvres artistiques par Fatma GadhoumiLe Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 15 | AUTOMNE 2023 « Poétiques automnales » & Revue Orientales, « Conteuses orientales & orientalistes », n°3, volume 1, mis en ligne le 30 novembre 2023. URL. http://www.pandesmuses.fr/orientalesno3/no15/hm-miniaturepersane

 

 

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Étoiles filantes / Falling stars / نجوم الرماية

 

 

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Dina Sahyouni

 

 

 

 

 

 

 

Crédit photo : Pruszkowski « Falling star », image libre de droits, peinture tombée dans le domaine public, image trouvée sur le web, capture d'écran par LPpdm.

 

 

Étoiles filantes

 

 

 

nous sommes des étoiles filantes

dans le ciel de l’amour

dans les brumes des beaux jours

nous sommes des étoiles filantes

des créatrices de poésie chantante

l’automne caresse nos vers

leur donne des éclats d’éclairs

et des saveurs des plats de grand-mère

nous sommes des étoiles filantes

brillant au sillage du temps

 

​​​​​​

Falling stars  

 

 

We are falling stars

in the sky of love

in the mists of sunny days

We are falling stars

creators of singing poetry

autumn caresses our verses

gives them lightning flashes

and flavors of grandmother's dishes

We are falling stars

shining in the wake of time

 

 

Crédit photo : Pruszkowski « Bachantka », image libre de droits, peinture tombée dans le domaine public, image trouvée sur le web, capture d'écran par LPpdm.


 

 

 نجوم الرماية


 

نحن رماية النجوم

في سماء الحب

في ضباب الأيام الجميلة

نحن رماية النجوم

مبدعات في الشعر الغنائي

الخريف يداعب قصائدنا

يمنحهم ومضات من البرق

ونكهات أطباق الجدة

نحن رماية النجوم

مشرقة في أعقاب الزمن

 

 

© Dina Sahyouni, extrait de l'ouvrage inédit « Étoiles filantes », novembre 2023.

 

________

 

Pour citer ce conte versifié, trilingue, féministe & inédit

 

Dina Sahyouni, « Étoiles filantes / Falling stars / نجوم الرماية », poème trilingue français-anglais-arabe, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :  N° 15 | AUTOMNE 2023 « Poétiques automnales », volume 1 & Revue Orientales, « Conteuses orientales & orientalistes », n°3, volume 1, mis en ligne le 29 novembre 2023. URL.

http://www.pandesmuses.fr/orientalesno3/no15/ds-etoilesfilantes

 

 

 

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