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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm)
REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE ET MULTILINGUE DE POÉSIE
ENTRE THÉORIES ET PRATIQUES
AUTOMNE 2024 | NO IV |
LES FEMMES POÈTES EUROPÉENNES
PAR LYA BERGER (1877-1941)
1er VOLET DES
HISTORIENNES DE LA POÉSIE
ET SURTOUT
DU MATRIMOINE POÉTIQUE*
NUMÉRO SPÉCIAL 2024
Crédit photo : Portrait de Lya Berger, image tombée dans le domaine public, capture d'écran par LPpdm d’une photographie libre de droits trouvée sur le web.
SOMMAIRE**
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* Selon Dina SAHYOUNI. La thématique de cette série de numéros sur les historiennes provient également d'elle.
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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm)
REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE & MULTILINGUE DE POÉSIE
ENTRE THÉORIES & PRATIQUES
DIFFUSÉE EN VERSION ÉLECTRONIQUE(APÉRIODIQUE)
& EN VERSION IMPRIMÉE
SUSPENDUE SUITE À UN CAS DE FORCE MAJEURE DE 2018 À 2020
REPRISE DE L'ÉDITION IMPRIMÉE EN FIN DE 2021.
ISSN NUMÉRIQUE : 2116-1046
ISSN IMPRIMÉ : 2492-0487
(4 NUMÉROS PAR AN DONT un HORS-SÉRIE & UN NUMÉRO SPÉCIAL)
Hélène Frappat anime un ciné club au MK2 Beaubourg. Ces films illustrent la réflexion de cette écrivaine contemporaine sur la spécificité féminine dans l’art.
Le chef-d’œuvre de Kinuyo Tanaka Ô mes seins devenez éternels est traduit par Maternité éternelle. Il met en scène de façon dramatique la biographie d’une immense poétesse, Fumiko Shimojô. Une copie restaurée est projetée et commentée le 14 octobre. Ce film n’a jamais été montré à la cinémathèque de Chaillot où j’ai vu dans les années 1980 la plupart des chefs-d’œuvre du cinéma japonais, sauf celui-ci, alors qu’il aurait mieux accompagné que tous les autres ma vie de femme. J’ai longtemps eu chez moi une grande affiche de Tanaka (sur mon chauffe eau…). Je la voyais tous les jours, sans savoir que l’actrice fétiche de Mizoguchi a réalisé encore cinq autres films, jamais montrés dans les rétrospectives du cinéma japonais. Hélène Frappat nous apprend que Mizoguchi téléphonait aux producteurs pour leur demander de ne pas financer les films de Tanaka, une actrice aussi célèbre au Japon que Marlène Dietrich.
Maternité éternelle exalte la douleur d’une mère de deux enfants, un garçon et une fille, écrasée par un époux au chômage. L’homme exploite à fond sa femme pour élever les enfants, eux aussi tyranniques envers leur mère. Il moque avec vulgarité l’intérêt que manifeste sa femme pour la poésie dès qu’elle a un instant de libre. Au retour de son club de poètes, elle le surprend avec une autre femme. Alors qu’elle est frappée de stupeur, puis s’effondre en larmes, le mari lui signifie qu’une bonne épouse doit valoriser son mari et fermer les yeux sur ses infidélités. Ce type de diktat se lit encore en 2024 sous la plume du romancier japonais Murakami.
Ce film a sombré dans l’oubli et aurait dû y rester à cause de la mentalité despotique des hommes sur les femmes qu’il expose avec la somptueuse élégance d’une poésie écrite dans les étoiles. Le ressortir est l’acte de naissance d’un couple magnifique, celui de Kinuyo Tanaka, réalisatrice, et de Fumiko Shimojô, autrice de tankas, une forme brève de poésie japonaise. En conciliant deux choses inconciliables, Maternité éternelle construit des passerelles vers une autre intelligence de l’art.
Présenté comme le chef d’œuvre de Tanaka, cette vie d’une poétesse de tankas (forme brève) exprime des choses d’une importance considérable qui mériteraient une thèse. Je note que la notion de chef d’œuvre se colore aujourd’hui des thèmes de la féminité dans l’expression artistique. Un chef-d’œuvre de femme signifie encore « moins bon » qu’un chef d’œuvre dû à un homme. Hélène Frappat nous apprend au cours du débat qu’Alfred Hitchcock a violé une de ses principales actrices, Tippy Heydrey. Cette tension qui ne se lâche jamais entre les violences des censeurs et les œuvres de femmes engendre un mal-être. Les femmes telle Fumiko Shimojô qui doivent écrire en cachette de leur conjugalité, voient leur expression fragilisée, tandis que les censeurs sont injustement honorés — pensons à Stendhal plagiant Claire de Duras. Désigner un « chef d’œuvre de femme » est fait dans l’esprit de protéger des œuvres rendues « vulnérables » et déséquilibrées par la ségrégation sociale mais en fait très fortes.
La lecture d’Hélène Frappat est nouvelle et invite à d’autres lectures « amicales ». Il ne s’agit pas de faire preuve d’une quelconque habileté, encore moins de manipuler pour dominer. En revanche, les scènes fortes se succèdent, autant pour s’attacher aux racines de la psyché féminine que pour s’en libérer. Après les scènes de la joie de vivre avec des enfants à la campagne, Tanaka montre les corps morts qui sont conduits hors de l’hôpital où souffre la poétesse aux seins coupés1 ; les lamentations et les soins des morts s’inscrivent dans l’ordre cosmique. Les allusions des commentaires d’Hélène Frappat fabriquent un rapport furtif et assuré, nuancé et profond avec l’œuvre. Elles reconstruisent un corpus filmique dévalorisé au profit de la violence virile2. Les concepts inhérents à nos formations laïques sont temporaires, et à présent, ils ont l’atout de ne plus rejeter les clartés de la mystique.
Souffrir pour venir au monde, souffrir pour écrire. La poétesse est celle qui n’est pas vue, alors que ses poèmes font corps avec sa propre vision. Son corps est politique, les seins sont censés faire d’elle une femme, et Hélène Frappat considère la scène dans la baignoire où Fumiko montre ses seins coupés à une autre femme comme un « moment de subversion totale ».
Après l’opération, alors qu’elle se meurt, Fumiko vit une passion charnelle avec un journaliste de Tokyo qui a fait l’éloge de sa poésie tout en annonçant la mort certaine de la poétesse. C’est donc par la presse qu’elle apprend que le cancer du sein a atteint les poumons. L’insistance du journaliste pour obtenir des poèmes peut paraître morbide mais Fumiko y consent. La demande de ce bel homme venu de Tokyo profite à Fumiko, lui donne un surcroît d’existence. L’éternel féminin fait résonner dans ses poèmes portés par les sublimes images de Tanaka une langue commune à toutes les femmes. La notion de Goethe, magnifiée par Nerval sous les traits de la déesse Isis, s’allie à un autre grand thème : la maladie. L’engagement dans l’œuvre est acceptation de la mort. De toutes façons, c’est l’omniprésence de la mort qui fait penser l’écriture.
Par l’amour et l’œuvre poétique, la mort de Fumiko est le témoignage éternel de la poésie. Elle est le contraire de la mort de toutes les femmes qui doivent mourir dans les œuvres des hommes (voir mon Voyage en Orient), car elle ajoute au célèbre « désespère et meurs » de Chatterton, au sujet du poète, la maternité éternelle.
Chaque génération entretient avec ses moyens la fatale phobie des sexes en croyant tout réinventer. Ce n’est qu’une guerre de plus. À Hokkaido, le mode de vie de Fumiko est rural. La chirurgie paraît primitive. Or c’était il y a soixante-dix ans... Le groupe de poètes semble être le seul espace social l’égalité entre hommes et femmes est encouragée. L’intégration des femmes à une communauté réelle est suspendue à un idéal.
À présent, la génération des « Malcontentes » est prise dans une nébuleuse qui s’élève et s’abaisse en étant surtout happée par les faits dérisoires. Sortie du ghetto, la thématique des femmes retombe dans les clichés, s’enfonce dans des spéculations intellectuelles qui déclinent sous les formes presqu’outrancières la haine de soi. On croit inventer des lois qui n’ont pas la hauteur et l’à propos des lois de Charlemagne dans ses Capitula, qu’il faudrait connaître.
Et quelles images fabriquons nous ? La mise à nu de quelques rouages de la mécanique sociale du patriarcat fixe des mirages qui contiennent les germes de l’échec, comme le montre d’El Topo (1970). Inversement, au moment où la poétesse Fumiko doit être un cadavre, elle est tout sauf un cadavre. La magie s’accomplit.
Ce qui renvoie à l’actuel procès Pélicot, ultra médiatisé. La plaignante fut réduite à l’état de « belle endormie », autre grand thème illustré par Blanche Neige, et elle réussit à imposer au monde sa parole, comme une manière de star…
1. Du même registre que la langue coupée de la Princesse grecque Philomèle dans les Métamophoses d’Ovide, reconnue par les féministes américaines de la fin du XXè siècle comme l’allégorie de la poétesse privée de langue. Voir au Pan poétique des Muses le numéro hors série dirigé par Camille Aubaude sous le titre Tant de Philomèles en ce monde… voir http://www.pandesmuses.fr/2016/03/philomele.html et http://www.pandesmuses.fr/2016/03/table-des-matieres-du-n-4.html.
2. Le MK2 Beaubourg joue en même temps que le chef d’œuvre oublié de Tanaka tous les films d’Alejandro Jodorovsky. Je suis sortie presqu’au milieu d’El Topo (1970), et si j’ai regardé si longtemps ce spectacle d’horreurs, c’était dans l’espoir qu’elles s’arrêtent, puisqu’il s’agit d’un « saint » qui « s’engage dans la libération d’une communauté de parias » ; le propre fils du cinéaste âgé d’environ sept ans traverse à dos de cheval un village massacré (empalement, éviscération, et tutti quanti). Un colonel a une très belle servante sexuelle qu’il offre comme « des restes » quand il s’en lasse à des mercenaires aux faces cauchemardesques. Des prêtres sont violés et maquillés avec leur sang. Etc., etc. Cette complaisance dans la barbarie est justifiée par une critique sociale colorée de mystique. John Lennon et Yoko Ono ont produit ces imbéciles outrances.
Camille Aubaude (critique & images), « Maternité éternelle »,Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2024 NUMÉRO SPÉCIAL | NO IV | « Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) », 1er Volet, & Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 31 octobre 2024. URL :
Le texte qu’on lira ci-après, agrémenté de ses deux illustrations originales, est un article de Jane de La Vaudère, publié en mars 1906 dans la revue mensuelle « Tourisme ». Il s’agit toutefois d’un texte qui avait déjà paru : en fait, d’un extrait de son roman « La Guescha amoureuse »(1904), difficile à trouver de nos jours, et qui constitue, avec « La Cité des sourires » (1907), le diptyque de sa contribution au japonisme littéraire. Écrits au début du XXe siècle, ces romans témoignent de la persistance d’un engouement qui avait commencé avec les œuvres de Judith Gautier (« L’Usurpateur, épisode de l’histoire japonaise », 1875) etde Pierre Loti (« Madame Chrysanthème », 1887), ainsi que l’« Anthologie japonaise » (1871) de Léon de Rosny.
La vie japonaise
C’est au milieu des amandiers blancs et des pommiers roses en fleurs, une coquette maison de poupées nippones. Sous un toit retroussé, ailé, fragile, supporté par des parois à coulisses, de minces châssis en baguettes de sapin, tendus de papier, glissent rapidement. La boîte est proprette, cirée, pomponnée, fine et amusante comme un jouet neuf. Pas un atome de peinture ne déshonore la teinte harmonieusement veinée du bois, et les cloisons transparentes laissent passer, le soir, la lueur des lampes ainsi que les verres dépolis d’une lanterne vénitienne. Le jour, les parois des quatre façades rentrent les unes dans les autres comme par enchantement, et le logis n’a plus qu’une toiture reposant sur des piliers de kashiva. Du dehors, le passant curieux peut alors voir les nattes de paille tressées, molles et fraîches de l’intérieur, les couchettes avec leur phtoun piqué en guise de couverture et leur tambour de bois, hinoki, recouvert de peau, qui maintient la nuque.
Quelques petites étagères portent le tout frêle service de soucoupes de laque destinées au riz, des baguettes d’ivoire, des plats minuscules pour la cuisine bizarre et compliquée.
Quelques panneaux de soie bardés de boiseries blanches découpées, des kakémonos de crépon peints, représentant des femmes-fleurs, au milieu des papillons ou des guerriers frénétiques, hérissés de poignards et de sabres, ornent les paravents.
*
Les cloisons de papier écartées, les petits lits rangés et les phtouns étendus sur des bambous flexibles, les trois mousmés du logis procèdent à la toilette matinale.
C’est, d’abord, Oukitara, une mignonne de dix ans, aux yeux vifs, bridés vers les tempes, à la bouche minuscule d’œillet rose, aux quenottes pointues de jeune chat. Kino-Sourya, la seconde, montre une peau dorée comme un citron mûr, des prunelles rieuses et des cheveux si abondants qu’ils la couvrent entièrement de leur voile ténébreux.
Mais la plus charmante est, certes, Lotusaï, la corolle d’élection du logis, l’espoir des vieux parents.
Le Kimono mal attaché sur la gracilité de ses épaules, elle s’examine dans un petit miroir d’argent.
Elle a eu quinze ans hier, et déjà les hommages vont à elle comme les papillons vont à la lumière… Elle admire, en souriant, ses yeux doucement relevés en amande, ses prunelles aux reflets d’onyx et de topaze, la finesse de son nez dont les narines transparentes s’ouvrent comme de menus coquillages nacrés, sa bouche enfantine, puérile, et l’ovale harmonieux de son visage ambré comme un lis d’or… Avec un peu d’huile de jasmin et de camélia, elle a parfumé sa lourde chevelure, tandis que Kino-Sourya cherche sa chemise de gamamay, son peigne d’écaille et ses épingles de corail rose.
*
Les trois mousmés, après le bain obligatoire et la prière au Bouddha secourable, ont passé sur leur visage une pâte d’amandes pilées, et sur leurs lèvres, un bâtonnet de bonbon enduit d’un fard écarlate. Plus tard, pour plaire à l’époux, elles se noirciront les dents avec une mixture de noix de galle, de sels de fer et de saké, mais pour le moment, leurs quenottes enfantines brillent comme des grains de nacre entre leurs lèvres rieuses.
*
Les souffles grisants qui viennent de la mer dissipent les vapeurs matinales et de confuses rumeurs s’élèvent de toutes parts dans la ville active.
Oukitara et Kino-Sourya ont disposé des plats de laque dans le jardinet, près des arbres nains curieusement taillés, que dominent les grappes liliales des amandiers et des cerisiers en fleurs. À tout instant, des frelons et des abeilles sonores se détachent des branches, frissonnent dans la neige odorante des calices, se poursuivent autour des jets d’eau, entrent dans la maisonnette blanche et repartent sur l’aile des brises.
Mais le premier déjeuner est préparé près du hisbashi (boîtes à feu) et des courtes pipettes d’argent. Oukitara a présenté des coupes de riz munies de bâtonnets d’ivoire, des assiettes où, sur une saumure rousse, nagent des légumes et des fruits confits, des amandes salées et poivrées, des pépins de tournesol et des graines de pin au miel servent de hors-d’œuvre. Le soir, avec leurs parents, les mousmés mangeront du poisson cru aux confitures, des œufs aux plantes aromatiques, des crabes au saki (eau-de-vie de riz), des haricots à la grêle, des salades compliquées de feuilles et de fleurs. Lotusaï, l’aînée des mignonnes, servira son père et sa mère, les pieds nus sur des tatamis soyeux ; mais, pour le moment, c’est elle qui se fait obéir et commande à ses petites sœurs. Elle a, d’ailleurs, la tête un peu lourde, ayant terminé l’échafaudage bizarre de ses cheveux. Ce chef-d’œuvre capillaire s’élargit vers les tempes en ondes savantes, se renfle en coques suaves plus luisantes que le jaïet, forme des nœuds glorieusement unis qui se terminent par des boucles de corail rose et de petites brochettes d’antimoine émaillé.
C’est la coiffure au chinjocha, au « papillon d’amour » qui ravira tous les cœurs.
*
Maintenant, les mousmés, après avoir repassé sur leurs lèvres le bâtonnet de carmin et d’or, ont mis des kimonos clairs, fleuragés d’orchidées et d’anémones dont les grandes manches, qui leur servent de poches, tombent presque jusqu’à terre. Autour de leur taille enfantine elles ont enroulé l’obi azuré, le large ruban qui les gaine dans ses plis soyeux et les fait ressembler à des fleurs printanières dans des coupes de majolique.
Ce superbe obi renferme l’éventail, le tabac, la pipette d’argent et le rouleau de papier mince qui leur sert de mouchoir.
Les Japonaises n’ont qu’une chemise de soie rouge, sans pantalon ni jarretelles. Leurs pieds délicats sont couverts d’une chaussette de peau blanche et reposent sur la planchette des guétas qu’on laisse à la porte des demeures.
Mais Oukitara, Kino-Sourya et Lotusaï ont achevé leurs préparatifs de conquête ; elles se livrent aux arts d’agrément : dansent le pas de l’abeille, jouent du luth et du shamisen, font voltiger un papillon de papier sur un éventail, jonglent avec des boules d’or ou peignent de légers feuillages sur des écrans de soie. Tout à l’heure, quand la cloche du temple voisin aura sonné « l’heure bleue », elles se montreront sur les promenades à la mode dans la gloire de leurs kimonos clairs, de leurs illusions et de leur jeunesse.
Jane de La Vaudère
_________
Pour citer ce texte illustré de la presse ancienne
Jane de La Vaudère (1857-1908, autrice) & @JVaudere (texte choisi, transcrit, présenté brièvement & illustré par des photos anciennes capturées),« La vie japonaise »,Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2024 NUMÉRO SPÉCIAL | NO IV | « Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) », 1er Volet & Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 30 octobre 2024. URL :
Donnant suite à notre conversation sur le réseau social X (précédemment nommé Twitter) au sujet d'une poétesse talentueuse et oubliée, Madeleine Dubois-Regnault, je vous faire part de mes recherches :
En balade dans le centre-ville de Nemours, Seine-et-Marne sud, j'ai découvert une petite librairie bouquiniste, qui vend des livres anciens et d'occasion sur deux étages. Le couple de libraires m'a orientée vers le second étage où je pourrai trouver de la poésie, selon ma demande. J'y ai croisé nombreux poètes de renom que j'avais déjà lus, dans de belles éditions anciennes.
Sur un promontoire, j'ai vu un nom que je ne connaissais pas, Madeleine Dubois-Regnault. J'étais déjà très enthousiaste à l'idée de découvrir une nouvelle poétesse. J'ai voulu me renseigner auprès des bouquinistes mais ils n'en savaient hélas pas plus que moi.
Dès que je suis rentrée chez moi, j'ai essayé de glaner un maximum d'informations sur ces poésies de 1948. Je formulai alors plusieurs requêtes sur internet, en vain. Rien ne me renseignais davantage. J'ai posté sur Twitter et Instagram une photographie du recueil ; mes abonnés m'ont dirigée vers des spécialistes de la littérature féminine, mais toujours aucun renseignement. Par contre, on me conseillait de consulter la Bibliothèque Nationale de France. J'ai donc écrit à la BNF dont voici la réponse :
Bonjour,
En effet, on ne trouve guère d'informations sur Internet que celles que fournit la BnF, et qui sont maigres. Du côté de l'histoire littéraire, les bases de données spécialisées (Klapp et Bibliographie de la littérature française) ne la mentionnent pas, non plus que le Dictionnaire universel des créatrices. Nous ne pouvons donc nous appuyer que sur les deux documents d'elles que nous conservons : son recueil de poèmes, et le manuscrit d'un poème dédié à Saint-Saëns pour son quatre-vingtième anniversaire. Dans notre édition du recueil de 1948 (consultable uniquement au sein de la bibliothèque de recherche), une seule indication, cette dédicace : « À Madame Madeleine Alba, à laquelle me lie (sic) les très anciens souvenirs de l'école de Sèvres », signée, et datée du 15 juillet 1948. Il se pourrait donc qu'elle soit passée par l'École normale supérieure de jeunes filles. Peut-être pourrait-on envisager de mener des recherches un peu approfondies autour de Saint-Saëns. N'ayant pas de compétences particulières en histoire de la musique, je ne m'y risquerai pas, mais j'ai jeté un coup d'œil aux index d'une ou deux biographies, et l'on trouve bien dans son entourage un Dubois, le compositeur et organiste Théodore Dubois, qui lui succède à l'église de... la Madeleine, ce qui risque de ramener un peu de « bruit » dans les recherches. On trouve aussi deux Regnault: le peintre Henri et surtout le médecin et anthropologue Félix Regnault, dont il semble avoir été proche. Ce dernier lui envoie des lettres, numérisées par nos soins. On trouve même, toujours sur Gallica, une mélodie de Saint-Saëns sur une « Poésie de Madame Félix Régnault ».
En espérant vous avoir été utile
La poésie de Madeleine Dubois-Regnault est douce, contemplative et habile. Elle voit juste et sans emphase le monde qui l'entoure. Elle est intriguée par la langue, la métaphore, la syllabe et la rime. C'est une femme forte, initiée au poème dès son enfance, et qui s'imaginait en poétesse oubliée dans l'avenir. J'ai sélectionné quatre poèmes de son recueil « Poèmes Lyriques » et je les ai photographiées pour illustrer mon propos.
LE PAN POÉTIQUE DES MUSES confirme le constat de cette enquête intéressante et le commentaire de son autrice.
Nous y ajoutons notre enthousiasme pour l'élégance, l'harmonie et la légèreté du lyrisme poétique de Madeleine Dubois-Regnault ainsi que la beauté de son poème « Français, Harpe d'Amour ». Nous savons également que le recueil « Poèmes Lyriques » a bénéficié d'une réception brève dans le Mercure de France de 1948. Il nous reste toutefois de remercier bien Floriane Austruy pour son enquête, de solliciter avec elle votre aide en lançant une bouteille à la mer Web pour compléter ces minces recherches et de vous souhaiter enfin une belle découverte poétique et un bel été !
Pour citer ces enquête & extraits poétiques inédits
Floriane Austruy (enquête, commentaire & extraits en photographies),« À propos d'une poétesse talentueuse et oubliée : Madeleine Dubois-Regnault », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet, mis en ligne le 28 juillet 2024. URL :
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