30 novembre 2017 4 30 /11 /novembre /2017 13:11

 

 

 
 

  Les équipes des périodiques

 

 

Le Pan Poétique des Muses, Semainier des Muses,

 

 

Iris & Mêtis Messagères Bleues des Muses

 

 

& de l'association SIÉFÉGP* vous souhaitent de 

 

 

Joyeuses fêtes de fin d'année

 

 

& vous adressent leurs

 

 

Meilleurs vœux !

 

 

Crédit photo : Gif de noël, Commons, Wikipédia

 

 

* Est le sigle de la Société Internationale d'Études des Femmes & d'Études de Genre en Poésie.

 

 

Au plaisir de vous lire et de vous publier !

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26 novembre 2017 7 26 /11 /novembre /2017 18:12

 

Lettre n°12 | Revue culturelle d'Orient & d'Afrique

 

 

 

 

Naissance d'un concept culturel d'identité inclusive

 

 

 

 

Manifeste de l’Ivoironie

 

 

 

Texte et photographies de

 

 

Emmanuel Toh Bi

Maître de conférences

Université de BOUAKÉ Côte d’Ivoire

Écrivain-poète, concepteur de l’IVOIRONIE

 

 

 

 

Avertissement

 

Ce périodique ne publie qu'exceptionnellement des textes qui traitent de l'identité nationale, cependant afin de respecter la liberté de

  •  nous exprimer dans cette équipe bénévole,
  •  nous contredire (entre autres par l'autocritique),
  • dialoguer entre membres de la même entreprise éditoriale,
  • transmettre un éclairage sur l'IVOIRONIE qui est "un concept de rassemblement national. La femme, notamment, mère, serait le symbole ou l'allégorie de la mère-patrie, au nom de son sens à aimer et à rassembler. Tout comme la femme-mère, L'IVOIRONIE est un concept dont le contenu idéologique se rapporte à l'amour et au rassemblement des fils de la patrie" (Emmanuel Toh Bi), 

nous publions avec plaisir ce texte qui bénéficiera ultérieurement d'une publication dans un numéro imprimé en 2018.

 

 

© Crédit photo : Cérémonie de lecture du manifeste de l'Ivoironie

à l'Université Alassane Ouattara.

 

 

Que dire de l’ivoironie ?

 

L’Ivoirien le plus sensible, marqué par deux décennies de crise à ponctuation tragique, y verrait, avec malaise nauséabond, une parodie de l’ivoirité. Soit. On ne noterait d’ailleurs pas une si grande quantité de tort à son passif. D’autres encore, à l’esprit très savant sur l’entité ivoirienne, l’appréhenderaient, avec quelque air enjoué mais avec hauteur condescendante, un autre terme concentré de prétention creuse s’ajoutant aux initiatives précédentes similaires et de vaine portée, sans impact mélioratif sur la vie sociale ivoirienne. Que ce serait légitime ! L’esprit humain se lasse des vanités réfractaires au substantialisme fonctionnant et carillonnement relayées par les médias. Une autre catégorie d’Ivoiriens, les plus fragiles et névrosés ceux-là, rechignerait à embrasser un autre concept portant sur l’identité et qui pourrait, comme son prédécesseur siamois, être prélude à une atmosphère fratricide ou génocidaire pouvant dresser des barrières rédhibitoires entre fils et filles d’un même pays. La paix n’a pas de prix, dit-on.

 

Depuis quelques années, la Côte d’Ivoire semble être sortie de son déchirement armé et les choses, allègrement, se ressoudent. Point ne serait utile, dans cet état d’esprit, de provoquer le diable. Les pays en reconstruction sont très précautionneux pour ce qui est de la linguistique nationale. On le voit avec le Libéria, la Sierra Léone, décimés par des décennies de guerre civile ; on le voit avec le Rwanda jadis visité par un impénitent génocide, le Congo Brazzaville labouré par des intérêts politiques armés, l’Afrique du Sud autrefois obsédante au nom du fameux concept de l’apartheid, concept de ségrégation sociale et raciale. Et puis, que faire de l’ivoironie pour un pays qui, désireux de son émergence, se soucie des conditions de travail de ses fonctionnaires, de la vitalité républicaine de son armée, de la dotation de ses régions en infrastructures de pointe, de la solidification de ses villes en structures régaliennes imbattables, du rayonnement dynamique de son secteur privé, du peaufinement de son système éducatif…

 

Dans cet ordre d’idées, l’ivoironie apparaîtrait comme une abstraite littérature embêtante. Bien à propos, Jean-Paul Sartre s’est posé la question de savoir la force opératrice des mots dans un monde soucieux et nécessiteux. On retrouverait, ici, le rapport dialectique controversé de l’Esprit et de la substance. La substance est biologie et support matériel d’entretien de la biologie, de la physiologie même, et des aspects environnants, support d’abri des paramètres d’équilibre substantiel de l’individu dans sa cité, mieux, de l’équilibre de la cité elle-même. L’esprit, lui, n’a pas de lien mécanique avec la matière existentielle ; il est plutôt spéculatif, interpellatif et éveilleur de l’intellect en tant que compartiment métaphysique de l’Être et non a priori de notoriété urgente.

 

Cependant,

 

Une autre opinion s’interrogerait sur l’opportunité de promouvoir une identité nationale en une période où, sous l’impulsion de la mondialisation, les frontières s’effritent et que le monde se globalise au point de devenir un microcosme villageois. En la matière, les nouvelles technologies de l’information et de la communication n’en ont pas fini avec leur épopée d’irradiation de la planète. Les chaînes de télévision et de radio, l’Internet, le téléphone portable, les réseaux sociaux facebook, twitter, whatsapp, d’une agressivité outrecuidante, commercialisent, troquent les espaces et les réalités individuelles en les croquant et en les démystifiant, tout simplement. Enfin, beaucoup de gens, certainement, les couches défavorisées, nombreuses à souhait, associées à une bonne frange de citoyens ayant le sentiment d’être des insécurisés, des menacés et des marginalisés pertinents du système politique en cours, ne verraient pas grand intérêt à la promotion de l’identité d’un pays, fût-il le leur, et dont ils n’auraient, visiblement, pas satisfaction, du moins, dans l’instant présent. Soit.

 

 

De la valeur identitaire…

 

 

L’identité est une spiritualité. Elle désignerait l’ensemble des phénomènes et particularités culturels rattachés à un individu dans un village, dans une région, dans un pays ou dans un continent, et reconnaissables par le parler, par les mets, par le divertissement, par les croyances, par les pulsions, par la cosmogonie, par la langue, par l’organisation sociale, par les héros historiques, le rapport à l’être et à l’étant, lié au cadre national et environnemental… tant il est vrai, concernant le dernier paramètre cité, que le cadre détermine la façon de penser et d’être. Les habitudes et états d’esprit, manières de pensées et modes d’action, semblent, en bonne partie, influencés par l’environnement naturel et social. Par exemple, les peuples du désert n’auraient pas les mêmes manies, réflexes et mentalités que les peuples forestiers arrosés par des cours d’eaux incalculables. De la même façon, les habitants des espaces non accidentés n’auraient pas les mêmes aptitudes sportives ou de vie quotidienne que ceux des espaces montagneux. Tout comme les climats tempérés et tropicaux n’inspireraient pas les mêmes élans psychologiques sur les sujets qu’ils abritent respectivement. Bref, l’identité est particularité.

 

Or, toute particularité, pourvu qu’elle ne donne pas mauvaise conscience ou qu’on n’en ait pas honte, est valorisante. Tout se passe comme si, dans une société de culture et, donc, de coexistence, toi et moi ne serons épanouis que si je suis ce que tu n’es pas et que tu es ce que je ne suis pas, et ce, dans un contrat d’intercommunication ou d’échange fluide. Séry Bailly affirme à juste titre : « Le développement, s’il n’est pas affaire d’identité, est tout de même production à partir de soi et pour soi mais aussi dans un monde d’échange qui a besoin de produits différenciés pour un enrichissement réciproque. »1

Les principes de l’électricité enseignent éloquemment que les bornes de différentes natures s’attirent et que celles de natures identiques se repoussent. Cela est d’autant plus plausible qu’on ne peut se développer si on a une faible estime de soi et une sous-estimation de ce qu’on produit. Dans cette logique, quiconque n’est pas identifié – quiconque n’a pas d’identité, c’est-à-dire, de particularité – n’existe pas, devient gênant ou dangereux, et forcément méprisé. Les attitudes de notre société actuelle, celle de l’intense communication dans un monde de plus en plus sévi par le terrorisme palpitant, peuvent servir de didactique à notre parade idéologique. L’identité, donc, est source de manifestations ou de dispositions servant au repérage d’un individu, à l’image d’un citoyen qui n’a de dignité que lorsqu’il est repéré dans un logement décent lui servant de casque ou de couverture de distinction. Ainsi, par allégorie, l’identité est repérage, casque, couverture et logement décent. L’identité d’un pays, à s’en tenir à notre modeste métaphysique, est, sans ambages, et à l’enseigne d’un organisme, le cumul de plusieurs micro-identités de régions, tout comme l’identité d’une région est le cumul de plusieurs micro-identités de villages, le tout étant adossé à l’histoire nationale.

 

Pour un peuple, l’histoire, la géographie, la sociologie, en constituent le cumul de l’identité. L’Histoire, en tant que piliers de soutien ou soubassement du présent. Le chantier a démarré timidement. Il s’est animé par la suite. Les ouvriers très actifs, ont souvent subi le martyre. La maison est sortie de terre. Elle attirait les regards, prétentieuse, insolente ou suffisante à volonté, avec une peinture de référence, celle des grands arts. La fondation souterraine ou ensevelie, n’est pas visible, n’est pas honorée. La façade de luxe en est pourtant soutenue par cet invisible ignoré. Si donc, le soubassement, en plus d’être non médiatique, se sent méprisé, et, peut-être, oublié, pire, stigmatisé, par sa célèbre filleule très contenancée, il y a fort à craindre qu’il s’affadisse, qu’il perde vie et se désintègre. On peut imaginer la suite, l’éventualité probable.

Indubitablement, l’Histoire réfléchit le présent, l’Histoire supporte, entretient et soutient le présent. L’Histoire concentre une bonne somme des gènes et des sèmes de ce qu’est le présent et son contenu. L’Histoire, donc, semble être la manivelle ouvrière du présent qu’elle contribue, d’ailleurs, et de façon majeure, à faire naître et à faire croître ; le futur, décisivement, aurait l’allure vraisemblable du passé, s’il n’en est pas la déclinaison modernisée. Ainsi, chaque peuple a son histoire qui le fait et qui n’est pas nécessairement celle du voisin, et qui lui sert de boussole à travers le temps. La paraphrase d’un dicton africain nous donne de discerner qu’il faut savoir d’où on vient pour savoir où on va. Un corps tient d’une âme qui l’anime, le fait rayonner, lui donne à s’émouvoir. Deux maisons peuvent être harmonieusement voisines, certes, mais ne se trouvent pas sur le même lot et n’ont pas la même histoire, donc, ne sauraient fusionner en une seule, en dépit d’excellents rapports "diplomatiques". La délimitation des frontières, toujours dans la perspective géographique, inscrit les disparités naturelles, climatique et végétationnelle entre deux sites frontaliers. Et d’ailleurs, nos deux maisons auraient plus de chance à se développer, du moins, relativement, si chacune d’elle réalise sa méditation introspective sur son site propre, condition sine ne qua non pour des échanges fructueux. Opportunément, Aimé Césaire, réagissant à la théorie de la civilisation de l’Universel de Léopold Sédar Senghor, écrit : « Ni Ségrégation murée dans le particulier, ni fusion dans l’Universel. »

 

Le concept de l’État en Droit précise bien cette idée de la particularité dans l’ensemble : un territoire (exclusif), un pouvoir central, une armée unique, un peuple identifié. C’est alors qu’un État existe en tant qu’État au milieu d’autres États, pour l’équilibre de l’espace. La glose de la création romanesque stipule que l’Espace est un langage souverain, inaliénable, un conglomérat de codes, signes, repères, transposant l’esprit dans un topos circonscrit et configuratif. L’Espace, donc, fonctionnerait comme une âme vivante, avec soupirs et réflexes, goûts et dégoûts, qualités et écueils, intérêts et réticences. D’évidence, l’Espace entretient un lien logique avec le temps, calque de la dualité Histoire/Géographie, qui constitue un module dans plusieurs de nos maquettes éducatives en Afrique et même au-delà de l’Afrique.

 

Bien à propos, Emmanuel Kant présente le duo Espace/Temps, comme le cadre naturel de la Raison. Et les deux pôles du cadre souligné ont une caractéristique : la finitude, autre vocabulaire de la limite. En revanche, pour la survie de la Raison, faculté humaine cardinale, chacun des deux pôles se devrait d’être ineffritable, indéfrisable, incorruptible, inconfusible, irrayable, stable. L’espace et le temps constituent le cadre déterminant, particulièrement spirituel de l’âme d’un peuple, au front des événements expérimentaux de son existence. Chaque peuple, donc, a son histoire et sa géographie ; autrement dit, tout se récitera, pour lui, en référence au Temps et à l’Espace, cadre naturel d’animation de sa sociologie.

La sociologie est la logique des instincts du vivre ensemble, non nécessairement dans le sens du contrat social comme le dirait Rousseau mais, plutôt, dans l’observation des faits de nature sociale qui transcendent le niveau individuel ou particulier et s’étend sur la collectivité, au point de devenir une Universalité, mais une Universalité localisée. Se dessine, ici, la dialectique entre sociologie et psychologie ; la psychologie est un état d’âme ; la sociologie est un état de société, que dis-je, un état d’âme social interchangeable à une psychologie sociale. Clairement, la sociologie est l’étude scientifique de la vie de la société. Émile Durkheim, à la suite d’Auguste Comte qui initie le concept de sociologie à la fin du XIXème siècle, illustre abondamment, dans Les règles de la méthode sociologique, celui de fait social en allusion à l’objet d’étude de la sociologie. C’est que cette science s’intéresse à l’ensemble des réflexes, attitudes, phénomènes de modes et de langage, vices, vertus et passions, modes de vie et d’organisation, cérémonies, visibles dans l’isotope d’une société repérée, soit villageoise, soit citadine, soit nationale, soit continentale.

Tant qu’un comportement se limite à un individu, il est le baromètre d’un état d’âme, affaire de la psychologie. Mais, dès l’instant où ce même comportement devient celui de plusieurs et peut-être de tous dans un milieu de vie, il devient le baromètre d’un état d’âme social, affaire de la sociologie, qui devient une sorte de psychologie sociale. Or, le comportement et l’état d’âme et d’esprit d’une société, sont l’émanation, sinon, la sécrétion spontanée de l’Histoire et de la Géographie, auxquelles on peut adjoindre la configuration ethnique. À juste titre, Auguste Comte, le père de la sociologie moderne, à travers sa loi des trois états dont l’état positiviste est le couronnement, évalue la logique de l’évolution mentale d’une société à travers le temps et dans son espace.

 

Récapitulons : Histoire, Géographie et Sociologie, constituent le tissu de l’identité. Elles l’entretiennent perpétuellement et, de ce fait, cette dernière, à l’enseigne d’un esprit, ne peut s’essouffler.

 

L’identité africaine a été conspuée si elle n’a pas subi de stigmatisation à travers l’Histoire. Quand elle n’est pas adulée ou valorisée par ses fils, elle est la cible de coups de boutoir de ses détracteurs impénitents et mal affermis. L’Occident nous propose des noms funestement fameux en la matière. Entre autres, Hegel, Tempels, Coupland, chacun selon son expertise d’excellence, étalèrent des démonstrations scientifiquement déficientes sur l’identité africaine, démonstrations partialement idéologiques, soutenues, mieux, relayées par des discours politiques des plus récents. On se souvient fraîchement de celui de Sarkozy à Dakar en 2007, provoquant une levée de boucliers variablement inspirée d’intellectuels africains indignés au vertige et spéculant au vitriol. Grand est mon embarras à l’idée d’être à la lisière de donner libre cours à une opinion racialement intéressée, du moins, d’apparence, dans un texte qui se débat pour revendiquer une certaine scientificité. Pour éviter, donc, la tentation de l’excès facile lié à tout pugilat verbal à soubassement identitaire et évasivement spectaculaire, qu’offrirait une impression de scène de belligérance, on va essayer d’être factuel. S’en tenir, donc, aux faits, avec très peu de théories et de passions.

 

 

Petit détour dans le passé…

 

 

Tentons d’ouvrir une petite lucarne sur l’Égypte, centre d’impulsion de la civilisation noire dont l’Afrique est le site culturel. On va dire, avec un peu de risque, que l’Égypte a fondé intellectuellement et, donc, culturellement, la Grèce, mamelle de la civilisation occidentale. Des noms référentiellement très marqués de l’antiquité grecque, ont séjourné en Afrique égyptienne : Thalès, Pythagore, Aristote, Hérodote, Diodore de sicle, Strabon, ont presque tous visité l’Égypte et y ont subi l’essentiel de leur initiation intellectuelle et spirituelle.

Très marqués par les particularités culturelles authentiquement édifiantes, inespérées, au sujet, par exemple, des cheveux, de la forme physique, des rites de circoncision, de la gestion du pouvoir politique, du mirage des pyramides matérialisant le rayonnement scientifique, donc, célébrant les lettres et les chiffres, de l’organisation sociale, du rapport avec la nature, de la foi polythéiste, ces fondateurs de la civilisation de l’Occident sont restés, jusqu’à leur retour en Grèce, et ce, toute leur existence durant, dans le respect sacral de l’Égypte. Aristote, par exemple, a élu l’Égypte foyer des mathématiques. C’est bien de l’Afrique qu’il s’agit. Le consacré spécialiste de la question, Cheick Anta Diop, dans Nations nègres et culture2, n’a que démontré, avec force détails, que, si tant est que l’Égypte, capitale culturelle du pigment noir, est la mère des sciences, alors, toutes les technologies et découvertes qui se sont développées depuis lors sur la planète, sont d’origine africaine. Et ce n’est qu’à la chute de l’Empire d’Égypte au Vème siècle avant J.C, que les États africains se sont formés, du fait des multiples migrations par la vallée du Haut-Nil, et les liens historico-culturels ont continué jusqu’à l’aube des temps modernes.

Tout comme la chute et l’implosion de l’Empire romain au début du Moyen-Âge, soit en 576 après J.C, a vu la création de plusieurs petits États monarques. Plus près de nous, au XVIIème siècle, la civilisation du Zimbabwe était œuvre de bâtisseurs ; le commerce et l’art ancien étaient liés à l’exploitation minière du fer, du cuivre et de l’or, avec les arts de métallurgie et de tissage du bois qui y faisaient office de technologie. Nous voulons dire qu’il appartient aux africains de faire la promotion de leurs exploits passés et présents, de leur sagesse culturelle indéniable. Autrement, on aura d’autres Sarkozy, d’autres Hegel, d’autres Tempels, captieusement, au chevet d’une Afrique qu’ils rendront davantage malade par leurs théories d’envoûtement diabolique, sous nos regards apathiques de Nègres dressés.

 

 

Un appel à la conscience culturelle et panafricaine

 

 

Selon toute vraisemblance, la valorisation identitaire du continent devrait être précédée par celle des identités nationales ; l’Afrique étant l’assemblage de toutes les nations qui la constituent. Elle ne surgira pas béatement du ciel, cette soupirée identité africaine à laquelle on voudrait devoir la transformation des âmes et des consciences africaines, d’une telle enseigne à voir s’inscrire cette cité mythologique, de foi imaginaire et de suggestion idéale, comme en rêve, comme y croit mordicus Eno Belinga, l’enfant-citoyen affermi d’Ebolowa, au Sud du Cameroun. Il ne faudrait, peut-être, pas que l’idéal culturel prêché de sens habile dans nos Universités et par nos élites de renom, se réduise à de simples lettres extatiques et s’engonce dans des écuries de vœux pieux engagées à l’utopie. Ce ne devrait, peut-être, pas être le sujet d’exercice de talents ou un art de bonne conscience. Il faut vivre sa culture, il faut être sa culture, tout simplement. Tout peuple, notamment, quand il tient à opérer des bonds en avant, se forge ses mythes propres, ses symboles d’initiations, ses références historiques ou ambiantes, ses schèmes de pensée et de divertissement, son cercle concentrique de méditations…, et cela ne nous induit nullement à mépriser ou à ignorer les valeurs d’autrui.

 

L’Occident que nous chargeons de tous nos malheurs et de toutes les imprécations du monde, nous montre la voie à suivre. C’est que, non seulement, l’Occident est dans ses mythes que sous-tend un intellectualisme abondant animé par des noms d’auteurs aujourd’hui universels, mais, il s’ouvre aussi à nos valeurs culturelles. On a, à tue-tête, imputé aux Occidentaux d’avoir assuré le lit de notre aliénation par le biais de l’école et du christianisme. Soit. Mais, on a l’impression que ce sont ces mêmes personnages qui nous aident à sortir de la sclérose que nous disons avoir ingurgitée de leur part. J’en veux pour preuve l’histoire du Monastère Moussa, entre Dakar et Thies. Il semble que ce soit les missionnaires Blancs qui y ont introduit dans la liturgie, naturellement otage de la musique grégorienne de Rome, nos instruments de musiques africains : la Kora, le Djembe, le Balafon…

Avait-on vraiment besoin de les laisser avoir cette idée ou de leur laisser le terrain de cette initiative ? En réalité, ce qu’ils ont réussi là, ce n’est qu’une tentative de décolonisation de la foi chrétienne dont ils sont les messagers et porteurs. Un peu de paradoxe quand même ! Où on en est finalement ? Avait-on vraiment besoin de les laisser avoir cette idée ou de leur laisser le terrain de cette initiative ?

Visiblement, les Africains ne se sentent pas libres, même après plus d’un demi-siècle d’indépendance. C’est Jean-Marie Adiaffi qui a dit qu’un mouton qui est resté attaché pendant plusieurs jours, est réticent à se mouvoir ou à initier une quelconque mobilité quand on le détache. Il faudrait peut-être que son détacheur l’y force un peu. Où on en est finalement ?

 

Notre identité, c’est le reflet des relents de notre culture à travers notre être, visible dans nos parlers, agissements, réflexions et principes de l’altérité. Les budgets alloués à la culture par nos gouvernements d’Afrique maigrissent de jour en jour comme peau de chagrin. La culture, on y voit certainement un amusement de l’ordre de l’irresponsabilité inconsciente, qui viendrait nuire à la satisfaction urgente de nos besoins vitaux, de plus en plus amoncelés. Au recul, Il n’y a que les peuples qui savent s’amuser qui savent aussi travailler au développement. D’ailleurs, en Afrique, dit-on, le chant et le champ ne sont jamais éloignés. Le chant aide au champ ; Le divertissement, surtout quand il est empreint de didactique, contribue substantiellement au travail. Ce n’est pas en vain que le terme Bété qui traduit la culture est bhlièbhliè, "amusement". Mais, il s’agit d’un amusement qui traduit toute une vision du monde. On en convient l’alliance indéfectiblement siamoise entre Art et Culture. C’est que la culture est un vécu civilisationnel, et l’art est une représentation, une virtualité, une mise en scène du vécu culturel. Ce faisant, la culture est la racine de l’art, du fait que le second sert de fond de diffusion communicationnelle à la première. Séry Bailly tente d’en concevoir le programme dans l’ouvrage sien, susindiqué en notes. Il faut commencer une construction par le soubassement. Autrement, on fait œuvre futile. Le couturier prend le soin de mesurer les différents aspects de la constitution physique de son client avant d’entreprendre l’ouvrage. Autrement, il se ferait désuètement plaisir à lui-même. Que chaque Africain s’envoie donc, en mission de valorisation de son identité nationale.

 

 

La Côte d’Ivoire, d’hier à aujourd’hui…

 

 

La Côte d’Ivoire est un pays d’Afrique de l’Ouest, un territoire de 322462 km2. Ce territoire fut colonie française en 1893 et indépendant le 7 Août 1960. C’est un pays de plus de 60 ethnies réparties en quatre grands groupes : les Akans, les Krous, les Mandés, les Gours. Les Akans occupent le Centre et tout l’Est, du Sud au Nord. Les Krous et les Mandés s’étendent du centre-Ouest à l’Ouest, du Centre au Nord. Les Gours occupent l’extrême Nord, à la hauteur du pays, faisant principalement frontière avec le Mali et le Burkina, l’ex-Haute Volta. D’ailleurs, ce grand groupe s’appelait, jadis, les voltaïques. Ce qui est intéressant, c’est que, au regard de sa grande configuration géo-ethnique, la Côte d’Ivoire, culturellement, est le cumul des pays qui lui sont frontaliers. Ce melting pot en rajoute à la singularité de ce pays entouré de la Guinée, le Liberia, le Ghana, le Mali et le Burkina Faso, et qui a la réputation d’être le leader économique de cette sous-région ouest-africaine. Ce leadership semble être conforté par un port autonome d’un acabit très attractif, en raison de son équipement de pointe, de sa capacité d’engrangement impressionnant, qu’harmonise une position géographique très stratégique. En plus, la production agricole, labellisée par le café et le cacao, est un supportfleuron de cette économie.

 

Félix Houphouet Boigny est le père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne. D’abord médecin à Guiglo, puis planteur syndicaliste, fondateur du syndicat agricole africain en 1944, élu député ivoirien à l’assemblée constituante française, Félix Houphouet Boigny, le bélier de Yamoussoukro, servit dans le gouvernement français et fut un excellent relais de communication entre les colonies africaines et la métropole, et ce, au nom d’une cordiale estime dont il jouissait de la part du Général de Gaule et de la relative aisance économique de son pays la Côte d’Ivoire. On eut dit un eldorado en temps réel. Naturellement, donc, la Côte d’Ivoire est une terre d’accueil. Le deuxième verset de son hymne national écrit par Mathieu EKRA semble être divinement inspiré : « Pays de l’hospitalité ». Les Ivoiriens sont un peuple qui a la facilité incroyable de se confondre à l’étranger par le prodige de quolibets théâtraux.

Félix Houphouet Boigny a bâti un pays, avec une capitale, Abidjan, du standing des grandes villes européennes, des simples à flatter l’égo de ses compatriotes-dévots. On va reconnaître à cet Homme un charisme philosophique que confortent une rhétorique captivante, un niveau de culture fort appréciable, une connaissance parfaite de son pays, de l’Afrique et de l’Europe, la France, notamment, un sens du pacifisme inné, une aura de meneur d’hommes, le tout étant bercé par une sagesse royale akan dont il est issu. Homme de culture par excellence, Félix Houphouet Boigny a fait bouillonner la culture dans son pays ; l’école, son paravent officiel et académique, a connu, sous lui, une émancipation auréolant.

Pendant longtemps, la Côte d’Ivoire a compté un nombre significatif d’intellectuels parmi l’élite africaine. Décisivement, le leadership de la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest n’était pas que de source cacaoyère et caféière ; elle aurait tenu, surtout, d’une éminence liée à la culture de l’esprit. La stabilité sociopolitique en dépend, certainement. Tant il est vrai que ce sont les consciences cultivées qui mesurent à sa juste valeur, l’importance de vivre dans une cité aux bases solides, peut-être aussi, soudées. Il avait très tôt compris, lui, le Président, que ce sont les esprits qui ont la connaissance, qui font et qui favorisent l’émergence, parce qu’émergés en eux-mêmes. La connaissance est dialectique irradiante et constructrice. Intellectuellement illuminé et Influencé par un humanisme de haute portée, Félix Houphouet Boigny a tenté, du mieux qu’il a pu, de construire la matière infrastructurelle, le cœur et l’esprit des Ivoiriens. Harangueur de charme, le père fondateur avait une parole presqu’aux vertus curatives qui permettait de solidariser, d’humaniser ses compatriotes au milieu desquels il savait apaiser les velléités de tensions.

 

© Crédit photo : Visite d’État président sénégalais, Leopold Sédar Senghor en 1977.

 

 

Il a dit Bernard Zadi Zaourou que la parole est eau, feu et sperme. Elle est eau parce qu’elle apaise, feu parce qu’on peut servir pour corrompre et détruire, sperme parce que la parole a une vertu fécondante, au nom de ce qu’elle forme, éduque et fait croître en ensemençant d’autres consciences. Visiblement, Félix Houphouet Boigny en était informé, lui qui usait de la parole en guise d’une force de soumission. On se souvient de son discours lors de la visite d’État de Leopold Sédar Senghor, le poète-Président du Sénégal en 1977 à Abidjan.

En voici quelques fragments : « Les légères brumes qui tâchaient le ciel de nos relations ont été vite dissipées par les chauds rayons de notre amour fraternel. », « De Joal, votre village natal, à la khâgne parisienne, du lycée Descartes, au Front stalag 230, des parlements des années d’après-guerre, à la présidence du Sénégal, vous n’avez jamais, en effet, cessé de joindre intimement la poésie et l’action, et votre vie n’est qu’un ardent plaidoyer pour l’homme et tout ce qui le grandit. », « Vous êtes un très grand poète de notre époque dont la voix de ferveur et de paix a su parler, de tout temps, au cœur et à la sensibilité des hommes. » Et voici ce que dit Senghor, à l’issue de sa visite en Côte d’Ivoire, à Siradiou Diallo, en relation avec une identité ivoirienne, sa climatologie : « J’ai vu […] les immenses plantations. C’est bien. Les Ivoiriens ont travaillé. Mais vous savez, Diallo, il y a une grande différence, ici, avec le Sénégal, et une seule, il pleut. Avec de l’eau, j’aurais fait des miracles. Alors, Houphouet a cette chance. » Le dernier mot du propos rapporté du Président Senghor ("chance") est révélateur de la générosité de la nature en Côte d’Ivoire courtisée par une climatologie que tissent si bien et amoureusement une pluviométrie abondante, une végétation exubérante, une terre fertile et des cours d’eau qui, eux, offrent aux Ivoiriens un encadrement censé, de bon coaching, sous le rapport de l’émission d’un air d’oxygène humide, pur et frais, douillettement respiré par le citoyen local, comme pour alimenter vigoureusement un cerveau de secret culturel divin.

Le relief, lui aussi, n’est pas en reste. Il est constitué des plateaux, au Nord, et des plaines, au Sud, à l’exception de la région de MAN qui présente un relief montagneux. En règle générale, ses sommets n’excèdent pas 1300m, à l’exception du Mont NIMBA (1753m) situé à la frontière avec la Guinée. La Côte d’Ivoire est arrosée par d’innombrables ruisseaux et rivières qui alimentent quatre grands fleuves : le fleuve Bandaman (1050 km), traverse le pays en son milieu et est typiquement ivoirien, plus substantiel au Nord-Ouest de Yamoussoukro ; le fleuve Comoé (1300 km), prend sa source dans la région de Banfora au Burkina-Faso, traverse le pays du Nord au Sud, longe la frontière du Ghana jusqu’à se jeter dans l’atlantique au niveau de Bassam ; le fleuve Sassandra (650 km), prend sa source en Guinée où il est appelé « férédougouba » , alimente le barrage de Buyo et rejoint l’océan atlantique au niveau de Sassandra ; le fleuve Cavaly qui vient de la dorsale guinéenne et fait frontière avec le Libéria. La végétation, pour sa part, du Nord au Sud, passe de la forêt arborescente à la forêt équatoriale de plus en plus dense vers le Sud. Pour sa climatologie, la Côte d’Ivoire baigne, en général, dans un climat tropical. Elle est traversée, du Sud au Nord, par des zones climatiques variées. Selon la pluviométrie, on distingue quatre types de climat : au Sud, le climat attiéen ; au Centre, le climat baouléen ; au Nord, le climat soudanien ; à l’Ouest, le climat de montagne.

Félix Houphouet Boigny meurt le 7 Décembre 1993. Ce n’est pas sa mort qui sonna le glas du monopartisme. Déjà, le 30 Avril 1990, le pays sortait de ce régime politique pour amorcer le multipartisme, au nom de la nécessité de la relativité des opinions politiques, seule capable d’entretenir une vérité stabilisante, disait-on. Mais, la candeur politico-sociale de la Côte d’Ivoire jadis idyllique fut ternie, violée gravement, à l’épilogue du multipartisme ; le 24 Décembre 1999, général Robert Guei fait connaître au pays le concept inédit de coup d’État. Les Ivoiriens en entendaient parler autour d’eux et ils regardaient avec hauteur, sinon, avec beaucoup de préjugés condescendants, les voisins et autre pays du continent qui, dans la tourmente ridicule, faisaient l’expérience répétitive de l’incident politique nommé. Ça n’arrive, donc, pas qu’aux autres.

Le 19 Septembre 2002, la Côte d’Ivoire, depuis lors dirigée par Laurent Gbagao à l’issue d’élections organisées par le régime militaire en 2000, enregistra un autre incident politique, de niveau supérieur, celui-là, passionnément plus grave : une rébellion armée occupe Bouaké, la deuxième ville du pays, et étend son voile sur toute la partie Nord du pays. En 2010, des élections présidentielles eurent lieu, qui voyaient la participation de toutes les sensibilités politiques, dont le RDR d’Alassane Ouattara, lui-même candidat pour le compte de son parti, dans un pays non encore réunifié ; la rébellion de 2002 occupant encore la partie nord de la terre d’éburnie. Des dissensions eurent lieu quant aux résultats finaux du second tour opposant Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Le corollaire en a été des conflits armés et très fratricides, près de 3000 morts.

 

Certains observateurs de la vie politique ivoirienne ont imputé cette tragédie politique à la vulgarisation d’un concept identitaire : l’ivoirité. Tandis que les concepteurs et les admirateurs du slogan identitaire souligné y voyaient une promotion culturelle nationale, leurs détracteurs les chargeaient d’en faire le paravent d’un débarras politique facile, une sorte d’expédient exclusionniste d’une partie des Ivoiriens de la vie politique nationale. Il est peut-être encore trop tôt pour que l’Histoire en dise ce qu’il en est réellement. Ce qui est certain, c’est que les coups de feu, du moins, à l’enseigne d’une bataille rangée susceptible de créer une atmosphère délétère généralisée, se sont tus, depuis le 11 Avril 2011 marquant l’arrestation de Laurent Gbagbo et la prise effective du pouvoir d’État par Alassane Ouattra.

Et depuis, une relative stabilité bien que taquinée parfois par des mutineries enrhumées. Mais, après tout, nous sommes une grande nation de culture impressionnante en Afrique et dans le monde. Sans aucun doute, nous en sommes de non négligeable. En affirmant que la poésie est supérieure à la politique et que l’homme politique doit placer la poésie, c’est-à-dire la culture avant la politique, le poète de Joal disait parole d’illuminé et faisait œuvre de prophète enraciné, de visionnaire obsédé et contorsionné. En effet, tout comme la poésie, la culture est un acte d’évasion constructive dans les rapports de l’humain avec le réel existant. Il est que la culture, en raison de ce qu’elle interpelle l’intimité métaphysique d’un peuple, est sainement évasive et étale, didactiquement, sa spiritualité. Est-il vraiment besoin de rappeler que le monde matériel est servilement subordonné au monde spirituel ? Les livres saints de nos religions révélées n’ont de cesse de le ressasser, la sagesse ancestrale l’enseigne interminablement, quand la philosophie platonicienne l’entérine. À travers la culture, le peuple acquiert de la contenance, de la contenance bien sûr et non un narcissisme contemplatif dangereux. La vie ou l’existence, en général, est un combat, celui d’accomplir une mission pas toujours aisée et consistant à laisser à la postérité un legs affranchissant. Et comment peut-on acquérir de la contenance si on est intellectuellement et spirituellement désubstantialisé ?

C’est la culture, bien évidemment, qui concentre l’intellectualisme et le spiritualisme de chaque peuple. Et cela est loin de souscrire à un quelconque Universalisme. La logique culturelle relève toujours de particularismes relativisés pour les peuples du monde. On en objecterait une forme de postulat syllogistique selon lequel deux peuples distincts, pour autant qu’ils n’ont pas la même histoire, pour autant qu’ils ne vivent pas sur le même espace géographique, qu’ils n’affrontent pas les mêmes événements du quotidien et qu’ils ne sont pas bercés par les mêmes conditions naturelles, ils ne peuvent déterminer le même angle d’intellectualisme et de spiritualisme. Certes, il ne faudrait pas se fermer ou rejeter le savoir-être et le savoir-faire d’autrui, mais le faire après avoir ingurgité et ruminé les siens propres. Il faut bien commencer par le commencement de peur que le devoir de dissertation n’accuse une crise de logique organique et ne soit déstabilisé de l’intérieur. Ce n’est quand-même pas le tohourou, le Zaouli, le zouglou et le mythe de Maïé, de Côte d’Ivoire qui ont fait rayonner la Grèce antique, ni le tassou, le yéla et mbilim du Sénégal, qui ont conféré son prestige à ce foyer fondateur de la civilisation occidentale. Ces ingrédients culturels négro-africains y auraient été lettres mortes. On peut, peut-être, se renforcer avec la culture de l’autre, mais la culture de l’autre, exclusivement, ne peut développer celui qui, ontologiquement, lui est étranger. Un espace existant souverainement ne peut connaître un essor que par l’apport du souffle cosmique, naturel et psychique interne. La culture d’un peuple est ce souffle cosmique, naturel et psychique interne. C’est plutôt une sagesse mythologique très édifiante et diversifiée qui a permis à la Grèce de bâtir cette grande civilisation dont les prémisses nous sont parvenus, ici, en Afrique, en Côte d’Ivoire, de façon plus ou moins agressive.

Très édifiante parce que diversifiée, toutefois. Les poètes, philosophes et autre type de personnalité du monde de l’art et de la science, locaux, l’ont exploité et l’exploitent à perdre haleine. L’Occident, donc, a dû son développement à l’efflorescence culturelle partie et surgie de la Grèce antique. L’Afrique peut en faire autant, si elle prend conscience. Dans ce combat de sens profond, l’action du politique peut aider, non négligeablement. Après tout, c’est lui qui impulse les programmes d’action et projets de société pour un peuple. En en ayant pris conscience, Samuel Eno Belinga, dans sa Prophétie de Joal, stigmatisant l’apathie coupable des hommes politiques africains qui, pour mieux exploiter les peuples du continent, mettent en veilleuse, à dessein donc, le vivier ancestro-culturel très émancipateur, du reste, affirme ceci : « Ils se dépêchent de vite oublier vite faire oublier les mythes d’origine du ciel et de la terre. » Senghor, en initiant le festival mondial des arts nègres à Dakar, dans les années 60, avait l’ambition de faire du Sénégal, la Grèce antique de l’Afrique. Dans la foulée, il lança le concept de sénégalité comme avait aussi existé et rayonné celui de francité, comme pour encadrer le développement social, intellectuel et économique. A-t-il eu raison ? A-t-il eu tort ? À chacun de s’en faire une opinion. Sans être idéaliste, on peut au moins constater que les choses ne s’y passent pas si mal que ça aujourd’hui.

 

 

L’Ivoironie, mon instinct psychique pour la Côte d’Ivoire

 

 

On a connu l’ivoirité. On lui a reproché d’être réducteur, xénophobe et exclusionniste. Soit. Mais on ne va quand même rester orphelin quant à notre identité. Il y a actuellement un vide qu’il faudrait urgemment combler, surtout que notre pays aspire à l’émergence et qu’il est d’une richesse culturelle indéniable. Je veux dire que le bouillonnement de la richesse culturelle peut pertinemment aider notre pays à atteindre ses objectifs de développement. Il suffirait seulement de la formaliser médiatiquement, cette culture ivoirienne, édifiante à plus d’un titre. Cela, entre autres, donnerait à l’Ivoirien fierté et confiance en lui-même. Cela permettrait aussi de le faire admirer de l’étranger et d’accentuer son capital touristique. Ayant suffisamment, et ce, après plusieurs années de réflexion, pris la mesure de la situation, je propose le concept d’IVOIRONIE, innocent, lui, fédérateur et patriotiquement, et même économiquement, engagé.

 

Africainement vôtre. De grâce, et pour le serment du bon sens, qu’il ne me soit pas prêté des qualificatifs de zélé forcené en mal d‘un prétendu chauvinisme révolu. Le terme de patriotisme, je le sais, est souvent péjoratif par une certaine tendance idéologique qui, en réalité, ne s’en est jamais affranchie elle-même. Comment puis-le concevoir, ce terme de patriotisme ? Simplement, et sans beaucoup d’élitisme, je l’entends comme un désir ardent de voir l’économie de son pays épanouie, et, ses fils et filles, unis, s’entendant sur l’essentiel de ce qui est de l’intérêt du pays, exclusif et inaliénable patrimoine ancestral. Pour ce faire, le pays a besoin d’une certaine ambiance d’éducation et de rééducation. C’est à cela que je propose le concept sus-cité qui, à la vérité, ne recèle aucun génie particulier. Juste une conscience de soi pour se mettre en phase avec l’environnement contemporain et être au diapason des défis de la modernité. Le dessein à moi et aux Ivoiriens proposé par moi, est-il vraiment condamnable ? Je ne me le reproche pas du tout. Il a dit Frantz Fanhon, « À chaque génération sa mission. Soit elle la trahit, soit elle la remplit. »

 

L’ivoironie, lexicologiquement, est constituée d’une racine, "ivoir" et d’un suffixe, "onie" qu’on retrouve dans "francophonie", "anglophonie", "lusophonie", "hispanophonie". "Phonie", phonos, est lié au parler oral, a donné "phonation" qui renvoie à la réalisation physique du parler oral et tous les organes qui y interviennent : les lèvres, la langue, le larynx, l’œsophage… "Phonie", donc, renseigne sur l’ambiance mentale d’une langue usuelle communément partagée, par bon sens et même par intuition, et tissant un lien communicationnelle et culturelle dans une micro ou même une macrostructure sociale. La francophonie, par exemple, est un vaste mouvement culturel ayant la langue française pour support véhiculaire et qui met en branle toutes les particularités culturelles de l’empire français, c’est-à-dire, l’aire géographicolinguistique du français dans le monde entier. L’ivoironie, donc, n’est pas une ivoirophonie, pour autant qu’elle n’est pas une langue locale, encore moins, universelle. Elle indique, plutôt, un état d’esprit culturel, celui de l’Ivoirien, citoyen de la Côte d’Ivoire.

L’état d’esprit culturel cumule l’état de pensée, l’état d’être et l’état de faire et même l’état de langage, l’état du paysage naturel aussi. C’est pourquoi, relatant sa conception de la culture, Gustave Le Bon écrit, dans Lois psychologiques de l’évolution des peuples : « L’impression la plus claire rapportée de mes lointains voyages dans les pays les plus divers est que chaque peuple possède une constitution mentale aussi fixe que ses caractères anatomiques, et d’où ses sentiments, ses pensées, ses institutions, ses croyances et ses arts dérivent. »3 La culture, dans ce sens, est la constitution psychique qui, chez chaque peuple, explique sa civilisation. On en dénote que la culture, pour chaque peuple, désigne une certaine façon de sentir et de penser, de s’exprimer et d’agir, en tant que sommet ou aboutissement symbiotique de la géographie et de l’histoire, de la race et de l’ethnie, de la sociologie, de la forme physique et même du paysage naturel. C’est ce qu’est l’ivoironie pour l’Ivoirien, citoyen valorisement distingué en Afrique et dans le monde. L’ivoironie est l’identité méliorative de l’Ivoirien, clairement signifiée. Le fait est que cette identité prend de la prépondérance en Afrique de l’Ouest, en Afrique et dans le monde, notamment, dans l’espace francophone. Point n’est besoin de chauvinisme pour le savoir. Le fait est de notoriété publique, en tout cas, transnational. Il y a lieu, donc, de s’intéresser à la notion de l’identité. Au discernement de toute l’argumentation jusqu’ici ébauchée, culture et identité s’interpénètrent, par embrassade même. L’identité est l’ensemble des phénomènes culturels rattachés à un individu ou à un peuple. Sous ce rapport, il semble ne pas exister d’identité en dehors de la culture. C’est que la culture consacre l’identité. La culture déroule, confectionne et aboutit à l’identité.

 

 

Les origines culturelles du concept…

 

 

Depuis près de deux décennies, la Côte d’Ivoire, à l’aune des épreuves endurées, semble ne pas plier l’échine, à tout le moins, pas véritablement. Certes, le tissu social se délite relativement et l’économie, elle, s’en serait portée mieux, certainement, si le pays n’avait pas connu tous ces avatars. Depuis près de deux décennies, nous résistons à l’essoufflement et le label ivoirien intéresse et captive tout de même. Ils sont combien ceux des Ivoiriens qui se sont interrogés sur la question ou qui ont la curiosité d’en savoir les raisons. L’œuvre des politiques et les efforts du corps social, constitueraient une piste justificative à ne pas mépriser peut-être. La solidarité de nos voisins, de nos partenaires au développement et de la communauté internationale, ne seraient pas à blâmer dans le cadre de cette réflexion.

Vraisemblablement, il faudrait hisser la cogitation à un niveau sacerdotal pour recouvrer la lucidité de la vérité, ici. Tout compte fait, l’humour, la création musicale et littéraire, le socioculturel et le loisir, peuvent revendiquer essentiellement la paternité de la résilience de la Côte d’Ivoire. La création musicale nous offre des sonorités aux noms-symboles qui nous identifient : Eranesto Djedje, Amede Pierre, Lougah François, Alpha Blondy, Tiken Dja, Frédéric Meiway, Gadji, Celi. La musique urbaine, par le Zouglou et le Coupé-décalé, nous offre l’arôme des années 90 et 2000. Le sport, compartiment essentiel du socio-culturel, du fait qu’il anime ludiquement la cité et rapproche les citoyens, peut être considéré comme une activité culturelle. Des références, en la matière, sont ivoironiquement mémorables : Laurent Pokou Kale Bialy, Abdoulaye Traoré dit Ben Badi, Drogba Didier, Yaya Toure, Gabriel Atiacoh, Cisse Cheick Salah, Alphonse Bile, Muriel Ahoure, Dakar 92, Malabo 2015. Des humoristes, prolongeant l’œuvre de leurs prédécesseurs Bamba Bakary et Aadama Dahico, font irruption dans les années 2000. Ce sont : Le Magnifique, Aga Lawal, Ramatoulaye.

 

La vérité, c’est que l’Ivoirien est philosophe et très docte. Il intègre naturellement que l’humour comporte une vertu spirituelle. Car, l’humour, bien loin de friser le ridicule, l’idiot ou un déficit d’aristocratie, de l’ordre d’une inconscience ou d’une irresponsabilité, est à la fois un armement et un désenvoûtement psychologique en vue d’une dédramatisation du mal. Pour parodier quelque peu l’UNESCO, je dirai que c’est dans l’esprit des gens que se développent les maux, fléaux ou tragédies de l’existence. Ce serait, donc, dans leur esprit qu’il faut le combattre. C’est qu’un mal naissant s’embrase et s’envenime ouvertement quand l’esprit humain lui en donne quitus par une espèce d’auto-écrasement ou de soumission à l’adversité tragique. Le tourner au minimisme ridiculisant de façon telle à faire rire le public, cathartiquement, c’est lui faire subir une cure psychanalytique vouée à le libérer du mal, à tout le moins, psychologiquement et spirituellement. Au bout du compte, le fléau ou danger en question s’en trouve lui-même désamorcé en raison, surtout, de la vertu didactique de l’histoire humoristique qu’a su si bien ficeler, intuitivement peut-être, l’artiste. Distraire pour mettre en confiance et rendre plus fort et même invulnérable le sujet humain en proie aux menaces, traumatismes et psychodrames de l’existence. Si je ne m’abuse, c’est peut-être cela l’objet de la science de Sigmund Freud.

 

De 1990 à aujourd’hui, l’humour a soulagé les Ivoiriens de bien d’épreuves : coups d’État, rébellion armée, déchets toxiques, maladies, crises économiques… Dans cet ordre d’idées, on va devoir à DJ Lewis d’avoir spirituellement fermé les portes, sinon, freiné l’élan à la grippe aviaire en 2008, 2009 et 2010 par une pièce musicale des plus démentes et très humoristiques. En effet, dans l’esprit de l’Ivoirien, sinon, ivoironiquement, musique et humour font corps commun. On le voit avec Le Magnifique, Ramatoulaye, Adama Dahico et même avec nos artistes Zouglou et Coupé-décalé consacrés tels que Yode et Siro, Petits Denis, Espoir 2000, Magic Système. Ici, la musique sert de support de communication à l’art d’humour fait de drôle, de gestuelle, de contrefaçon de voix et de mine, de danse, d’onomatopée, d’exagération, de feinte de rire et de sourire. Ainsi, l’humour tel que présenté, est une contribution majeure à l’unité nationale.

La radiotélévision ivoirienne l’a si bien compris ; l’émission "Bonjour" rituellement organisée chaque début d’année et produite par ses soins, l’illustre. Aujourd’hui, l’humour ivoirien se vend et s’exporte comme une matière première à la même enseigne, peut-être, que le café et le cacao. La Côte d’Ivoire est une terre d’artistes et d’intellectuels. Il y a aussi que les symboles et armoiries de la république nous passionnent : Orange-blanc-vert (OBV, comme l’a chanté Meiway) ; Uniondiscipline-travail, la devise ; l’éléphant, l’emblème national, l’hymne national ou l’Abidjanaise à la mélodie méditative et aux paroles presque liturgiques et traçant tout un programme du destin d’une nation. Un mot sur la symbolique des couleurs nationales ; l’orange, c’est la couleur de terre, qui nous porte et nous supporte, point de contact avec les ancêtres. Le blanc, c’est la couleur de la paix, signe de quiétude, d’ingénuité, de pureté et de candeur. Le vert, en référence à la végétation investie par la forêt dense, écologiquement nourrissante et symbole d’une vie confortable, sinon, auto-suffisante.

 

Certaines infrastructures sont référentielles de l’identité ivoirienne. Ce sont : le stade Félix Houphouet Boigny, ivoironiquement appelé le Félicia, le parc des sports de Treichville, pour ce qui est du loisir sportif ; le port autonome d’Abidjan, le troisième pont, l’autoroute du Nord reliant Abidjan à Yamoussoukro, les barrages de Taabo, de Kossou et de Buyo, pour ce qui est des infrastructures économiques. Le tourisme du pays est prestigieux. L’artiste musicien Solo Djah Gunt, au début des années 90, en a réalisé une pièce musicale de célébration. C’est, par exemple, le lac aux caïmans, le pont des lianes, les montagnes de Man, le parc national de Taï, le fort de Dabou, la ville historique de Grand-Bassam, patrimoine mondiale de l’UNESCO, Bondoukou la ville aux mille mosquées avec son village de singes historiquement connoté, les étendues d’eaux que systématisent les fleuves Bandama, Comoé et Sassandra, la Basilique de Yamoussoukro… Des repaires d’animation culturelle tels que le palais de la culture, le centre culturel Jacques Aka et l’Hôtel Ivoire.

La culture traditionnelle ne cesse pas de faire parler d’elle : le Zaouli des Gouros, jadis, véritable obsession pour le Président Houphouet, le Temate, le Ouambele et le Makri du Nord, le masque-échassier de l’Ouest, le Goly du Centre, l’Abissa de Grand-Bassam, les fêtes de générations chez les peuples du Sud Ebrié, Alladian, Adioukrou et Abidji, le rituel d’intronisation du roi chez les Agnis, le Tohourou, le Ziglibiti et l’Aloukou chez les Bété, le Djelenin-nin chez les Gouros, l’Attougblan chez les peuples du Centre et de l’Est… Et que dire de nos habitudes alimentaires conviviales ? L’attiéké, le placali, le foutou, le foufou…qui font partie du bon sens communicatif.

 

 

Une référence au « Nouchi »

 

 

Enfin, ne saurait passer sans brillance le langage made in Côte d’Ivoire qui interpelle aujourd’hui les grandes personnalités et instances de la francophonie. Résolument, la France a colonisé la Côte d’Ivoire mais la Côte d’Ivoire a colonisé la langue de la France. Aujourd’hui, du fait de la contagion du génie culturel ivoirien, on peut entendre un peu partout et même dans les sphères intellectuelles les moins soupçonnées de France, les termes comme "On va s’enjailler", "Enjaillement facile", "Go gaou", "C’est paaas faux", "On gagne, ou bien ?", "Bramôgô", "Vieux père", "Vieille mère", "Je démarre pas", "On va le yêrê", "Y a fohi", "On va leur montrer qui a mis l’eau dans coco", "Avion par terre", "J’ai fraya", "Faut béou", "Tu te blôôô trop", " La go est kpata", "Laisse ça, Djo", "ça peut me dja", " Ça nous dja" "La gnanhi", "Faut damer sur moi", " Abogaïs", "Boucantier ", "Mon cair est mort", "J’ai la dalle ", "Je suis fan d’elle", "Je vais me chercher ", " Faut pas dindin", " Il mouille ", "un vrai drap", "y a drap", "Gbê est mieux que drap", "Un véritable Côcô", "Dès que dès que", "Moi j’ai quoi", "On meurt ensemble", "Go bri", "s’affairer", "On va showffer", "C’est son bon petit", "Vieux père, c’est mou", « c’est propre » "Vieux père, voilà ton fils". Le nouchi ivoirien n’est pas une langue mais un langage, c’est-à-dire qu’il systématise un ensemble de codes issus du français mêlés aux ingrédients épars des 60 langues de Côte d’Ivoire. C’est le langage de la rue ivoirienne, à tout le moins, celui qui ne se pratique pas dans les hautes sphères intellectuelles et sociales du pays. Son origine se trouve encore dans la nébuleuse de l’esprit.

Même la conscience collective communautaire ivoirienne ne peut la situer véritablement. Au recul, ce pourrait être un instinct linguistique né de la combinaison conglomérée des 60 ethnies que compte le pays, à défaut d’avoir une langue nat ionale unificatrice. Ce pourrait être aussi une réaction névrotique, sinon, psychanalytique de la communauté, frustrée de ne pas disposer d’une langue écrite médiatique ; une disposition psychologique consistant à refuser de se laisser aliéner par la langue de la France, véhicule de la mentalité française. Le dessin inavoué, dans ce jeu éloquent du Nouchi national, c’est de brandir que la Côte d’Ivoire est une terre de parole, de parole constructrice, de parole féconde, de parole créatrice et dévorante. Et cela préexiste à l’arrivée du Blanc en 1893. Il y a aussi, à ne pas sous-estimer, dans cette tentative de repérage de l’origine du Nouchi ivoiren, l’ampleur du phénomène de loubards et autre homme fort de rue, dans les années 70 et 80.

 

Le loubard, on le sait, a la fierté de disposer du physique et du mental de la force, le rendant prompt à l’agressivité. C’est qu’il n’agresse pas que des êtres physiques, il agresse aussi la langue, spécifiquement, une langue qui, n’étant pas originellement la sienne, ne prend pas en compte ses intérêts économique, culturel, social et idéologique. Ainsi, le loubard agresse la langue française pour la soumettre à son souffle psychique interne ainsi qu’à celui de sa communauté nationale. Le loubard, anticonformiste à souhait, verrait sa fierté asservie, et son statut d’homme fort, en chute, en se soumettant à la rigueur puriste d’une langue de civilisation éloignée qui, visiblement, tente de le réduire à l’état de larbin, et, avec lui, son peuple. On ne saurait passer sous silence, dans cette esquisse de recherche de la source du langage de rue ivoirien, la pauvreté et la promiscuité sévissant dans le bas peuple. Dans ce sens, le Nouchi se présente comme un réflexe insurrectionnel contre l’appareil de l’État et contre les hautes sphères bourgeoises du pays. En un mot, le langage ivoirien, c’est un refus de se faire dominer par la culture blanche et par ses représentants nationaux constituant l’élite dirigeante. Par ailleurs, l’ivoironie, au plan des souvenirs de l’histoire coloniale, c’est, par exemple, la marche des femmes de Grand-Bassam en 1949, la révolte des Abbeys en 1914, la répression des manifestations de Dimbokro que David Diop poétise avec tant de lyrismes dans son poème « Dimbokro poulo kondor ».

 

 

Ce que j’entends par l’IVOIRONIE !

 

 

La lecture de ces quelques lignes a pu certainement faire comprendre que j’enregistre dans ce concept, innocemment, la vitrine de ce que nous sommes et que nous nous devrions de promouvoir ou de valoriser. L’ivoironie, par ricochet, se présenterait comme un désir zélé de connaissance profonde du pays, le connaître bien pour mieux l’aimer. Notre survie en dépend. À l’heure où on parle de mondialisation, qu’apportons-nous,-nous Ivoiriens, à l’Universel ? C’est bien notre Ivoironie. N’en ayons pas honte et n’en ayons pas peur. Ne nous le reprochons pas. Autrement, on conforterait ceux qui, en mission peut-être, inventent des clichés idéologiques pour fonder en théorie notre répugnance, notre attardement naturel et notre prétextualité d’existence figurative comme des personnages comparses dans une fiction romanesque, à l’effet de nous faire perdre confiance en nous et désamorcer insidieusement toute velléité créatrice de développement.

 

De toute façon, par notre Ivoironie, nous ne nuisons à personne dans le monde. Que celui qui se sent indisposé par le concept identitaire des Ivoiriens lève le doigt !

 

Nous allons lui demander des explications et il devra nous convaincre avec force-arguments, sans se soustraire, tout de suite après, à la pusillanimité scientifique de ses éventuels raisonnements aux contours de logomachie haineuse et futile, et qu’aucune clause, fût-elle humaine, scientifique, politique, idéologique ou culturelle, ne saurait ou n’aurait la présence d’esprit et la bienveillance de soutenir.

 

C’est qu’ostensiblement, l’identité, toujours culturellement motivée et ancrée, fait vivre, fait exister, qualitativement. C’est que, manifestement, l’identité, toujours civilisationnellement liée, quand on en est fier et qu’on la vit passionnément, elle enrichit intellectuellement et même matériellement ses sujets sans omettre de les rendre nécessairement contributifs à autrui. L’ivoironie, donc, parce qu’elle désigne un état d’esprit et un vécu et qu’elle est culturoidentitairement marquée, elle est une spiritualité. C’est la spiritualité des Ivoiriens, peuple qui se veut uni, philosophe et artiste. Ainsi, l’Ivoironie est un concept culturel fédérateur de tous les indices et éléments référentiels de l’Ivoirien, de son pays et de son état d’esprit. Ce concept est le sommet des réalités d’ordre culturel, artistique, urbain, langagier, touristique, infrastructurel, sportif et économique, de la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire aspire aujourd’hui à l’émergence économique. Dessein idéal aux portes de l’onirisme, que tous les Ivoiriens rêvent de vivre.

À bon droit. De haut sens. On sait aussi de ce pays qu’il est un grand pays de culture, reconnu à l’étranger. En fonction, donc, de nos ambitions de développement, tentons de formaliser notre immense richesse d’esprit dans une sorte de label culturel médiatique. C’est bien à cela que se propose l’ivoironie qui offrirait l’avantage d’actionner le mouvement du développement et de la cohésion sociale. Étant entendu que le développement a besoin de cohésion sociale et qu’Il n’y a pas de développement et de cohésion sociale sans promotion culturelle, surtout, pas de développement dans l’informel culturel. L’Ivoironie serait, donc, un concept culturel moteur des positivités ivoiriennes, un label culturel médiatique, un kit ou un coffret des ingrédients divers de la chaleur ivoirienne valorisante. L’Ivoirien compte en Afrique et dans le monde, et ce, sans égocentrisme ni réclusion, sans rejet ni enfermement calfeutré sur lui-même, mais, plutôt, avec ouverture, partage, amour et hospitalité. L’hospitalité, l’Ivoirien la manifeste et la vit naturellement, sans effort contorsionnant ou pénible pour son âme. Notre hymne national nous l’ayant recommandé, mieux, commandé, presque d’autorité spirituelle. L’étranger, aux yeux de l’Ivoirien, est précieux et il représente pour lui un atout économique.

 

 

« Nous sommes la Côte de l’Ivoire »

 

 

L’Ivoirien Baroan Kipre, dans Mutations des noms africains, et le français Claude Lévi-Strauss, dans Mythologiques II, soutiennent que, dans la mentalité négro-africaine, le nom est une métaphore de la personne. Nous semblons, donc, avoir hérité nos vertus, caractères et identités, de la nature même de la matière précieuse dont nous nous sommes liés par image, en référence à l’éléphant qui, jadis, abondait dans la faune de ce territoire ; l’ivoire étant la défense de l’éléphant. Pour son étymologie, " ivoire" vient du latin "ebur", "éboris ", transcription possible de l’égyptien "ah, abu", qui a donné l’adjectif "éburnéen" qui, à juste titre, signifie "la couleur de l’ivoire". Depuis la préhistoire, l’ivoire a toujours servi à façonner les objets à la fois utiles et prestigieux.

De la même façon, l’Ivoirien a la mentalité d’associer l’esthétique et l’utile, le Beau et le Bon. D’ailleurs, dans la plupart de nos langues ivoiriennes, et chacun peut en faire l’expérience scientifique, c’est un même mot qui désigne à la fois le Beau et le Bon. Ainsi, chez l’Ivoirien, tout ce qui est beau est bon, et tout ce qui est bon est beau. Dans notre façon de jouer au football, cela se vérifie quelque peu. Dans notre façon d’aborder les problèmes, cela s’appréhende : l’efficacité dans la forme, l’engagement dans le style, l’opérationnalité dans la manière, solutionnant le problème avec hauteur, produisant la solution dans la dignité. C’est d’ailleurs l’entrain mental de la littérature, en général. L’Ivoirien, donc, est artiste dans les actes. Cette qualité l’induit à superposer imaginaire et réalisme. La littérature, toutes les fois qu’elle a fait la jonction entre l’imaginaire et le réalisme, aucune difficulté, aucun fléau de la planète, n’a pu lui résister. Cette terre est une terre d’artiste, artiste de tous les compartiments de l’art et artiste dans le vécu concret. Cette terre est une terre de génie créateur, et ce, de façon insoupçonnée.

 

La littérature, section la plus abstraite et intellectualiste de l’art, est loin d’être orpheline sur cette terre sacrée d’éburnée. Déjà, en 1917, Bernard Dadie le père de la littérature ivoirienne le signalait avec sa pièce La ville, première œuvre écrite de la littérature de Côte d’Ivoire, alors qu’il n’était que jeune élève à l’EPS de Bingerville. Bernard Dadie est un écrivain éclectique. Point n’est besoin d’en gloser. Ce qui est certain, c’est que la poésie a eu un grand succès sous sa plume. Entre autres, Hommes de tous les continents, Afrique debout, La ronde des jours. À la suite du seigneur des lettres ivoiriennes, et toujours en poésie, on cite Bernard Zadi Zaourou, Paul Ahizi, Jean-Marie Adiaffi, Tanela Boni, Miezan Boguini, Noël X Ebony, Charles Zegoua Nokan, qu’honorèrent dignement, bien sûr, par la verve créatrice, leurs jeunes émules des années 2000.

La création romanesque nous propose des noms : Maurice Bandama, Jean-Marie Adiaffi, Véronique Tadjo, Fatou Keita… Pour le théâtre, on retient Bernard Dadie lui-même qui a influencé des auteurs de planches comme Adje Daniel, Diallo Ticouahi Vincent, Ignace Alomo, qui, vers la fin des années 70, et dans les années 80 et 90, ont fait vivre à la Côte d’Ivoire sa catharsis éthique, sociale et politique. En la matière, un clin d’œil d’hommage national à Adjie Daniel. Par le biais de ce grand nom des planches, le théâtre, qui, jadis, assura le rayonnement intellectuel et moral de la Grèce antique, combla la Côte d’Ivoire. Grâce à ce symbole culturel, le théâtre d’Abidjan fut, et, peut-être, est, une référence en Afrique. À l’époque, le petit écran de la RTI, après le journal télévisé de 20 h jouissait d’une forte audience, d’un grand volume d’écoute, communiquant ainsi aux populations ivoiriennes la même éducation morale et une formation psychologique et intellectuelle. Chapeau à Adjie Daniel. Que la nation ne le range pas aux oubliettes. Les comédiens qui ont suivi après, Adrienne Koutouan, Gbizie Zoumana, Michel Gohou, ne sont que les épigones du grand maître.

 

Une autre caractéristique de l’ivoire, c’est son aspect réfractaire, dense et résistant. En effet, l’ivoire, appelée défense de l’éléphant, a un poids moyen de 40 kg et une longueur moyenne de 3 m. Donc, l’éléphant supporte au moins une charge de 80 kg, le poids des deux défenses. Certains éléphants, comme ceux de British muséum, vont jusqu’à 102 ou 107 kg. L’ivoire, c’est, donc, la force, la densité et la résistance. L’Ivoirien est fort, il est dense, il est résistant. Sa résilience extraordinaire aux différentes épreuves endurées, en est la preuve. Corrélativement, l’Ivoire, moyen d’auto-défense de l’éléphant, se traduit symboliquement par des qualités, attitudes et aptitudes de l’Ivoirien : son intelligence, son courage, son sens de banalisation du tragique pour désamorcer le mal, son sens de la solidarité, ses capacités de réflexion pour appréhender une réalité, sa persévérance, son pacifisme et sa bonté, son amour pour sa patrie, sa propension au ludisme épicurien, sa joie de vivre, son sens de la création, son intellectualisme inétouffable, son sens du partage, son ouverture et son hospitalité, sa promptitude à se relever du chaos, son ardeur au travail, sa vigilance, son inclination à la tolérance, son sens de l’unité.

Le Coupé-Décalé

 

L’ivoirien, citoyen de l’ivoire, a un physique d’esthétique et une esthétique vestimentaire opportunément bien illustrée par les différents groupes de boucantiers des djets parisienne et londonienne, en un moment où le pays était dans les mailles de la crise de 2002. Le souffle évasif apporté par nos créateurs du Coupé-décalé, a été pour beaucoup dans l’armement mental et psychologique des populations, y compris des belligérants eux-mêmes qui dansaient et se passionnaient au rythme de leur art. Ces jeunes gens qui ont été l’objet d’opinions diverses et controversées, au recul, peuvent bénéficier des hommages de la nation : Le Molar, Solo Beton, Fadiga de Milano, Borosandji, avec à leur tête un certain le sommet Stephane Doukoure alias Douk Saga, le sommet de l’Himalaya.

 

En effet, le concept du Coupé-décalé, avec son signe initial de prodigalité financière sur scène, était d’une poétique précise à l’adresse de l’Ivoirien : « Tu es aujourd’hui éprouvé, presqu’au contact du sol, mais tu devras toujours te souvenir que tu es un grand citoyen d’Afrique et du monde, que la Côte d’Ivoire ta terre est un îlot de prospérité, de joie et d’accueil. Tu ne devras, donc, pas te laisser supprimer, ni aliéner, ni affadir. Tu ne devras surtout pas, quelle que soit la situation épineuse subie, perdre les valeurs qui te caractérisent, c’est-à-dire, l’amour, la foi et l’acceptation de l’étranger. Souviens-toi que tu as toujours donné, donné, donné, et que tu devras continuer à le faire même en temps de difficulté et t’ouvrir à ceux qui ont besoin de toi. » Tel était, à mon sens, et selon toute vraisemblance, l’état d’esprit qui était celui de ces jeunes gens totalement dévorés, hors d’eux-mêmes, de sorte à perdre haleine. Ils auront réussi à drainer et à focaliser l’attention des Ivoiriens, des Africains et de tout le monde entier, au point qu’on n’avait plus le temps de s’attendrir sur le sort de la Côte d’Ivoire qui faisait très peut envie, à l’époque; le concept de Douk Saga était même parvenu à faire ignorer, aux observateurs internationaux, l’impact humanitaire de la crise.

C’est que l’Ivoirien aime plus faire envie que pitié. Il est clair que la célébration de la pitié n’a jamais fait sortir un individu ou un peuple du gouffre. Aujourd’hui, avec le temps qui s’est écoulé, l’objet s’étant départi de la conscience, on peut ébaucher une opinion afférente à ce phénomène de musique urbaine, opinion lucide, au demeurant : il faudra faire attention au jugement porté sur ces jeunes gens. Il me semble qu’ils étaient en mission, sinon, qu’ils accomplissaient une mission qui, conscientiellement, leur échappait, dans ses contours sacerdotaux, certainement. Hommage de la nation à nos boucantiers du Coupé-décalé. Que serait-il advenu s’ils n’avaient pas apporté cette petite touche banale ?

 

 

Le Zouglou

 

Les zougloumen, eux, peuvent se féliciter d’avoir permis aux Ivoiriens, de supporter psychologiquement, les avatars liés au passage du monopartisme au multipartisme, ainsi que le coup d’État du 24 Décembre 1999. Les pionniers en sont : Bile Didier et Les Parents du Campus. Ce concept estudiantin destiné à implorer le seigneur ("C’est cette façon d’implorer le seigneur qui a engendré le Zouglou, danse philosophique qui permet à l’étudiant de se recueillir et d’oublier un peu ses problèmes"), suite aux multiples difficultés tracassantes de ce milieu, est entré dans la cité, harcelée elle aussi par des impertinences hérissées de faits divers. Le principe de la verve artistique en reste le même, implorer le seigneur. Peut renseigner éloquemment à ce sujet cette liste suggestive d’artistes : Maga Dindin et Le Système Gazeur, Poignon, Poussins Chocs, Les Cöcö, Les Copines, Petits Denis, Espoirs 2000, Petit Yode et L'Enfant Siro, Les Garagistes, Magique System, Fitini, Dezy Champion, Les Marbouts…

Quant à la crise post-électorale de 2010, elle fût relativement ruminée par les Ivoiriens grâce aux humoristes de one man show, promus par l’émission « BBonjour » de chaque début d’année et qui existait déjà depuis près de trois ou quatre ans auparavant. Le Magnifique, Aga Lawal et Ramatoulaye, en sont les Stars. Que dis-je, l’art et la culture ont toujours été au chevet des Ivoiriens, pour jouer leur rôle curatif de psychanalyse communautaire, quand cela est nécessaire, quand besoin en est. Ils lui ont toujours servi d’armes d’auto-défense, tout comme l’éléphant se sert de son instrument naturel d’auto-défense, l’ivoire. L’inventivité d’un esprit fertile, la création artistique, la magnanimité instinctive, traduisent symboliquement son ivoire éléphantesque. Une affaire d’ivoironie.

 

Toujours concernant l’épilogue sur l’ivoire, il y a que de nos jours, l’ivoire est utilisé pour sculpter des objets de vitrine, des colliers, des bracelets, des broches destinées à la parure. Pareillement, la Côte d’Ivoire, grâce, à la fécondité de son art et la vitalité de sa culture, grâce à ses conditions naturelles et ses dispositions sociologiques, grâce à la qualité de ses infrastructures et sa relative force économique, constituent une vitrine pour l’Afrique de l’Ouest qu’elle miniaturise, du reste. Sa diversité culturelle et son économie, auxquelles contribuent non négligeablement ses voisins et amis et frères venus d’un peu plus loin, métaphorisent rhétoriquement les colliers, les bracelets et les broches, que sculpte l’ivoire de la Côte d’Ivoire, en tant qu’enregistrement de son souffle vital. La couleur de l’ivoire peut aussi intéresser dans cette aventure d’herméneutique du symbole national. De couleur crème, l’ivoire est vivement fluorescent dans des tons bleutés sous la lumière noire.

La Côte d’Ivoire est un pays qui, grâce à son économie, à son art, à sa culture et à son paysage, rayonne, même dans le noir de ses moments difficiles, et rayonne même auprès de ses voisins ; les différentes crises survenues jusqu’à aujourd’hui ne lui ont pas fait perdre son rang de leader économique de la sous-région ouest-africaine, et, donc, ne lui ont pas fait perdre son attractivité. On n’osera plus, certainement, dire, comme l’autre, qu’elle est une oasis dans le désert, mais elle reste la Côte d’Ivoire. En réalité, l’Ivoirien n’a jamais perdu conscience de son poids lourd de l’éléphant, plus gros animal vivant terrestre. Un éléphant mâle abattu en Angola en 1955 pesait plus de tonnes. L’Ivoirien pèse lourd dans son environnement, dans son Afrique, dans le monde.

 

Enfin, pour ce qui est du décodage de l’identité ivoirienne en référence à l’ivoire, on peut noter qu’aujourd’hui, l’ivoire est travaillé dans toutes les civilisations, signe que l’identité culturelle ivoirienne est le baromètre de tous les pôles du monde, en raison du cosmopolitisme légendaire de la Côte d’Ivoire. De la même façon, l’identité ivoirienne se reconnaît dans toutes les cultures du monde. Voilà le package de l’ivoironie qu’il nous faudra promouvoir, nous Ivoiriens, fiers Ivoiriens, comme le scande notre hymne national.

 

Fiers, non pour mépriser l’autre, mais, fiers, pour exister et pour faire exister l’autre. C’est, peut-être, l’œuvre missionnaire à nous assigner. Nous aussi, nous avons besoin de notre journée nationale de l’ivoironie, pour tisser une conscience nationale forte et un sentiment d’appartenance commune à une nation inébranlable. Il nous faudra, donc, nous approprier ce concept pour être plus forts, pour être plus forts pour nous et pour tous ceux qui ont besoin de nous. L’ivoironie est un coffret qui donne à goûter de ce qui est de l’Ivoirien. S’y retrouvent ses paramètres biométriques de divers ordres : l’économie, le sport, la nature environnementale, la culture, l’art, les tics linguistiques, le style vestimentaire, l’accent oral, son entrain de coexistence, sa résilience à l’épreuve. On nous a parlé de francité, de sénégalité, d’arabité, d’ivoirité. Si ce dernier concept n’a pas mis les citoyens Ivoiriens d’accord, il faut bien lui trouver un palliatif réconciliateur, avec une envergure plus étendue.

 

 

 

L’ivoironie : rassembler les ivoiriens autour d’un même idéal

 

 

Il brasse tous les fils et filles de Côte d’Ivoire, d’origine ou naturalisés, avec leur façon d’être et de faire. Nous sommes un grand peuple de culture, d’ailleurs un confrère gabonais me le signifiait lors de mon voyage en 2015 au Sénégal. Nous sommes un peuple qui plaît, par ses tics linguistiques, par sa myriade ethnique, par la qualité de ses musiciens, par ses infrastructures non négligeables, par la pertinence de ses humoristes, par le prestige de ses sportifs, par la valeur didactique de ses rites traditionnels, par l’opiniâtreté de ses intellectuels et hommes de culture, par ses mets faciles et appétissants, par ses matières premières, par ses vivriers, par la beauté de ses hommes et notamment de ses femmes, par sa spontanéité aux allures d’anticonformisme, par l’exotisme de son paysage, par son hospitalité.

Ne pas en avoir conscience serait faire le lit à un complot du sort. En avoir conscience et le manifester, serait assimilable à une proactivité sur la voie de l’émergence, serait synonyme de résistance aux aléas du siècle présent, serait interchangeable à un acte d’apaisement et d’unité, serait propre à donner un fouet d’accélérateur à notre économie. Donc, nous sommes un grand peuple de culture. Nous le sommes parce que nous aimons nous amuser ; opportunément, le mot "culture" est traduit en bété par "bhlièbhliè", qui signifie "amusement". Ainsi, un peuple de culture est tout logiquement un peuple qui aime s’amuser.

 

 

L’amusement, Parlons-en !

 

 

Une certaine opinion idéologiquement montée, taxe les Africains de peuple insouciant. Soit. Décisivement, un peuple qui aime s’amuser est adéquatement un peuple de paix. On ne peut pas sortir d’un concert de Meiway, d’Espoir 2000 ou d’Alpha Blondy, et, tout de suite après, aller saccager des édifices au Plateau ; on ne peut pas être en train d’évacuer ses névroses à un spectacle enjoué de « Bonjour » et penser, concomitamment, que la Côte d’Ivoire n’est pas un bon pays ou qu’il ne fait pas beau vivre en Côte d’Ivoire ; on ne peut pas assister à l’art virtuose du Zaouli et comploter contre le peuple qui en est détenteur ; on ne peut pas se rendre à l’Abissa, s’affectionner à son contenu limonal et manigancer un attentat terroriste contre la ville d’accueil. Celui qui le ferait n’est pas partie prenante au ludisme culturel ambiant. On ne peut pas, après avoir été émerveillé par Drogba au Félicia, sortir de cette cuvette sportive pour aller dévaliser les banques de la cité des affaires ou s’en prendre à ses immeubles de prestige. En un mot, qui aime s’amuser, aime la paix, aime la vie, aime l’Homme.

Dans l’amour de l’Homme et de la vie, s’enregistre une foultitude de savoirs. L’Ivoirien aime s’amuser, il aime la paix, il aime la vie, il aime l’Homme, et détient une foultitude de savoirs. Il est le prototype de l’humanisme nègre. L’amusement a l’apanage d’arracher à son sujet sa propension à la nocivité, ses tendances à la nuisance. Celui qui n’aime pas s’amuser a toujours les nerfs tendus et serait prêt à sévir, fût-il savant confirmé. Dans l’amusement, il y a le savoir, il y a de la détente. Il n’y a que celui qui en sait assez qui aime s’amuser. Comme le dit Senghor, il n’y a que les ignorants qui ne sont jamais émus.

 

L’amusement, visage public de l’art et de la culture, fait partie de l’émotion, niveau d’humanité qui transcende la connaissance

 

© Crédit photo : Le Professeur Emmanuel Toh Bi photographié avec des jeunes ivoiriennes.

 

 

C’est ce qu’est l’Ivoirien : docte et ludiste. L’ivoironie, label culturel du pays, participera davantage à l’exposer en vitrine. Décidément, les Ivoiriens ont du souffle à revendre. Que l’Ivoironie leur en donne l’opportunité ! Et que leur ivoironie encadre leur économie et ressoude leur tissu social presqu’en guenilles et en loques à l’épreuve des événements difficiles endurés qui finissent par inspirer au citoyen de l’ivoire un doute déconcertant. Si l’excès de fierté basculant dans l’orgueil est un piège pour l’âme, ne pas du tout avoir de fierté fragilise l’être. L’Ivoirien semble être en train de perdre toute fierté. L’ivoironie se propose de lui donner, sinon, de la lui restaurer. L’essor économique dont les Ivoiriens rêvent a besoin d’être encadré et envoyé par un label culturel médiatique. En somme, l’Ivoirien est le prototype de la version moderne de l’Égyptien ancien : très ludiste, profondément religieux, hautement scientifique et banalisateur élitiste. En résumé, l’ivoironie nous invite, nous Ivoiriens, à vivre et à proclamer fièrement ce que nous sommes et que l’autre n’est pas, pour affirmer une réelle libération mentale, « redemption song », a dit Bob Marley.

 

 

Aux hommes politiques, ivoironiquement parlant,

 

Je ne pense pas que cette race de citoyens ivoiriens appartenant à l’élite dirigeante et incarnant les institutions ou ayant le projet de les incarner, soient des ennemis du peuple et égocentriquement arc-boutés, exclusivement, à ce qui leur profite. Je m’inscris en faux contre ces allégations, triviales, du reste, que j’entends récurremment. Un homme politique, en tant qu’individu, est d’abord un citoyen de base. Il fait partie du peuple. Sous ce rapport, il a en lui quelque sentiment affectif pour sa patrie. Il serait difficile d’en démontrer le contraire. De toute façon, les Ivoiriens peuvent, chacun en ce qui le concerne, apprécier l’action de l’homme politique, ses actes qualitatifs et ses éventuels écueils, ses gages d’espérance et de désespoir, ses œuvres de satisfaction et de dépit, son profil à incarner le rêve ou le cauchemar.

Je veux dire qu’il n’est nullement le bourreau de la nation. On ne peut, selon toute vraisemblance, être le malfaiteur de la structure sociale qu’on représente ou qu’on a l’intention et l’ambition d’en incarner le destin. Cela est aussi évident que 2 et 2 font 4. Telle n’est pas la question concernée ici. L’homme politique, plus que quiconque, est militant de la culture du pays, de son économie et de sa cohésion sociale. On ne s’engagerait pas ici dans une métaphysique de vertige pour le démontrer. L’évidence est en elle-même une démonstration. Et puis, trop de démonstrations est une fatigue pour le corps. Je veux dire que l’ivoironie est aussi leur concept national, eux, nos hommes politiques. Seulement, ce que je leur demanderais, c’est, tout simplement, de mettre l’ivoironie à l’abri de leurs querelles partisanes. Je disais tantôt que l’Homme politique, quelle que soit sa coloration, n’a fait aucun tort à ce pays. La Côte d’Ivoire ne fait que suivre le chemin prophétique de son histoire. Chaque citoyen est responsable de ce que ce pays est, de ce qu’il a été et de ce qu’il sera.

Cependant, tout homme politique qui utilisera ce concept dans un sens de stigmatisation de son adversité, ne sera que la honte de la nation !

Il se montrerait, ce dernier, en marginal d’un pays innocent et ingénu qui n’a vraiment pas besoin d’être déchiré. Que l’ivoironie soit pour l’homme politique et pour le citoyen ordinaire, une référence de sagesse au profit du pays de l’Ivoire, la patrie de la vraie fraternité. Pour la prestation de serment, disons à l’unisson ceci : Toutes les fois que, dans un sens comme dans un autre, dans une situation comme dans une autre, nous aurons des divergences, que l’ivoironie soit le pacte consensuel.

 

 

© Crédit photo : Le Professeur Emmanuel Toh Bi drapé du drapeau de la Côte-d'Ivoire.

 

 

Je disais tantôt que l’homme politique n’a fait aucun tort à la nation. Il a, ici, l’occasion de dissiper l’ombre des doutes que quelques compatriotes pourraient nourrir à son sujet. L’ivoironie est, pour lui, presque la dernière occasion de rachat de son image dans l’esprit de quiconque l’aurait rangé dans le tiroir silencieux et sépulcral de son cœur. Clairement, l’homme politique n’a qu’à s’ériger en relais bienveillant de communication de l’ivoironie auprès des citoyens dont il cristallise l’opinion. Ce serait sa part d’aveu de bonne foi nationale. Je réitère que je m’inscris en faux contre tout verbiage stigmatisant à l’encontre des dirigeants politiques de tous bords. Car, jamais, mais, encore une fois, jamais, on ne crée ni ne dirige un parti politique si on n’est habité par un brin d’amour pour la patrie, si on n’a appris, du tréfonds de son être de sacerdoce, à étouffer par moments ses intérêts propres pour privilégier ceux de la collectivité nationale. Jamais. C’est pourquoi, je refuse toute activité de dénigrement dirigée contre certains fils et filles de la patrie reconnus sous le manteau du politique. Deux parties peuvent être opposées politiquement mais jamais elles ne peuvent être opposées à la nation, à la république ; jamais elles ne peuvent être opposées "contre" la nation, "contre" la république.

 

Bon sens oblige. Le legs communautaire, il faut bien le préserver, tout de même. Jamais, on ne peut être Ivoirien et être désintéressé de l’essor du café-cacao, jamais on ne peut être Ivoirien et être insensible au retentissement de l’Abidjanaise, au charme visuel du drapeau Orange-blanc-vert, au succès des éléphants, au zouglou et au coupé-décalé, à l’unité et à l’épanouissement des enfants de Côte d’Ivoire, à la paix sociale, à Laurent Pokou, à Drogba Didier, à Ernesto Djedie, au port autonome d’Abidjan, au placali, au IIIème pont, à l’autoroute Abidjanyamoussoukro, à l’émission « Bonjour », au Nouchi national. C’est tout cela le souffle frénétique de l’ivoironie. Et l’homme politique, il en est averti et infusé, lui. Je ne peux, dans cette logique, accepter qu’on le calomnie, impunément. Je refuse. Ce serait lui, le premier bénéficiaire et le premier enchanté du rayonnement de l’Ivoironie, la bonne nouvelle. Il sait, lui, l’homme politique, qu’il soit au pouvoir ou non, que les Ivoiriens attendent beaucoup de lui, de son regard, de sa touche d’impulsion, de sa mission d’éducateur et d’unificateur, de son aura de diffuseur d’amour de la patrie, de son statut de promoteur des atouts culturels, de sa verve de créateur de richesses. Il le sait mieux que quiconque. C’est pourquoi, je refuse qu’on le voue aux gémonies. Je refuse. On peut être opposé politiquement mais, tous deux, on ne peut être opposé à ce qui fait la substance de la Côte d’Ivoire.

L’ivoironie, pour avoir le plaisir et peut-être la fierté de vivre en Côte d’Ivoire et d’en être citoyen. L’ivoironie, pour vendre chère l’image de la Côte d’Ivoire, la faire davantage respecter et aimer à l’étranger. L’ivoironie, donc, pour se battre contre les divisions qui nous minent.

Enfin, l’ivoironie, pour que :

Au milieu de nos différences, nous soyons d’accord sur ce qui ne nous différencie pas. IVOIRONIE

 

Dimanche, 14 Mai 2017 à 18 h 12

 

 

Notes

 

1 Séry Bailly, Le tohourou, un chemin vers la sagesse, Abidjan, Nouvelles éditions Balafons, 2015.

2 Cheick Anta Diop, Nations nègres et culture, Paris, Présence africaine, Paris, 1954, 1979.

3 Gustave le bon cité par Léoplod Sédar Senghor dans Les fondements de l’africanité ou Négritude et arabité, Présence africaine, 1697, p. 47.

 

 

***

 

 

Pour citer ce manifeste


Emmanuel Toh Bi, « Manifeste de l’Ivoironie », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°12, mis en ligne le 26 novembre 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/11/ivoironie.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans La Lettre de la revue LPpdm Numéros
23 novembre 2017 4 23 /11 /novembre /2017 12:39

 

Lettre n°12 | Annonces diverses | Avis de soutenance de thèse

 

 

 

 

© Crédit photo : le logo de l'université Paris Sorbonne

 

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE

 

ÉCOLE DOCTORALE III

 

Laboratoire de recherche CRLC

T H È S E

 

pour obtenir le grade de

 

DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE

 

Discipline : Littérature Comparée

 

Présentée et soutenue par :


 

Marie Cléren

 

le 30 novembre 2017 à l’Université Paris IV-Sorbonne

 

Entre figuration et abstraction, danse et poésie plastiques :

échanges et influences entre les peintres, les chorégraphes et les

librettistes entre 1909 et 1933, en France, Allemagne, Italie et Suisse

Sous la direction de :

M. Bernard FRANCO ‒ Professeur, Université Paris-Sorbonne

Membres du jury :

 

M. Guy DUCREY ‒ Professeur, Université de Strasbourg

Mme Hélène LAPLACE-CLAVERIE ‒ Professeur, Université de Pau et des Pays de l’Adour

M. Jean-Yves MASSON ‒ Professeur, Université Paris-Sorbonne

Mme Anne SURGERS ‒ Professeur, Université de Caen

Mme Anne TOMICHE ‒ Professeur, Université Paris-Sorbonne

 

 

 

Entre figuration et abstraction, danse et poésie plastiques : échanges et influences entre les peintres, les chorégraphes et les librettistes entre 1909 et 1933, en France, Allemagne, Italie et Suisse.

 

Résumé

Phénomène protéiforme, l’abstraction picturale a bouleversé le monde des arts à l’aube du XXᵉ siècle. En Europe, de la Belle époque aux Années folles, les peintres d’avant-garde ont croisé le chemin de poètes et de chorégraphes avec lesquels ils partageaient le même désir de changement. Sous l’égide de mécènes ou d’amateurs éclairés, leurs collaborations ont donné naissance à des spectacles d’un genre nouveau où les frontières entre les différentes disciplines se trouvent abolies. Associer la peinture, art de l'espace, à la danse, qui y introduit le temps, soulève quelques questions qui ont fait émerger l’idée d’un « ballet plastique » se substituant au « ballet dramatique » théorisé par Noverre. L’art chorégraphique et l’art pictural ont exercé l’un sur l’autre une influence réciproque dont la recherche commence seulement à mesurer l’importance. Cependant, peut-on parler d’abstraction totale dans un domaine où rien n’est plus concret qu’un corps qui danse ? S’il n’y a pas une évolution linéaire alliant la figuration à l’abstraction entre 1909 à 1933, certains principes mis en œuvre sur les toiles ont été appliqués à la fois sur la scène et dans les coulisses du ballet. Les peintres vont-ils réussir à rompre l’illusion en sortant de la cage de scène ? En agrandissant leurs toiles, vont-ils réussir autre chose qu’un tableau animé ? Que devient le livret dans un ballet où la lettre s’efface devant les couleurs et les formes ? Poser la question de l’abstraction en littérature revient à remettre en cause l’existence même d’un texte comme support du ballet. Or, le livret, loin de disparaître, se métamorphose et occupe aussi une place de choix dans cette composition abstraite.

 

Mots-clés : Danse ; abstraction ; poésie ; avant-garde ; Kandinsky (1866-1944) ; Apollinaire (1880-1918) ; Canudo (1877-1923) ; Cocteau (1889-1963) ; Iliazd (1894-1975).

 

Between figuration and abstraction, plastic dance and poetry : exchange and influence between painters, choreographers and librettists from 1909 to 1933 in France, Germany, Italy and Switzerland

 

Summary

In the run-up to the 20th century, a multifaceted phenomenon called pictorial abstraction has turned the art community upside down. In Europe, from the “Belle Epoque” to the Roaring Twenties, avant-garde painters have crossed paths with poets and choreographers with whom they shared their desire for change. Their collaborations with donors and enlightened amateurs gave rise to a new kind of shows in which the boundaries between the various artistic disciplines have been abolished. The association of painting to spatial art and dance that also brought in time, raised questions that led to an idea of a “plastic ballet” as a substitute for “dramatic ballet”; an idea put forward by Noverre. The choreographic and pictorial worlds have had a reciprocal influence on one another; however, the research world is only now starting to consider the significance of these interactions. Anyhow, is it possible to talk about a total abstraction within this particular field, knowing that nothing can be more concrete than a dancing body? This trend is not a linear evolution from figuration towards abstraction between 1909 and 1933 but some principles used on canvases were applied in the ballet world, both on stage and backstage. Will painters manage to break the illusion by breaking out of the cage-like stage ? By expanding the sizes of their paintings, will they have anything else to show than animated tableaux ? What happens to the libretto in a ballet where letters are outweighed by colours and shapes ? Questioning abstraction in literature involves questioning the mere existence of texts as the underpinning of ballets. Yet, the libretto is far from disappearing ; it transforms itself and is thus at the forefront of this abstract composition.

 

Key words : Dance ; abstraction ; poetry ; avant-garde ; Kandinsky (1866-1944) ; Apollinaire (1880-1918) ; Canudo (1877-1923) ; Cocteau (1889-1963) ; Iliazd (1894-1975).

 

 

Source de l'information : Atelier des doctorants en danse

 

 

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Pour citer cet avis de soutenance de thèse

 

Le Pan Poétique des Muses (LPpdm), « Marie Cléren, "Entre figuration et abstraction, danse et poésie plastiques : échanges et influences entre les peintres, les chorégraphes et les librettistes entre 1909 et 1933, en France, Allemagne, Italie et Suisse" », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°12, mis en ligne le 23 novembre 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/11/poesiepeinture.html

 

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