20 octobre 2017 5 20 /10 /octobre /2017 16:28

 

Lettre 12 | Hors-série 2017 | Entretien poétique

 

LPpdm a rencontré

 

 

 

Entretien avec Frédérique Guétat-Liviani

 

 

 

à l’occasion de la parution de son recueil

 

 

espèce aux éditions le Temps des cerises

 


 

 

 

© Crédit photo : 1ère de couverture du recueil espèce.

 

 

D’abord Le Pan Poétique des Muses vous remercie de nous accorder cette brève discussion autour de la parution de votre ouvrage espèce, pourriez-vous nous parler de la genèse du recueil ?

 

FGL – Au commencement d’espèce il y a comme pour tout début d’écriture un moment d’absence. Ce moment où l’on n’écrit plus, ce moment où l’on écoute le monde, où l’on va chercher dans le moindre recoin de la parole recroquevillée, quelque chose qui peut nous relier au globe dont on s’est absenté. Pour qu’un livre débute, il ne faut pas de première pierre comme pour bâtir une maison solide, durable, sur laquelle on pourra investir. Non, pour qu’un livre débute, il faut un tout petit caillou, un gravier, une brisure minérale imperceptible, qui s’introduit dans la chaussure et rend la marche impossible. Il faut s’arrêter, retirer le soulier, prendre le temps de chercher dans l’obscur, ce fragment de montagne. La semelle tournée vers le haut, la miette tombe dans la main, et le chemin qu’on allait prendre, nous paraît dérisoire. Ce ne sont pas les rochers qui ont interrompu nos pas, c’est cette petite chose pâle, insignifiante.

Le petit caillou qui a donné vie à espèce, c’est d’abord une histoire entendue à la radio. Celle d’un jeune alsacien enrôlé de force dans l’armée du Reich pendant la deuxième guerre mondiale. La guerre prend fin, il revient. Aux autres, il ne peut raconter ce qu’il a vu. Il ne parle pas, demande seulement à changer de nom. Pas son patronyme, seulement son prénom. Un tout petit changement, un e en plus, à la fin. Ainsi, il devient femme.

Et puis, c’est une photographie de Timur Kacharava, jeune homme de vingt ans, militant antifasciste assassiné à Pétersbourg par des néonazis dont le procès n’a pas eu lieu. Il revenait d’une distribution de repas vegans qu’il préparait chaque semaine avec ses camarades, pour les indigents de la ville.

 

 

Les poèmes en prose d'espèce sont répertoriés sous sept gestes, pourquoi le chiffre sept ? Cela fait-il référence aux sept jours de la création du monde selon la bible ?


 

FGL – Le 3 et le 7 sont des chiffres auxquels je me sens liée.

Bien sûr, le 7 nous fait tout de suite penser aux 7 jours de Béréchit, au récit de la création. D’autant plus que le livre s’ouvre sur les tohus-bohus, ces objets du monde réel, comme le cœur ou la neige, réfractaires au calcul de la géométrie euclidienne.

Ce qui me fascine, c’est qu’on retrouve ce chiffre, dans pratiquement tous les récits de création du monde, des Dogons aux Tatars en passant par les indiens Pueblo ! Mais on a tendance à l’associer trop souvent avec l’idée d’un parfait accomplissement. Le 7, en effet, est bien la fin d’un cycle, cependant le 7 est un grand anxieux, il ne se repose jamais vraiment car c’est lui, le véhicule de la vie. Après un cycle accompli, il faut qu’un autre vienne… le 7 ne sait jamais de quoi demain sera fait, le 7 c’est l’intranquille.

Et puis pour moi, il reste largement attaché à des œuvres que j’ai aimé et que j’aime toujours : Blanche Neige et les 7 nains, les 7 boules de cristal et aussi, un de mes films culte

7 ans de réflexion !

 

Votre ouvrage relève de la poéthique, il est composé de chroniques poétiques de la généalogie du cosmos et des faits du quotidien, comment peut-on comprendre votre engagement poétique à rendre ce qui est « évident » et de ce qui est « presque invisible » ? s'agit-il d'une pensée philosophique du monde et/ou d'une description de ses coulisses ?

 

FGL – L’écriture est un geste alors peut-être qu’espèce est un geste que je tente vers le monde pour me le rendre moins insupportable.

espèce c’est un poème qui accompagne le cheminement de ceux qui refusent l’adhésion à l’exploitation de formes de vie dites inférieures au profit d’autres, considérées comme supérieures. Les formes animales, végétales, minérales sont concernées par l’exploitation, tout autant que les formes humaines.

 

Quand j’écris espèce, je suis accompagnée par l’impérialisme du même sur l’autre de Lévinas*. Tout ce processus de la connaissance qui consiste à ramener l’inconnu au connu, le différent au même. Et ce qui résiste au même, l’animal en nous, doit à tout prix céder à la domestication. Il faut contenir ce qui ne peut l’être, le classer, le trier, en genres et espèces. Certes Lévinas nous parle du rapport à l’Autre-humain. Je franchis cette frontière-là, j’écris aussi pour l’Autre caillou, l’Autre cochon, l’Autre vague scélérate, l’Autre patate… J’écris ce passage incessant entre le visible et l’invisible, le mystère de cet évident-évidant qui ne nous livrera jamais qu’une part infime de l’invisibilité des liens qui nous lient au reste de l’univers sous toutes ses formes, de la masse noire au sombre coléoptère.

Oui je pense que l’écriture est une petite entreprise, pas cotée en bourse, sans siège social, qui travaille à démurer. Elle rentre dans les murs, les retourne, ils deviennent le support de ce qu’ils avaient pour mission d’empêcher.


 

Êtes-vous antispéciste ? espèce est-il une poésie antispéciste ?


 

FGL – L’idée de la séparation des espèces a été fondée par un système de domination d’un groupe sur un autre. La domestication animale, la société patriarcale et l’oppression des femmes sont apparues en même temps. Je conçois l’antispécisme comme une pensée du monde, issue de courants anarchistes du 19e siècle, qui ont beaucoup œuvré pour la libération des femmes mais aussi pour la libération animale. Élisée Reclus était légumiste et dénonçait l’exploitation capitaliste du sol et du sous-sol. Louise Michel ne militait pas que pour les droits humains, elle a lutté activement contre la corrida et les expérimentations sur le corps animal. On a totalement occulté ces combats liés à l’histoire du mouvement ouvrier et à l’histoire de la Commune. Ces combats internationalistes et universalistes qui œuvraient pour l’abolition de toutes les frontières. En cela, je me sens proche de l’antispécisme et du post-humanisme.

Par contre, en ce qui concerne mon écriture, elle n’est ni blanche, ni noire, ni mâle, ni femelle… Elle n’est pas plus antispéciste.

 

© Crédit photo : 4ème de couverture du recueil espèce.

 

L'absence des marques hiérarchiques et de la ponctuation dans votre écriture exprime-t-elle une manière d'interroger les assignations et les frontières normatives imposées par la langue et de s'en défaire ?

 

FGL – espèce ne comporte pas de majuscules, pas de points non plus pour fermer les frontières. Entre les propres et les communs, les rapports de force sont abolis. La langue agit de façon minuscule. espèce n’obéit pas à la voix de ses maîtres mais assemble des voix multiples. Des voix de femmes et d’hommes mais aussi des voix de bras morts, de carottes, de vieux chiens marrons…

Comme l’affirme Peter Szendy dans son essai sur la ponctuation, le point est une meurtrissure. Le texte est découpé selon une logique, mais pourquoi cette logique serait-elle la mienne ? Pourquoi me livrer à ce découpage, ces meurtrissures sur le texte ? Je préfère rendre visible sa discontinuité, par des blancs, des trous que seul le lecteur, dans sa singularité, est apte à combler ou laisser vide. Le point a pour fonction de diviser, de mettre des cloisons, des séparations. La ponctuation est un fléchage dans le couloir du langage, pour nous empêcher littéralement de nous égarer. Mais moi au contraire je tiens à cette perte, cet égarement dans le blanc. Je ne tiens pas à signaler au lecteur quand il devra s’exclamer, se questionner, quand il devra commencer ou finir. Le poème est un lieu de liberté, pas d’asservissement. La ponctuation, moi je la fais en clignant des yeux, et en respirant. Mais chacun respire et cligne des yeux à sa manière.

 

 

Qu’est-ce que la poésie ? Et que peut la poésie dans notre vie ?

 

FGL – « Je ne sais pas du tout ce qu’est la poésie mais assez bien ce qu’est une figue. » disait Francis Ponge.

Voici un poème (une variante du poème) que j’avais envoyé à Nadine Agostini pour le numéro 0 de la revue Bébé consacré à cette belle question :

 

 

Déplacée parmi les déplacés  depuis            tout le temps                    indocile

indomiciliée          elle s’étire         sort des bouches humaines         bête noire

de la somme des mots         langue chargée       on suspecte           la contagion

elle se rebiffe     refuse les soins      protège les enfants       de l’œil malveillant

des adultes      humiliant celui                fatigué par sa journée d’école         qui

pour jouer                       prononce                          les sons sens dessus dessous

on apprendra à se taire               à tourner sept fois              le morceau de carne

maté           domestiqué                    pour ne dire plus         que des termes utiles

jusqu’à ce que la cavité       se remplisse       de mots négligés           mal formés

mal prononcés           dévêtus            vacants                                 en fin de droits

dans cet obscur là                          la langue                                                œuvre

entraîne le troupeau      l’aide à s’égarer          maintenant            elle va s’écrire

l’enfant se tait         sait où ses mains         ne doivent se poser    où      sa langue

doit cesser                           jusqu’à ce que           la mâchoire                      bâille

laissant libre        le passage      aux vocables parasites                inusités clandos

de toutes sortes                            maintenant elle s’écrit                           ça y est

pas forcément dans le livre      souvent à ses côtés      sur le corps     d’une lettre

d’une image    d’un son            d’une          performance      d’une pellicule d’un

mur                                    en tout cas pas là                       où on croyait la serrer

 

Quant à ce qu’elle peut, eh bien, simplement déposer du gravier dans nos pompes. Nous empêcher d’accepter la mise au pas, la marche forcée. Et ainsi, dans l’accueil inédit des débris du monde, nous disjoindre de l’acceptation muette et de la collaboration distraite.

 

 

 

* Voir Emmanuel Levinas, Totalité et infini, sous-titré « essai sur l'extériorité », Nijhoff, La Haye, 1961.

 

***

 

Pour citer cet entretien

 

Le Pan Poétique des Muses (LPpdm), « Entretien avec Frédérique Guétat-Liviani à l’occasion de la parution de son recueil espèce aux éditions le Temps des cerises », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°12 & Hors-série 2017, mis en ligne le 20 octobre 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/10/entretien-guetat-liviani.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans La Lettre de la revue LPpdm Numéros
15 octobre 2017 7 15 /10 /octobre /2017 16:47

 

1er concours international de poésie

 

Poème inédit pour "Les voix de la paix et de la tolérance" 

 

 

 

Poème sélectionné sur le thème "la joie"

 

 

 

 

La voix d'un enfant inconnu

 

 

 

Mona Gamal El-Dine

 

 

 

En souvenir des enfants coptes massacrés sur le chemin de monastère de Saint Samuel à Minieh

 

 

Musique

 

Je contemple l’arbre anéanti et la terre brûlée...

J’ai poussé un cri d’amour et de désespoir...

Je n’entends pas le chant des oiseaux, ni leurs petits gazouiller comme autrefois...

Je pleurais et le ciel pleuvait...

Je vis le présent mais le passé m’habite... j’ai effacé les souvenirs !

 

Il était une fois, des champs de blé, surface dorée, étaient l’espoir de nourrir les habitants de la vallée...

Comme ma mémoire est perturbée, je me souviens que je jouais avec les filles et les garçons : Léa, Mina, Amal, Khalid, Youssef,...

 

À l’époque, les cloches de l’église annonçaient un événement, nous rentrons avec l’espoir de partager le pain sacré...

 

Avant le coucher du soleil, c’était le retour des paysans avec leurs troupeaux, nous sautions de joie devant cette image...

Nous rentrons pour le dîner...

C’était la joie de vivre...

 

Sur le chemin, l’odeur du pain engouffré dans le four nourrit notre cœur avec un immense bonheur...

Sur la route des souvenirs, j’ai perdu mes mots, les cris des enfants et le chant des oiseaux...

 

Je ne me souviens plus des couleurs de l’arc-en-ciel, au moment du coucher de soleil, sur notre village...

J’ai oublié les couleurs de joie des costumes traditionnels des femmes,...

 

Je suis revenue pour marcher sur les cadavres de mon village, corps silencieux, yeux ouverts sans regard qui voudraient raconter l’histoire de notre village anéanti – arrêt sur l'image – sans reconnaissance de mémoires...

 

Anges innocents, ils n’ont pas touché le bonheur de la vie

Un fantôme obscure hante ses victimes

Les âmes révoltées sont en souffrance

On mutile les cadavres, on brûle leurs objets sacrés

Leur corps immobile, continue à méditer...

L’œil de la divinité est indifférent du flot de sang ? !

Combien de poèmes pour me consoler ? !

 

Musique

 

Il était une fois, un village, une montagne, des enfants qui jouaient, des femmes préparaient le pain, des hommes récoltaient le blé, des mariages et des deuils, une vie de village !...

 

Des arbres grandissaient pour faire de l’ombre sur notre village bien aimé…

Des oiseux parlaient, chantaient, ils vivaient en paix !

 

Il était une fois, des larmes de joie, mariages, fêtes, départ, tambours...

Je suis revenue à l’époque où des tambours de guerre et des nouvelles suspendues,...

Je suis abasourdie par les nouvelles diffusées, déformées par la radio qui annonce un seul gagnant, celui qui a réussi à mettre le feu dans toutes les vies...

Celui qui a triomphé en semant la peur, anéantissant des sentiments nobles...

Décadence avec fierté...

 

Musique

 

Mon cœur saignait, mes mains tremblaient, mes yeux en larmes...

Je ne pouvais pas distinguer les cadavres, même pas jeter un dernier regard,...

Mes cousines, mes cousins, mes nièces, mes neveux, les enfants du village.

Où sont-ils ?

 

Musique

 

L’œil observe la fosse commune...

Oui, ils sont tous ensemble...

Oui, nous sommes ensemble dans la douleur, dans le deuil de l’Humanité...

Les enfants du monde déposent des gerbes de fleurs rouges, devant le mémorial de l’enfant inconnu,...

Ces innocents sont massacrés sans idée légitime ?!

Est ce vrai que Dieu est puisant ?... juste ?

 

Le ciel abriterait- il les criminels ?!

 

Ces enfants envoient un message à l’Humanité…

Nous sommes la terre, nous sommes la Paix !

 

Musique

 

Ils conseillent de dire, d’écrire, de chanter l’hymne de la Paix, chaque matin à l’école...

Ils souhaiteraient offrir des fleurs, chaque jour pour fleurir les tombeaux, les protéger contre l’oubli.

 

Ils seraient satisfaits d’envoyer aux victimes des lettres d’amour car ils sont les martyrs de la Paix...

 

Musique

 

Ils voudraient être la mémoire vivante dans le cœur de l’Humanité…

Ils s’adressent à l’Humanité pour nous dire : le temps est venu pour vivre en Paix ensemble !

 

 

En ce moment, sur cette note d’espoir, ainsi s’achève le message d’un enfant inconnu...

 

Mon crayon cesse de bouger et s’arrête sur ces mots en or : Ensemble pour la Paix !

 

 

Musique

 

Ya May, .. waladi... (appel d’un enfant à sa mère)

 

Ya May...Waladi... (réponse de la mère)

 

Ya May...Waladi...

 

 

Accompagnement musical

Thomas LALLEMAND

Guitare

 

26 mai 2017, ce poème a été traduit en espagnol

 

Poésie engagée

 

 

Lettre n°12 | S'indigner, soutenir, lettres ouvertes, hommages

 

***

 

Pour citer ce poème

 

Mona Gamal El-Dine, « La voix d'un enfant inconnu », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n° 12 & Événements poétiques|Les voix de la paix et de la tolérance|Concours international (édition 2017 sur les animaux, le handicap & la joie), mis en ligne le 15 octobre 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/concours-voix-enfant.html

 

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14 octobre 2017 6 14 /10 /octobre /2017 10:27

 

Lettre n°12 | Poèmes

 

Performance poétique & artistique

 

 

Poésie, musique & art audiovisuel

 

 

 

Inspiration et improvisation

 

 

sur le poème calligramme « Neige »

 

 

 

 

 

Nicole Coppey

 

Sites officiels : http://www.nicolecoppey.com/ & http://www.123.musique.ch

 

Chaîne officielle YouTube : https://www.youtube.com/channel/UC_Mt28JgxfzPW91iaO7TS1g

 

 

 

© Crédit photo : "Inspiration et improvisation sur le poème calligramme « Neige »",

image 1 capturée du film par LPpdm

 

 

 

© Crédit photo : "Inspiration et improvisation sur le poème calligramme « Neige »",

image 2 capturée du film par LPpdm

 

 

https://youtu.be/sfGwgAYiGio

Description

Inspiration et improvisation en vidéo unissant poésie-musique et dessin. Il s’agit d’une création musicale et visuelle mise en perspective par Nicole Coppey (artiste, poétesse, pédagogue et fondatrice de l’École pédagogique d’Art musical « Un, Deux, Trois, Musiques... » sur le poème calligramme « Neige » avec la participation de jeunes artistes issus de l’école.

Poème calligramme extrait de l'ouvrage

Souffle d'or sur une mer rouge de Nicole Coppey paru aux éditions Arabesques

Piano et poème 

Nicole Coppey

Percussions

Jessie Vergères et Laura Coppey

Dessin

Mélinda Delaloye

Direction artistique

Nicole Coppey

Lieu de tournage

Suisse, École pédagogique d'art musical « Un, Deux, Trois, Musiques... », sur une idée originale de ©  NC octobre 2011

 

***

Pour citer ce court-métrage

 

Nicole Coppey, « Inspiration et improvisation sur le poème calligramme "Neige" », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°12, mis en ligne le 14 octobre 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/10/neige.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans La Lettre de la revue LPpdm Audiothèques-vidéothèques
8 octobre 2017 7 08 /10 /octobre /2017 16:29

 

Lettre n°12 | Poèmes

 

 

 

 Trois extraits de

 

 

 

« Fiançailles et promesses »

 

 

 

 

Laure Delaunay

 

Extraits reproduits avec l'aimable autorisation de l'autrice/auteure

 

Site officiel : https://lauredelaunay.com/

 

 

 

 

Pour demander pardon

 

 

Il est des amertumes que l’on aurait voulu ne pas connaître.

Mais elles sont là, comme perdues dans le vide de nos pauvres existences. Petits fantômes. Pauvres pantins. Tristes dérisions. Fausses profondeurs.

Nous les regardons avec une sorte de désespérant étonnement et nous ne savons pas quoi en faire.

Ainsi parfois le vin sans fond nous fait faire ce que certains appellent avec beaucoup de complaisance des écarts et ce que d’autres nomment peut-être un peu trop durement un adultère.

L’important, dans ce désastre presque sinistre, est de rester très fidèle à une radicale justesse du sentiment. Seule compte en effet la difficile sincérité. C’est elle qui fait naître les plus profondes douceurs et les amours les plus solides.

Le temps forge les poètes. Mais aussi les épreuves.

L’amour est une chose puissante que la faute effleure et fait vaciller mais l’amour aussi se nourrit de certaines douloureuses chutes qu’il guérit et transpose.

 

 

***

 

 

Se déposer quelque part

                     

                    Sans jamais citer le nom de cet endroit unique, cherchons, cherchons à nous déposer quelque part.

                    Le paradis n’existe pas et nous l’avons péniblement découvert.

                    Mais un lieu tout simple et bien réel, un lieu où l’on puisse enfin échapper à la malédiction de l’errance, un lieu d’adoption, cela oui, nous l’espérons et nous l’appelons de toutes nos forces.

                    Un lieu nourricier et où la vérité n’est jamais cruelle.

                    Un lieu ou un être. Un point d’appui. Un endroit où écrire et où nos fausses souffrances pourrait enfin trouver l’air qui leur manque.

                    Un lieu subtil mais un lieu simplement où il serait doux de marcher.

                     

                     

                    ***

                     

                    Naissance du rire

                     

                    Il n’est pas de chose plus mystérieuse que la commissure des lèvres et le filet musculaire savamment architecturé autour qui la fait se mouvoir.

                    Les médecins disent avec une confiance en eux sans doute un peu excessive que tout vient et tout retourne à une réalité bien scientifique qu’ils nomment d’un mot comiquement barbare : le zygomatique.

                    Et l’on pourrait s’en tenir là. Finalement, effectivement, c’est ce petit brin là tout rose qui se tendant fait naître la divine ouverture et il n’y a là, alors, n’en déplaise aux amoureux des vérités mouvantes, rien de magique.

                    Le poète pourtant ne saurait se satisfaire d’une si laconique explication. Un peu idiot peut-être ou mieux délicieusement naïf, le poète veut croire que cette illumination bouleversante du visage naît d’un mouvement global du corps où il a bien longtemps mûri.

                     

                     

                    Voir aussi : https://lauredelaunay.com/textes-poetiques-2/fiancailles-et-promesses/

                     

                      ***

                      Pour citer ces poèmes

                       

                      Laure Delaunay, « Trois extraits de "Fiançailles et promesses" », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°12, mis en ligne le 8 octobre 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/10/extraits-fiancailles.html

                       

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                          Le Pan poétique des muses - dans La Lettre de la revue LPpdm

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                          • 2024 | Charmille de Poèmes pour Toutes à l'École et La Journée Internationale des Droits des Filles
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                          • La vie japonaise
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                          • Concours de poèmes engagés & féministes pour le 25 novembre 2024
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                          • Les pieds ont une pointe
                            Événements poétiques | Charmille de Poèmes pour Toutes à l'École & La Journée Internationale des Droits des Filles & N° IV | AUTOMNE 2024 | NUMÉRO SPÉCIAL 2024 | Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) | 1er Volet | Florilège | Poésie...
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                          • Estelle, une âme oubliée
                            Événements poétiques | Charmille de Poèmes pour Toutes à l'École & La Journée Internationale des Droits des Filles & N° IV | AUTOMNE 2024 | NUMÉRO SPÉCIAL 2024 | Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) | 1er Volet | Catastrophes, faits...