* Ce poème est un extrait de « Renaissance, de la solitude à l'union »
***
Pour citer ce poème d'amour
Michel Orban, « Pluie de caresses », poème reproduit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°16, mis en ligne le 18juillet 2021. Url :
Crédit photo : Des inondations de 1856 en France, image de Commons.
III
L'inondation de 1856
Ode
Sur la cime des monts, chacun cherche un refuge,
Et craint de revenir aux horreurs du déluge.
Le fleuve élève aux cieux ses vagues en courroux,
Et couvre de ses eaux une femme à genoux.
Suspendant sa prière en cette horrible attente,
Elle jette autour d'elle un regard d'épouvante ;
Elle veut s'échapper ; mais le fleuve en son cours,
L'entraîne dans l'abîme... et l'eau monte toujours !
Son enfant sur son cœur, regardez cette mère ;
Jusqu'au dernier instant elle prie, elle espère ;
La vague prend l'enfant. Et, partageant son sort,
Sa mère dans les flots, trouve après lui la mort.
Des vieillards, des enfants, entassés pêle-mêle,
Se sont tous élancés dans une barque frêle :
La barque disparaît ! On vole à leur secours,
Mais ils sont engloutis... et l'eau monte toujours !
Un sentiment fait place à la tristesse amère,
Et chacun croit toucher à son heure dernière.
Pour sa mère adorée, en un suprême effort,
Un fils au désespoir lutte contre la mort.
Sa mère entre ses bras, guidé par son courage,
Il atteint le plus haut des hauts points du village ;
Mais le fleuve l'atteint et l'emporte en son cours,
Sa mère est entraînée... et l'eau monte toujours !
Crédit photo : Des inondations de 1856 en France, image de Commons.
Oublié sur un roc, un malheureux succombe,
Pour lui chaque minute est un pas vers la tombe ;
Car, bravant mille fois tous les dangers nouveaux,
Pour sauver son semblable, il plongea dans les eaux.
Mais son chien le rejoint, à son maître fidèle,
Quand lui la dernière heure, il consacre son zèle ;
Il cherche à l'entraîner pour préserver ses jours,
Mais ils meurent tous deux... et l'eau monte toujours !
Tout bruit cesse... Au milieu du plus morne silence
On n'entend que la voix du flot qui se balance ;
Ce flot qui dans sa course a tout anéanti,
Conserve dans ses flancs ce qui fut englouti.
Il ravit le bonheur, il ravit la richesse,
Il fait couler les pleurs où régnait l'allégresse.
Il ravit tout enfin, dans son terrible cours,
Il ne rend jamais rien... et l'eau monte toujours !
Il veut tout posséder et de tout il s'empare ;
Rencontrant dans sa course un fleuve qui s'égare,
Il va lui disputant le butin amassé,
Le corps de la victime et le roc déchaussé.
Si le cœur d'un ami renaît à l'espérance,
Voyant qu'un malheureux vers la plage s'avance,
Riant de sa douleur, le torrent dans son cours,
L'entraîne au fond des flots... et l'eau monte toujours !
Crédits photos : Des inondations de 1856 en France, images de Commons.
Partout est le meilleur, et partout la misère,
Chaque être qui survit pleure, se désespère...
Enfin l'eau redescend !... et prise de remords,
Elle montre à nos yeux les cadavres des morts.
L'homme a fait alliance avec le divin juge ;
Comme on vit l'arc-en-ciel, à la fin du déluge,
Un prince généreux, vient en ces tristes jours,
Soulager le malheur... et l'eau reprend son cours !
Juin 1856.
Fin*
* « L'inondation de 1856 » est une ode de FORESTIER, Fanny (Mlle, 1839-1901), Premier bouquet poétique, par Mlle Fanny FORESTIER,Paris, imprimerie de J. CLAYE, 7 Rue Saint-Benoit, 1856, p. 11. Fanny Forestier est la sœur de Jeanne Forestier et la tante de l'auteur Paul Léautaud. Cet opus composé de trois poèmes appartient au domaine public.
Pour citer ce poème fait divers de juin 1856
Fanny Forestier, « L'inondation de 1856 », ode de l'opus poétique de FORESTIER, Fanny (Mlle, 1839-1901), Premier bouquet poétique. (1856), choisie & transcrite par Dina Sahyouni, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°16, mis en ligne le 16 juillet 2021. Url : http://www.pandesmuses.fr/lettreno16/ff-inondationde1856
Crédit photo : "Dame aux coquillages", image de Commons.
Ma vulve est tous les fruits
les fruits de mon labeur
un fruit de la passion
mangue et citron vert
et vigne toujours vierge
ma vulve fruit de mer
sanguine
Ma vulve est toutes les fleurs
mes pensées mes capucines
fleurs de pommiers fleurs carnivores
le parfum des lauriers roses
et celui des lauriers blancs
Ma vulve est la tendresse
la violence de la vie
ma vulve est amour
je jouis en accouchant
ma vulve est mon extase
Ma vulve est la joie
Elle fait rire les déesses
Elle fait rire Déméter
Et la console
de la perte de Perséphone
Ma vulve est un sourire
Ma vulve est le temps
le temps de jouir
le temps de la vie
de mon envie de vie
Ma vulve est mon amie
fidèle compagnonne
chaque jour elle me rappelle
tu peux jouir tu sais
Elle s’endort avec moi
mes mains entre mes cuisses
– une dernière caresse
se réveille à la rosée
Ma vulve est mon témoin – testis de mes désirs
et elle chante pour toi
les chants des marins grecs
Crédit photo : "L'Origine du Monde" de Gustave Courbet, Musée Orsay, image de Commons.
Pose ton oreille là, mon amant
et écoute ma vulve
tu entendras le vent
le ressac et l’océan
la musique vient de là
les bateaux et les voiles et le chant des baleines
le chant des sirènes
le soleil en éruption
Il y a très longtemps au Rwanda
sur Flash FM une légende raconte
que la fontaine d’une reine
créa le lac Kivu
Le kunyaza fit jaillir l’eau
Une eau sacrée dit la légende
sur Radio Rwanda, Zirara Zubakwa
ma vulve est une fontaine
fontaine de jouvence
Ma vulve est politique
je suis femme sous mes jupons
comme des milliards d’autres femmes
des vulves au Parlement
Ma vulve est à moi
et à qui seule je veux
je suis le corps humain
le corps social le corps mortel
je suis mon corps
mon corps au Parlement
ma vulve est mon corps
Ma vulve est androgyne
Geisha aux lèvres blanches
ma vulve sait tout faire
rétention éjection ouverture ou refus
ma vulve est privilège
Dessine moi une vulve…
Ma vulve est ma planète
ma vulve est ma princesse
une Sainte Exubérante
Astéroïde B-07-03
Il y a très longtemps au Rwanda, une reine se languissait de son époux retenu loin d’elle par la guerre. Éperdue de désir, elle ordonne à un esclave de la rejoindre dans sa chambre. L’homme s’exécute, mais il est tétanisé à l’idée du sort qui l’attend, si le roi venait à découvrir l’affaire à son retour. Tremblant de tout son corps, il ne parvient pas à pénétrer la souveraine. Mais son sexe, en frottant contre les lèvres et le clitoris de la reine, provoque un jaillissement de plaisir. On raconte même, au Rwanda, que la reine aurait éjaculé le lac Kivu...
C’est sur cette légende que repose la pratique du kunyaza, un acte sexuel voulant que l’homme caresse le sexe de la femme à l’aide de son pénis pour « faire jaillir l’eau », et qui s’enseigne comme l’un des piliers du mariage. Car « Le kunyaza, [dit-on], unit les familles et chasse le désordre dans les foyers. » Le réalisateur belge Olivier Jourdain, lui, a décidé de tirer de cette légende vivante un documentaire, intitulé L’eau sacrée1 : « L’eau, c’est la vie, dit-il, c’est ce qui fait pousser les plantes. Le fait d’être fertile parce que la femme est capable “d’avoir de l’eau” renvoie aussi à la toponymie du Rwanda, à sa végétation luxuriante. La pratique est sans doute liée à la géographie du lieu...» 2.
Barbara Polla, « Ma vulve », poétexte dionysiaque, érotique biopoépolitique & féministe inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°16 & N° 10| Automne 2021 « Célébrations », mis en ligne le 15juillet 2021. Url :
Crédit photo : Forêt, arbres, Dülmen, Naturschutzgebiet, Am Enteborn, 2014. Image de Commons.
Dans l'azur de l'avril et dans l'air de l'automne,
Les arbres ont un charme inquiet et mouvant.
Le peuplier se ploie et se tord sous le vent,
Pareil aux corps de femme où le désir frissonne.
Sa grâce a des langueurs de chair qui s'abandonne ;
Son feuillage murmure et frémit en rêvant,
Et s'incline, amoureux des roses du Levant...
Le tremble porte au front une pâle couronne.
Vêtu de clair de lune et de reflets d'argent,
Le bouleau virginal à l'ivoire changeant
Projette avec pudeur ses blancheurs incertaines.
Les tilleuls ont l'odeur des âpres cheveux bruns,
Et des acacias aux verdures lointaines
Tombe divinement la neige des parfums.
* « Les arbres » est un sonnet de VIVIEN, Renée (1877-1909), Cendres et poussières, Paris, Alphonse LEMERRE, Éditeur, 23-31, Passage Choiseul, MDCCCCII/1902. pp. 103-104. Ce recueil appartient au domaine public.
Pour citer ce poème
Renée Vivien, « Les arbres », sonnet extrait de VIVIEN, Renée (1877-1909), Cendres et poussières (1902), choisi & transcrit par Dina Sahyouni, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°16, mis en ligne le 13juillet 2021. Url :
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