Le monde marche sur la tête ! Alors qu'il faut couvrir sa poitrine pour entrer dans un musée comme ce fut le cas au Louvre ou s'abstenir d'allaiter en public pour ne pas offusquer certains esprits atteints de pruderie, la Fédération européenne de handball (EHF) déclare que « les joueuses doivent porter des bas de bikini (…) ajustés et échancrés » en ajoutant que « les côtés doivent être longs d'un maximum de 10 cm » !
À qui profite ce règlement ? On peut légitimement se demander si l'objectif n'est pas pour ces messieurs de se rincer l'œil à moindre frais !
Les joueuses de l'équipe norvégienne, « ayant boudé » ce règlement ridicule, ont dû s'acquitter chacune d'une amende de 150 €, soit 1500 € pour toute l'équipe…
Bien évidemment, le short que les jeunes femmes ont arboré lors d'un match s'est révélé bien plus pratique qu'un bikini, hélas les machos ont encore frappé en s'appuyant sur un règlement qui fait davantage la part belle aux voyeurs qu'aux authentiques amateurs de sport !
À nous de dénoncer comme la Norvège cet abus de pouvoir en montant derechef au filet !
Françoise Urban-Menninger, « Bikini réglementaire pour les championnats d'Europe de Beach-Handball !!! », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°16, mis en ligne le 24juillet 2021. Url :
Écrivain, critique d'art, auteur de très nombreux livres, Jean-Paul Gavard-Perret se complaît, comme il l'affirme dans une interview donnée au magazine Openeye, « dans la jouissance de tripatouiller les mots ». Le titre de son ouvrage « Firmaman » illustre d'emblée la déclaration de l'auteur qui se dit également « fasciné par les images ».
Il est fréquent de rencontrer dans les écrits des écoliers, invités à rédiger un texte dit « d'expression libre », le mot « firmament » élevé au rang de « firmaman », celui de « marraine » transformé d'un coup de baguette de fée en « ma reine ». C'est dire qu'avec son « Firmaman », Jean-Paul Gavard-Perret renoue avec cette pensée magique inhérente à l'imaginaire que l'on attribue aux enfants.
Mais très vite, l'auteur, à l'instar de George Bataille dans « Mme Edwarda » transgresse les conventions, voire les interdits pour aborder les thèmes de l'amour maternel et de l'inceste. Comme chez Bataille l'obscène et le divin cohabitent et se conjuguent dans la chair crue des mots où « Amour et haine à l'aine » débordent la page blanche et sa marge, transcendant le texte par-delà les mots. On songe à cette phrase de Bataille à propos de Mme Edwarda « Ce livre a son secret, je dois le taire : il est plus loin que les mots ». Et Jean-Paul Gavard-Perret d'en prolonger le mystère dans son texte « Les Edwarda » où il écrit « On voulut me retirer la langue, je la tire » ou encore « Que les Edwarda du futur fassent partie de moi ».
Pour Lacan, la figure de la mère ne peut se saisir de manière univoque, elle est double. On distingue la mère du désir et celle de l'amour maternel que le film de Jean Eustache « La maman et la putain » illustre parfaitement et qui trouve son écho dans « Firmaman ». « Mère putain se balance nue dans la salle à manger », lit-on sous la plume de Jean-Paul Gavard-Perret…
Cette plume court sur la page, la soulève, la pénètre de ses saillies érotiques de telle sorte que le corps fantasmé de la mère finit par s'incarner dans le corps du texte !
Dès lors, l'écriture désinhibée « déchire le voile de la langue » pour reprendre une expression de Beckett que l'auteur affectionne puisqu'il lui a consacré une thèse et dans ce recueil un poème en prose où l'on peut lire « La bouche broie l'annonciation du temps ».
Mais loin de produire « une musique du silence » comme chez Beckett, Jean-Paul Gavard-Perret fait retentir et imploser les cymbales de lumière du désir et de l'érotisme débridé libéré de tout refoulement où les images abondent et où « les mots font l'amour » selon l'assertion d'André Breton en 1924 dans « Les pas perdus ».
Mais si « les mots font l'amour », ils le font avec humour chez notre auteur, « Histoire d'O vive et d'Ovide » en est un exemple ! Les jeux de mots foisonnent, se culbutent, fascinent, interpellent, nous font jubiler : « Et ça promet encore des embrouilles de ne pas travailler le terre pour en tirer les vers du nez », « Mère Deux Nids », « Con Prenez », « Princesse de Clèves Coeur », « Verte Tige »…
Car chez l'auteur les mots et les images s'enchaînent bien évidemment « sans chaîne » ! La loufoquerie se met de la partie jusqu'à faire trépider et disjoncter le texte « Ses orgasmes commencent à avoir fière allure. Parfois elle m'attend dans le coffre de la voiture où je l'ai ligotée. Ses mots ont devancé mes actes ».
Ces poèmes en prose qui peuvent déranger certains lecteurs comme le signale la quatrième de couverture nous invitent à une gymnastique de l'esprit et à appréhender par le biais d'une écriture époustouflante à sonder les fantasmes
indicibles, voire parfois inaudibles qui travaillent notre inconscient car derrière le paraître, les mots ont partie liée avec le « parlêtre » cher à Lacan ou pour évoquer Freud, on peut affirmer que le « ça » se met à parler... Nul doute que c'est le « ça » qui « déchire le voile de la langue », car sous la trame du langage tissée par le couple oxymore Éros et Thanatos se trame le jeu (je) obscur du ça qui s'invite dans le corps organique, voire jouissif du texte.
***
Pour citer ce texte inédit
Françoise Urban-Menninger, « Firmaman, textes poétiques en prose de Jean-Paul Gavard-Perret. Ouvrage paru aux éditions Sans Escale avec une couverture signée par Jacques Cauda », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°16, mis en ligne le 23juillet 2021. Url :
Jan Mikolášek, un jeune homme tchèque d’une rare beauté, recueille le savoir d’une vieille femme pour guérir les êtres humains par les plantes. L’enseignement de cette femme est limpide : « Connais ta place, ne monnaie pas tes dons ». Elle est haïe par les gens de bonne réputation, bien qu’elle les soigne. Le père du jeune initié l’enferme dans sa chambre. S’ensuit une scène où, armé d’une hache, le futur herboriste rompt avec sa famille. Une scène digne d’entrer dans une anthologie, ce qu’on appelle couramment best off du genre.
Ce n’est pas la seule de ce film témoignant d’un immense talent et montrant les fortes strates de la fragile existence humaine, dont l’ombre peut s’effacer à chaque instant. La plus belle scène se déroule dans la forêt aux pouvoirs de magicienne, là où règne la lumière. Ce médecin pour qui la nature est son désir préférable, sa préfère âme, y vit des moments d’amour avec son assistant, dans sa belle automobile, qui suscite la jalousie. Les amants font mine de s’étrangler, mais le moment n’est pas venu.
Les scènes d’embauche puis de séduction de l’assistant sont aussi des scènes dramatiques et sacrées (mieux que best off, ou « anthologie »). Le désir charnel, les combats physiques et psychologiques, sur une assise de dépendance, mènent leur ronde éternelle pour séduire le spectateur, et le placer sur un pied d’égalité avec ce haut mage1.
Cette œuvre magistrale de la réalisatrice Agnieszka Holland contribue à faire comprendre et à rendre immortel Jan Mikolášek, sous les traits de l’acteur Ivan Trojan. Ce personnage doué, et beau à tous les âges, est né à Rokycany le 7 avril 1889, quand la Bohême faisait encore partie de l’ Empire Austro-Hongrois. Jugé en 1958, il sort de prison en 1963 ou 64, et meurt à Prague, le 29 décembre 1973, à l’âge de 84 ans. Il repose dans la ville phare des Alchimistes, au cimetière Olšany (Olšanské hřbitovy), près de l’occultiste tchèque Pierre de Lasenic. Bref, tout un monde d’imagination, qu’Agnieszka Holland transmet, sans le figer, pour créer une allégorie.
L’Herboriste devient « l’homme qui défia l’état », et les plantes sont « la passion d’une vie ». Les éléments de fiction s’établissent sur l’histoire vraie de ce médecin-guérisseur-chaman-herboriste qui gagnait la confiance des malades, et a dû affronter des torrents d’animosité. Quelles sont ses cohortes d’ennemis ? La face inverse des cohortes de malades, dans une façon de répons, entre chœur et soliste, aux forces de vie ; ce sont les anti-nature, les homophobes, l’être humain lambda, jaloux et délateur, qui instaure la tyrannie. L’Herboriste sait qu’il a ce mal en lui. Sa connaissance du mystère de l’univers se solde par une défaite totale. La dramaturgie explosive de cette fiction sert un sentiment d'amour homosexuel sincère et profond, créant des scènes de lumière dans un climat politique de ténèbres, puis d’obscurantisme totalitaire, avec la censure et la terreur.
Note
1. En quoi la bande annonce passe à côté de l’essentiel, car elle montre la prison alors que le spectateur espère au-delà de toute raison que l’herboriste restera physiquement libre.
Lien vers la bande Annonce https://www.youtube.com/watch?v=2G0KdrbTRoE
Camille Aubaude, « Agnieszka Holland, Le Procès de l’herboriste, avec Ivan Trojan, Josef Trojan et Juraj Loj », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°16, mis en ligne le 21 juillet 2021. Url :
Réception journalistique choisie, transcrite & commentée par
Dina Sahyouni
Crédit photo : Des inondations de 1856 en France. Image Commons.
Cette réception journalistique d'autrefois de la brochure ou de l'opus poétique de FORESTIER, Fanny (Mlle, 1839-1901), Premier bouquet poétique, par Mlle Fanny FORESTIER, (Paris, imprimerie de J. CLAYE, 7 Rue Saint-Benoit, 1856), porte surtout sur le poème édité récemment ce périodique dans laquelle, on y découvre un commentaire plutôt enthousiaste et chaleureux pour le talent poétique de la jeune lyreuse Fanny Forestier qui est la sœur de Jeanne Forestier et la tante de l'auteur Paul Léautaud. Le dernier poème concentre bénéficie de l'éloge du journaliste Paul qui est un des principaux rédacteurs de la prestigieuse Gazette en question. Le texte provient de
Revue et Gazette musicale de Paris, 24ème année, N°8 22 Février 1857. Bureaux à Paris : Boulevard des Italiens, 1, p. 60. Cet ouvrage appartient au domaine public.
Puisque nous parlons de vers, quand ils ont pour auteur un musicien, n'oublions pas ceux d'une jeune personne, musicienne sans doute, car elle a pour père M. Forestier, l'excellent flûtiste du Théâtre-Italien. Ce premier bouquet poétique à toute la fraîcheur de son âge [en 1856, Fanny Forestier avait 19 ans ou 20 ans selon le moins de sa naissance]*: il y a beaucoup de charme et de tendresse dans les sentiments, beaucoup de mélodie dans le style. Des trois fleurs dont il se compose, la troisième est assurément la plus forte et la plus vivace. C'est une ode sur l'inondation de 1856, ou plutôt une élégie dont chaque strophe ramène ces terribles paroles : Et l'eau monte toujours, jusqu'à ce qu'enfin l'arc-en-ciel apparaisse, et que la poitrine du lecteur se sente délivrée d'un poids immense par la seule vertu de ces mots : Et l'eau reprend son cours ! Rien de plus obscur, de plus incertain que l'avenir des jeunes filles et des poètes. Mlle Fanny Forestier réunit les deux qualités. Nous ne nous chargerons donc pas de son horoscope, mais nous lui dirons sans flatterie qu'il était difficile de débuter dans la carrière avec plus de grâce et de talent.
Paul SMITH
[un des principaux rédacteurs de la Revue et Gazette...]
* Cet éclairage est proposé par la transcriptrice.
Pour citer ce compte rendu journalistique de l'opus
Paul Smith, « Premier bouquet poétique par Mlle Fanny Forestier », commentaire médiatique de la Revue et Gazette musicale de Paris, N°8 22(1857), choisi, transcrit & commenté par Dina Sahyouni, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°16, mis en ligne le 20 juillet 2021. Url :
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