10 juin 2024 1 10 /06 /juin /2024 17:20

 

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Notre équipe vous prie d'excuser le retard important dans l'actualisation du site et les réponses à vos messages depuis au moins février dernier, malheureusement la rédaction est vraiment débordée par de nombreuses demandes de toutes sortes. Merci bien de votre patience !

 

Message du 20 mars 2024.

 

 

 

 

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES

 

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DE POÉSIE ENTRE THÉORIES & PRATIQUES

 

 

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MEGALESIA ÉDITION 2024

 

DU 8 MARS AU 30 Avril 31 MAI 2024
 

CONTRIBUTIONS JUSQU'AU 27 AVRIL 10 MAI 2024

 

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FESTIVAL NUMÉRIQUE, INTERNATIONAL & MULTILINGUE

 

DES FEMMES & GENRE EN SCIENCES

HUMAINES & SOCIALES

 

CET ÉVÉNEMENT EST PROPULSÉ PAR L'ASSOCIATION

SOCIÉTÉ INTERNATIONALE D’ ÉTUDES DES FEMMES

& D’ÉTUDES de GENRE EN POÉSIE (SIÉFÉGP)

 

VOS CONTRIBUTIONS SONT VIVEMENT DÉSIRÉES SUR LES

THÈMES SUIVANTS : « AMIES » ET « ELLES »

 

LA PUBLICATION NUMÉRIQUE DES DOCUMENTS CHOISIS PAR

LA RÉDACTION DE FAIT SUCCESSIVEMENT

 JUSQU'AU 31 MAI 13 JUIN 2024 COMPRIS.​​​​​​

 

 

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LE 2 AVRIL EST LA JOURNÉE MONDIALE DE

 

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NOUS ACCEPTONS LES ARTICLES, NOTES DE LECTURE, FRAGMENTS, EXPOSITIONS, CHRONIQUES, POÈMES, CONTES, LETTRES, FABLES, NOUVELLES, PENSÉES, DESSINS, RÉCITS, ESSAIS, DESSINS DE PRESSE, ILLUSTRATIONS, CHANSONS, PHOTOGRAPHIES, VIDÉOS, etc. 

 

 

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LA SOUMISSION DE TEXTES POUR LES RUBRIQUES HABITUELLES DU FESTIVAL EST OUVERTE JUSQU'AU 10 AVRIL 2024 COMPRIS. LA RÈGLE DE 6 POÈMES (OU TEXTES POÉTIQUES) & 3 COMMUNICATIONS PAR RUBRIQUE ET PAR PERSONNE EXTERNE À NOS ORGANISMES S'APPLIQUE AU FESTIVAL MEGALESIA 2024. LES EXPOSITIONS PICTURALES, ILLUSTRATIONS, PEINTURES, VIDÉOS, etc. NE SONT PAS CONCERNÉES PAS CETTE RESTRICTION. NOUS EN PUBLIONS TOUTEFOIS UNE SÉLECTION.

 

* À venir...

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POUR CITER CET ÉVÉNEMENT POÉTIQUE 

 

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES, « Festival International Megalesia 2024 », Le Pan Poétique Des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques : Festival International Megalesia 2024 « Amies » & « Elles », mis en ligne le 9 mars 2024. URL :

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm)

 

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28 mars 2024 4 28 /03 /mars /2024 15:20

Événements poétiques | Festival International Megalesia 2024 « Amies » & « Elles » | Entretiens poétiques, artistiques, (éco)féministes & ORIENTALES (O​​) | N° 3 | Entretiens

 

 

 

 

 

 

 

 

 Une tunisienne lauréate pour la deuxième fois

 

du prix Dina Sahyouni. Imèn Moussa, chercheuse

 

qui interroge la fiction des femmes au Maghreb

 

 

 

 

 

 

​​

Propos recueillis en mars & biobibliographie par

 

Hanen Marouani​​​​​​

 

 

Entrevue avec

 

Imèn Moussa

 

 

 

 

© Crédit photo : Portrait photographique récent d'Imèn Moussa de l’autrice Imèn Moussa, 2024.

 

 


Biobibliographie d’Imèn MOUSSA

 

Docteure en littératures française et comparée, est une figure éminente de la scène littéraire contemporaine. Cofondatrice des Rencontres Sauvages de la Poésie en Île-de-France et membre active de l'association Atlas pour la promotion de la traduction au Collège International des Traducteurs Littéraires à Arles, elle s'investit pleinement dans la diffusion et la valorisation de la littérature.

 

En tant que directrice de la rédaction pour Trait-d'Union Magazine Algérie, elle explore avec passion l'écriture des femmes dans le Maghreb contemporain, offrant ainsi une voix aux narratrices souvent marginalisées. Ses textes et ses voyages autour du monde témoignent de son engagement pour une Humanité sans frontières, une vision qu'elle exprime également à travers ses collaborations en tant qu'autrice et photographe dans plusieurs revues artistiques et ouvrages collectifs à travers l'Afrique, l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Amérique latine.

 

Sur scène, Imèn Moussa se révèle comme une interprète de poésie talentueuse au sein de la troupe VIVANTS, soutenue par le Bureau International Jeunesse de Bruxelles, avec des performances remarquées lors du Sommet de la Francophonie à Djerba, à la Maison Poème et au Grand Hospice à Bruxelles. Aux côtés du musicien Yasser Jradi, elle assure la tournée de « Florilège de la poésie tunisienne francophone » en novembre 2022 pour le Sommet de la Francophonie, un projet porté par l’Institut Français de Tunis, l’Alliance Française de Bizerte, l’Alliance Française de Djerba et la Maison de France à Sfax.

 

En septembre 2023, Imèn Moussa est honorée en tant que lauréate de la première bourse de création sonore décernée par l’association La Plume de Paon pour son projet de livre audio intitulé « Raconte à Baya », une contribution précieuse à la littérature jeunesse. Ce projet, soutenu par la Région Grand Est, la DRAC Grand Est et la Ville de Strasbourg, illustre son engagement en faveur de l'accessibilité et de la diversité dans la création littéraire.

 

Reconnue pour son œuvre poétique remarquable, Imèn Moussa se voit décerner le 8 mars 2023, à Grenoble, le prix littéraire Dina Sahyouni de la Société Internationale d'Études des Femmes & d'Études de Genre en Poésie (SIÉFÉGP).

2023

— Essai, Genre et émancipation des femmes dans le Maghreb contemporain, Le Manuscrit, Mars, Paris.

— Livre audio, Raconte à Baya, (projet en cours, soutenu par la Région Grand Est, la DRAC Grand Est et la Ville de Strasbourg).

— Publication de textes « Par-delà les frontières, Croire au monde », dans la revue poétique Lettres d’Hivernage N°2, Éditions La Kainfristanaise

— Publication de photographies « De la Havane à Ajaccio », dans La comédie des Phares, ouvrage collectif, Editions des Embruns, Septembre, Saint-Thégonnec (Finistère).

 

2022

— Article « C’est à cause du sexe votre honneur : des corps mis à l’écart et des peaux sous silence dans la fiction maghrébine contemporaine des femmes », collection IMPRÉVUE publication du Centre d'études sociocritiques, Université Paul-Valéry, Montpellier3.

— Article « Parlons d’aujourd’hui : portraits d’auteures du Maghreb », revue Souffles sahariens : cultures et identités en mouvements, Nouaukchott, Mauritanie.

— Publication de textes « Des poètes et des lieux », dans la revue poétique Lettres d’Hivernage N°1, Editions La Kainfristanaise

— Publication dossier photographique « Une fenêtre sur toi », Revue L’Imagineur, N°7, France, Mars. 

— Publication de poésie dans l’anthologie poétique, Cri de femme, Grito De Mujer, avec Le Mouvement International des Femmes Poètes, République Dominicaine, Février. 

— Publication de poésie, Revue Cavale : Arts et littératures en mouvement, N°15, Silence, Sher-brook, Canada. 

— Publication dans le recueil collectif, Vivants, édition Graphius avec Le Bureau International Jeunesse, Bruxelles. 

 

2021

— Article, « Elles écrivent : une traversée littéraire », Trait-d’Union Magazine N°3, juillet, Algérie. 

— Article « Sont-elles dangereuses ? » dans Trait-d’Union magazine N°3, Algérie, juillet 2021.  

— Article « Du Harem au bar : renouvellement des espaces romanesques et intranquillité des femmes dans le roman de Sonia Chamkhi » dans Trait-d’Union magazine, Algérie, Mars.  

— Publication de photographies « De Bizerte à Negombo », dans Histoire de pêche, ouvrage collectif, Editions des Embruns, Saint-Thégonnec (Finistère).

— Publication dans le N°1 Revue Orientales pour Le Pan poétique des muses (dossier photographie-poésie). 

 

2020

— Recueil de poésies, Il fallait bien une racine ailleurs, éditions l’Harmattan, Paris, Juin 2020.

— Contribution textes de poésie, revue « Débridé », juin 2021, Paris, France.  

— Contribution poésie, revue « WORLD & WORDS Magazine for migration literature », Spring issue 2020, Vienne, Autriche.  

— Contribution textes de poésie, magazine « World Poetry Movment : Poets of the World Against Injustice ». En collaboration avec Atol Behramogue-Pelin Batu and Tekin publishing house, Istanbul/Medellin, 2020. 

 

2019

— Essai, Les représentations du féminin dans les œuvres de Maïssa BEY, Éditions Universitaires Européennes, 2019. 

 

 

Entrevue


 

« Genre et émancipation des femmes dans la fiction maghrébine contemporaine » est un ouvrage qui nous plonge au cœur de l'histoire passée et présente des expériences littéraires des femmes marocaines, algériennes et tunisiennes, mettant en lumière leur rôle crucial dans l'évolution de leurs sociétés à travers leur écriture. En déconstruisant le stéréotype de la « femme arabe soumise », il offre une exploration profonde des grandes étapes historiques des mouvements féministes du Maghreb. De plus, il soulève les questionnements actuels liés à l'émergence de l'Islam rigoriste dans le corps politique et la menace qui pèse sur les droits des femmes, en particulier après le Printemps Arabe, le voilement généralisé, et l'essor croissant des actrices et autrices. Cette analyse éclairante contribue à l'originalité de cet ouvrage. Il est donc avec grand honneur que nous annonçons la réception du Prix Littéraire Dina Sahyouni 2024 pour la deuxième fois par Imèn Moussa, cette fois-ci pour son essai intitulé « Genre et émancipation des femmes dans la fiction maghrébine contemporaine » , une reconnaissance bien méritée de son engagement et de son travail exceptionnel.

 

 

© Crédit photo : Imèn Moussa tenant l'ouvrage primé
« Genre et émancipation des femmes dans la fiction maghrébine contemporaine » (Éditions Manuscrit, Paris, 2023).

 

 

 

À l’occasion de l’annonce des résultats de ce prix suite aux votes du jury, et en cette journée si significative qu’est la Journée Internationale des droits des Femmes, Le Pan Poétique des Muses a eu l’initiative d’interviewer la lauréate, Imèn Moussa. 

 

Nous avons voulu lui donner l’opportunité de partager avec nous ses réflexions et ses émotions, tout particulièrement après avoir reçu cette nouvelle honorifique. 

 


 

Quelles sont les principales conclusions ou observations formulées par Imèn Moussa dans son essai « Genre et émancipation des femmes dans la fiction maghrébine contemporaine » qui lui a valu le Prix Dina Sahyouni en 2024 ?

 

IM. –  Dans « Genre et émancipation des femmes dans la fiction maghrébine contemporaine », je me suis d’abord attachée à offrir un panorama des positionnements des femmes dans trois sociétés du Maghreb à partir de la littérature romanesque francophone en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Ces trois pays sont régis par un système politique et social différent. Pourtant, à travers l’étude comparative des textes littéraires, j’ai constaté que les six autrices ayant fait l’objet de cette étude, parlent, toutes, des pratiques juridiques et culturelles discriminantes car elles puisent leur légitimité dans des traditions fondées sur la différenciation des genres. J’ai pu observer que même si les lois de ces pays évoluent en faveur des droits des femmes, la réalité sociale est bien différente puisque les femmes sont, pour la plupart, maintenues en arrière-plan, tandis que les hommes détiennent le plus souvent des privilèges sociaux, économiques, politiques ou encore sexuels. Des observations ressortent comme des problématiques communes aux six romans étudiés :  l’analphabétisme chez les adolescentes mises à l’écart dans les zones rurales, la misère de santé reproductive, le poids du divorce sur les femmes, le contrôle du corps, les violences urbaines contre les femmes, l’exploitation des travailleuses, etc. Ainsi, particulièrement ancrée dans une réalité sociale déterminée, la fiction maghrébine contemporaine met en lien ces problématiques avec la vision inférieure et inégalitaire de la femme qui se voit constamment rattachée à son identité biologique-corporelle décrite comme moins solide que celle de l’homme.

 

© Crédit photo : Imèn Moussa avec l'un des responsables culturels du centre culturel marocain à Nouakchott tenant les deux livres primés : « Il fallait bien une racine ailleurs » Prix Dina Sahyouni 2023 (Poésie) et « Genre et émancipation des femmes dans la fiction maghrébine contemporaine » Prix Dina Sahyouni 2024 (Essai).

 

 

Comment vous abordez la question de l'émancipation des femmes dans la fiction maghrébine contemporaine, et quels sont ses principaux arguments ou théories avancés dans son essai ?

 

IM. – En observant ce qui se passe dans ma société et dans les pays autour, j’ai d’abord construit mon hypothèse de départ sur l’éventuel « effritement » du pouvoir masculin. Un terme qu’emploie l’historienne Sophie Bessis, qui s’interroge dans son essai Les Arabes, les femmes, la liberté, sur une possible « fin de l’ordre ancien » qui permettrait, en ce XXIème siècle, de penser des rapports plus égalitaires entre le féminin et le masculin. En effet, depuis les soulèvements du Printemps Arabe et les remaniements observés dans certains pays de cette région du monde, le Maghreb redevient un territoire géopolitique animé par des défis et des luttes permanentes. En lien avec ceux-ci, la question féminine refait surface et redevient aujourd’hui plus que jamais, un enjeu politique et social important. C’est dans cette optique que mon travail prend son sens premier littéraire car il me semblait indispensable d’aborder, par la création, la question de la voix/voie des femmes en ce XXIème siècle. À une époque où les violences faites aux femmes sont quotidiennement dénoncées et où la séculaire rivalité entre le féminin et le masculin divise encore les opinions, les oppose voire prophétise un possible retour en arrière. De plus, parce que femme tunisienne francophone, il m’a semblé intéressant d’interroger, par l’étude des textes, le devenir fortement contrasté de cet « être » femme dans des pays où la pensée religieuse demeure encore très forte et souvent autoritaire. Il faut dire que dans un système social à domination masculine, les révolutions arabes en Égypte, Tunisie, Libye et au Yémen, les changements politiques au Maroc et le Hirak en Algérie ont lancé sur les devants de la scène des millions de femmes revendiquant la liberté, l’égalité et la démocratie. Ces mêmes révolutions ont permis de démocratiser le débat sur les droits des femmes, débat qui était jusqu’alors réservé à une élite intellectuelle. Dans ce sens, en pourfendant les clichés véhiculés sur la femme « orientale », j’avais pour ambition de saisir les enjeux majeurs autour de la question féminine dans un Maghreb en transition. Pour cela, parce que paradoxalement elles sont unanimement considérées comme levier et frein de l’évolution, j’ai interrogé les différentes trajectoires des femmes à travers la littérature.

 

 

© Crédit photo : Imèn Moussa avec Sylvie Brodziak (la préfacière de l'essai primé) lors des rencontres avec les étudiants.es et doctorants.es de CY Cergy Paris Université. 

© Crédit photo : Imèn Moussa lors de sa rencontre avec les étudiants.es de la Sorbonne Nouvelle à Paris.

​​​​​​

 

Quelles sont les œuvres littéraires maghrébines contemporaines examinées dans votre essai, et en quoi contribuent-elles à la réflexion sur le genre et l'émancipation des femmes ?

 

IM. – Quand j’ai décidé d’axer mon essai sur la littérature contemporaine du Maghreb, mon but était d’apporter un regard neuf à la question de l’émancipation des femmes dans cette région du monde. Dans ce sens, j’ai défini un corpus de six romans, tous postérieurs aux années 2000, d’autrices connues et moins connues, mais aussi issues de niveaux sociaux et intellectuels différents. Pour la Tunisie, j’ai opté pour Emna Belhaj Yahia avec Jeux de rubans (Elyzad, 2011) et Sonia Chamkhi avec Leïla ou la femme de l’aube (Elyzad, 2008). Pour l’Algérie, j’ai choisi Maïssa Bey avec son roman Hizya (L’aube, 2015) et Je dois tout à ton oubli (Grasset, 2008) de Malika Mokeddem. Enfin, pour le Maroc, j’ai opté pour le roman de Halima Hamdane Laissez-moi parler (Le Grand Souffle, 2006) et celui de Bahaa Trabelsi, Slim, les femmes, la mort… (EDDIF, 2004). Les textes choisis me semblaient, à mon sens, pertinents pour ouvrir le débat sur la place de la femme maghrébine dans sa société contemporaine en transition. D’ailleurs, ce sont les nouvelles représentations du personnage féminin qui me semblent être une contribution nouvelle à la réflexion sur les questions du genre. En effet, les six autrices mettent en scène de nouveaux modèles de personnage simples, aux itinéraires ordinaires, mais qui sont porteurs de nouvelles aspirations. Ce sont des femmes et des jeunes filles qui appartiennent à des classes moyennes, instruites, engagées politiquement et actives dans leur société. La plupart, présente de nouvelles formes de conduites qui rompent avec la soumission. Elles dépassent les poncifs de la littérature maghrébine d’expression française, dominée par les images stéréotypées des femmes dociles.  

 

 

© Crédit photo : De gauche à droite ; Mohamed Mbougar Sarr, Nicolas Fargues, Mohamed Lamine Camara, Bios Diallo, Imèn Moussa, Najem Wali à Nouakchott en Mauritanie.

 

 

Pouvez-vous expliquer en quoi l'approche critique d'Imèn Moussa dans son essai diffère-t-elle des travaux précédents sur le même sujet ?

 

IM. – Mon travail fait suite à un certain nombre d’articles, de thèse et d’essai dans le domaine littéraire comme ceux de Christiane Chaulet-Achour dont Écritures algériennes : la règle du genre, Noûn, algériennes dans l'écriture, de Marta Segarra, Leur pesant de poudre : romancières francophones du Maghreb, de Charles Bonn Lectures nouvelles du roman algérien : essai d'autobiographie intellectuelle, Jean Déjeux La littérature féminine de langue française au Maghreb, Tahar Bekri De la littérature tunisienne et maghrébine et autres textes : essais, Rabia Redouane Femmes arabes et écritures francophones. Machrek-Maghreb et Christine Detrez Femmes du Maghreb, une écriture à soi, pour n’en citer que ceux-là. J’ai en effet fait appel à plusieurs disciplines de sciences sociales pour illustrer ma grille de lecture par des exemples pris dans les textes qui sont devenus documents. Aussi, à travers une démarche interprétative et comparatiste des textes littéraires approchés comme étant des documents, j’ai tenté de lire la complexité du processus d’évolution dans le contexte du Maghreb actuel. Le but était de voir comment se manifestent la singularité et les limites du processus de l’émancipation féminine pour réfléchir sur la situation de celles qui sont tantôt vulnérables et fatalistes, tantôt rebelles et combattantes. Une position qui alimente incontestablement leur intranquillité. 

 

© Crédit photo : De gauche à droite ; Monique Ilboudo, Imèn Moussa, Bios Diallo, Nicolas Fargues, Mohamed Mbougar Sarr, Najem Wali, Mohamed Lamine Camara, Beyrouk à Nouakchott en Mauritanie.

 

 

Quelles méthodologies ou cadres théoriques Imèn Moussa utilise-t-elle pour analyser la représentation des femmes dans la fiction maghrébine contemporaine, et en quoi sont-ils pertinents et innovants ?

 

 

IM.– Je ne sais pas si ma démarche est pertinente ou innovante. Je laisse les lecteurs et les chercheurs en décider. J’ai simplement mis au centre de mon travail les questions théoriques suivantes : le roman est-il le témoignage d’un retournement de situation qui décrit-annonce l’affaiblissement des idéologies patriarcales ? En quoi la littérature est révélatrice du changement des mentalités et de l’organisation sociale ? Pour apporter des réponses à mes questions, j’ai interrogé de nouveaux modèles féminins en tant qu’actants dans une histoire en construction et non son objet. J’ai étudié la fabrique de ces personnages décrits comme émancipés afin de voir dans quelle dynamique les autrices construisent un renouvellement des perspectives du genre à travers le choix de protagonistes qui, par leurs discours et leurs manières d’agir, ébranlent les stéréotypes. 

 

© Crédit photo : Rencontre d'Imèn Moussa avec les étudiants.es de l'université Nouakchott en Mauritanie.

 

Quelles sont les réactions ou les discussions suscitées par l'essai d'Imèn Moussa dans le domaine académique ou littéraire, et quel impact pourrait-il avoir sur les débats futurs concernant le genre et l'émancipation des femmes ?

 

IM.–- Cette question m’a rappelé plusieurs commentaires étranges que j’ai lu sur les réseaux sociaux quand la sortie de mon livre a été annoncée. Des commentaires comme « Ah encore un livre sur l’émancipation des femmes, ne sont-elles pas assez émancipées ? », « Oui, mais les femmes au Maghreb sont toutes libres, pourquoi encore parler de ce sujet ? » ou encore « Un livre sur le genre, encore une machination de l’Occident ». Evidemment, les auteurs de ces phrases étaient des hommes. Mais, au-delà du monde virtuel, j’ai été agréablement surprise par les débats et les interrogations que mon travail a suscité notamment lors des rencontres avec les étudiants.es de CY Cergy Paris Université, ceux de Sorbonne Nouvelle, les étudiants.es de l’université de Nouakchott mais aussi les lycéens.ennes du Lycée français Théodore Monod de Nouakchott en Mauritanie etc. Auprès d’eux, j’ai beaucoup appris sur mon propre livre. En effet, certaines thématiques abordées dans mon travail telles que les luttes contemporaines des femmes, la place positive de l’homme dans l’émancipation de ces dernières, les violences urbaines, le corps dissident, l’immigration des femmes, la religion imbriquée dans la politique, le droit à la différence… ont amené des échanges houleux autour de l’« être femme ». Tandis que d’autres découvraient les sujets abordés et les autrices que j’ai exposées, d’autres se reconnaissaient dans les univers que j’ai analysés. Plusieurs étaient déstabilisés par mon analyse de la place de la tradition et de la religion dans la société actuelle. Ils ont exprimé leur opposition. Mais, je dis toujours que c’est là l’un des objectifs d’un essai ; pour ou contre, l’essentiel et d’inviter le lecteur à lire encore et à aller chercher des réponses. Enfin, je n’oublierai jamais les larmes de cette étudiante algérienne qui est venue me voir à la fin d’une conférence pour me dire « les sujets de votre livre parlent de mon parcours ». En l’occurrence, ce flottement ou cette cohabitation entre des réactions contraires (colère, incompréhension et identification…) sont l’impact que je cherche pour ouvrir une brèche de réflexion en plus. Construire et déconstruire. 

 

© Crédit photo : Imèn Moussa avec les étudiants.es de l’université de Nouakchott en Mauritanie.

 

Quelles sont les prochaines étapes ou les projets futurs d'Imèn Moussa, maintenant qu'elle a reçu le Prix Dina Sahyouni pour la deuxième fois, et comment envisage-t-elle de poursuivre son engagement intellectuel et académique dans ce domaine ?

 

IM.–- Je tiens d’abord à remercier Sylvie Brodziak qui a préfacé cet essai et qui a surtout encadré chaque étape dans le processus de recherche et d’écriture de ce travail. Je remercie aussi mon éditrice Domitille Carlier pour ses relectures et pour sa patience. Recevoir le prix Dina Sahyouni pour la deuxième fois consécutive m’honore beaucoup parce que c’est un livre qui a été porté par tant des femmes. Je tiens à remercier les membres du jury d’avoir lu et apprécié mon essai. Je remercie également la Société Internationale d'Études des Femmes & d'Études de Genre en Poésie (SIÉFÉGP) pour sa confiance et le travail remarquable qu’elle fait autour de la création des femmes de toutes les nationalités. Une telle reconnaissance ouvre encore plus grandes les portes du partage entre les rives et les langues. Ce prix est un souffle qui m’aidera à porter mon livre en étant mieux accompagnée. C’est ce sens du partage qui m’encourage à poursuivre ce désir de recherches et d’écriture en poussant sans cesse l’esprit vers le renouvellement. Pourtant, je dois vous avouer qu’à chaque fois que mes travaux sont récompensés et à chaque fois que je les vois traverser des frontières et être diffusés partout, ça me fait peur parce que je réalise que c’est une grande responsabilité d’écrire ou de dire à haute voix. Mais, c’est une belle peur parce qu’elle me pousse à me réinventer. 

 

 

© Crédit photo : Portrait photographique récent l’autrice Imèn Moussa en Afrique.

 

 

Comment Imèn Moussa parvient-elle à naviguer entre la poésie et la critique littéraire, et en quoi ces deux aspects de son travail se nourrissent mutuellement

 

IM.– Disons que j’apprends doucement à, comme vous le dites si bien, naviguer entre ces deux univers. Mon embarcation est la même, les mots. La boussole est la même : la réflexion et la découverte par le biais du mot. Le voyage est une ambition de comprendre la complexité du monde dans son effervescence. Dans cette quête de la compréhension de la vie, la poésie apporte la part du rêve dans un mouvement de création et surtout de jeu. Elle me rassure et me libère. Quant à la recherche littéraire, elle se manifeste forcément dans une certaine technicité dans l’écriture structurée qui nécessite de la rigueur et dans l’analyse pour pouvoir disséquer un sujet déterminé, avec des outils spécifiques, afin de répondre à des questions précises. Elle m’apprend et me renforce. Les deux se réunissent autour de la sensibilité et de l’observation. Les deux me permettent d’écrire avec, pour ou contre quelque chose. Les deux sont pour moi une tentative de changer, à mon échelle, ce qui me semble ne pas aller. C’est pourquoi, l’énergie de ces deux univers se nourrissent et se complètent pour me nourrir et amener cette rencontre avec soi et avec l’autre. En réalité, j’admire la polyvalence dans la création. Je n’aime pas les limites que l’esprit souhaite parfois nous imposer. C’est pourquoi je m’aventure aussi à faire de la scène grâce à la poésie, j’aime me produire en tant que voix off dans ce que j’appelle « la vidéo-poème » et j’aime m’improviser conteuse ou encore directrice de la rédaction pour une revue. C’est ça la création, plusieurs graines qu’on sème et on verra bien ce que ça donne ! C’est là la beauté de la traversée, se découvrir à chaque fois et se réinventer par ce qui nous passionne. Par le goût des mots. 

 

 

 

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Pour citer cet entretien illustré & inédit

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Hanen Marouani (texte & biobibliographie)« Une tunisienne lauréate pour la deuxième fois du prix Dina Sahyouni. Imèn Moussa, chercheuse qui interroge la fiction des femmes au Maghreb », images fournies par l'essayiste​​​Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | Festival International Megalesia 2024 « Amies », « Elles » & Revue Orientales, « Conteuses orientales & orientalistes », n°3, volume 1mis en ligne le 28 mars 2024. URL :

http://www.pandesmuses.fr/megalesia24/orientalesno3/hm-laureate

 

 

 

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Maggy de Coster

 

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Le Manoir Des Poètes

 

 

 

© Crédit photo : Première de couverture illustrée de « Brigitte Sy » par Brigitte Brami, Éditions Unicité, 2024.

 

 

Il s’agit de la mise en abyme d’un lieu clos qu’est la prison pour Brigitte Sy, relaté par Brigitte Brami.

 

De La prison ruinée, (Indigène, 2011) de Brigitte Brami, Brigitte Sy en fit un documentaire intitulé Brigitte Brami par Brigitte Sy, maintenant c’est au tour de Brigitte Brami de lui rendre la réciprocité.

 

Elle est admirative devant Brigitte Sy qui a fait option préférentielle pour les gens cabossés, les hors système car elle voit en eux ou en elles, ses doubles.

Il s’agit d’une rencontre inopinée qui a débouchera sur une étroite collaboration. Aussi vont-elles se découvrir au travers des liens existentiels et des synchronicités qui vont les rapprocher. L’une a été incarcérée, l’autre a failli l’être par la force des choses.

 

Deux femmes de disciplines connexes qui se dépeignent chacune et en se regardant sous le prisme des réalités qui s’entremêlent et s’entrecroisent et dont en peut se délecter à loisir. La poésie peut faire des miracles par la magie des images. 

Ce lieu clos qu’est la prison Brigitte Brami ne semble pas forcément chargé négativement : « J’ai tiré de cette expérience anormale au caractère exceptionnel, d’aussi singulier, d’aussi rare et précieux que l’acte d’écrire. »

Pas d’appréhension tant pour l’une que pour l’autre. Brigitte Sy est celle qui transgresse la loi en s’amourachant d’un détenu qui deviendra son époux et c’est dans son film « Les mains libres » que cette animatrice d’ateliers de théâtre milieu carcéral donne corps à cette histoire d’amour improbable en 2010.

Que de similitudes entre leurs vécus ? La poésie est le socle commun qui unit les deux femmes. La prison, cet espace clos peut aussi faire éclore l’amour entre les êtres en carence affectives ou en manque d’amour : la nature a horreur du vide, cette agora qu’est Paris n’est pas pour la réalisatrice un terreau pour faire émerger ses films. Elle préfère ce huis clos qu’est la prison pour (planter son décor) tourné. Décidément la prison devient un lieu où l’humanité peut prendre corps contrairement à l’Agora parisien où chacun baigne dans l’impersonnalité ou l’anonymat.
 

Brigitte Sy est celle qui révèle la vie des personnes incarcérées. Elle les met en scène en donnant à voir ce qu’il y a de plus sublime en elles. Elle ne leur donne pas  une seconde vie mais montre ce qu’il y a d’imperceptible chez elles dans leur vie d’avant, de ce fait on peut dire que la prison opère chez  elles le miracle de l’écriture comme ce fut  le cas d’Albertine Sarrasin,  l’autrice de l’Astragale, roman éponyme du film de la réalisatrice en 2015.

 

Vu sous cet angle-là le milieu carcéral peut être le lieu de confluences des amours improbables, des fulgurances intellectuelles, de l’éveil des passions latentes, de l’accomplissement de soi, de la révélation de soi et de la redécouverte de soi.   

« Je ne parle pas d’amour dans mes films mais du manque d’amour », propos de Brigitte Sy, rapportés par Brigitte Brami. 

Tout est miracle. Rencontre miraculeuse entre Albertine et Julien.

Tout comme Albertine Brigitte Brami a connu l’amour homosexuelle et a été en cavale : troublante coïncidence.

Brigitte Sy a le flair pour choisir ses personnages de film qui sont le reflet de sa vie. Selon Brigitte Brami, « Brigitte Sy décrit l’amour sans fausse note ». C’est toute son humanité de réalisatrice et tout son charisme qu’elle traduit dans les pages de son livre. Elle nous aide à comprendre ses choix. Elle nous décrit les scénarios de ses films, c’est comme si on y assistait.

Albertine est née en Algérie et adoptée par un couple de Français, Brigitte Sy est née en Algérie et adoptée par son beau-père.

Le manque d’amour ne fait-il pas croître le sentiment amoureux et l’envie d’aimer à profusion ?

 

Les deux femmes nourrissent une passion commune pour Jean Genêt. Brigitte Brami est spécialiste de Jean Genêt, Brigitte Sy a expérimenté ce dernier à travers la mise en scène de son théâtre et aime des hommes qui lui ressemblent. 

Il y a une poésie et une esthétique dans les images véhiculées par l’une et par l’autre dans leurs démarches respectives donc elles se posent en miroir et se réfléchissent tout en beauté.  Aussi voient-elles en Jean Genêt et Albertine Sarrasin des alter ego. 

 

 

© Maggy DE COSTER

 

NDLR : Brigitte Sy est la mère de Louis Garrel et Esther Garrel tous deux acteur et actrice de cinéma et belle-mère de l’actrice Laetitia Casta. Voir aussi l’URL : https://editions-unicite.fr/auteurs/BRAMI-Brigitte/brigitte-sy-par-brigitte-brami/index.php

 

 

 

​***

 

 

Pour citer ce texte  inédit

 

Maggy De Coster, « Brigitte Sy par Brigitte Brami, Éditions Unicité, 2024, 125 pages, 13€ (Quand les murs des prisons rendent le monde déchiffrable) », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | Festival International Megalesia 2024 « Amies », « Elles », mis en ligne le 26 mars 2024. URL : 

http://www.pandesmuses.fr/megalesia24/mdc-brigittesyparbrami

​​​​​​ 

 

 

 

 

 

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Message du 5 mars 2024.

 

 

 

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