L'édition électronique de ce deuxième numéro se termine le 30 avril 2023. La rédaction remercie infiniment les personnes – publiées ou non – qui ont pris répondu à l'appel à contributions du numéro.
Rappel utile : comme vous le savez bien, cette revue (dans ses versions électronique et imprimée) décline toute responsabilité juridique concernant le contenu publié par elle parce qu'elle considère que chaque auteur/auteure est libre dans le respect de sa charte déontologique, par conséquent, l'auteure/auteur est l'unique responsable du contenu de son texte, de son image, sa vidéo, etc.
POUR CITER CET AVIS DE PARUTION
REVUE ORIENTALES,« LES VOYAGEUSES ET LEURS VOYAGES RÉELS ET FICTIFS | SOMMAIRE DU VOLUME 1 », Revue Orientales, n°2, volume 1, mis en ligne le 29 mars 2023. URL.
H.M – « L’odeur d’un homme » offre un panorama de réactions et de positions vis-à-vis de la révolution tunisienne à partir de la littérature romanesque. Peut-on dire que les écarts entre les deux périodes pré-révolutionnaire et post-révolutionnaire et qui se ressentent visiblement dans votre œuvre sont à l’origine de l’écriture de votre nouveau livre ?
F.B.D.L.M – La révolution a permis au monde entier mais avant tout aux Tunisiens de mieux réfléchir sur eux-mêmes : leurs choix de vie, leurs identités, leurs contradictions, leurs forces, leurs fragilités. Alors, oui, il y a incontestablement un avant et un après la Révolution de la Dignité. D’une certaine façon, tout ce qui allait de soi ou dont nous négligions la complexité et qui, comme je l’ai ressenti s’est exprimé après la révolution, m’a intéressée pour écrire ce roman.
H.M – Vous consacrez des passages très pertinents pour donner une représentation de « l’étrangère chez soi » affirmant ainsi le dépassement du premier sens de l’expression en soulignant que la présence de l’autre pourrait être infernale comme disait Jean Paul Sartre et en faisant même un clin d’œil à « Une chambre à soi » de Virginia Woolf. Pourriez-vous nous analyser encore plus ce point ?
F.B.D.L.M – Je suis honorée par ces références. L’enfer ce sont les autres à travers ce qu’était Inès, ou ce qu’elle est et qu’elle refuse de reconnaître. Autrement dit, l’enfer ici, c’est elle-même puisqu’elle est face à elle-même. Cet homme, Youssef et les autres personnages sont la Tunisie moderne, la terre de ses parents et de ses ancêtres. Leur rencontre lui a permis de retrouver ses sens qu’elle a camouflés en s’anesthésiant. D’ailleurs, nous ne savons pas trop pourquoi Inès est devenue à ce point insensible. Il s’agit là d’écrire la rencontre la plus complexe que l’on puisse vivre dans une vie. C’est la rencontre avec son authenticité. Je ne voudrais pas dévoiler certains éléments très métaphoriques dans le livre qui font mention à cette notion.
H.M – Serait-il possible voire logique de tisser un lien entre le voyage gustatif de Marcel Proust et le voyage olfactif de Fatma Bouvet de la Maisonneuve ?
F.B.D.L.M – Effectivement, il existe toujours quelque chose qui nous rappelle les temps insouciants (pour les chanceux) de notre enfance. Dans mon premier roman L’île aux mères, j’ai voulu travailler sur la sensualité du visible : les couleurs et les formes. Dans L’odeur d’un homme, j’ai voulu développer la sensualité olfactive que j’ai trouvée bien difficile à écrire, et pourtant elle est très développée chez moi. J’ai souhaité également faire découvrir une odeur que tous les méditerranéens connaissent sans savoir ce qu’elle est vraiment : celle du myrte dont la signification mythologique développée dans le roman correspond à une quête. Dès le début du roman, en sentant cette odeur que l’héroïne reconnait, elle retourne en enfance, jusqu’à la revivre d’une certaine manière.
H.M – Mettons l’accent sur votre méthode d’analyse. Nous relevons plusieurs motifs d’analyse sociologiques et psychologiques. Il y a également les traces d’un vécu autobiographique et des témoignages ; ce qui transforme les textes en documents grâce à une technique d’énonciation qui varie les discours, les personnages, les voix et les plans d’énonciation. Cette méthode permettra-t-elle d’avoir une série d’images, de concepts, de révélations authentiques et objectifs des femmes et des sociétés pour pouvoir les traiter par la suite comme problématiques majeures liées aux relations et modes de pouvoir dans la société en question ?
F.B.D.L.M – Il est vrai que j’observe beaucoup les autres, est-ce cette nature qui m’a poussée à être psychiatre ou est-ce parce que je suis psychiatre que j’observe beaucoup les autres ? J’ai donc retenu depuis toutes ces années des scènes que j’ai reproduites mais que je propose dans le roman dans des décors différents tout en préservant le message que j’en ai retenu. Il existe toujours des lieux intéressants, outre le cabinet de psychothérapeute, pour observer les évolutions de la société, les rapports de forces entre les individus ou les clans, ainsi que les contradictions et le déchirement intérieur. J’ai surtout souhaité avec cet ouvrage et à travers ces observations sortir des clichés que les occidentaux ont l’habitude de lire au sujet des pays du Maghreb, décentrer le regard, fuir l’orientalisme et le misérabilisme. Ceux qui s’attendent à lire une histoire de mariage forcé ou de violences faites aux femmes, etc, ne trouveront rien de cela dans mon roman. J’aime montrer une Tunisie moderne, instruite, qui a réalisé l’impensable, qui a probablement été à l’origine d’un changement de repères total dans le paysage politique de la région et peut-être même du monde. Je considère que cette révolution est sous-estimée dans les bouleversements qu’elle a provoqués dans le monde. Je tente de raconter dans L’odeur d’un homme, ce qu’elle a remué chez les Tunisiens-mêmes. J’y évoque les questions du régionalisme, des transfuges de classe, de l’amour, des traditions, du rapport à l’occident etc.
H.M – Fatma Bouvet de la Maisonneuve, comment êtes-vous arrivée à l’écriture à partir de la médecine et plus précisément de la psychiatrie ? Quel a été l’élément déclencheur voire le déclic qui vous a mis sur les bancs de la littérature comme façon d’agir ?
F.B.D.L.M – Avant d’écrire des fictions, j’ai écrit quatre essais autour de mon travail de médecin psychiatre et psychothérapeute, édités aux éditions Odile Jacob. Beaucoup, en lisant le dernier, Une Arabe en France, qui traite des conséquences psychiques du vécu en minorité de part et d’autre de la méditerranée, m’ont encouragée à écrire de la fiction, et cela a rejoint un rêve (j’ai toujours beaucoup lu et admiré les romanciers) et cette incitation m’a permis de raconter des histoires. J’entends tellement d’histoires dans mon cabinet qui font appel à tant de situations universellement partagées que j’ai toujours eu envie de les raconter. J’ai dans ma besace encore beaucoup de choses à écrire, mais je les radoucirai car la réalité est toujours pire que la fiction et je ne souhaite pas effrayer mes lecteurs mais les pousser à réfléchir autour des sujets qui me préoccupent.
H.M – Au niveau des titres des chapitres, vous avez choisi l’anglais et l'arabe et vous faites allusion dès le premier chapitre à la chanson « Yes we can » = « Oui, nous pouvons » qui avait inspiré le discours de Barack Obama et avait marqué la campagne présidentielle américaine en 2008, en affirmant qu’il s’agit d’un simple credo très condensé qui résume l’esprit d’un peuple et la vision optimiste de l’avenir d’un pays. En quelques mots courts et simples, parvenez-vous à toucher du doigt une projection d’une réalité tunisienne optimiste et prometteuse en ces temps de crise sociale et économique après plus de dix ans de la « Révolution du Jasmin » ?
F.B.D.L.M – Je dois avouer que je suis pour la première fois très très préoccupée par la période que la Tunisie vit actuellement. Elle est critique à la fois sur le plan politique social et économique, mais aussi sur le plan intellectuel : quelle société pour le pays, comment et avec qui comme leader (homme ou femme) ? Tout le monde n’a que cette question en tête. Il s’agit d’une question profonde puisqu’elle fait appel à des aspirations individuelles comme aux collectives. Jusque-là, je ne doutais absolument pas de la capacité de ce pays à se relever car il s’agit d’un peuple qui a toujours traversé les crises grâce aux consensus (il n’y a jamais eu de guerres civiles en Tunisie) et malgré la rudesse de la situation, je ne pense pas qu’il y en aura une. La jeunesse y est extrêmement active et créative, tout du moins celle qui reste. Mais la faim et la précarité augmentent bel et bien dans le pays et cela m’attriste mais atteint quelque peu mon optimisme. J’aurais vraiment souhaité répondre autrement…
H.M – You say you want a revolution est le slogan de votre deuxième chapitre. On sent la présence d’une cicatrice…mais très parlante sur le plan intellectuel, culturel, psychique, émotif. Est-ce bien tout cela qui participe à la construction de l’identité de l’écriture de Fatma Bouvet de la Maisonneuve ?
F.B.D.L.M – J’aime beaucoup votre question. Je pense que lorsque l’on a les possibilités de changer les choses afin de les rendre plus justes, chacun à son niveau doit agir. Personnellement, je ne conçois pas mon passage sur cette terre comme un passage passif. Non pas que je me sente dotée d’une mission, mais j’exerce un métier où ma matière est celle de l’humain au sens le plus brut du terme et je sais que les dysfonctionnements font souffrir des êtres humains, nos semblables. Alors, j’essaie de ne manquer aucune occasion de souligner ce qui fait mal et ce qui est mal fait, à mon sens. Cette révolution en Tunisie, nous la voulions, mais nous étions à mille lieux de penser qu’elle ait lieu, seulement impossible n’est pas tunisien. Nous l’avons faite. J’ai connu les dictatures de Bourguiba et de Ben Ali, et je sais l’oppression que l’on ressent sous une dictature. Un souffle de liberté était bien présent en 2011, mais s’en sont est suivies des séquences tragiques, comme les assassinats de figures politiques de gauche qui participaient au débat collectif, puis des successions de dirigeants qui n’ont pas su redresser le pays. Tous s’attendaient à de la politique autrement, mais nous avons singé les autres démocraties qui vivent elles aussi une défiance de la part de leurs administrés. Bref, nous apprenons qu’une révolution met du temps à aboutir, il faut donc être patients, même si l’on est très déçus.
H.M – Vous vous êtes engagée dans le combat féministe depuis des années. Quelle fut votre rencontre avec le féminisme ?
F.B.D.L.M – J’ai grandi dans une famille très politisée et très gauche et le féminisme faisait partie du logiciel de notre éducation. Le féminisme est pour moi un élément inséparable du combat pour les droits humains. À mon sens, il n’est efficace que s’il est porté par les femmes et nos compagnons hommes. Nous ne pourrons jamais arriver à la parité sans impliquer les hommes dans la réflexion.
H.M – Pensez-vous que le changement d’un régime politique est une action féministe et encore plus féminine dans la fiction que dans la réalité ?
F.B.D.L.M – Je pense, et je ne suis pas la seule, que le pouls d’un pays se mesure à l’accès de ses femmes à l’éducation et à la santé. Je pense également que de par leur statut d’individus ayant constamment à franchir des obstacles et ayant pour habitudes d’être multitâches, les femmes sont plus visionnaires que les hommes. Dans un contexte de changement politique, ce sont toujours les femmes qui risquent de perdre plus que les hommes. S’il n’y avait eu la mobilisation de la société civile féministe lors de la rédaction de la constitution d’après la constituante, les femmes seraient défavorisées, d’ailleurs elles se sont penchées sur tous les autres problèmes de discriminations. L’espérance de vie des femmes étant plus importante que celle des hommes, les électrices sont plus nombreuses que les électeurs mais les dirigeants n’en prennent pas encore conscience. Donc je crois que les responsables politiques actuels ont tort de si peu considérer les femmes dans leurs programmes. Un jour très prochain, cela changera. En attendant, les nombreuses séries télévisées qui représentent des femmes au pouvoir vont donner l’habitude de voir des figures féminines aux commandes c’est certain. Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui, même si dans la réalité, des femmes très courageuses dans le monde se jettent dans l’arène du machisme politique bien cruel, je l’ai expérimenté !
H.M – Comment portez-vous la voix de la Tunisie d’aujourd'hui avec toute la complexité de son actualité et avec votre posture binationale ?
F.B.D.L.M – Tout ce qui se passe en Tunisie me touche et me concerne au plus haut point. J’essaye d’en parler comme d’un pays en pleine ébullition, à l’image de l’Afrique entière. Une de mes préoccupations est de défaire les idées reçues, quelles qu’elles soient. Je profite donc de ce confort de connaître deux cultures pour défaire les clichés de part et d’autre de la méditerranée. Ma proximité avec l’imaginaire Français et celui du sud de la méditerranée me montre à quel point sans dialogue, les uns et les autres construisent des idées fausses au sujet les uns des autres. Je détricote sans cesse les préjugés.
H.M– Vos références les plus fréquentes sont des personnalités politiques comme Barack Obama, Jacques Chirac… et même issues de la culture américaine sans oublier de signaler que le registre politique domine votre roman. Pourquoi ces choix énonciatifs et quel message avez-vous voulu transmettre ?
F.B.D.L.M – La référence à Chirac se fait dans un contexte cynique, à l’image d’Inès, l’héroïne, au début du livre. Celle faite à Obama, moins. Le point de départ du roman est la révolution tunisienne, mais en réalité il s’agit d’une révolution intérieure. Je dirais que la révolution a été un prétexte pour moi de parler du lien que l’on a avec son pays d’origine : l’enfance, de parler des désirs d’une femme, de l’authenticité et de montrer la sensualité de ce pays. Je trouve que la Tunisie est un pays sensuel.
H.M – Le personnage féminin principal s’appelle « Inès ». Inès et Fatma sont-elles superposables et quelles sont leur référence majeure ?
F.B.D.L.M – Ce qui est le plus difficile et parfois même douloureux dans la fiction c’est de créer des personnages. Autant dans L’île aux mères, dont l’héroïne est Ève, que dans L’odeur d’un homme, où un des personnages principaux est Inès, j’ai choisi de rentrer dans la peau de personnes qui étaient à l’opposé de ce que je suis. C’est formidable comme voyage imaginaire, mais très difficile à transcrire et pourtant je passe ma vie à rentrer dans la tête des autres. Nous ne sommes donc absolument pas superposables, mais nous nous sommes retrouvées dans les mêmes situations sociales.
H.M – Êtes-vous comme Inès qui trouve « les Tunisiens hypocrites, faux jetons et roublards (…) en affirmant même qu’il s’agit bel et bien des « qualificatifs qui les unissent où qu’ils soient » ?
F.B.D.L.M – Oh non, pas du tout ! Et je m’érige constamment contre ces qualificatifs et ces généralisations à l’emporte-pièce. Absolument pas ! Je vois pas mal d’hypocrites et de roublards de toutes les nationalités. Mais je voulais mettre en scène là, la détestation de soi des gens du sud, qui est un sujet important dans ma réflexion.
H.M – Il y a aussi le mélange de plusieurs registres et langues. L’emploi des mots arabes minutieusement relevés du dialecte tunisien comme « jeddi », « Hamdoullah », « burnous », « l’ben » « L’Azouza » « couscous » est remarquablement marquant dans tous les chapitres. S’agit-il d’un travail recherché ou d’une écriture spontanée et naturelle ?
F.B.D.L.M – J’y tenais absolument car je constate qu’il y a un problème chez un certain nombre d’européens avec l’acceptation de la langue arabe. J’ai donc voulu l’imposer. Mon modèle d’écriture est Chimamanda Ngosi Adichi, qui, elle a su imposer les différents dialects nigérians dans ses livres. Il s’agit d’une volonté spontanée, disons spontanément recherchée.
H.M – Quelle a été l’importance de la coexistence de plusieurs cultures au sein d’une même société et quel est le rôle du métissage culturel et de la polyvalence dans votre carrière d’écrivaine ?
F.B.D.L.M. – Un rôle majeur à la fois confortable et difficile. Car il n’est pas aisé dans l’intimité d’une relation amicale de trouver des personnes sensibles aux deux humours, connaissant les classiques des deux cultures etc. Il est difficile de convaincre de sa bonne foi de ne pas vouloir faire le choix d’une culture par rapport à une autre, sans compter d’autres cultures encore que j’ai eu la chance de découvrir par mes voyages et qui m’inspirent. D’autre part, je me sens très forte de ces deux sensibilités et cela me permet de m’affranchir des codes. L’écriture m’a permis une liberté que je ne connaissais pas auparavant, la liberté étant une de mes quêtes de vie. J’ai déjà ressenti quelques formes de liberté, mais jamais celle de créer un monde. Alors s’il s’agit de créer un monde à deux voire à plusieurs voix, imaginez un peu ma jubilation !
_______
Pour citer cette entrevue illustrée & inédite
Hanen Marouani, « Fatma Bouvet de la Maisonneuve : “Le féminisme est pour moi un élément inséparable du combat pour les droits humains.” », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | Festival International Megalesia 2023 « Étrangères », « Frontières du vivant », « Lyres printanières » & Revue Orientales, « Les voyageuses & leurs voyages réels ou fictifs », n°2, volume 1, mis en ligne le 30 avril 2023. URL :
Les femmes d’aujourd’hui au regard des artistes, ouvrage de Barbara Polla Paru aux Éditions Slatkine à Genève avec une préface de Maïa Mazaurette
Barbara Polla est « une femme hors norme » pour reprendre le titre de l’un de ses livres, car elle est plusieurs femmes à la fois. Médecin, allergologue, poète, autrice prolifique d’une quarantaine d’ouvrages, personnalité politique suisse, elle est également galeriste ! Et c’est certainement dans l’art et dans ses rencontres avec les artistes qu’elle puise l’énergie qui lui permet de se renouveler en précédant le cours de son destin pour l’infléchir plutôt que de le suivre dans un rôle défini par les codes patriarcaux de la société.
Dans ce nouveau livre richement illustré et magnifiquement préfacé par Maïa Mazaurette qui annonce d’emblée la couleur « Car l’art des femmes peut déplacer mieux que des montagnes : des idéologies », on découvre le travail de bon nombre d’artistes contemporaines parfois inconnues ou méconnues que Barbara Polla met en lumière et fait entrer dans l’Histoire de l’art. Elle leur donne la parole dans une première partie qui évoque « la fluidité du genre » qui « cède la place à un sexe unique, jouissant, royal » lors d’une relation sexuelle fusionnelle. On songe au mythe de l’androgyne développé par Platon dans Le Banquet où trois espèces humaines sont évoquées, mâle, femelle, une troisième composée des deux autres et d’y trouver cette explication : « L’amour recoupe l’antique nature, s’efforce de fondre les deux êtres en un seul, et de guérir la nature humaine ». Avec humour Shannon Plumb, dont l’autoportrait apparaît en couverture de ce livre et qui se plaît à se travestir, note que dans « women », il y a « men » !
La solitude de la femme, mère, épouse, amante est un thème récurrent qui prend la dimension d’un « corps maternel » voire « cosmique » chez Caroline Tschumi en générant l’acte créateur. Le pouvoir des femmes est le pivot central de cet ouvrage, il est mis en scène par Dana Hoey dans ses photographies « face à la masculinité toxique ». Quant à Maryam Ashrafin elle nous donne à voir des guerrières !
Nul doute que Barbara Polla fait partie de ces battantes, voire combattantes avec ce quelque chose en plus qui la fait danser dans le poème de la vie quand elle cite Véronique Caye qui met « du rouge à lèvres pour les nuages ». On imagine bien que l’autrice joue dans cette même mouvance légère et aérienne de « l’érotisme mystique et poétique » .
Quant au chapitre dédié aux détenues, on comprend son acharnement à introduire dans les prisons ce souffle vital de liberté qu’apporte l’art, « Car en prison, il faut d’abord survivre ».
Mais l’art sous toutes ses formes d’expression, écriture, peinture, photographie, sculpture, n’est-il pas le dernier recours pour affronter ou apprivoiser sa propre mort ?
Barbara Polla de répondre à cette question essentielle en citant la phrase tranchante comme une lame de couteau de Pascal Quignard : « Les artistes sont des meurtriers de la mort ».
Pour appréhender cette « grâce qui est comme la pluie » dont parle Barbara Polla et les artistes qu’elle convoque, la réponse n’est autre que dans cette quête qui se confond avec elle-même. « Le but n’est pas seulement le but, mais le chemin qui y conduit », nous apprend Lao Tseu. Et Barbara Polla de nous offrir avec ce livre à nul autre pareil un chemin lumineux, celui des femmes en marche vers leur devenir et leur avenir. En donnant la parole aux créatrices, elle ouvre aux femmes la voie radieuse et éclairante de leur liberté.
Françoise Urban-Menninger, « Les femmes d’aujourd’hui au regard des artistes, ouvrage de Barbara Polla »,Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°13 | PRINTEMPS 2023 « (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices », mis en ligne le 27 mars 2023. URL :
Événements poétiques | Festival International Megalesia 2023 | 8 mars | Distinctions 2023 | Prix Poétiques de la SIÉFÉGP
Les Prix Internationaux, Poétiques &
Artistiques de la Revue Poéféministe
Orientales
Les Prix Internationaux, Poétiques & Artistiques de la REVUE POÉFÉMINISTE ORIENTALES de l'association SIÉFÉGP récompensent des œuvres et créations poétiques & artistiques individuelles ou collectives en français ou dans une autre langue, éditées sur n'importe quel support en France ou ailleurs dans le monde des autrices et artistes. Ils sont attribués publiquement le 8 mars de chaque année durant la JOURNÉE INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES afin de célébrer l'apport poétique et artistique des personnes dites orientales et orientalistes* à la poésie, aux arts et aux droits des femmes et personnes LGBTQ+, non binaires, neurodiverses, valides ou non. Ces distinctions sont décernées à des personnes physiques ou morales qui n'appartiennt pas au Conseil Administratif de l'association SIÉFÉGP, ont été créées en décembre 2022 par la Présidente de la SIÉFÉGP D. Sahyouni. Elles sont basées sur des propositions de la part des membres de l'association, ses périodiques ou du lectorat, et peuvent être attribuées à titre posthume. Ces distinctions sont octroyées pour la première fois cette année :
Attestation officielle
Crédit photo : Couronne de lauriers, domaine public.
Société Internationale d'Études des Femmes
& d'Études de Genre en Poésie (SIÉFÉGP)
Grenoble le 8 mars 2023
La Présidente de la SIÉFÉGP a l'honneur et la joie de
1 — gratifier à titre posthume et pour l'ensemble de leurs œuvres orientalistes et d'orientales les artistes Adrienne JOUCLARD et Josette SPIAGGIA, les femmes de lettres Isabelle EBERHARDT, Mariana MARRACHE et May ZIADÉ suivant la décision du Conseil Administratif qui leur a décerné les Prix Internationaux, Poétiques & Artistiques de la Revue Poéféministe Orientales de l'association SIÉFÉGP ;
2 — annoncer aux personnes morales et physiques : les artistes des « Expositions Habibi, les révolutions de l'amour » de l'Institut du Monde Arabe, le mouvement pour la liberté des sœurs Iraniennes « Femme, Vie, Liberté », le compositeur MIKA (pour la musique du film « Zodi & Tehu, frères du désert » et les femmes de lettres Mona AZZAM, Hanen MAROUANI (pour leurs œuvres « Le sablier des mots » et « Tout ira bien » parues respectivement aux Vibration Éditions et Éditions Le Lys bleu) que le Conseil Administratif leur a décerné les Prix Internationaux, Poétiques & Artistiques de la Revue Poéféministe Orientales de l'association SIÉFÉGP et leur adresse ses sincères félicitations.**
Signature de la Présidente
Dina SAHYOUNI
* Rappel utile : tous les Prix internationaux de l'association SIÉFÉGP visent l'égalité et l'équité des droits et sont par conséquent inclusifs.
** Chaque personne lauréate (ou sa représentante) a, du 8 mars 2023 au 8 mars 2024, la possibilité de demander par voie électronique ou postale à la revue Le Pan Poétique Des Muses de publier une page individuelle de sa distinction annoncée ci-haut.
***
Pour citer cet avis de distinctions
SIÉFÉGP, « Les Prix Internationaux, Poétiques & Artistiques de la Revue Poéféministe Orientales», Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | Festival International Megalesia 2023 « Étrangères », « Frontières du vivant » & Distinctions 2023 «Prix poétiques de la SIÉFÉGP du 8 mars », mis en ligne le 8 mars 2023. URL :
LE SITE « PANDESMUSES.FR » DEVRA BASCULER EN HTTPS DÈS LA FIN DE SA MAINTENANCE ET LE COMPTAGE DE SES PAGES À ACTUALISER. CELA PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE AURA AUSSI UN THÈME GRAPHIQUE UN PEU DIFFÉRENT DU THÈME ACTUEL. POUR UNE MAINTENANCE À COMPTER DU 20 OCTOBRE 2023. CETTE OPÉRATION POURRAIT PERTURBER VOIRE RALENTIR LA MISE EN PAGE DE NOUVEAUX DOCUMENTS. MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.
LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm) REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE ET MULTILINGUE DE POÉSIE ENTRE THÉORIES ET PRATIQUES VOUS ADRESSE SES MEILLEURS VŒUX POUR L’ANNÉE 2025 ! Crédit photo : Chen Shu ou Chén Shū (1660-1735, artiste-peintre chinoise), « Beautiful...
LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm) REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE ET MULTILINGUE DE POÉSIE ENTRE THÉORIES ET PRATIQUES VOUS PRÉSENTE SES MEILLEURS VŒUX POÉTIQUES POUR LES FÊTES DE FIN D'ANNÉE 2024 ! Crédit photo : Marie Stillman (1844-1927), « The Rose...