Le monde marche sur la tête ! Alors qu'il faut couvrir sa poitrine pour entrer dans un musée comme ce fut le cas au Louvre ou s'abstenir d'allaiter en public pour ne pas offusquer certains esprits atteints de pruderie, la Fédération européenne de handball (EHF) déclare que « les joueuses doivent porter des bas de bikini (…) ajustés et échancrés » en ajoutant que « les côtés doivent être longs d'un maximum de 10 cm » !
À qui profite ce règlement ? On peut légitimement se demander si l'objectif n'est pas pour ces messieurs de se rincer l'œil à moindre frais !
Les joueuses de l'équipe norvégienne, « ayant boudé » ce règlement ridicule, ont dû s'acquitter chacune d'une amende de 150 €, soit 1500 € pour toute l'équipe…
Bien évidemment, le short que les jeunes femmes ont arboré lors d'un match s'est révélé bien plus pratique qu'un bikini, hélas les machos ont encore frappé en s'appuyant sur un règlement qui fait davantage la part belle aux voyeurs qu'aux authentiques amateurs de sport !
À nous de dénoncer comme la Norvège cet abus de pouvoir en montant derechef au filet !
Françoise Urban-Menninger, « Bikini réglementaire pour les championnats d'Europe de Beach-Handball !!! », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°16, mis en ligne le 24juillet 2021. Url :
Agrégée de lettres classiques et professeure de chaire supérieure, Paule Andrau a longtemps enseigné la littérature avant d'écrire « le temps venu » et de prêter sa voix à toutes les femmes qui sont entrées dans sa vie « – femmes du réel, des livres, de l'Histoire, des faits-divers, des films, des rêves – et qui n'en sont jamais ressorties ».
Ces femmes ont toutes en commun leurs désillusions dans un monde fait par et pour les hommes. Dès la naissance, les femmes appartiennent « au peuple de la fente », ce qui leur vaut d'être de l'autre côté des mots, à savoir celui de l'indicible et de l'inaudible.
C'est justement cet « indicible » que Paule Andrau nous donne à entendre à travers des bribes de destins qui brisent le miroir des apparences et de la trop confortable bien-pensance.
Sans fausse pudeur, l'auteure aborde le tabou des « menstrues » et revient sur les années 50 ou 60 où les serviettes jetables n'existaient pas. Ces dernières en tissu, retenues par une ceinture, marquaient avec les saignements le passage obligé pour devenir une vraie femme avec tout ce que cela incombait et incombe encore aujourd'hui. Le mariage, les enfants, les relations sexuelles qui finissent par devenir « un devoir conjugal » quand la routine a remplacé le plaisir… Quant à celle qui a réussi, souvent elle cumule son emploi et les charges familiales et domestiques ! Arrivée à la cinquantaine, la femme usée se retrouve « pauvre, vieille et laide » alors que l'homme peut tout recommencer !
Ces femmes dont les destins se fondent dans celui d'une « matrice universelle » partagent une douleur ancestrale, intemporelle. Car que reste-t-il aux femmes qui ont tout donné ? À celles qui ont abandonné leur emploi pour se consacrer aux tâches ménagères, à leurs enfants, leur mari ? L'envie de partir et de tourner la page leur semble impossible.
Alors l'une d'entre elles sombre dans l'alcoolisme pour noyer sa désespérance, une autre tente de mettre fin à ses jours en traversant une verrière…
Une autre encore nous parle d'outre-tombe après avoir été violée et massacrée avec deux de ses amies par « deux brutes épaisses ». « Oui je suis morte mais je hurle » et plus loin « je hurle pour moi et pour elles, pour nous qu'on a retrouvées au bout de huit jours, mal enterrées dans un bunker de la côte abandonné aux sans-abris ».
Ce hurlement de l'au-delà, Paule Andrau nous le restitue à travers le sang des mots qui coule entre les lignes. Ce sang, c'est celui aussi de cette enfant de quinze ans violée quotidiennement par son employeur et qui finit par le tuer en provoquant un accident.
Ce sang, c'est celui encore de cette jeune Malienne qui découvre un jour qu'elle a été excisée « Mutilée, je suis mutilée, je suis une autre », crie-t-elle.
C'est aussi l'évocation du procès d'un père violeur au cours duquel la question lapidaire posée par l'avocate ne peut laisser le lecteur indemne, le livre refermé : « Que faire contre le sceptre turgescent du père ? »
Nul doute que Violence(s) de Paule Andrau est un livre-cri qui fulgure dans le silence encore et toujours assourdissant qui accompagne les violences faites aux femmes. Car même si l'on parle aujourd'hui de ce sujet trop longtemps tu, cela reste « un sujet » qui fluctue au fil de l'actualité, un fait-divers chassant l'autre, égrenant à l'infini la kyrielle des violences ordinaires infligées aux femmes car elles sont femmes !
Seule une femme pouvait écrire ce livre lumineux car c'est dans son propre corps que l'auteure a su écouter les voix de toutes ces femmes qu'elle porte en elle. Elle en a accouché sur la feuille blanche et s'est jointe à leur chœur en affirmant fièrement « Et c'est ça notre force, notre irréductible pouvoir de vivre : la conscience de porter en nous les origines de tout. La conscience d'être la vie ».
Notice supplémentaire
À l'heure où je viens de clore cet article, j'apprends que deux jeunes femmes viennent d'être assassinées par leurs compagnons, l'une a été poignardée, l'autre a succombé sous des coups de marteau….
Les commentaires sont inutiles si ce n'est le conseil réitéré de lire « Violence(s) » de Paule Andrau, un ouvrage majeur dans la compréhension de ce « continent sinistré » où les femmes n'ont plus de nom.
Françoise Urban-Menninger, « Violence(s) de Paule Andrau, un livre choc qui paraîtra le 10 septembre aux Éditions Maurice Nadeau » texte inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique|Megalesia 2021 & N° 10 | Automne 2021 « Célébrations », mis en ligne le 26 mai 2021. Url :
Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.
Table de Megalesia 2022 Édition du 1er avril au 15 juin* Festival International & Multilingue des Femmes & Genre en Sciences Humaines & Sociales En partenariat avec la Société Internationale d'Études des Femmes & d'Études de Genre en Poésie (SIÉFÉGP)...
Événements poétiques | Concours Féministes | Festival des poésies féministes 2021 | Recueil | Poésie féministe pour éliminer les violences faites aux femmes Pour que cesse !! Nouria Diallo-Ouedda Crédit photo : Mimosa rouge de l'été.jpg", image Wikimedia,...
Événements poétiques | Festival International Megalesia 2022 | I. Le merveilleux féerique au féminin | Poésie des aïeules/Astres & animaux La fleur & la fée Zoé Fleurentin (1815-1863) Poème choisi & transcrit par Dina Sahyouni Crédit photo : Rose sous...
Événements poétiques | Festival International Megalesia 2022 | Poésie des aïeules/ Philosophies & sagesses en poésies Scepticisme Zoé Fleurentin (1815-1863) Poème choisi & transcrit par Dina Sahyouni Crédit photo : "Terracotta statuette of à draped goddess",...
Événements poétiques | Festival International Megalesia 2022 | I. Le merveilleux féerique au féminin | Poésie des aïeules/Astres & animaux | Travestissements poétiques La nature Zoé Fleurentin (1815-1863) Poème choisi & transcrit avec un commentaire par...
Événements poétiques | Festival International Megalesia 2022 | II. Le merveilleux féerique féministe | Florilège & Recueil de nouvelles de Dicé | Avant première Astarté l’immortelle Mona Azzam Crédit photo : la déesse "Astarté l’immortelle ", Commons,...