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J’écris pour transformer le monde,
donner à voir un monde meilleur.
J’écris par impuissance, pour ne pas figer les faits
Ou au contraire, les fixer une fois pour toutes,
Une fois pour tous, une « foi » n’est pas coutume.
J’écris pour poétiser un monde, qui ne me convient pas.
J’écris par désespoir, dans l’espoir de réparation.
J’écris à cause du décalage, qui ne se comble pas.
J’écris pour gérer le manque, parce que ça déborde.
J’écris pour ne pas crier, et pour ne pas plier.
Les larmes ont un écho grâce à la feuille pleine.
L’écrit est un cri, le pli livre un message.
Il est une délivrance. Un bébé bien portant.
L’acte pallie le vide, le néant, le laissé pour compte.
Et pour conte, une offrande, un poème, un roman.
J’écris pour la beauté, envers et contre tout.
J’écris pour contrer le sordide, la douleur et l’injustice.
J’écris pour exister, et ne plus me cacher.
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Je peins pour retrouver la couleur de l’enfance.
Celle des champs perdus et du chant retrouvé.
Je peins pour la caresse, la touche, l’effleurement
Ceux que j’imagine sur mon corps et mon cœur.
Je peins pour enjoliver les âmes et les esprits.
Pour rappeler les merveilles de ce qui nous entoure.
Je peins pour la conscience
Car si de tout temps, l’époque a été dure,
Nous avons le choix de regarder la lune,
le ciel et puis la Terre, la Splendeur éternelle.
En quête de cette lumière toujours à nous offerte,
c’est un juste retour de reconnaître le Beau.
Je peins pour l’évasion. Le trait rend plus serein
La forme est une enveloppe dans laquelle je suis bien.
Je peins pour éveiller en nous la part sensible,
sans quoi nous ne sommes rien. Avec elle, nous sommes Un.
La conscience des Hommes passe par l’émotion
Celle-là même que j’aime suggérer sur ma toile,
une toile de fond qui est un paysage,
un cadre, une rosée, une chemise, un pan de vie.
De ce côté du monde, on célèbre encore
Chez l’artiste, toujours, la vérité se dévoile.
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Je chante et je compose pour imaginer
ce qui aurait pu être et ce qui est peut-être
chez certains, ou sinon, qu’on se l’approprie
ce son des sentiments, de l’amour, des aveux !
La musique ancienne, nouvelle, endiablée,
classique ou bien moderne, aux textes fluctuants
parlés ou déclamés, ascendants, descendants
est le reflet de Nous, êtres fragiles et forts,
êtres luttant sans cesse pour le gain de nos causes.
Mélodies, harmonies accompagnent le geste.
La voix, ses variations portent en elles tout un monde.
Au moindre trouble, la voie se voile.
Au moindre émoi, elle s’enroue.
Parfois elle se tait. Se retire, dans ses cordes.
La voix et la voie, étranges homophones.
Dans l’humeur des saisons, l’âge se ternissant,
elles changent et vibrent tel un évident symbole.
Je chante et puis je ris ou souris, c’est selon.
Je chante la vie belle et pure et transcendante.
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Je fige et immortalise l’instant à retenir.
Le cliché me rappelle que je suis bien vivante,
dans un moment que j’aurais oublié
si je n’avais pas pris la photo qui raconte.
Elle narre le lieu mais surtout la lumière,
le mouvement du vent, l’expression sans frontière.
Elle survit à l’âge, aux guerres, aux tendances.
Mémoire et souvenir, elle montre la route.
Elle est une étape dans la course du jour,
elle est une étoile au fin fond de la nuit.
Elle se veut descriptive ou dénonce soudain.
Elle rappelle l’ancien, fête une rencontre,
une alliance, un ennui, avec des personnages,
ou se veut le reflet, comme une transparence,
d’un panorama, d’une situation.
Elle calque au présent, se compare au passé,
se veut la promesse d’un avenir parfait,
ou par jeu de lumière, comme des éclairs,
elle irradie et brûle ce que l’on ne veut plus.
La photo participe à l’esthétique des villes,
consacre la nature, notre monstre sacré.
Je crée parce que je n’ai peut-être pas d’autre choix,
sinon, je serais autre, boulimique, compulsive
ou bien hyperactive dans un autre domaine,
voire addict à quelque drogue
La mienne, c’est être artiste.
La littérature, la peinture, la musique, la photo,
Tout cela m’a sauvé la vie.
©Sarah Mostrel
https://sarahmostrel.wordpress.com