Dans sa nouvelle exposition, qu’elle intitule « jetlag », décalage horaire, Bénédicte Bach affronte la cinquantaine en se mettant en scène, n’hésitant pas à déconstruire certains tabous sur le mode de l’autodérision mais toujours dans des images oniriques empreintes de poésie qui subliment le corps au féminin dans ses métamorphoses.
C’est dans la baignoire de sa salle de bains qu’elle se donne à voir ou plutôt dévoile des fragments de son corps enveloppé dans une deuxième peau en cuir coloré bleu, rouge, vert en provenance des tanneries Haas. Bénédicte Bach assume sa mue, elle change de peau au propre comme au figuré, des autoportraits, dans un flou qui brouille son identité, la « re-présente » dans le sens d’une renaissance qui ne cesse de la remettre au monde. Le moi s’y dissocie en quête de l’autre, « je est un autre », dit-elle en citant le poète Arthur Rimbaud.
Le désir s’invite dans les 24 photographies de l’Et(r)einte où l’artiste évolue dans cet entre-deux où Éros et Thanatos mènent la danse en s’entrelaçant dans une poésie iconographique.
Dans sa salle de bains qui lui sert de studio, Bénédicte Bach réalise des vidéos qui ont partie liée avec la fuite du temps, « Schrödinger le dernier quantique » nous délivre la quintessence du mouvement perpétuel qui s’écoule à travers un sablier inversé en donnant de « l’épaisseur au temps », selon ses dires.
Dans un bain de livres où elle s’enlise, l’artiste se plaît à « Jouer sur les mots » comme l’indique le titre du livre qu’elle tient entre ses mains. Nul doute que la photographe se livre et peut-être se dé-livre sous les couvertures de ses livres….
Sur le petit autel où elle a rassemblé quelques objets fétiches qui lui parlent d’elle et la rassurent, on trouve des grappes de raisin desséchées mais aussi une coupe où des tampons imprégnés de vin rouge évoquent avec humour le sang menstruel qui rythme les cycles de la vie d’une femme. Une vidéo intitulée « Jusqu’à la lie » lève le tabou des règles et même « Si la fête est finie », la ménopause ouvre aux femmes une nouvelle ère de liberté enfin retrouvée !
Les titres des livres que la photographe expose comme celui de Milan Kundera « La fête de l’insignifiance » nous convient à entrer dans le monde enchanté et décalé de Bénédicte Bach telle Alice dans celui du Pays des Merveilles car la quête de soi passe par la découverte de l’autre en soi qui palpite sous la peau des mots.
Quand on plonge au fond de soi et que l’on explore son entité, voire sa féminité, c’est l’autre, désinhibé, qui se met à parler et à déchirer le voile réducteur imposé par la société Nul doute que Bénédicte Bach met son âme à nu, elle la théâtralise dans un voyage intérieur qui s’apparente à un lumineux et éclairant parcours initiatique.
Pour citer cet article artistique, poétique & inédit
Françoise Urban-Menninger, « La photographe Bénédicte Bach se prend comme sujet » avec des photographies de l'artiste Bénédicte Bach, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 15 | AUTOMNE 2023 « Poétiques automnales », volume 1, mis en ligne le 2 décembte 2023. URL.
Fatma GADHOUMI (Fatmina) est née le 16 août 1988. Artiste peintre et ingénieure. Elle décrit son univers artistique par ces propos : « Je crée un univers enchanté, qui s'inspire des visions du paradis, de l'enfer et de la psyché humaine. En ce temps de crise, mon art cherche à guérir l'âme du monde et non uniquement à exprimer les névroses et l’absurdité de la condition humaine. Ma mission est d’offrir au monde un message de sagesse, d’amour et de beauté, une porte vers une autre réalité où on parle d’Humain, en faisant abstraction de l’âge, du sexe, de la religion…, un voyage où le spectateur est amené à ressentir l'expression du sujet, mais aussi est invité à trouver sa propre perception de cette réalité, un univers où on chante une symphonie de couleurs et de formes idéalisées, et d'Amour. »
المنمنمة الفارسية ليست تصورا لما تراه عيوننا بل هي رسم لما تعيه قلوبنا، هي رسم لعالم من النور : اذ ان الرسومات
تعتمد على صبغات من الذهب و الفضة ( في الاصل استعمل المنمنمة الفارسية الاحجار الكريمة ايضا)
« En associant Héritage, Art et Culture, notre association Abbas Moayeri : Héritage, Art et Culture, a pour ambition de promouvoir en France, l’art de la Miniature Persane à travers l’œuvre d’Abbas MOAYERI et l’enseignement qu’il a transmis.
Elle assure l’organisation d’expositions, d’enseignement et de toutes autres activités assurant la promotion de la Miniature Persane et d’activités culturelles et artistiques plurielles. »
Abbas Moayeri, un nom qui résonne dans le monde de l'art et de la culture. Plus qu'un maître d'art et un grand maître de la miniature persane, c'est un Homme dont le talent et la passion ont illuminé notre vision du monde. Avec sa maîtrise exceptionnelle des techniques de la miniature persane, il nous a transportés dans un univers magique, rempli de détails exquis et d'histoires envoûtantes. Sa contribution remarquable à l'art traditionnel et son dévouement à préserver cet héritage précieux en font une figure incontournable de notre époque. Laissez-nous vous raconter l'histoire captivante de cet artiste exceptionnel et vous inviter dans son monde artistique extraordinaire.
Qu'est-ce qu’est la miniature ?
« Dans un monde islamique où la figuration / l'image est interdite, le peintre crée un monde intérieur, qui n'est pas dans l'imitation du visible (à ses yeux), mais dans la révélation du réel. Tout ce qu'on voit, ce qu'on croit appréhender, ce qu'on croit comprendre n'est qu'une image déformée par nos biais de subjectivité. Le miniaturiste crée une réalité du cœur qui se substitue à la réalité des yeux.
Les traditions sacrées telles que l’art de la miniature sont des réservoirs prodigieux des métaphores du mystère. Elles font entrevoir la source, la rencontre avec le miracle, la seule et unique expérience qui exprime aux yeux de l’homme le drame de la création.
L’apparence de l’illustration n’est donc pas l’enveloppe du mystère, mais le signe de sa possibilité. Mani, le peintre « Messager » persan, fondateur de la religion manichéenne au 3ème siècle, utilisait ce moyen pour propager sa doctrine.
Selon la tradition manichéenne, l’art pictural est le reflet d’un monde invisible dont les artistes matérialisent la pureté et la lumière par une utilisation abondante de métaux précieux.
L’expérience de l’Islam a, certes, provoqué de grands changements mais n’a point interrompu l’évolution de cet art. La peinture persane est avant tout la logique des formes et des couleurs, rassemblées dans un certain ordre. Le sujet n’est qu’un prétexte au miniaturiste pour exposer à travers la pureté des formes et des couleurs, sa conception mystique du monde et de la nature.
Les miniatures sont généralement exécutées sur une structure préétablie : la spirale, qui organise au mieux l’espace. La composition devient alors aussi belle, aussi musicale et mathématique que possible.
La spirale est en quelque sorte la représentation du microcosme par rapport au macrocosme. C’est aussi le mouvement de la montée de l’homme vers le ciel.
En ce qui concerne la technique de la miniature persane, elle repose sur le dessin, la dorure et l’emploi de l’argent. Les différentes parties de la scène se passent apparemment sur le même plan ; pourtant les figures proches sont peintes en bas de la page et celles qui sont loin, à la bordure supérieure. Les couleurs ne sont définies que par leur valeur dans la structure générale. Leur place est déterminée au profit des nécessités autonomes des formes et de leur impact dans l’ensemble de la miniature. »
Fatma Gadhoumi
Pourquoi la miniature persane ? Le peintre crée un monde intérieur, qui n'est pas dans l'imitation du visible (à ses yeux), mais dans la révélation du réel. Tout ce qu'on voit, ce qu'on croit appréhender, ce qu'on croit comprendre n'est qu'une image déformée par nos biais de subjectivité. Le miniaturiste crée une réalité du cœur qui se substitue à la réalité des yeux, et s'inspire notamment de récits mythologiques fantastiques et de poèmes. La miniature est alors, non seulement une image, mais aussi une "Poésie Spirituelle".
Comme disait le Petit prince : « L’essentiel est invisible aux yeux ».
Dans un monde rongé par le capitalisme, la recherche de la conformité, l’absence de sens,
Dans un monde obnubilé par les apparences et les images véhiculées par les médias, et où nous sommes confrontés depuis quelques mois à une guerre contre un ennemi invisible, nous nous sommes données une mission :
Celle de nous libérer, renoncer à la certitude du monde sensible (le monde des réalités que nous percevons par nos sens), et sonder, avec nos peintures, notre monde intelligible - au sens platonicien - où règnent la beauté, l’harmonie, la lumière et l’Amour.
“Il n’y a pas plus de vérité à l’extérieur qu’à l’intérieur du monde que j’ai créé pour toi” The Truman show.
La technique de la miniature, riche en symbolique, libre de toute contrainte de ressemblance à la réalité visible (pas de perspective, pas de réalisme de couleurs ni de formes), était notre cheval de Troie en ce moment historique de retranchement et de recueillement. Nous créons des images poétiques qui interrogent et reflètent l’atmosphère onirique d’un monde enchanté.
Dans certaines sociétés contemporaines, les mariages forcés / arrangés demeurent le quotidien des femmes dans plusieurs cultures. La femme est kidnappée par un homme cheval, sous les yeux clos d’une société obnubilée par la matière, vide de sens, vivant dans le paraître.
L’artiste Fatma Gadhoumi a précisé à propos de cette miniature : « J'ai dessiné cette miniature après avoir lu le poème du poète égyptien Youssef Abd-Errahman (Il s'agissait d'une critique de la dictature et du retour du régime militaire en Egypte, après la révolution de 2011, et le printemps arabe.)
La tyrannie est fondée sur cinq (5) piliers et ces cinq (5) piliers de la tyrannie sont comme suit :
بُنِيَ الطُّغْيانُ على خَمْسِ
تَقْديمُ الذَّيْلُ على الرَّأْسِ
تَخْدِيرُ الحَاضِرِ بالأَمْسِ
توزيع الخوف مع اليَأْسِ
تَقْدِيسُ الشُّرْطَةِ والعَسِّ
وبَقَاءُ الجَحْشِ على الكُرْسِي
Elle a encore ajouté : « J’ai été inspirée par ce vers le 5ème pilier ; la Mule qui reste assise sur le trône. Cette miniature est une dédicace à tous les tyrans, les dictateurs, les gourous, et les religieux qui se remplissent le ventre, et s’assoient sur l’âne qu’est le peuple résigné.
À force d’accepter, le peuple / populace se transforme en un âne, et le gouverneur en dictateur. Mais la tyrannie n'est pas uniquement la tyrannie d'un dictateur ou d'un supérieur. Il s'agit d'abord de la tyrannie de notre égo hypertrophié (surtout avec les réseaux sociaux et les média). Ce narcissisme démesuré coupe chacun individu de la dimension collective de son existence. (Nous n’existons, en tant que personne singulière, qu’à travers le groupe qui nous précède et qui nous permet d’être ce que nous sommes). Par conséquent, en perdant la dimension collective, nous affaiblissons le sens de l’engagement politique et nous renvoyons chacun à sa responsabilité individuelle, ce qui est la meilleure façon de ne rien changer du tout.
« Il s'agit de l'image que j'ai des extrémistes religieux, qui implorent le vide, et qui n'osent pas/veulent pas regarder la vie réelle. Même dans cette symphonie de couleurs et de lumière qu'est la miniature persane, je vois ces religieux comme des vieillards fatigués, qui connaissent plus les lois du Ciel, que celles des Humains.
Elle a ajouté « Vieillirn'est pas d'avoir un an de plus, mais c'est avoir un rêve de moins. Ces vieillards ne sont vieux que parce qu’ils vivent dans les écrits moyenâgeux. »
En hommage au combat des femmes dans leur lutte pour un monde plus juste. J’ai mélangé des lettres arabes et lettres persanes qui entourent en halo la femme qui se fait étrangler par son dragon. Le dragon qui symbolise le soi et l’ego.
مع بيت لأبي القاسم الشابي الشاعر التونسي
إذا الشعب يوما أراد الحياة، فلا بُدَّ أن يستجيب القدر
« Au cœur de cette miniature, une femme, nue et vulnérable, lutte contre un dragon orange, incarnation de l'oppression. Son visage irradie la détermination face à un patriarcat implacable, tout cela dans le doux berceau d'un utérus bleu. Dans cette lutte, nous ne sommes jamais seuls. Tout autour de cette scène, des mots en or, à la fois en arabe et en persan, tissent un langage de résistance, donnant voix à la collectivité des femmes persanes et arabes. »
Le poème arabe de Abu Al-Qasim Al-Shabbi, "Quand un peuple aspire à la vie, le destin se doit de répondre" résonne dans chaque trait de cette œuvre. Il évoque la quête universelle de la vie et de la liberté face à un destin implacable.
Au centre de la toile, trois mots persans brillent comme des étoiles : "زن، زندگی، آزادی" (femme, vie, liberté). Ils symbolisent notre combat commun pour une existence libre.
Cette œuvre transcende les frontières culturelles, unissant le monde par sa créativité qui brise les chaînes de l'oppression. »
Et pour terminer avec nous en toute beauté, Fatmina a levé son slogan de toujours : « Ensemble, répondons à l'appel de la vie. »
Lien web permettant l'accès à la page de l’Association Abbas Moayeri Héritage Art et Culture a été créée suite au décès de l'artiste Ostad Abbas MOAYERI par ses disciples :
Hanen Marouani (texte), « La miniature persane et la poésie visuelle » avec des photographies fournies & œuvres artistiques par Fatma Gadhoumi, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 15 | AUTOMNE 2023 « Poétiques automnales » & Revue Orientales, « Conteuses orientales & orientalistes », n°3, volume 1, mis en ligne le 30 novembre 2023. URL. http://www.pandesmuses.fr/orientalesno3/no15/hm-miniaturepersane
Mise en page par Aude
Dernière modification mineure apportée à ce texte par les autrices date du 2 décembre 2023.
La présence de l’animalité en l’homme nous interroge car elle cohabite avec cet obscur qui a partie liée avec notre inconscient, voire avec notre atavisme si l’on songe à la théorie de l’évolution des espèces développée par Darwin. Autant dire, que notre animalité nous questionne dans notre peur de l’altérité et de l’étrangeté qui mettent à mal notre cartésianisme.
L’homme se définit en tant qu’être doué de pensée et de langage par opposition à l’animal et pourtant le concept d’animalité se trouve au coeur du vivant dans un langage qui nous déconcerte car il appréhende l’indicible.
Dans l’exposition présentée chez Sandra Blum, les photographies de Tina Merandon brouillent les frontières entre l’humain et l’animal. L’artiste explore, à l’instar de Lewis Carroll, le monde de l’enfance en lien avec l’animal, nous invitant comme Alice, à passer de l’autre côté du miroir où l’image révèle l’autre en soi.
Le corps, thème de prédilection de la photographe, se prolonge dans la fusion de celui de l’enfant avec celui de l’animal, générant la féerie et l’enchantement d’un rêve éveillé mais aussi l’émergence d’une part d’ombre qui sommeille en chacun d’entre nous.
N’oublions pas que le sens premier d’anima renvoie au souffle, à l’âme, et c’est bien cette lumière intérieure que l’on pressent en regardant les photographies de Tina Merandon.
La petite fille au manteau rouge, tenant un petit-duc à face blanche dans une main, retient notre regard en intériorisant le sien, alors que le hibou avec ses yeux ronds semble fixer et éterniser l’instant.
Ces jeux de regards entre l’enfant et l’animal, dans un corps à corps où l’on découvre un chat escaladant le dos d’une jeune fille allongée sur le ventre, où encore cette image d’une beauté et d’une poésie onirique à couper le souffle, nous donnant à voir des agames barbus d’Australie explorant le corps d’une jeune femme, renvoient indéniablement à ce lieu perdu où, selon le poète Yves Bonnefoy, s’enchevêtrent les racines de l’être.
Nul doute que Tina Merandon insuffle un supplément d’âme à ses créations d’un lyrisme envoûtant qui trouve son écho dans le paradis perdu de l’enfance et de notre inconscient.
Dans la série des petites danseuses, la photographe chorégraphie le mouvement de jeunes adolescentes, elle nous en restitue l’énergie et la grâce qui transcendent les images dans une gestuelle colorée et lumineuse, qui emporte notre imaginaire dans cette ode à la vie qui n’est pas sans rappeler la magnificence de l’œuvre de Matisse.
La grande photographe Tina Merandon expose actuellement deux séries de ses œuvres à la galerie Sandra Blum à Strasbourg. À consulter également le Site de d'Art contemporain de la Galerie Sandra Blum, URL. https://www.galeriesandrablum.fr.
Fondée en 2020 à Strasbourg et après un an d'itinérance, la galerie s'est installée dans un bel appartement du XVIII ème siècle au 6, rue des Charpentiers à Strasbourg. Notre mission est de...
Pour citer cet article éco-artistique illustré & inédit
Françoise Urban-Menninger, « Bondir et rêver à la galerie Sandra Blum à Strasbourg avec la photographe Tina Merandon » illustré par un reportage photographique par Claude Menninger, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :N° 15 | AUTOMNE 2023 « Poétiques automnales », mis en ligne le 2 novembre 2023. URL :
LE SITE « PANDESMUSES.FR » DEVRA BASCULER EN HTTPS DÈS LA FIN DE SA MAINTENANCE ET LE COMPTAGE DE SES PAGES À ACTUALISER. CELA PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE AURA AUSSI UN THÈME GRAPHIQUE UN PEU DIFFÉRENT DU THÈME ACTUEL. POUR UNE MAINTENANCE À COMPTER DU 20 OCTOBRE 2023. CETTE OPÉRATION POURRAIT PERTURBER VOIRE RALENTIR LA MISE EN PAGE DE NOUVEAUX DOCUMENTS. MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.
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