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Brûlée vive
Tu réclames sans cesse, réclames que ça s'arrête, qu'au débotté les ombres crient ton nom, crient ton nom, même sombre, même sans beauté, tu veux que Dieu épelle ton aube, qu'il épelle ta mémoire, ton décor
Tu veux que la nature entière s'interrompe dans son être pour entorser son règlement et t'offrir un bic indolore et des idées sans accalmie
Tu veux des prêtres d'horizon pour consoler tes soirs de brumes et l'écume de tristes pensions à dire quand ton cœur se consume
Tu chantes que tu voudrais Le voir et Le sentir mais ne consens pas à la foi, tu vois son trône figurer sur le vitrail de ton mépris
Tu sens son souffle en rêve et voudrait l'équation du ciel, des étoiles de rumeur pour tapisser tes intérieurs
En guerre, tu te déguises en flammes seules, tu satines tes boucliers et aiguises tes solitudes
En guerre, tu soignes le calme de tes lèvres et panses tes plaies métisses dont tu crèves
Tu es une mer et ta musique repeuple la grève
Toi : lumière fidèle parmi tous les amas de chaire fidèle
À la pluie, à ta forge
À tes blés, à tes orges
Fidèle à ton point de mire, à ton rêve-étalon, aux symphonies que tu suintes, aux parfums de tes craintes
Tu es un après-midi de sieste après l'amour
Tu es une bibliothèque de paradis de secours
Tu es un rire
Tu es une marge, un interstice
Une blessure faite à la lumière
Mais pourquoi étouffes-tu les colombes dans les nids cachés de ton cœur de gamine ?
Où vas-tu quand tu sombres dans la cendre d'un franc matin ?
Comment annules-tu les milliards que tu héberges à la semaine ?
Que deviennent les couleurs et les rêves que tu promènes ?
Ton ventre te pilote et tes pensées que disent-elles ?
Et tes églises polyglottes et tes armées bleues pastel ?
Et ton tambour de folie ?
Et ton recueil de douilles ?
Et ta réserve de scolie ?
Et tes projets de fouilles ?
Intraitable femme-tempête
Ardente dans tes gestes et ta voix
Fervente dans ta force et ta foi
L'autre, pas celles des minots
Pas celle des clercs faux
Pas celle des ânes des mondes clos
Car la tienne brûle et domine par son feu
Née brûlée vive d'une fureur de la terre
Tu hybrides tes amours au regard de ton zèle
Explose de tes choix en hors-sol essentiels
Explore ta citadelle comme on explore des joies saines
Et contrebande ses éboulis la tête haute comme un reine
Ce toi d'octobre je l'ai connu
Il m'a séduit comme une paresse, tes silences m'ont déçu, ils ont des mélodies d'ogresse
Tu goûtais tant la vie et parfumais tes habitudes
Maquillais ta raison en doute et tes doutes en grammes de quiétudes
Il est grand temps de leur rentrer dedans, de leur creuser des cryptes saines, d'affiner leur panique en bateau de papier, de reconstruire la ville avec le béton des tendresses
Fais leur un univers en boutique, à emporter, que chez eux
Tous ces chiens anémiques acceptent le siècle injurieux
©LM
Professeur des écoles. À 35 ans, LionelMarçal, dit Lionel Soulchildren, n'est pas un professeur des écoles comme les autres. L'argenteuillais discret, ancien membre du duo de compositeurs hip-hop The Soulchildren, a en effet composé pour quelques-uns des artistes les plus emblématiques du rap français. Sexion d'Assaut, Oxmo Puccino et Lucio Bukowski aussi bien que Soprano, Akhenaton ou Keny Arkana. Internal Explosive et Le Disque de Sable, ses projets en solo, constituent un hommage à la littérature, car il a souvent puisé son inspiration du côté d'auteurs tels que Depestre, Ferré, Char ou Neruda. Depuis 2019, on retrouve certains de ses poèmes dans les revues littéraires L'Hermine et la Plume, Schnaps, Nègre Blanc, Éditions du Placard, Trilobite, Le Coquelicot, les Cahiers de Poésie, la Revue des Archers et le Cafard Hérétique.
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Pour citer ce poème
Lionel Marçal, « Brûlée vive », poème inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique| Reconfinement « Rêveries fleuries », mis en ligne le 12 novembre 2020. Url :
http://www.pandesmuses.fr/reveriesfleuries/lm-bruleevive
Mise en page par Aude Simon
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