Événements poétiques | ReConfinement Rêveries fleuries | Jour 55
Le bon printemps
Crédit photo : "Ciel bleu en Touraine", domaine public, Commons.
J’ai marché sur les chemins
Sertis d’étoiles blanches
Où l’amandier au doux parfum
Enivre les pétales frémissantes…
J’ai suivi les sentiers
La terre froide de l’hiver
Avait cédé au doux printemps joyeux…
Égrenant, saltimbanque, ses couleurs de primevères
Et les clochettes d’or de mon tendre coucou
Aux racines de miel balançant ses soleils
Par-dessus les violettes, discrètes, mes parfumées,
Que je voyais, princières,
Embellir la clairière d’indigos éphémères…
J’ai suivi les chemins, ils menaient au ruisseau,
Et le geai a chanté en passant d’arbre en arbre
J’ai caressé la mousse aux reflets de turquoise, de jade,
D’émeraude fine, émaillée d’or… sublime…
Et le cresson dans l’eau qui miroite les étoiles
Se souvient des lunes noires où viennent prier les femmes
Autour du feu brûlant de cendres incandescentes
Pour invoquer le nom de la déesse blonde,
Brune, rousse, aux cheveux kognè d’ébène noire,
qu’elle veille sur nos moissons, nos champs, et nos enfants.
J’ai vu passer le temps… il tournoie comme une valse
Et m’emporte avec lui, me fait rire aux éclats
Et je l’aime bien plus qu’un amant de roman
Ce temps indifférent aux battements de mon cœur…
Et s’il fait naître parfois des larmes et des sanglots,
C’est que je le sais fort, oh bien plus fort que moi,
Ce temps qui m’enlace, ne me laisse pas le choix,
Je m’envole avec lui, un peu plus chaque fois…
J’ai vu le grand soleil
Il était là, partout,
Lustrant la robe noble des chevaux aux galop
Et dans le grand étang aux carpes endormies
Je l’ai vu mon soleil, embrasser le miroir
Des eaux pures qui reflètent notre astre généreux.
J’ai marché sur les rails…
Plus besoin de valises.
Le train ne passera pas, il est au firmament…
Nef qui navigue entre Orion et la belle Andromède
Il voyage et il rêve
Et son repos est doux… et les rails s’allègent…
Crois-tu qu’ils soient déjà revenus les pis verts ?
Que les couleuvres discrètes, madones raffinées, viennent dorer leurs écailles ?
Et que la douce mésange éclabousse le ciel de ses jaunes, de ses bleus,
Et de sa joie d’oiseau… ?
J’ai pris tous les chemins,
Mon cœur dans la poitrine…
Et je n’ai vu personne.
***
Pour citer ce poème
Johanna Treilles, « Le bon printemps », poème inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique| Reconfinement « Rêveries fleuries », mis en ligne le 23 décembre 2020. Url :
http://www.pandesmuses.fr/reveriesfleuries/jt-lebonprintemps
Mise en page par Aude Simon
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