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Conte imité de l'arabe
Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)
Poème choisi, transcrit & commenté par Dina Sahyouni
Crédit photo : "The Arabian Nights", Entertainments illustrartion. Dessin du domaine public, capture d'écran par LPpdm via Commons.
C'était jadis. Pour un peu d'or,
Un fou quitta ses amours, sa patrie.
(De nos jours, cette soif ne paraît point tarie ;
J'en connais qu'elle brûle encor.)
Courageux, il s'embarque ; et, surpris par l'orage,
Demi-mort de frayeur, il échappe au naufrage ;
La fatigue d'abord lui donna le sommeil ;
Puis enfin l'appétit provoqua son réveil ;
Au rivage, où jamais n'aborda l'Espérance,
Il cherche, mais en vain, quelque fruit savoureux.
Du sable, un rocher nu, s'offrent seuls à ses yeux ;
Sur la vague en fureur il voit fuir l'existence ;
L'âme en deuil, le cœur froid, le corps appesanti,
L'œil fixé sur les flots qui mugissent encore,
Sentant croître et crier la faim qui le dévore,
Dans un morne silence il reste anéanti.
La mer, qui par degrés se calme et se retire,
Laisse au pied du rocher les débris du vaisseau ;
L'infortuné vers lui lentement les attire,
S'y couche, se résigne, et s'apprête un tombeau.
Tout à coup, il tressaille, il se lève, il s'élance ;
Il croit voir un prodige, il se jette à genoux.
D'un secours imprévu bénir la Providence,
Est de tous les besoins le plus grand, le plus doux !
Puis, en tremblant, sa main avide
Soulève un petit sac qu'il sent encore humide,
Le presse... en interroge et la forme et le poids,
Y sent rouler des fruits,... des noisettes,... des noix...
« Des noix ! dit-il, des noix ! quel trésor plein de charmes ! »
Il déchire la toile..... ô surprise ! ô tourments !
« Hélas ! dit-il, en les mouillant de larmes,
« Ce ne sont que des diamants ! »
Ce conte orientaliste en vers ci-dessus provient de l'ouvrage tombé dans le domaine public de DESBORDES-VALMORE, Marceline (1786-1859), Poésies [de Mme Desbordes-Valmore], 3ème édition, Paris, Chez François Louis (libraire, 10 rue Hautefeuille) 1820, « Mélanges », pp. 169-170.
Ce conte en vers est un poème gnomique s'adressant explicitement aux adultes qui s'exilent pour des motifs superficiels en pensant que par ouï-dire que "L'herbe est plus verte ailleurs". Ces adultes en question s'égarent en délaissant leurs vrais biens et trésors pour faire fortune ailleurs.
Ce conte philosophique imité des Contes arabes dévoile ainsi plusieurs maximes, sentences et une moralité : "L''argent ne fait pas le bonheur" (à voir également mon article sur la poésie gnomique contée de Marceline Desbordes-Valmore à paraître cet été dans les périodiques du site www.pandesmuses.fr).
© DS., juin 2023.
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Pour citer ce conte gnomique en vers de l'aïeule
Marceline Desbordes-Valmore, « Conte imité de l'arabe », poème choisi, transcrit & commenté par Dina Sahyouni de DESBORDES-VALMORE, Marceline (1786-1859), Poésies... 3ème édition, (1820), Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : : N° 14 | ÉTÉ 2023 « Les conteuses en poésie », 1er volume & Marceline Desbordes-Valmore | Revue annuelle, internationale, multilingue & poéféministe, « Les couleurs dans les œuvres des autrices Marceline Desbordes-Valmore », n°3 & Revue Orientales, « Conteuses orientales & orientalistes », n°3, volume 1, mis en ligne le 12 juillet 2023. URL :
http://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientalesno3/mdvno3/no14/mdv-conteimite
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