Présentation
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Préface de
Sonnets pour une autopsie
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Mohammed Zeïd
Texte reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur et des éditions Stellamaris |
Khris Anthelme est ce poète que les lecteurs ont connu à travers son œuvre lyrique : « Poémitude » publiée en plusieurs tomes ou recueils dont la clarté du style captive l’esprit que réjouit la pureté des vers et que charme la finesse du style.
Ce poète vient aujourd’hui enrichir le trésor de la poésie française par un recueil original : « Sonnets pour une autopsie » avec « autopsie » dans le sens philosophique : Examen objectif d’une chose ou d’un fait.
Original pour deux raisons :
1° Le recueil est composé de bout en bout de sonnets irrationnels.
2° Ces sonnets qui peuvent être lus séparément sont comme les maillons d’une seule et même chaîne : Chaque pièce commence par le dernier vers de la précédente : « Prête-moi les soleils cachés dans ton royaume… ! » lit-on à la fin du premier sonnet. Le suivant qui commence par ce vers-même, se termine par : « Injustement, vers où diriges-tu mes pas ? », vers que l’on retrouve au début du troisième et ainsi de suite.
L’invention du sonnet irrationnel revient à Jacques Bens (1931- 2001), l’écrivain mathématicien co-fondateur de l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle) qui eut l’idée de répartir les quatorze vers du sonnet traditionnel selon la valeur approximative du nombre (pi).
Ce type de sonnet comprend donc cinq séquences : (3+1+4 +1+5). Le vers isolé figurant après le tercet est repris soit intégralement soit légèrement modifié après le quatrain et tient lieu de refrain. La pièce finit par un quintil.
L’enchaînement se poursuit telle une batterie de questions/réponses. L’auteur interroge puis fait allusion à la réponse et semble inviter le lecteur à participer, à interpréter à sa façon, à formuler lui-même la réponse qu’il juge adéquate.
Si la forme avec ses rimes bien choisies, ses rythmes variés, ses mots triés sur le volet, ses structures soutenues, laisse entrevoir un poète hanté du souci de la perfection, un poète qui paraît hors de son siècle, qui affectionne le vers classique respectueux de la prosodie parnassienne qui voit que la beauté d’un texte réside dans l’harmonie de ses composants ; si le fond avec ses dialogues pertinents entre l’Être Créateur et l’être créé ou entre celui-ci et ses frères humains, avec son bon sens et la clarté des idées qu’il véhicule, avec ses images éloquentes nous fait pénétrer dans le vaste univers du poète mariant théologie et spéculation philosophique ; ce recueil, et par la forme des poèmes qu’il regroupe et par leur fond, ouvre au lecteur le chemin de l’introspection où il peut donner libre cours à son penser pour cerner la Vie en général et sa propre vie en particulier.
L’être humain dont les deux bouts de son séjour sur terre sont le berceau et le tombeau s’est toujours interrogé sur sa condition, sur sa vie où se mêlent le clair et l’obscur.
Cet être dont le physique en tant qu’enveloppe englobe l’affectif que se partagent l’Amour et la Haine, l’intellectuel dont les éclats peuvent être aussi bien éblouissants et bénéfiques que ternes et nuisibles, le social cette trame des relations que peuvent consolider l’entente et l’intérêt commun mais que peut déchirer le moindre vent de la discorde, le spirituel dont l’essence demeure élévatrice tant qu’elle garde sa pureté ; cet être, disais-je, est perçu par notre poète comme une terre lointaine, j’allais dire inexplorée, à parcourir en long, en large, en profondeur pour essayer de la connaître.
Cet être qui, dès le premier vers, précise le but de sa création :
-« L’on m’a créé pour le sort affronter » dit-il ; doit aller de l’avant pour franchir les maints obstacles jalonnant son parcours.
-« Quand vais-je m’arrêter » s’interroge-t-il !
Il sait donc qu’il doit s’arrêter ; mais quand ? Où ? Comment ? Questions qui ont longtemps préoccupé et préoccuperont toujours « l’être pensant ».
Se sentant perdu dans les ténèbres de la vie, il prie, il implore :
- « Prête-moi les soleils cachés dans ton royaume »
De la rencontre d’un frère en l’humanité, il ne retient qu’un seul mot : L’univers fou où nous évoluons tous s’emplit d’illusions, ne cesse de s’obscurcir. L’Humain court en quête de lumière :
-« M’offrir deux ou trois rais pour calmer mes chimères… ! » demande-t-il.
Puis, plus il va son chemin, plus grandit sa soif ; et pourtant !
Il disait, « L’ennui veille, alors moi je circule,
Mauvais ou mieux, plus rien ne me détournera,
Mon sein va puis s’arrête où l’amour le stimule,
N’ayant vu dans la nuit de meilleure formule ;
Quand il en aura marre, un feu l’arrêtera ! »
Là, il parle de «l’ennui qui veille », par ailleurs il parle de la crainte qui persiste, de la solitude qui se «prolonge» même quand il n’est pas seul mais une pensée, née de son courage, ne le quitte jamais :
- « Je ne m’arrêterai que si la faux s’exalte
En me croquant le pied, mon pas court sur l’instant…! »
Et la scène continue, tant que continue la vie, avec à chaque acte d’autres personnages, dans d’autres décors pour d’autres questions dont les réponses à peine effleurées restent en suspens.
Pareil à l’oiseau auprès de son nid gazouillant, l’auteur traduit sa rage par une prière :
« J’ai deux becs à nourrir, rageait-il, déverrouille
Tes desseins, ils sont bons ! .................................»
Cet Homme qui n’est pas seulement de chair, voit en sa douce moitié une main tendue pour alléger le fardeau, un coeur qui bat pour adoucir la peine, une âme sereine qui aide à supporter le froid des jours moroses :
« Effaçant les soupirs de grande solitude
Par le rapprochement d’une similitude,
Dans un projet refleurissant leur étendard. »
Un peu plus plus loin, jaillit l’espoir :
« Et trouver en chemin de plus beaux horizons ! »
Des horizons qui s’ouvrent sur la nature dévoilant ses merveilles devant des yeux avides des grâces de l’aube comme des charmes du crépuscule, des yeux que toute saison ravit.
« Je me suis imprégné les yeux d’une saison
Pour adoucir l’aurore et la nuit d’un silence. »
Et vont les ans, laissant des amas de souvenirs pouvant servir de belle pâture à l’esprit :
« C’est ainsi que j’ai vu mes pensers s’amasser
À travers les saisons pour encor m’en repaître ! »
Le rideau se baisse sur un appel de la nuit invitant au (dernier) voyage à dos de nuage :
- À cet instant, la nuit me dira d’un soupir :
« Poète, allez, ton tour est venu, ton nuage
T’attend, ferme les yeux, viens chez nous t’assoupir,
Limpides sont nos ciels,.................................. »
Je vous laisse «prospecter « ce recueil, ce récit versifié de la vie sous tous ses faciès pour y découvrir moult richesses.
Pour citer cette préface
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Mohammed Zeïd, « Préface de Sonnets pour une autopsie », Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°6 [En ligne], mis en ligne le 11 novembre 2015.
Url : http://www.pandesmuses.fr/2015/11/preface-de-sonnets-pour-une-autopsie.html/Url :
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