10 mai 2013 5 10 /05 /mai /2013 13:00

 

Invitée                                                 
Article reproduit

    

Réponse à la conversation entre

 

Patricia Godi & Camille Aubaude

 

 

(texte publié dans la Lettre n°2***)

 

 

  Sylvie Fabre G

Texte reproduit avec l'aimable autorisation de l'autrice et de la revue Poezibao 

 

 

Je viens de lire la conversation entre Patricia Godi et Camille Aubaude qui m’a beaucoup intéressée et fait repenser aux discussions de Sorcières, aux réactions des journalistes sur ma poésie, aux propos de certains éditeurs aussi sur l’absence de figures d’envergure dans la poésie de femmes…  Ce que vous dites aussi sur la poésie classique et lyrique me ravit car on m’a reproché une écriture dont je revendique l’héritage : Sapho, Louise Labé, Christine de Pisan, Marie-Noël, Marceline Desbordes-Valmore, Anna de Noailles, Nathalie Barney, Renée Vivien, et tant d’autres. Je vous envoie une réponse faite à une enquête de Poezibao, il y a plusieurs années mais qui n’a guère eu de suites. Ce serait intéressant d’y revenir....


  


La question de l’écriture des femmes, de sa singularité, et de la place qu’on lui accorde dans la production poétique me taraude depuis l'époque de Sorcières* où nous en débattions dans les réunions de la revue et les groupes-femmes. C’est une chance que vous la reposiez car les réponses apportées ne sont jamais définitives. Je vais essayer maintenant d'en parler à partir de ma propre expérience.


Le milieu de la poésie, contrairement à celui des romans, est surtout masculin, les poètes et les éditeurs sont en majorité des hommes et, parmi ces derniers, certains semblent convaincus qu'il n’y a pas, ou si peu que ce n’est même pas la peine d’en parler, de femmes-poètes de qualité. Il existe parfois chez eux et chez d’autres cet a-priori : une femme ne peut pas être un grand écrivain... Au Marché de la poésie, il y a quelques années, j'ai même entendu soutenir par l’un des plus éminents qu’il n’existait pas actuellement de poète-femme intéressante, du moins dans la francophonie. Comment expliquer de telles affirmations ?

Jean-Pierre Sintive, qui n'est pas du tout misogyne, reconnaissait n'avoir que quelques femmes dans son catalogue des Éditions Unes quand il m'a publiée et lorsque je lui ai demandé pourquoi il m'a répondu sur la qualité des manuscrits reçus et son propre étonnement. Louis Dubost m’a avoué sa fierté d'avoir découvert pas mal de femmes poètes... Mais aucun des deux n’a répondu à la question d’une spécificité de l’écriture des femmes.

Les lectures m’ont apporté d’autres interrogations. J’ai découvert les réactions surprenantes de spectateurs-lecteurs s’émouvant qu'une femme puisse écrire une poésie du sens et du sensible, métaphysique et à portée universelle ; quelques-uns sont venus me féliciter comme si j'étais un phénomène ! Cela m’est arrivé plusieurs fois ces dernières années ! La poésie féminine est toujours suspectée de sentimentalisme, de plat quotidien, de mièvrerie... Dans les rencontres, on me pose régulièrement la question de l’existence d’une écriture féminine. On ne demande pas aux poètes masculins si leur poésie est masculine, elle a déjà sa légitimité en soi !



Tout cela est complexe et s’explique par l’histoire de la femme, par l’image que chacun s’en fait, par le genre de parole qu’on lui a accordé pendant des siècles. Le temps consacré à la création, quand il est possible, et même encore aujourd’hui, est vécu le plus souvent, par les femmes elles-mêmes et par leur entourage, comme du temps volé à la famille ou à la société. Ce n’est pas le cas pour les hommes à qui on reconnaît d’emblée la puissance de création et la place du créateur. Dans ces conditions, il est normal, pour revenir à votre question, qu’il y ait encore peu de femmes poètes de très grande stature. Elles sont au début de leur prise de parole poétique et autre. Il faut leur donner le temps de laisser leur nom dans la littérature en espérant que celle-ci continue à vivre et que leur voix ne soit pas encore, ou de nouveau, étouffée...

Le monde économique, politique, artistique, philosophique a toujours été fait par les hommes. Pendant des siècles, on a systématiquement empêché les femmes d'être éduquées autrement que pour satisfaire certaines fonctions biologiques ou occuper certains rôles sociaux, on leur a refusé de travailler, de s'instruire, de voter, de parler, de penser, de peindre, de sculpter, d'écrire et de publier. Il est normal qu'on en trouve peu dans les anthologies littéraires ou artistiques et dans les catalogues des maisons d'édition. Les choses commencent à changer en Occident depuis les années soixante environ mais les femmes sont encore partagées entre le désir d'avoir des enfants, les tâches ménagères, la nécessité de travailler pour une indépendance financière ; elles manquent de temps et les choix qu'on leur propose sont souvent impossibles à faire.

Pour ma part j'ai voulu avoir des enfants, m'en occuper vraiment, j'ai dû travailler à plein temps et forcément j'ai aménagé l'espace de la création en fonction de tous ces impératifs. Pendant l'enfance de mes enfants, le premier maternage, j'ai écrit mais d'une façon solitaire et souterraine. Le fait que j'écrive n'était pas pris en compte par mon entourage, avoir une chambre à soi ne va pas de soi et les résistances intérieures et extérieures sont grandes encore, j'ai donc attendu pour envoyer mes recueils d'avoir quarante ans ; avant j'ai publié en revues,— merveille de Sorcières qui accueillait la parole des femmes ! —, et en anthologies mais je n'avais pas le temps, la force aussi sans doute d'affronter le parcours éditorial. Un jour, plusieurs manuscrits terminés, les enfants grandis, j'ai senti que c'était possible, nécessaire, vital même et j'ai envoyé L'Autre Lumière aux éditions Unes car j'avais lu A. Pizarnik dans cette édition. J'ai eu beaucoup de chance avec Jean-Pierre Sintive, éditeur merveilleux qui m’a donné confiance par son absolue confiance en mon écriture. Plus tard sont venus Thierry Renard, Louis Dubost, Claude Rouquet et maintenant Jean Princivalle si accueillant.

L'histoire bouge, celle de la poésie des femmes a commencé il y a longtemps avec les grandes voix qui nous arrivent du passé. Elle sera encore longue avant qu'on accède à l'absence totale des préjugés et qu'on entende la voix des femmes aussi fort que celle des hommes. Quant à la question de la spécificité de leur parole et de leur écriture, je répondrai en disant que tous nous parlons et écrivons, traversés par un destin collectif et personnel, avec notre part charnelle et spirituelle, notre sexe, notre origine, notre culture et notre histoire petite et grande, avec et dans le bruissement du monde et de ses langues, mais aussi au-delà dans cet invisible qui fonde notre visible. Chaque voix poétique, homme ou femme qu'importe, est différente et irremplaçable, chaque poète apporte sa pierre à l'édifice humain.
Il y a et il y aura, de plus en plus nombreuses, de grandes poètes-femmes si nous parvenons à gagner notre liberté, notre vérité et notre reconnaissance d’être et de langage. Je l’espère car la poésie œuvre pour cet avenir et nous déborde**.

 

*Ndlr : revue

** Url. http://poezibao.typepad.com/poezibao/2006/10/enqute_de_poezi.html

 

*** Il s'agit de l'article suivant : «Voix contemporaines. Conversation entre Patricia GODI & Camille AUBAUDE à l'Université de Clermont-Ferrand Centre de Recherche sur les Littératures et la Sociopoétique (CELIS), 2012» (1ère partie) & « Voix contemporaines... 2ème partie »

 

 

Pour citer ce texte 


Sylvie Fabre G, « Réponse à la conversation entre Patricia Godi & Camille Aubaude (texte publié dans la Lettre n°2) », in Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : « Le printemps féminin de la poésie », Hors-Série n°1 [En ligne], sous la direction de C. Aubaude, L. Delaunay, M. Gossart, D. Sahyouni & F. Urban-Menninger, mis en ligne le 10 mai 2013.

Url.http://www.pandesmuses.fr/article-reponse-a-la-conversation-entre-patricia-godi-camille-aubaude-117449626.html/Url.http://0z.fr/2OWIY

 

Auteur/Autrice

 

Sylvie Fabre G, née à Grenoble en 1951, deux enfants, professeur de lettres à Voiron en Isère, publie depuis 1976. Elle  a été traduite en anglais, espagnol, portugais, grec, allemand et italien.

Sylvie Fabre G anime ponctuellement des ateliers d’écriture, participe à de nombreuses lectures, rencontres, expositions. Rédige des notes de lecture pour sites et revues. Elle aime travailler avec des artistes et pratique la photographie.

 

Bibliographie 

 

Livres publiés : aux Éditions UNES (L’Autre Lumière, 1995; La  Vie secrète, 1996; Le Bleu, 1997; Dans La Lenteur, 1998), aux Éditions PAROLES d’AUBE (Première Éternité, 1996), aux Éditions Le VERBE et L’EMPREINTE (L’Heureuse Défaite, gravures M. Pessin, 1997; Lettre de la mémoire, photos S. Bertrand, 2000; D’un mot, d’un trait, avec F. Cheng, 2005; Neiges, gravures M. Pessin, 2012), aux Éditions du FELIN, collection P. Lebaud-Kiron (L’Isère, 1999), aux Éditions VOIX D’ENCRE (Le Livre du visage, Lavis Colette Deblé, 2001), aux Éditions LE DE BLEU (L’Approche infinie, 2002); aux Éditions L’AMOURIER (Le Génie des rencontres, 2003; Quelque chose, quelqu’un, 2006; Frère humain, suivi de L’autre lumière en réédition, 2012), aux Éditions L’ATELIER DES GRAMES (Le passage, aquarelles Thémis, 2008), aux Éditions L’ESCAMPETTE (Les Yeux levés, 2005; Corps subtil, 2009), aux Éditions LE PRE CARRE (Deux Terres, un jardin, 2002; L’inflexion du vivant, 2011, De petite fille, d’oiseau et de voix, 2013)

Livres d’artiste : L’Autre Lumière (exemplaires de tête : peintures de Solange Triger), 1995; La Vie secrète (exemplaires de tête : photographies de Léopold Trouillas), 1996; Dans La Lenteur (exemplaires de tête : peintures de Solange Triger), 1998; Le Bleu, aquarelles de Maurice Rey, éd. Unes 1997; L’île, livre manuscrit peint par Anne Slacik, 1997; Monographie Jean-Claude  Bligny, Poèmes, 1995; La Fugitive, gravures de Mariette, éd. La maison de Mariette, 1996; Le Visage, collages de Sylvie Planche, 1997; Icône de la femme, dessins de Colette Deblé, 1998; Lettre horizontale pour Bernard Noël, aquarelle de Frédéric Benrath, 2000; Le Scribe, éd. Le Verbe et l’empreinte, gravures et estampages de M. Pessin 2001; Lettre du bleu, livre manuscrit peint par Anne Slacik, 2002; Nous avons ce destin d’être appelés, éd. Le Verbe et l’empreinte, gravures de M. Pessin 2003; Les excès du présent, photographies accompagnées de poèmes de M. Benhamou,  2003; La mesure, l’infini, livre-objet avec dessins, encre, collage de Juan Frutos, 2003; Gran Corpas, éd. Mains-soleil, peintures de F. Rebeyrolle, collages peints de L. Ronda-Diaz (2004); Quelque chose, quelqu’un,  éd. Urdla, 4 gravures de F. Benrath 2004; Lettre du geste, accompagnée de poèmes de F. Cheng et de gravures de M. Pessin, œuvre collective 2005; Sur le front pur de la toile, livre manuscrit peint par Anne Slacik 2005; Les yeux levés, livre manuscrit peint par Fabrice Rebeyrolle 2006; Carnets, dessins d’I. Raviolo 2006; Les hirondelles, encres de Guerryam, 2006; Ce qui se passe en nous, peintures de F. Rebeyrolle, éd. Mains soleil, 2007; Enfant mon inconnu, livre-objet de Mariette 2009; Voix d’extinction, photographies d’Éole, 2011; Neiges, gravure de M. Pessin, éd. Le verbe et l’empreinte, 2011; L’envol, c’est un pays, encres de C. Margat, éd. Les Cahiers du museur, 2011; Feuille à feuille, encres de Guerryam, 2012; En langue d’oiseau, Peintures de Guerryam,  éd. Les Cahiers du museur, 2012; La solitude est une apothéose, Photographie de Berthe, éd. Le Verbe et l’empreinte, 2012

 
Catalogues :   Ta peau d’homme, pour Fabrice Rebeyrolle, 2003; Lettre du regard, pour Anne Slacik, 2001; Un seul voyage, pour Anne slacik, 2002; La Maison de Mariette, pour Mariette 2002; L’habité, pour Francis Helgorsky 2OO3; Gran Corpas, pour Fabrice Rebeyrolle et Leon Ronda-Diaz; Le chant fragile, pour Isabelle Raviolo 2007; Lettre de la traversée, pour Frédéric Benrath 2007; Tout ce que je peins c’est moi, pour Berthe, 2009; Pays perdu d’avance, pour Fabrice Rebeyrolle, 2011; Encore un jour à regarder le ciel, pour Fabrice Rebeyrolle, 2013  

 

Publications en revues depuis 1976 : Sorcières (Lieux, Désir, La Mort, La Saleté, Enfant, Nouvelles et autres, notes de lecture dans différents numéros de 1976 à 1981), Aube-Magazine (Italianités, La Parole lumineuse, Chant de bataille, Tout ce qui brille, Sida de 1980 à 1990), Voix d’encre (La rencontre, D’amour et de nuit), acchanales (numéro 6 et La Mer entre par la porte), Arpa (numéros 60, 69,75), L’Arbre à paroles (Belgique : De la mort à mourir, Pour rencontrer le paysage, D’elle, Des mots, Des ailes, Mimy Kimet, L’œil au balcon 1995-2002), Le Journal des poètes (Belgique :  97), Aires (Déchiffrement), Poésie-Rencontre (98, 02), Lieux d’être (Un peu d’elles, Nuits, Correspondances, Le bonheur existe 1999-2005), Poésie 98 (Fleuves), Le Croquant (juin 98), Poésie en voyage (La Porte : Le livre, L’entre-deux, Lettre horizontale), Sémaphore (CIDELE 2002,2003, 2004), Midi (2000-2OO3,2004, 2005), Verso (2003), Cahiers de la Mapra (Lyon 2003), Liberté (Québec), Versodove (Italie), Hablar, Falar de poesia (Espagne, Portugal), Les Cahiers de la danse, Lyon capitale, Coup de soleil (58, 60), Le Nouveau Recueil (Modernes élégies, 2005), Nunc (2005, 2009), Estuaire (2006, Le chant des villes : Québec), Lieux d’être (2006), Thauma (Éros, 2007, Le corps 2008, La joie 2009), Serta (Espagne : Une tâche terrestre, Pour Fabio Scotto, 2007), Il Segnale (Italie, Milan : Les yeux levés traduction F Scotto 2008), Lieux d’être (la solitude 2008), Diérèse (inédits, 2009, 2010), Ca presse (URDLA, 2009), Thauma (Oiseaux, 2010), Lieux d’être (Pour le plaisir 2010), Nunc (20 et 22, 2011), Thauma («  L’air » 2012), Europe (993 et 995, 2011 et 2012), Thauma « Patience » 2013, Diérèse N. (Diéterlé, 2013), Coup de soleil (2013)
 
Publications en anthologies depuis 1980 : Anthologie 80 (éd. Le Castor astral 1980), Paroles de poètes, éd. Le Dé bleu, 1985, Anthologie amoureuse, éd. Paroles d’aube, 1989, Chartreuse, corps mystique, Guide Gallimard, 2002; Samizdat, éd. Le Pré carré, 1999; Une saison en poésie (A Dhôtel, éd. BMCharleville-Mézières 2001; Poétri, éd. Autrement 2000; Anthologie S. Stétié, éd. Blanc Silex, 2001; Sept écrits de femmes, éd. CIDELE, revue de Sémaphore 2003; Ecriture de femmes, éd. Poésie rencontre 2003; La coupure du parc, éd. Tarabuste 2004; Ce que disent les mots, P. Maubé, éd. Éclats d’encre 2004; 111 Poètes en Rhône-Alpes, éd. Maison de la poésie-Le Temps des cerises, 2005; Rumeurs de ville, éd. Le Certu Lyon, 2005; Le jardin de l’éditeur, éd. L’Amourier 2005; Mémoires d’eau, Bacchanales, 2006 ; Dans le privilège du soleil et du vent, pour saluer R. Char, éd. La passe du vent, 2007; Voix du Basilic, entretiens avec Alain Freixe, éd. L’Amourier 2008; Rêver Québec, éd. L’Arbre à paroles, 2008; L’année poétique (Seghers 2009); Anthologie émotiviste de la poésie francophone, éd. Le Nouvel Athanor, 2009; Couleurs femmes, éd. Le Castor astral 2010; Au nom de la fragilité, éd. Erès 2010; Pays perdu d’avance, éd. Voix d’encre, 2010; Nuovi poeti francesi, éd Einaudi, 2011 ( Italie); Das Fest des Lebens, éd. Verlag Im Wald, 2011 (Allemagne); Rousseau au fil des mots, éd. La Passe du vent, 2012; Éros émerveillé, anthologie Poésie Gallimard, 2012-04-25; Pas d’ici, pas d’ailleurs, anthologie de la poésie féminine francophone, éd. Voix d’encre, 2012; Voix de la Méditerranée, éd. La Passe du vent, 2012; Calendriers de la poésie francophone (2007, 2008, 2009, 2010, 2011, Alhambra Publications)

 

Publications dans des périodiques numériques et des sites : Poezibao (Anthologie, notes de lecture, entretiens…), Terres de femmes (Anthologie, notes de lecture, chroniques, critique artistique…), Printemps des poètes (Anthologie, inédits…), Présente dans Libr’critique, Recours au poème, Poésie maintenant, Bleu de terre, Le Matricule des anges, France–Culture, La Cause des causeuses, Revue Europe, Revue Le Nouveau Recueil, le Basilic…   
Traduction : Quell’andarsene nel buio dei cortili, Milo De Angelis (éd. Mondadori), S’en aller dans le noir des cours  (Publication de poèmes choisis in Thauma et Europe, et sites), 2011
Distinctions : Bourse d’encouragement du Centre national du livre (1997), bourse de création du Centre national du livre (2003)

 

    

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Le Pan poétique des muses - dans Hors-Séries du Ppdm
10 mai 2013 5 10 /05 /mai /2013 13:00

 

 

Avant-propos & remerciements

 

 

 

 

 

Ce hors-série ne reflète qu'une partie infime de la rencontre poétique du 13 mars dernier et s'inscrit dans l'événement intitulé ''Le printemps féminin de la poésie'' organisé par l'équipe de ce périodique dans le cadre des manifestations du printemps des poètes et celles du Festival international Cri de Femmes.

 

Je remercie chaleursement le comédien Gérard Chambre, l'éditeur Bernard Giusti, le service culturel de l'Université Paris III (plus particulièrement Mme Laura Pardonnet) et tout le personnel de l'Université pour leur aide, et les amies poètes Françoise Urban-Menninger, Camille Aubaude, Laure Delaunay et Marie Gossart pour leur travail consatant lors de l'organisation de la Journée du 13 mars dernier et pendant l'élaboration de cet ouvrage numérique.


Au nom de cette équipe, j'adresse aussi mes remerciements aux personnes qui soutiennent Le Pan poétique des muses et l'association SIÉFÉGP, aux poètes et universitaires publié-e-s dans les pages qui suivent ce billet, aux personnes qui nous adressent leurs textes, au lectorat de ce périodique et je vous souhaite une agréable lecture tout en répétant à l'instar de Marie Gossart : Alors, oui, ce 10 mai 2013, des incendiaires plus nombreux se réunissent encore sous le soleil timide du printemps ! 

 

Dina Sahyouni

 

Avertissment  


Le Pan poétique des muses utilise dans ce numéro le féminin "Autrice" du substantif "Auteur"  et cela pour répondre à la demande éditoriale de l'universitaire Camille Aubaude. Cette forme est employée par la SIÉFAR & par La Cité des Dames. 

 

 

Pour citer ce billet

Dina Sahyouni,  « Avant-propos & remerciements », in Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : «  Le printemps féminin de la poésie », Hors-Série n°1 [En ligne], sous la direction de C. Aubaude, L. Delaunay, M. Gossart, D. Sahyouni & F. Urban-Menninger, mis en ligne le 10 mai 2013. Url. http://www.pandesmuses.fr/article-avant-propos-du-hors-serie-n-1-116293957.html/Url.http://0z.fr/SOTNo

 

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10 mai 2013 5 10 /05 /mai /2013 13:00

 

 

Éditorial

        


Des incendiaires...

  



Marie Gossart 

 


 

Les trottoirs enneigés étaient glissants ce matin du 13 mars 2013. Les trottoirs sont de toute façon souvent glissants quand il s'agit de venir écouter de la poésie. Qu'est-ce que ça veut dire « écouter de la poésie » ? La voix du poète peut-elle porter la musique de la poésie ? Le poète est-il bon à dire sa poésie ?

La discussion s'est engagée naturellement sur le thème, suite à l'intervention spontanée du comédien Gérard Chambre après la lecture de plusieurs auteurs.

Je me suis souvent posé la question du « dire » poétique. Pour moi, c'est une question de rythme et de musique (harmonique ou non) dans laquelle la voix est un acteur puissant. Mais ce « dire » ne vaut que pour certaines formes d’écriture. Toutes ne s'y prêtent pas.

Certaines écritures sont visuelles avant d’être sonores, elles ont besoin d'espace mental pour s’étaler. Souvent, ce sont celles là qui meurent quand on en est fait une lecture par un poète (ou un interprète).

J'ai remarqué que les traducteurs font souvent de plus belles lectures que les auteurs. Peut-être, est-ce parce qu'ayant dû plonger dans les arcanes du texte et des mots, ils en connaissent les sommets, les appuis et les dangers et ainsi les donnent mieux à voir, à écouter... quand les auteurs les ont peut-être oubliés ou ignorés eux-mêmes...

Les traducteurs de poésie... quelle épreuve et quelle audace que de se lancer dans cette aventure ! J'ai beaucoup de respect pour les traducteurs ; ils sont eux aussi la voix du poète. Sans eux le poème tombe à jamais dans sa langue et peut-être dans l'oubli. Sans eux, le poème n'a pas cette chance d'une deuxième vie, d'une deuxième musique pour le porter, forcement autrement, mais sans doute tout aussi loin.

Il faut être véritablement amoureux de la poésie pour oser la traduire, un amoureux tout à la fois ardent et transis pour savoir lire les silences, les signes, le langage invisible des images originales qui se tissent entre les mots de la langue natale. La langue. Les mots. Il n'est question que d'oral.

La poésie est une forme de nourriture, qui peut faire mal au ventre, mais qui va droit à l’âme.


 

Il a été question ce 13 mars 2013, de rendre hommage à deux poètes italiennes, séparées par l’époque mais et non pas par leur condition d'existence, de toute façon marginale et ce quelque qu'ait été leur pedigree initial.

Alors, je me pose la question : le poète femme est-il forcément maudit (il semblerait que le poète homme ait échappé depuis un certain temps à cet emprisonnement) ? D'où vient que je déteste ce mot de poétesse ?

Peut-être parce que j'y lis le mot détresse. La tentative d'enclaver la femme dans un registre, une sorte particulière, damnée, d'existence. Si je suis persuadée que l’écriture est genrée, je ne pense pas que le genre détermine le poète. Femmes poètes, poètes. Je veux dire que les femmes poètes sont poètes, avant toute filiation ex-gamètes.

À cette idée qu'il puisse exister une poésie féminine, je voudrais faire lire ces mots de Guy Debord :

« Le tout est de passer le temps. Ce n'est déjà pas très facile. Tous les moyens employés (poésie, action, amour) laissent un drôle de goût dans la bouche. C'est pourtant ce que nous avons de mieux. Il faut donc s'opposer à tout ce qui limite leur utilisation. C'est pourquoi l'action et l’écriture n'ont de valeur que libératrices. C'est pour cela que j'ai dit que le poète doit être un incendiaire, et je le maintiens. »

Le poète doit être un incendiaire, oui. Un incendiaire, pour créer une forme, une force irréductible et résistante, à l'ennui et aux contingences.

Alors, oui, le 13 mars 2013, quelques incendiaires étaient rassemblés sous la neige. Dans les salles fonctionnelles d'une faculté parisienne, j'ai senti un foyer, une énergie qui circulait, cette forte impression que la poésie, à lire, à dire et à faire parler d'elle, a ce pouvoir de nous laisser la possibilité... de vivre plus vivants.


 

Pour citer ce texte


Marie Gossart, « Des incendiaires... », in Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : «  Le printemps féminin de la poésie », Hors-Série n°1 [En ligne],  sous la direction de C. Aubaude, L. Delaunay, M. Gossart, D. Sahyouni & F. Urban-Menninger, mis en ligne le 10 mai 2013 .

Url.http://www.pandesmuses.fr/article-des-incendiaires--116293944.html/Url.http://0z.fr/mPFqc

 

Auteur/Autrice


Marie Gossart, née en France en Avril 1969. Elle tombe en poésie quand elle a 5 ans, moment où elle découvre aussi la musique, les arts plastiques et la danse. Plus tard, elle étudie à Sciences-Po Paris et devient publicitaire, chargée des stratégies de communication pour de grands annonceurs.

Après un long moment, et la naissance de deux enfants, Marie Gossart part vivre deux ans à Tokyo, y retombe en écriture. Elle écrit en français, et en anglais, son “autre” langue. De retour à Paris en 2008, elle s'intéresse particulièrement à l'écriture plastique et sonore de la poésie, y compose depuis des poèmes et des paroles de chansons. Depuis 2012, elle travaille l’écriture de fictions pour le cinéma et la télévision (court et long métrage). Premières publications au printemps et à l'automne 2012 dans la revue Le Pan poétique des muses

 

 

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10 mai 2013 5 10 /05 /mai /2013 13:00

 

 

Ensemble de poèmes

Invitée de la Journée du 13 mars

  Guérison  


Nina Živančević

 

 

Texte traduit du serbe par Ljiljana Huibner Fuzellier et Raymond Fuzellier 



I. Sur les menus objets



De menus objets sont à ce point précieux

Il leur faut du temps pour respirer

épancher de l’énergie et alors marcher

bavarder avec diverses personnes, causer avec tous

Tandis qu’ils parlent ainsi, babillent, soufflent légèrement, causent



L’escalier mesure le battement d’un cœur

Vois comme il se met à flotter et puis s’envole

Couvert des couleurs de la rouille, couvert de sable et d’algues

Mais Beckett avait raison de dire

Que « brioche » n’est qu’un mot et qu’ « homme » non plus

N’est pas « un mot beaucoup meilleur »



Hé, respirons la fraîcheur d’un été,

De petits objets précieux, le sable et les mouettes paresseuses

qui prennent leur envol

Il importe de recycler

Le temps présent, futur mais aussi passé

De cet objet insipide qu’on place

Sur la paume, sur une balançoire, cet éclair d’un instant heureux



Les souvenirs viennent et s’en vont par saccades

Ils ne nous dévorent pas encore mais seulement nous déploient …



La merveilleuse crinoline d’une dame se promène à travers un jardin

où la nuit a fait ses adieux à

un gravier et à de magnifiques glycines

Ici et maintenant il te faut découvrir une issue

Dénicher la clé

Pousser un soupir

Avant de descendre pas à pas

l’escalier avant de

redevenir jeune fille et nouveau marié d’outre-tombe

Avant de lancer un menu gravier

Sur quelques-uns sur tous

Je les dénombre … Et jamais je ne joue avec eux

Trop lasse pour jouer

Qui sont-ils tous ces gens ?

trop émus pour danser

Abandonnés à la merci

des mouettes et d’un sable lumineux étincelant

Sans pardon   sans hirondelles triangulaires

Dépourvues de plumages   sans apparat   sans remords

Sans hirondelles   sans plumages   sans apparat

sans remords.


II.  L’amour vrai


L’amour est mélancolique, bleu, fait d’or et vrai

Cesse de bouffonner   écris ta poésie

Bois ton remède   fais reluire tes chaussures

Va en classe   encanaille-toi

Sors de ta tour personnelle   jette-la en l’air,

Orlando disait :

Midi est modeste et se nourrit de miettes

Les menus objets parlent swahili et conservent

un brillant post-moderne,post-comateux où la nuit frissonne

Et clôt sur les têtes un voile bruissant

Sauvé par la sécurité assurée d’un savoir réfléchi,

d’une misérable information

Le long d’un dock glissant

Un objet s’est niché,

arrondi, sage et nourrissant.

Qu’il ne prononce aucun mot et dissimule ses jours secrets   saveur étrange,

son passé glorieux

Il est intemporel.

Mère   est-ce que tu m’aimes ?

Mère   est-ce que tu tiens à moi ? Et moi, à toi ?

Voilà, tu t’en iras clopin-clopant sur le sentier de gravier et me laisseras

seule dans un univers rempli de brioches et d’étoiles,et

d’objets brillants   de gros livres et d’une musique puissante,

d’objets sublimes   de joyeux dictionnaires prisonniers d’un temps

rempli de carottes   de betterave rouge et d’autres remèdes,

d’un tranchoir du démon   de pavé   de bagues en opale et d’un crépuscule de cobalt.

             Une pluie légère rince des robots énormes   des factures  insolentes,

des emprunts et des crédits   de stupides accessoires ourlés de silex.

Un amour me revient et maintenant il est déjà mélancolique,

Bleu fait d’or et vrai.

 

III.  Fond de la mer



La nuit va rincer le gravier

souillé de boue  désir d’expressionniste

indigeste parfum douceâtre de l’ambre jaune   puanteur de l’ambre

indéfini et Divin,

français à outrance   c'est-à-dire inexorable   vulnérable, sérieux,

effarouché et oublieux.

Camions de paroles caillées,

messagers d’une convoitise   attentes d’un ministère

bistrots débordants de tentations,

écoles regorgeant de croque-morts   noms surchargés d’histoire,

farceurs   bourrés de savoir.

Voilà une erreur   tu entends une toux   regarde le fou

Et nous, on se fait transporter dans la membrane magique

derrière une peau recouverte de glace et d’un silence de légende

Allez, viens   viens vite,

pour un soupir de ma petite femme   pour la moelle de ma fleur

Cette fleur s’efforce de tenir une promesse qui

te fut donnée au fond

de la plus profonde mer pourpre.

 

IV.  Mort de philosophe


             Jamais je n’ai réfléchi à ton propos tant que tu n’étais pas parti

La table est nettoyée  le verre est vide   mais l’assiette

remplie de fautes   tu t’es seulement glissé par   la porte

elle était fermée et on a frappé contre elle

« entrez » ai-je dit

le vent l’a ouverte toute grande

et sur elle une vieille au visage ridé

crachait du sang   plus ou moins solitaire   habillée

comme ma mère   elle me ressemblait

elle m’a souri et m’a jeté

une malédiction édentée : Je suis ta mort, a-t-elle fait

dis donc, ai-je soupiré, je ne suis pas encore prête

ce n’est pas déjà mon heure, je dois achever de lire tous les Stoïciens,

atteindre l’illumination du Bouddha …

Prépare-toi vite, a-t-elle sifflé, mais je l’ai repoussée, j’ai claqué la porte

et suis tombée sur le plancher, pour me réveiller ensuite

couverte d’une horrible sueur.

                             J’ai allumé la radio et écouté du Bach

je vivais avec des gens qui haïssent la poésie

les découvertes étaient à la mode   bêtise en gestation.

                              Et là, ces doigts de Glenn Gould …

Un beau jour, a-t-il dit, j’ai rencontré Dieu,

le contrepoint est la chose la plus grande, dans la musique et dans la vie,

il parlait et a siffloté d’allègres variations de Bach,

il a repassé des rides pour une netteté cristalline   

arrosé des plates-bandes avec sa vie quotidienne

nourri des souris domestiques d’attentes soulevées

qui n’étaient ni vastes ni solides, ni froides non plus

elles n’étaient que les faibles échos du sonore

staccato de sa folie   de l’arpège insupportable de son allégresse,

de cet infâme contrepoint à sa promesse pouilleuse …




V.  Des médecins viennent et repartent



Un médecin est venu, il m’a regardée et que m’a-t-il prescrit ?

Nous avions eu quantité de poèmes pour le dîner

Et beaucoup trop de drames, trois mauvais romans et deux nouvelles douteuses,

Cinq imitations au petit déjeuner et une biographie romancée à midi.

C’est très mauvais pour votre alimentation, très mauvais   très mauvais pour votre esprit.

VOTRE ESPRIT N’EST PAS UN POT D’ÉCHAPPEMENT           VOTRE ESPRIT N’EST PAS UN POT D’ÉCHAPPEMENT               VOTRE ESPRIT…



Ainsi viennent et repartent des médecins   ils grignotent des raisins secs pourris

portent des pèlerines râpées   et prononcent des phrases à double sens

dans une vie pleine de traumatismes   de dogmes et de lard

de lard et de dogmes   porcelets et roulés au fromage

formés au fond

de la plus profonde des mers pourpres.

 

VI.  Allons danser



Oh, juste avant le point du jour   avant l’aurore   avant l’aube,

avant que la lumière pénètre   déborde violemment   puis s’alanguisse,

très gentils   très arrondis   de petits objets apparaissent

avant la pénombre   avant le couchant   après l’orage



Allons, debout   allons danser,

ne reste pas dans ton recoin douillet   ne souris pas ainsi   ne pleure pas,

ne dis pas non   tu as connu mieux   tu as essayé

tu es ce héros   tu as travaillé sans répit

de neuf à sept, de huit à cinq, de dix à douze, de six à dix ;

allons rince tout ça   débarrasse-toi de tous les crépuscules fluorescents

de la plage et des couchants patinés   d’un frisson dans le noir,

des éclats de rire ambigus détrempés par la pluie

on se connaît si bien   prends mon parapluie   chatouille les plantes de mes pieds

j’arroserai ton sens de l’humour   sous un jeune bananier

encore deux tranches de jambon, s’il vous plaît, et une salade de betterave

je ne me rappelle pas mes rêves   même si je m’endors vite

chaque soir au même moment et bien qu’il soit trop tôt pour que je vous demande :

« l’heure est-elle tardive et heureuse   ou bien est-elle fastidieuse et remplie de souvenirs

est-elle nonchalante et inexcusable,

pleine de dégoût et d’oubli,

sous une légère brise au-dessus d’un horizon bleu-violacé

que, sous le corail, nourrissent les méduses

nées dans les profondeurs

de la plus profonde mer pourpre.

 


  1. VISITE À LA MAISON DE BLAKE



On a écrit d’épais volumes sur la poésie d’Allen,

En fin de compte, il s’est toujours comporté envers son œuvre ― de façon responsable,

Sauf que, une seule fois, il m’a dit « quelle honte, ils t’ont quand même chopée »,

Mais qui étaient ces « ils », il ne me l’a jamais révélé …

Sans doute songeait-il aux fées Carabosses du capitalisme,



Et pourtant, il m’avait raconté beaucoup de choses, parfois dans mes pensées j’aurais

Vogué loin, sans l’écouter, mais parfois j’aurais sombré dans le sommeil …

Et probablement aurais-je toujours deviné le sens de ses paroles

même si cela avait toujours été « vraisemblable » et si moi seulement j’« avais toujours été » un être

désireux de changer sa vie, cette vie qui

ressemblait à celles de Beckett ou de Joyce, rafistolée en trois langues différentes,

qui perdait grandement de son essence

à s’appuyer souvent sur les Carabosses de l’argent et de l’heure.



Et s’est produit précisément ce « vraisemblable » que j’ai continué d’écrire

et de propager une parole bégayante à la Gertrude Stein, et je n’étais même pas une « Américaine

à Paris », mais simplement ― comme a dit Allen ― une « femme folle d’Europe de l’Est à

New York, semblable à Noémie, abandonnée de tous, livrée à sa     propre folie ».

Cependant Peter était là qui perpétuait la tradition familiale, Ann et Steve

et Bob qui gardaient la flamme pour l’empêcher de s’éteindre, qui avaient assisté à l’enterrement,

Mais ensuite tous ces charognards, des types qui n’avaient jamais lu

la Soutra du Tournesol,

une prophétie provenant d’un libre-service, Wichita, Vortex et d’autres soutras,

ils plaignaient Allen, qui me tapotait le ventre trois mois avant l’accouchement …

Je l’ai revu une fois seulement après cela, on était allé au cinéma

et il me dit alors combien il regrettait de n’avoir pas eu d’enfant,

« Nous, les Européens de l’Est, nous pigeons extrêmement vite », disait-il.



Pourtant Peter était là, Ann et Steve et Bob qui gardaient la flamme pour l’empêcher de s’éteindre, qui avaient assisté à l’enterrement,

Et pourtant il n’a jamais eu d’enfant …

Nous, les Européens de l’Est, nous pigeons extrêmement vite, disait-il.

Par-dessus le marché, nous pensons vite, voilà, c’est comme ça, avait-il ajouté, quand j’étais jeune.

Mais nous nous adonnions à la mescaline et cela sous-entendait que nous comprenions vite ―

Rien, vraiment rien dans la vie n’est ni trop laid, ni trop beau,

Ça, je ne l’ai jamais raconté, moi, a dit Guinzi, déjà Grand Lama Doudjom Rinpoché, et moi,

Je riais et m’esclaffais, jusqu’à ce qu’il me dise

« Je ne veux plus regarder ta face sinistre ! »

Mais il préférait ce vers de Blake : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu créé

si différent des autres, Seigneur,

pourquoi m’as-tu créé poète ?"


                                                 

Pour citer cet ensemble de poèmes


 Nina Živančević, « Guérison » (ensemble de poèmes), trad. du serbe par Ljiljana Huibner Fuzellier et Raymond Fuzellier, in Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : «  Le printemps féminin de la poésie », Hors-Série n°1 [En ligne], sous la direction de C. Aubaude, L. Delaunay, M. Gossart, D. Sahyouni & F. Urban-Menninger, mis en ligne le 10 mai 2013.  

Url.http://www.pandesmuses.fr/article-nina-ivan-evi-116293874.html/Url.http://0z.fr/Hohny

 

 

Auteur/Autrice

 

Nina Živančević

Poète, essayiste, auteur de fiction et critique d'art, Nina Zivancevic a publié son premier ouvrage Les Poèmes en 1982 pour lequel elle a obtenu le prix Branko Radicevic, récompense décernée à Belgrade pour le premier meilleur livre de l'année. Elle a également été lauréate de trois prix littéraires : le Z-Press, le Prix de la traduction à New York et à Novi Sad. Elle a publié treize livres de poésie en serbe, en anglais et en français, dont le dernier s’intitule L’Amour n’est qu’un mot (l’Harmattan, 2012). Puis trois livres de nouvelles qui parlent de Byzance et des romans à Paris, New York et Belgrade. Elle a participé à de nombreuses anthologies de littérature contemporaine et internationale. Nina Zivancevic faisait partie du comité éditorial de nombreuses revues littéraires : Delo, Knjizevne Novine, New York Arts Magazine, Modern Painters, American Book Review, East Village Eye, République de lettres. Elle vient de commencer une collaboration au comité éditorial de la revue Au Sud de l'Est. L'ensemble de son œuvre a été largement diffusé sous forme d'émissions radiophoniques à Belgrade, Londres et Paris. Elle enseigne 'Le Théâtre d’Avant-garde' à l’Université Paris 8.

 

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