1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 11:30

 

Poèmes inédits

Parution imprimée dans le hors-série 2016

Avant-première

 

 

« Les Versets simplifiés du soleil levant »

 

(extraits)

 

 

Maggy de Coster

 

Extraits publiés avec l'aimable autorisation de Maggy de Coster et des éditions du Cygne

 

© Crédit photo : 1ère & 4ème de couverture du recueil aux éditions du Cygne

© Crédit photo : 1ère & 4ème de couverture du recueil aux éditions du Cygne

 

 Ces extraits sont des poèmes inédits du recueil « Les Versets simplifiés du soleil levant », parution prévue aux éditions du Cygne en janvier 2017 avec la préface de Mario Selvaggio

***

2-

Que dire de tant de pensées stériles

Qui parsèment les lobes du cerveau

L’absurde gangrène les espaces de vie

Le verbe se fige dans le vide des convenances

La force des idées se perd dans les soubassements

de la colère

 

Les dires du coryphée se diluent dans les méandres

du désenchantement

Point de garde-de fou dans l’avant-scène : le péril se décrète

La nuit chasse le jour et tout recommence

 

La demande est instante

L’instant n’attend pas

La coupe se vide dans le vide

Et le vide se remplit du contenant et du contenu

 

29-06-16

***

5-

 

 

Je tends l’oreille pour écouter le souffle épique du vent

Il dédie la mélopée des hirondelles de mer

Aux marins happés par la furie des vagues

Les yeux rivés sur le firmament je découvre

La parade de l’arc-en-ciel et des rais de soleil après l’averse

Et le parfum de l’humus se révèle à mon l’odorat

Je goûte au sel de la joie en offrant une légère caresse

Aux éphémères coquelicots des champs

30-06-16

***

9-

 

 

Capter en douceur ces instants de lumière

Que projette le ciel par moments

Ces instants se dessinent comme des feux follets

Ou des formes folâtres voletant à la vitesse variable

Instants gradués à l’échelle des heures

Et qui défient la permanence de la monotonie

03-07-16

***

11-

 

 

Comme des herbes folles dans le parterre de la déraison

Les erreurs se découvrent dans les pages détachées

du livre des aveux

Alors il ne reste qu’ à céder à l’extrême pulsion du verbe agir

Pour s’épargner de l’ordalie de feu

Et laisser ondoyer l’oriflamme de l’amour

reviviscent sur le pavillon des cœurs,

remparts contre les vanités et l’aliénation conjuguées

4-07- 16

 

***

 

12-

Comment assainir les sentiers broussailleux

et retrouver les statuts des jours de paix ?

Je cache les pétales de joie dans les profondeurs de mon être

pour les épargner de la flétrissure

Je conjure à voix basse les revers du quotidien

Je lève ma coupe à la gloire de l’esprit sain

et je sautille en extase au clair du jour

 

Tant de fois inconnue à moi-même

je frissonne d’effroi au trot de mes pensées

dans l’antichambre de mon cerveau

Quel Prince convoquer à nos conciliabules

pour donner le ton à la plaidoirie des faibles ?

Ô nature immarcescible je t’adjure de nous être favorable !

4-07- 16

***

16-

 

 

Suturer cent fois la morsure du temps

Pour conjurer la mort sûre

Et ne pas prendre le mors aux dents

Quand s’écroule le radeau en mer étale

 

Ne pas laisser se répandre des libations de sang

Ne pas laisser fleurir des sentences de haine

Mais aux trois coups de brigadier

Laisser entrer le messager en scène

Pour faire allégeance à l’amour

07-07-16

 

***

 

18-

 

Je veux laisser pousser dans mon champ

Les glaïeuls aux couleurs de la victoire

Victoire-repoussoir du glaive de la guerre

Glaive-faucheur de l’innocence

Et déversoir de sang dans les entrailles de la terre

Terre-rempart des sacrificateurs

 

Quand auront germé les semences tardives

Combien serons-nous pour la fête de la moisson ?

 

08-07-16

 

Biographie

Maggy de Coster Journaliste de formation, écrivain, poète, traductrice, conférencière, anthologiste, parolière, Maggy De Coster, a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, tous genres confondus, après avoir fait un stage à Radio France –Hérault, elle a travaillé pendant plusieurs années pour le Journal de l’Ariège et d’autres journaux européens et internationaux. Ses poèmes sont traduits en 10 langues et publiés dans des revues et anthologies universitaires. En 2000, elle fonde la revue et association littéraire « Le Manoir des Poètes ». Elle intervient au lycée dans le cadre des forums sur les métiers de la presse, publie des essaies la presse. Elle est sociétaire de la Société des Gens de lettres (SGDL), membre du P.E.N. Club français. Elle fut membre du Conseil d’Administration de la Société des Poètes Français pendant neuf ans et rédactrice en chef de sa revue, l’Agora, pendant 2 ans. Elle a obtenu plusieurs prix et distinctions en France, en Italie et en Amérique latine. Elle est régulièrement invitée en Amérique latine à représenter la France en tant qu’auteure et conférencière et Le Collège Daniel Octavio Crespo de Panama lui a décerné le certificat d’Honneur et Mérite en 2012. Un de ses recueils de poèmes bilingue-français espagnol « Entre Éclairs et pénombre / Entre relámpagos y penumbras » ainsi que son recueil de nouvelles «  Au gué des souvenirs » publié aux Éditions du Cygne ont fait l’objet de mémoires d’études à L’Université de Cagliari en Sardaigne, sous la direction du Professeur Mario SELVAGGIO. Son recueil bilingue Avant l’aube/Antes que despunte el alba fait aussi l’objet d’un mémoire de maîtrise de L’Université de Cagliari en Sardaigne. Elle a traduit en français plusieurs poètes et romanciers latino-américains et plus d’une quarantaine de poètes français en espagnol pour une anthologie à paraître en 2017 aux Éditions Desnel.

 

***

Pour citer ces poèmes

  

Maggy de Coster, « ''Les Versets simplifiés du soleil levant" (extraits)  », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°9 (publication partielle de nos derniers numéros imprimés de 2016) [En ligne], mis en ligne le 1er décembre 2016. Url : http://www.pandesmuses.fr/versets.html

 

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Dernière mise à jour : 2 décembre 2016 (biographie ajoutée)

Dernière mise à jour : 3 décembre 2016 (ajout d'une image et des détails sur la parution des poèmes en janvier)

Le Pan poétique des muses - dans La Lettre de la revue LPpdm Numéros
1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 10:51

 

Poèmes

Parution imprimée dans le numéro spécial 2016

Avant-première

 

Aimer l’amour & Adieu homme

 

 

Dina Sahyouni

 

Membre de la revue LPpdm et de la SIEFEGP

Blog officiel : pan...

 

 

Aimer l’amour

 

 

Je viens aimer l’amour qui transpire de tes lèvres,

Je viens aimer l’amour qui soupire dans tes yeux,

Je viens d’oublier mon corps endormi dans tes mains,

Troubler tous les destins, autant que les chagrins,

Qui m’éloignent de toi.


 

Aime-moi maintenant, aime-moi encor/en corps.

Dors dans mes yeux, là où le printemps se perpétue.

Dors dans mon cœur, là où l’été embrase les mers

De l’univers.


 

Dors dans mes cheveux, là où les jardins de Jasmin

Fleurissent, et remplissent ton quotidien de leurs beautés

Éphémères : je suis l'être-poussière.

Aime-moi maintenant, aime-moi encor/en corps.


 

Je viens nicher dans ton être, aime-moi.

Je viens rimer ton corps de mots forts,

Aime-moi maintenant.. encor/en corps

Lorsque le soleil se couche et lorsque la lune s’endort,

Aime-moi maintenant, aime-moi encor/en corps.


 

Je viens les mains vides mais avides de ton bord.

Aime-moi au-delà des mots, de la mort,

N’oublie pas mes rimes: mon visage sonore

Que je t’offre en mélodies lointaines de l’Âge d’or

Aime-moi maintenant, aime-moi encor/en corps.


 

Je viens aimer l’amour qui respire par tes lèvres,

Je viens renverser toutes les Minerve

De ton ancienne vie, et vivre en toi, en pluie,

Durant des mille et une nuits.

 

Je viens t’aimer comme au beau vieux temps maudit

Où l’amoureux était pour toute la vie.

Je viens avide de ta lumière, en lanières

Me déposer sur tes joues.

Et au creux de ton cœur,

En douceur, préparer mon nid.

Aime-moi maintenant, aime-moi encor/en corps.

© DS, 2010

***

 Crédit photo : Saint Eulalia (1885) de John William Waterhouse. Domaine public, image trouvée sur Commons

 

 

Adieu homme

 

Adieu terre promise, pensées sauvages, et rêves enfantins

Dieu des contemporains lui pardonnera tous ses pêchés d'être volage

Immanent ou transcendantal, Cosmos et dieux païens...

Eulalie de tous les temps, Eulalie des cieux miroirs de Téthys

Ursule se plaint encor dans sa tombe lointaine…

© DS, inédit 2016

 

***

Pour citer ces poèmes

  

Dina Sahyouni, «  Aimer l’amour » & « Adieu homme », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°9 (publication partielle de nos derniers numéros imprimés de 2016) [En ligne], mis en ligne le 1er décembre 2016. Url : http://www.pandesmuses.fr/adieu.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans La Lettre de la revue LPpdm Numéros
30 novembre 2016 3 30 /11 /novembre /2016 16:25

 

Article du numéro spécial 2015-2016

Parution imprimée le 31 décembre 2016

 

 

La poésie incantatoire d'Aimé Césaire

 

 

Françoise Urban-Menninger

Membre de la revue LPpdm et de la SIEFEGP

Responsable de la rubrique Lettres & Arts

Blog officiel : L'heure du poème

 

 

 

Pour évoquer ou essayer d'invoquer modestement et de manière totalement informelle avec ma seule intuition poétique l'écriture flamboyante et cosmogonique d'Aimé Césaire, j'ai choisi de m'appuyer sur la lecture d'un extrait du poème « Les pur-sang » tiré du recueil « Les armes miraculeuses ». J'espère vous faire vibrer avec cette lecture qui donne corps aux mots, qui fait fusionner l'âme et le cosmos. Car Aimé Césaire affirmait lui-même dans une lettre adressée à Lylian Kesteloot que « la poésie surgit du vide intérieur comme un volcan émerge du chaos primitif ». Il ajoutait dans sa missive que « c'est notre lieu de force ; la situation éminente d'où l'on somme ; magie ; magie ». Avant de poursuivre, voici la lecture de l'extrait annoncé…

 

[...] Le dernier des derniers soleils tombe.

Où se couchera-t-il sinon en Moi ?

À mesure que se mourait toute chose,


 

Je me suis, je me suis élargi – comme le monde – Et ma conscience plus large que la mer ! Dernier soleil. J'éclate. Je suis le feu, je suis la mer. Le monde se défait. Mais je suis le monde

[...]

Et nous voici pris dans le sacré

tourbillonnant ruissellement primordial au recommencement de tout. La sérénité découpe l'attente en prodigieux cactus. Tout le possible sous la main. Rien d'exclu. Et je pousse, moi, l'Homme stéatopyge assis en mes yeux des reflets de marais, de honte, d'acquiescement

pas un pli d'air ne bougeant aux échancrures de ses membres – sur les épines séculaires je pousse, comme une plante sans remords et sans gauchissement vers les heures dénouées du jour pur et sûr comme une plante sans crucifiement vers les heures dénouées du soir La fin ! Mes pieds vont le vermineux cheminement plante mes membres ligneux conduisent d'étranges sèves plante plante et je dis et ma parole est paix et je dis et ma parole est terre [...]

 

Dans ce magnifique extrait tiré des « pur-sang », la magie indubitablement opère. Il y a fusion entre le poète et la terre qu’il personnifie. L’homme devient plante, ses membres « conduisent d'étranges sèves » tandis que la terre est « accroupie dans ses cheveux d'eau vive ». L’âme végétale pousse dans le corps du poète, le traverse, transcende son esprit, explose dans la magnificence des mots. Le poète est ce « passeur » qui dit haut et fort le monde, la vie qui le portent : « et je dis et ma parole est paix et je dis et ma parole est terre et je dis et la joie éclate dans le soleil nouveau ».

Une fièvre, un embrasement s'empare du lecteur de ce poème et provoque une contagion joyeuse car le lecteur est invité sans préambule à entrer dans un rythme incantatoire qui le porte au bord de lui-même. Chacun se reconnaît dans ce « Moi » que le poète Aimé Césaire nomme et auquel il met une majuscule. « Le dernier des derniers soleils tombe. Où se couchera-t-il sinon en Moi ? » Comme tous les grands poètes, Aimé Césaire est « un rêveur de monde ». Il s’ouvre au monde et le monde s'ouvre à lui. Le philosophe Gaston Bachelard a merveilleusement évoqué dans « La poétique de la rêverie » cette « rêverie cosmique » où une seule image cosmique donne une unité de rêverie, une unité du monde.

Gaston Bachelard nous le confie « L’image cosmique est immédiate. Elle nous donne le tout avant les parties ». Et le philosophe de nous offrir en une seule phrase cette clé essentielle : « Les grands rêves de cosmicité sont garants de l'immobilité de la terre ».

Cette immobilité se mue alors en sérénité et c'est bien Aimé Césaire qui écrit « La sérénité découpe l'attente en prodigieux cactus », et plus loin dans le poème, il associe « l’Homme stéatopyge » à une immobilité qui renvoie à un ordre, un savoir séculaire, voire millénaire enfoui dans nos archétypes ». C'est cette poésie surgie des profondeurs telle la lave d'un volcan qui s’apparente à une rêverie cosmique primitive, elle nous permet de renouer avec notre inconscient collectif, avec des mythes où le monde était corps humain, regard humain, souffle humain, voix d'homme. La figure du soleil, essentielle dans le poème que je vous ai lu, est souvent reprise dans d’autres écrits d'Aimé Césaire. Ainsi dans le poème intitulé « Soleil serpent », il associe son œil et le soleil dans ce vers asyndétique : « soleil serpent œil fascinant mon œil » et témoigne ainsi de ce que Bachelard appelait « le théorème de la rêverie de vision ». À savoir que « tout ce qui brille voit ». Et cette rêverie du rêveur solitaire n'a d'autre fin que de s'ouvrir à tous les êtres du monde. Bachelard résume ainsi le propos « Le rêveur parle au monde et voici que le monde lui parle ». Dans le poème que j'ai lu tout à l'heure, l'homme devient une plante, il renoue avec son âme végétale qui le prolonge et le met en phase dans son dialogue avec le cosmos. Aimé Césaire déclarait à ce propos : « Le motif végétal est un motif qui est central chez moi, l'arbre est là , il est partout, il m'inquiète, il m'intrigue, il me nourrit ».

Je voudrais m'arrêter sur cette magnifique image de l'Homme-plante pour évoquer la figure de Suzanne Césaire, son épouse, la femme aimée, la muse qui lui a inspiré de splendides poèmes. Cette femme exceptionnelle, belle de corps, d'âme et d'esprit, nous a laissé elle aussi de somptueux écrits pour la plupart publiés dans la revue littéraire martiniquaise « Tropiques » que le couple avait animée entre 1941 et 1945.

Dans « Le grand camouflage », l’édition établie par Daniel Maximin, créateur du spectacle « Fontaine solaire » élaboré autour des textes de Suzanne Césaire, on trouve un article où elle évoque la théorie du philosophe Leo Frobenius qui pense que « L'homme est l'instrument de la civilisation ». Suzanne Césaire écrit : « L'homme n'agit pas, il est agi, mû par une force antérieure à l'humanité, une force assimilable à la force vitale elle-même, la Païdeuma fondamentale ». C'est dans ce même texte qu'elle nous parle de l'Homme-plante, thème que l'on retrouve dans la poésie d'Aimé Césaire. Et d'ajouter, admirative de l’œuvre de Leo Frobenius : « Il retrouve le sens des cosmogonies et des mythes perdus depuis Anaxagore et Platon ». Cette pensée rejoint celle du grand physicien Hubert Reeves qui dans son livre « Dernières nouvelles du cosmos », nous explique que l'image d'un monde antique baignant dans le chaos n'est pas neutre, elle restitue, écrit-il l'être humain dans ce vaste mouvement d'organisation de la matière à l'échelle cosmique » et de poursuivre en concluant « ...nous ne somme pas étrangers à l'univers. Nous en sommes les enfants ». Voilà comment la pensée scientifique rejoint l'intuition poétique mais cela nous le savions déjà grâce à Platon, à Bachelard et aujourd'hui à Hubert Reeves. Cette intuition de notre appartenance à la terre qui nous porte, Suzanne Césaire l'a exprimée avec force et beauté. Il n'est pas superflu de reprendre la quatrième de couverture du grand camouflage où Daniel Maximin qualifie son écriture de « flamboyante » et déclare qu'elle est « l'initiatrice d'une importante lignée d'écriture féminine aux Antilles ». Mais si, comme je l'ai déjà souligné, « Les mots cosmiques, les images cosmiques tissent des liens de l'homme au monde », il est temps de parler de la langue employée par Aimé Césaire. L'écrivain n'a de cesse dans ses multiples écrits de célébrer la langue française qui, pour reprendre une expression de Guillevic, « le met au monde », il affirme qu’elle est devenue « la langue du pays » et la qualifie « d'atout magnifique » tout en précisant qu'en tant que poète martiniquais « il a un devoir d'originalité ». Dans la poésie d'Aimé Césaire, c'est la langue française qui flamboie, irradie, vibre tout comme chez St John Perse. Personnellement, j'y retrouve le même rythme litanique, une fois embarquée dans le poème. Ce rythme, c'est celui du sang qui roule tambour dans nos artères, celui qui traverse notre nuit depuis nos origines jusqu'à notre finitude. Les métaphores, les chiasmes, les hyperboles génèrent une écriture proprement ensorcelante tout en exubérance qui fait écho aux plus grands poètes. On entend dans les vers d'Aimé Césaire, les voix de Lautréamont, de Baudelaire ou de Rimbaud. Le verbe prolifère telle une plante luxuriante qui envahit le terreau du poème, pousse sur les décombres de la mémoire, pour fleurir et s'ouvrir toujours plus haut dans la pleine lumière d'une liberté qui n'a plus besoin des mots pour se dire, se crier, se chanter. C'est le surréalisme, détaché « des termes conventionnels », selon une expression que Suzanne Césaire emprunte à André Breton, qui permet à « la liberté de se faire chair et de se recréer sans cesse dans le verbe », écrit-elle en 1943 dans Tropiques. Elle ajoute que l'activité surréaliste est une activité totale, la seule qui peut libérer l'homme en lui révélant son inconscient et de mettre en exergue de son article cette phrase belle et lumineuse : « Surréalisme, corde raide de notre espoir ». La poésie d'Aimé Césaire, « libérée de toute entrave » transcende ainsi toutes les frontières, frontières géographiques mais aussi celles qui font référence aux couleurs de la peau, aux croyances religieuses. Car sa poésie est une musique qui touche l'âme universelle, cosmogonique. En 1945, Aimé Césaire écrivait dans la revue « Tropiques » : « En nous l'homme de tous les temps, en nous les hommes. En nous l'anima, le végétal, le minéral. L'homme n'est pas seulement homme, il est l'univers ». J'ajouterai pour conclure que l'usage de la langue française portée aux cimes de la splendeur par Aimé Césaire ainsi que par d'autres grands poètes tels Léopold Sédar Senghor, Léon Gontran ou Daniel Maximin a contribué à faire rayonner la francophonie. Aimé Césaire se plaisait à définir la francophonie comme « un humanisme intégral qui se tisse autour de la terre ».

N'oublions pas pour terminer cette modeste intervention que bon nombre d'auteurs comme Emile Cioran ou Albert Camus ont déclaré « Nous habitons une langue », et affirmé que « Notre vraie patrie est notre langue ». Pour clore mon sujet, je laisse la parole à Aimé Césaire qui définit la poésie tel un cri « jailli des profondeurs ». La fulgurance de ce cri, à n'en pas douter traverse notre nuit, nous ramène au bord de nous-mêmes pour faire chanter en nous cette âme du monde dont nous sommes des fragments, peut-être même des « poussières d'étoiles » comme se plaît à nous le répéter Hubert Reeves.

Écoutons une dernière fois la voix d'Aimé Césaire dans un court extrait de son poème « Le grand midi » tiré du recueil « Les armes miraculeuses ».

 

Je pars, je pars. Mer sans ailleurs, ô recreux sans départ je vous dis que je pars : dans la clarté aréneuse, vers mon hostie vivace, se cabrent des centaures. Je pars. Le vent d'un museau dur fouine dans ma patience Ô terre de cimaise dénuée terre grasse gorgée d'eau lourde votre jour est un chien qui jappe après une ombre.

Adieu !

Quand la terre acagnardée scalpera le soleil dans la mer violette vous trouverez mon œil fumant comme un tison.

Fournaise, rude tendresse, salut !

Les étoiles pourrissent dans les marais du ciel mais j'avance plus sûr et plus secret et plus terrible que l'étoile pourrissante.

 

***

Pour citer ce texte

  

Françoise Urban-Menninger, « La poésie incantatoire d'Aimé Césaire », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°9 (publication partielle de nos derniers numéros imprimés de 2016) [En ligne], mis en ligne le 30 novembre 2016. Url : http://www.pandesmuses.fr/cesaire.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans La Lettre de la revue LPpdm Numéros
30 novembre 2016 3 30 /11 /novembre /2016 13:35

 

Annonce de parution

 

 Les éditions Pan des muses vous annoncent la parution de leur

 

SEMAINIER DES MUSES (SDM)

JOURNAL ANTHOLOGIQUE, FÉMINISTE,

INTERNATIONAL & MULTILINGUE DE POÉSIE

N° 7 | Octobre 2016 dédié à la poésie de

 

Nicole COPPEY

 

Six poèmes calligraphiés sur

 

Le Divin

 

 

Le Semainier des muses est le premier périodique paritaire en poésie

 

© Couverture du SDM n°7 illustrée par une photographie de Nicole COPPEY par Mélinda DELALOYE.

 

Nicole COPPEYpoétesse musicienne artiste et pédagogue Suisse à la sensibilité humaine remarquable et profonde, nous offre une poésie sous forme multidimensionnelle et globale, habitée par une humanité poétique où les cultures se réunissent. Elle étend ses multiples activités pédagogiques et artistiques à l'interaction des Arts, en les reliant aux fondamentaux de l'être humain, les faisant vibrer dans l'Amour, la Nature et la Spiritualité. Sur la base de cette philosophie, elle fonde en 1997 sa propre école d'Art musical (www.123musique.ch), privilégiant la formation, la création et l'expression artistique. Ses activités pédagogiques et artistiques se déploient sur un vaste éventail : professorat ; collaborations internationales dans le domaine de la pédagogie musicale et de l'enseignement professionnel ; interventions artistiques dans des festivals ; écriture, interprétation, publications et expositions de poèmes ; transcriptions vidéo de concepts artistiques... La poésie est pour elle une source de création profonde, dans une interaction générée entre la musique des mots et le rythme des sonorités verbales. Sa sensibilité et sa conviction du message profondément authentique des musiques du monde l'inspirent dans le développement de concepts novateurs regroupant plusieurs domaines artistiques dans des projets menés internationalement. Auteure de recueils de poésie et de poèmes calligraphiés, elle explore de nouveaux horizons en parcourant le monde et en diversifiant ses moyens d'expression et de transmission, de l'oral à l'écrit, du papier à l'écran, du parlé au chanté, de l'obscur au lumineux, de l'élément au Tout. Site officiel : www.nicolecoppey.com.

 

© Grenoble, Éditions Pan des muses de la SIÉFÉGP, coll. Ops, 2016, 8 p., 3,50 € TTC (frais de port inclus pour 1 exemplaire). Merci d'ajouter 0,50 € par exemplaire supplémentaire. ISSN : 2494-2901.

 

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Pour citer ce texte

  

LPpdm, «  Semainier des muses ;  Nicole COPPEY, « Le Divin », N°7, Octobre 2016 aux éditions Pan des muses, coll. Ops, 2016, 3,50 € », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°9 (publication partielle de nos derniers numéros imprimés de 2016) [En ligne], mis en ligne le 30 novembre 2016. Url : http://www.pandesmuses.fr/divin.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans La Lettre de la revue LPpdm

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