Création
Je suis annulé par l’Écriture
J’ai atteint ce degré Zéro
Écrire, c’est se trahir
Se dévoiler, crier trop haut :
Abstraction
Généralisation
Simplification.
Je ressors canalisé
Réduit au commun dénominateur
Mon fluide et mes pulsions se sont figés
en un Objet révélateur
D’un certain malentendu
dont j’ai été l’auteur.
Creación
Soy anulado por las Escrituras
Alcancé este grado cero
Escribir es traicionarse
Develarse, gritar demasiado alto:
Abstracción
Generalización
Simplificación.
Salgo canalizado
Reducido al denominador común
Mi fluido y mis impulsos se inmovilizaron
En un objeto revelador
De un cierto malentendido
Del que fui el autor
« HEUREUX QUI, COMME ULYSSE,
A FAIT UN BEAU VOYAGE » (Du Bellay)
À ma mère
Heureuse ma mère accueille mes parcours
Dans le hasard et ses moiteurs
Comme l’amour qui scintille dans les regards
À l’aube de sa candeur
Elle embrasse mes promesses
Comme le printemps qui caresse les couleurs
Vives d’une renaissance.
Je parle
Et elle s’épanouit fraîchement éclose
Du brouillard qui a terni sa vie
Ainsi ma parole porte le fruit doux des amertumes
Niant la douleur et l’opprobre de l’envie
Je rentre dans son cœur bienveillant
Pour abriter mes angoisses
Comme dans un gant fourré la main
Enterre nonchalamment sa poisse
Et mes émois effacent
Les sombres tristesses de nos natalités
Je vois
Mes mots rôder dans sa mémoire dépliée
Ils roulent écume rose qui reflue l’impatience
Ainsi ses tiges oscillent et s’ajustent à ma cadence
Mes gestes illuminent du pays son absence
Et la rigueur de ma pensée déclenche
L’abondance des larmes et des sourires
Alors ses bras s’ouvrent fleurs couronnant
Mon enthousiasme opiniâtre toujours prêt
À faire renaître le souvenir.
"FELIZ QUIEN, COMO ULYSSE,
HIZO UN HERMOSO VIAJE »(Du Bellay)
A mi madre
Feliz mi madre acoge mis trayectos
En el azar y sus trasudores
Así como el amor que centellea en las miradas
En el alba de su candor
Abraza mis promesas
Así como la primavera que acaricia los colores
Vivos de un renacimiento.
Hablo
Y se abre frescamente nacida
De la niebla que empañó su vida
Así mi palabra lleva la fruta dulce de las amarguras
Negando el dolor y el oprobio de la envidia
Entro en su corazón benevolente
Para abrigar mis ansiedades
Como en un guante de piel la mano
Descaradamente entierra su mala suerte
Y mis emociones borran
La tristeza oscura de nuestras natalidades
Veo
Mis palabras vagabundear en su memoria desplegada
Ruedan como si fueran espuma rosa que refluye la impaciencia
Así sus tallos oscilan y se ajustan a mi cadencia
Mis gestos iluminan del país su ausencia
Y el rigor de mi pensamiento pone en marcha
La abundancia de las lágrimas y de las sonrisas
Entonces sus brazos se abren como flores que coronan
Mi entusiasmo porfiado siempre listo
Para hacer renacer el recuerdo
***
MIRACLE VAIN
Comment liquider la famine
Ce désastre planétaire
Cliché consommé à faire pleurer ?
Quand les affamés cèdent à la faim
Toute conscience doit se révolter
Et les mains graciles de s’ouvrir à autrui
Aucune goutte de rosée à l’horizon
Elle leur aurait rendu leur dignité
Et sauvé l’âme des moribonds
Détournée l’aide étrangère par les rassasiés
Qui ratissent oseilles et dépouilles
Pour fertiliser leurs miracles
Colonisés dans leur tête
Les néo-pourfendeurs du temps
Taraudent leur peuple et
Étouffent tout Naturel à naître
Paysage lapidaire de tout un Continent
Les enjambées grotesques foisonnent
Et apaisent seulement les moutons du Sillage
Bafouant mémoire originelle
Chants de la tribu et langues indigènes
Quand la tête du panier est pourrie
Qui peut assainir les tourments du bas-fond ?
Oh cette envie de béquiller pour les démunis
À quêter l’ordre du renouveau !
Laisser les cils battre le tam-tam des larmes
Et la dignité reprendre ses droits d’oraison
***
Poèmes parus dans la revue
« Poésie sur Seine », Paris,
n° 80, novembre 2012, p. 60-61.
MILAGRO VANO
¿Cómo liquidar el hambre
Este desastre planetario
Lugar común consumido a hacer llorar?
Cuando los hambrientos ceden al hambre
Toda conciencia debe rebelarse
Y las manos gráciles abrirse a otro
Ninguna gota de rocío en el horizonte
Les habría devuelto su dignidad
Y salvado el alma de los moribundos
La ayuda extranjera apartada por los hartos
Que rastrillan plata y despojas
Para fertilizar sus milagros
Colonizados en su cabeza
Los neo-perdonavidas del tiempo
Aterrajan su pueblo y
Asfixian toda Naturaleza que nace
Paisaje lapidario de todo un Continente
Las zancadas grotescas se multiplican
Y apaciguan solamente los carneros de la Estela
Burlándose de memoria original
Cantos de la tribu y lenguas indígenas
Cuando la cabeza de la cesta es podrida
¿Quién puede sanear los tormentos de la hondonada?
¡OH esta envidia de ayudar a los desheredados
A buscar la orden de la renovación!
Dejar las pestañas latir el tam-tam de las lágrimas
Y la dignidad retomar sus derechos de oración
Poemas publicados en la revista
" Poésie-sur-Seine ", París,
N ° 80, noviembre de 2012, p. 60-61.
http://hedibouraoui.info.yorku.ca