29 août 2020 6 29 /08 /août /2020 08:18

 

 

PÉRIODIQUES | JOURNAL SDM | N°1 Spécial 2020 | POÉTESSE | Poèmes

 

 

 

 

Parution en ligne en avant-première

 

 

 

 

 

 

poétesse obstinément

 

 

 

 

 

 

Laurent Poliquin

 

 

 

l’attente lui palpe l’épaule comme un ami

tout entière elle s’élance dans l’écriture

ses murs sont d’horizon sa lampe de soleil 

complice des mirages

la poétesse œuvre aux quatre points cardinaux

ses poèmes mesures les mouvements de la mer

la composition fluide de l’aube

ses mots s’ouvrent et se ferment

à la cadence innée des rivières et des rues

elle donne son corps en gage 

à l’exaltation du vent

imprégnée des parfums

elle négocie les mots pour oublier la mort

assise dans l’honneur de la solitude

elle perd qu’au souvenir de son sang

quand un jour osseux

la mendicité lui ouvre les veines

 

Biographie

​​​​​Laurent POLIQUIN, habite à un jet de pierre de la rivière Rouge dans les prairies canadiennes. Détenteur d’un doctorat en littérature canadienne-française de l’Université du Manitoba, il enseigne actuellement à la maternelle dans une école primaire de Winnipeg. Récipiendaire du Prix international de poésie Léopold-Sédar-Senghor, il a publié une douzaine de livres, dont Les foudres du silence : l’estomac fragile de la littérature francophone au Canada, paru à l’Harmattan en 2019.

​​​​

 

 

Pour citer ce poème engagé

 

Laurent Poliquin, « poétesse obstinément », SEMAINIER DES MUSES, Journal anthologique, international, multilingue, féministe et paritaire de poésie« Poétesse », 1er numéro spécial 2020, mis en ligne le 28 août 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/periodiques/sdm/poetesseobstinement-poliquin

 

 

 

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Aude et David Simon

 

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JOURNAL SEMAINIER DES MUSES - dans JOURNAL SDM
28 août 2020 5 28 /08 /août /2020 16:06

Megalesia 2020 | Équinoxe | Poèmes, textes, chansons... 

 

 

 

Je tiens déjà le pinceau

 

 

 

Cyrille Zoé Polla

 

 

 

La réalité se transforme, les noyaux se divisent et ma tête tourne 

Comme un kaléidoscope de tessons turquoises et de fils d’or 

J’entends les cerfs-volants et les voiles de Méditerranée 

Trop de vent, je cligne des yeux, une fraction de seconde.

Et puisqu’une minute de rêve suffit à écrire une histoire entière 

Et que je me rappelle des passages dissimulés, des étroites allées

Je me laisse glisser au travers de ces multiples univers

Qui tournent tournent autour de moi.

 

 

Une goutte d’eau traversée par la lumière 

Est tout ce qu’il faut pour dévoiler le secret

Comme une clé qui ouvre un coffret à trésor 

Et en découle un ruisseau de couleurs.

Elles sont distinctes et pourtant sans frontières 

Elles se présentent unies, s’estompent et se magnifient 

L’une dans l’autre, lune et l’autre.

L’ensemble créé la blanche vérité.

 

 

J’aimerais voir apparaître l’arc-en-ciel 

Intégrer l’indigo à mon bleu ciel, le rouge à mon soleil

En faire une palette de nuances que je porterai à fleurs de peau

Je tiens déjà le pinceau.

 

 

***

 

Pour citer ce poème

Cyrille Zoé Polla, « Je tiens déjà le pinceau », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Megalesia 2020|IV-ÉQUINOXE sous la direction de Barbara Polla, mis en ligne le 28 août 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/equinoxe/pinceau-cyrillepolla

 

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Équinoxe
27 août 2020 4 27 /08 /août /2020 12:00

Megalesia 2020 | Critique & réception

 

 

 

Ses yeux d'eau

 

ou la poésie de la déesse Oxum​​​​​​

 

 

 

 

 

Dina Sahyouni

 

 

© Crédit photo :  "Première de couverture de Ses yeux d'eau", illustration par Adriana Varejão, Via Láctea, 2017, huile et plâtre sur toile 118 x 103 cm, photographie par Eduardo Ortega/Fortes d'Aloía & Gabriel. 

Cette image du livre a été prise par LPPDM.

 

 

 

Conceição Evaristo, Ses yeux d'eau, Nouvelles traduites du portugais (Brésil) par Izabella Borges, Préface de Daniel Rodrigues, éditions des femmes-Antoinette Fouque, 2020, p. 160, 15 €, ISBN 978-2-7210-0717-9, https://www.desfemmes.fr/litterature/ses-yeux-deau/

 

 

 

 

« Je veux contaminer d'espoir d'autres bouches », lit-on dans la nouvelle « Nous décidons de ne pas mourir ». Le désir du personnage Bica fait écho à celui de son autrice, Conceição Evaristo, dont l'œuvre a transmis son espoir à d'autres bouches et d'autres mains, devenant le point de départ d'une nouvelle génération d'écrivaines qui changent actuellement le paysage des lettres brésiliennes.

[...]

Peu à peu, sa littérature se construit autour du concept d'escrevivência qui est, selon elle, une forme littéraire dialectique mettant en rapport l'expérience d'une collectivité (les femmes noires brésiliennes) et l'autobiographie. Escrevivência ne se limite pas au récit et puise aussi dans le langage poétique la forme d'un chant qui s'exprime en 2008, dans le recueil Poemas da Recordação e outros movimentos4. Une autre forme d'expression en est la multiplication des histoires. […] Il est important de souligner que la nouvelle est un genre majeur au Brésil depuis l'avènement d'une littérature nationale au XIXe siècle. Les chants des femmes noires résonnent enfin à côté de ceux des personnages canoniques de la littérature brésilienne.

Daniel Rodrigues, Préface « Archives et transmissions » , pp. 5-12.

4. Poèmes de la mémoire et autres mouvements, trad. Rose Mary Osorio et Pierre Grouix, édition bilingue, des femmes-Antoinette Fouque, 2019.


 

 

 

Bellement traduit, préfacé et présenté aux éditions des femmes-Antoinette Fouque, ce recueil de nouvelles est avant tout une œuvre poétique bouleversante au style limpide ; une écriture – translucide à l'encre des larmes – qui dit l'humain dans ses grandeur et déchéance. Le recueil narre féministement et parfois crûment des beautés, souffrances, joies (souvent éphémères), désirs et amours des corps humains entravés par les supplices de la pauvreté, l'exclusion et un passé plus que douloureux. Il décrit brièvement mais sincèrement des vies de femmes noires brésiliennes sans oublier ni juger, leur entourage composé de brésiliens noirs ou pas. D'emblée, la violence du passé esclavagiste se mêle et s'ajoute à celle des vies brisées dans les favelas où règnent les violences, misères et armes des trafiquants de stupéfiants.

 

L'ouvrage dresse une cartographie géopoétique de la fragilité de l'existence humaine dans les classes populaires. En quelque sorte, il est un éloge de la vie côtoyant la mort. Il met ainsi en scène des témoignages puissants de vie aux favelas brésiliennes où des personnages féminins et masculins variés évoluent, apprennent à réinventer quotidiennement la vie ou à mourir dans l'indifférence générale. Ces récits de vie inspirés des personnes réelles naïves et exclues naviguant entre Éros et Thanatos (la vie et la mort) s'ouvrent par une nouvelle probablement autobiographique sur l'espoir « Ses yeux d'eau » et se terminent optimistement par une conviction libératrice avec la naissance de « Ayoluwa, la joie de notre peuple ». Ainsi, au cœur de l'exclusion mortifère naît l'amour multiple, explosif, puissant, jouissif sans jugements ni corps normés (voir par exemple les nouvelles intitulées « Luamanda », « Un baiser sur la joue »)

 

Grâce à ses style et voix poétiques, Evaristo nous fait entendre l'indicible douleur acculée aux corps des femmes afrobrésiliennes. Elle nous fait voir aussi la beauté de leurs poésie et héritage culturel métissé remplis de croyances. Elle arrive narrativement à restituer une collectivité de femmes et de filles battantes malgré la stigmatisation et les blessures. Des amazones, des vivantes, désirantes et désirables qui font vivre leur peuple. Elle fait également émerger tout un cosmos poétique peuplé de mythes, légendes urbaines et de croyances familiales.

 

Ce recueil fait ainsi jaillir au for intérieur une « Fontaine de Jouvence », un moment de grâce et d'amour au-delà des passions tristes (la honte, la peur, la vengeance...), au-delà de la mort rôdant aux creux et plis des pages et des vies piétinées des personnages socialement rejetés, désorientés aux vécus (et parfois corps) mutilés qui cheminent quelquefois tragiquement vers leur fin (voir par exemple les nouvelles « Duzu-Querença », « Maria », « Zaíta a oublié de ranger ses jouets », « Di Lixão », « Les amours de Kimbã »)

 

La langue parfois crue – rappelle celle de Violette Leduc décrivant des scènes d'amour lesbien – mais sincère, s'ancre dans le langage des favelas et dans une description minutieuse de la quotidienneté violente des personnages. Elle témoigne également des difficultés rencontrées par les protagonistes. Elle colle également aux langage et vécu réels des gens des favelas (voir à ce propos l'extrait cité au début de ce texte de la préface de Daniel Rodrigues sur l'« Archive-transmission » et la « violence-archive », idem, p. 8).

 

Les quinze nouvelles portant majoritairement sur des femmes de tous les âges et caractères se caractérisent par des traits communs parmi eux, on cite :

 

Une narration féministe

 

Parmi les traits communs de l'ensemble des nouvelles, figure le féminisme disséminé dans la volonté manifeste des femmes et filles de s'en sortir, d'être libres de leurs entraves... de vivre et de jouir malgré tout.

 

Avec véhémence, la nouvelliste aborde dans Ses yeux d'eau des questions féministes sensibles sur la sexualité précoce, hors mariage et non protégée, la prostitution, le proxénétisme des femmes, le désir des femmes et jeunes femmes de jouir, la grossesse non désirée, l'avortement clandestin, la stérilité, le désir d'enfanter, les violences sexistes et racistes à l'encontre des femmes (insultes, surveillance, viol, mutilation, féminicide racial, matricide, etc.), l'abandon d'un bébé à la naissance, l'éducation, des savoirs dits féminins, la grossesse pour autrui, la sexualité des femmes mûres avec des jeunes hommes, la sexualité avec des personnes âgées, la l'homosexualité masculine et féminine, la bisexualité et la sexualité à plusieurs, etc.

 

La nouvelliste n'oublie guère d'évoquer les complicité, solidarité, compréhension, sororité, désaccords et malentendus entre les femmes de toutes les générations. Evaristo lève implicitement par exemple le voile sur le conflit freudien autour de l'absence du phallus chez une femme dans la nouvelle intitulée « Luamanda » ou sur la folie, l'hystérie et la sorcellerie des femmes dans « Duzu-Querença » et « Combien d'enfants Natalina a-t-elle eus ? »

 

Ainsi, l'ouvrage présente les récits du point de vue féministe y compris quand la nouvelliste raconte des vies d'hommes, le regard et la manière de rendre palpable leurs vies sont féministes. Par ailleurs, le choix du vocabulaire permet au lectorat de s'en rendre compte facilement.

Nous soulignons également que le féminisme de la nouvelliste n'est pas du tout un jugement moral relevant du bien et du mal, son féminisme renvoie au combat quotidien des femmes, enfants, adolescentes, adolescents et hommes aux origines afrobrésiliennes pour vivre et mourir dignement tout en rêvant et espérant en un lendemain meilleur.

[...]

Je recommande vivement la lecture du recueil.

 

DS. AOÛT 2020.

 

 

 

 

Retrouvez la version complète de cet article dans le n°3 papier sur l'Eau de la revue féministe et paritaire IRIS & MÊTIS, parution en novembre 2020.

 

Plan de l'article

 

I- Introduction

II- Caractéristiques communes aux nouvelles du recueil

_ Une narration féministe

_ Le tissu narratif et poétique des nouvelles est identique

_ L'omniprésence des femmes, des féminins et de la sexualité

_ Les références au masculin sont généralement crues et parfois drôles

​​​​​​_ La poésie de la déesse Oxum

III​​​​​- Conclusion

 

Pour consulter la page du livre aux éditions des femmes-Antoinette Fouque : 

 

***

 

Pour citer ce texte

Dina Sahyouni, « Ses yeux d'eau ou la poésie de la déesse Oxum », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiquesMegalesia 2020 & n°3 | Eau, IRIS & MÊTISmis en ligne le 27 août 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/ds-sesyeuxdeau-evaristo

 

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​​​​​​

26 août 2020 3 26 /08 /août /2020 15:04

Megalesia 2020 | N°9 | Poésie érotique  

 

 

 

 

La grâce triomphera

 

 

Poèmes écrits d'après les œuvres de l’artiste Carine Bovey, et lus le 25 août 2020 en public à Genève.

 

 

 

 

Barbara Polla

Site où elle publie régulièrement :

https://sarasvati.fr/

ou

https //womentoday.fr/

 

Blog officiel : 

https://barbarapolla.wordpress.com/

 

Site officiel de la Galerie :

https://analixforever.com

 

Poèmes dédiés aux compositions artistiques de

Carine Bovey

 

 

© Carine Bovey, "La grâce triomphera".

 

 

Carine 

 

 

Nous étions confinés

J’ai inventé l’amour

L’amour à la maison

J’avais envie de vivre

 

 

J’ai mis mes hauts talons 

Mes perles dans ma vulve

Et je me suis assise 

Sur la machine à laver

 

 

J’ai appuyé sur start

J’étais à califourchon

Il est venu voir

Attiré par le bruit

 

 

Car je criais un peu

Le voisin d’à côté

Qui me connaît trop bien

Tapait fort sur le mur

 

 

Nous étions confinés

J’ai inventé l’amour

L’amour à la maison

J’avais envie de vivre

 

 

Il est venu voir

De très près

Les perles dans ma vulve

Il pleuvait des cyprines

 

La machine tressautait

Mes fesses faisaient de même

Il prit la peinture rose

Et me peignit les seins

 

Il prit la peinture blanche 

Et peignit mon visage

L’acrylique sentait bon

Comme une corbeille d’argent

 

Nous étions confinés

J’ai inventé l’amour

L’amour à la maison

J’avais envie de vivre

 

J’ai appuyé sur stop

J’ai pris toutes les couleurs

Je me suis mise à peindre

La grâce triomphera

 

 

 

 

Rapunzel


 

 

Talons aiguille
intérieur jour
Ögonblick
fin de soirée en forme de chute
 

 

Les seins avancent masqués
l’orgasme à fleur de peau
l’orgasme au bout des perles

 

 

Les vulves sont des fleurs
cela on le savait
les vulves sont des bijoux
en soie et en perles

 

La poignée de la porte
un bouquet à la main
elle sort
laissant derrière elle
sa tresse kilométrique


 

© Carine Bovey, "Rouge à lèvres".

 

 

Rouge à lèvres


 

Mitraillette en dentelle
le sexe ou les armes
nous préférons le sexe
le clitoris en fleur
des vulves en bois
couleur soleil couleur bleu nuit
petites lèvres grandes lèvres
rouge à lèvres

 

 

 

 

 

© Carine Bovey, "La mère".

 

 

La grâce triomphera 


 

La grâce de la mère

Prozac
biberon
lolette
des seins de lèvres
des bouches aphones
téléphone
 

 

Parfum
réveil

Cologne
sac glace
maquillage

 

 

Des huitres gluantes
des perles des fleurs et des fraises
et du lait maternel
vibromasseur
boules de geisha

éclaboussures couleurs, de toutes couleurs
je peins le ciel
pour la mère goulue
couleur arc en ciel

 

 

La grâce triomphera

 

 

© Carine Bovey, "invitation à la danse".

 

 

Invitation à danser



 

Mon amant m’a dit
d’exquises horreurs 

Ce soir je serai la plus belle
pour aller danser
 

 

Lui James, moi Nora
J’écoute, je ris, je ris et je jouis
Ma chère éminence

Ce soir je danse !

 

 

Avec mes hauts talons

Cages dorées ensanglantées

Je trébuche maladroite et floue

Fin de soirée je suis tombée

 

 

Mais il m’a rattrapée par les cheveux

M’a remise droite sur la piste

Il me parle d’amour
Et dans ses bras je danse

 

 

Jusqu’au matin 


 

Jusqu’à la fi

 

 

Dans le cadre du festival Eauditives (12e édition) à Toulon, voir ci-dessous :

 

© Capture d'écran, fournie par Barbara Polla, 2020. 

 

***

 

Pour citer ces poèmes érotiques & féministes

 

Barbara Polla« La grâce triomphera », poèmes inédits dédiés aux œuvres de Carine Bovey, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiquesMegalesia 2020 & N°9 | Fin d'été « Femmes, Poésie & Peinture » sous la direction de Maggy de Costermis en ligne le 26 août 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/bp-poemes-carine

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Megalesia Numéro 9 Poésies féministes Poésie engagée

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