12 septembre 2020 6 12 /09 /septembre /2020 15:59

Megalesia 2020 | Réflexions féministes sur l'actualité

 

 

 

 

« Éviter les secrètes surprises

 

du diable » !

 

 

 

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

 

 

Crédit photo : Joovs van Cleve, "La Vierge à l'enfant", domaine public, Wikipédia, Commons. 

 

 


Cet article a été écrit suite à la polémique du musée d'Orsay, il contient des réflexions suscitées par "la polémique liée au décolleté d'une jeune femme jugé indécent lors de sa visite au musée d'Orsay". Des images reprises sur Wikipédia accompagnent le sujet.

 

 

 

 

 

Voilà un conseil prodigué par le capucin Alexis de Solo dans son ouvrage de 1627 intitulé Le chemin assuré du paradis.

 

À l'instar de cette formulation, de nombreux textes religieux ont recommandé de fuir la séduction de la beauté féminine. L'on songe inévitablement à Lilith, première femme d'Adam, jugée trop licencieuse puis à Ève incarnant la tentation suprême…

 

Trois vers célèbres tirés du Tartuffe de Molière témoignent de la faiblesse des hommes quant à leurs inclinations : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir / Par de pareils objets des âmes sont blessées / Et cela fait naître de coupables pensées ».

 

Sont-ce de « coupables pensées » qui ont traversé subrepticement les esprits du personnel du musée d'Orsay jusqu'à les égarer dans une injonction faite à une jeune femme de cacher les appas d'un décolleté forcément jugé indécent ?

 

Doit-on annoncer le retour de dévots hypocrites dans le lieu même où l'on nous donne à voir L'origine du monde ou Le déjeuner sur l'herbe ?

Quelle peut en être la mécanique sans doute inconsciente de cet excès de pudibonderie au XXIe siècle ?

 

Il fut un temps où dans la Grèce antique, les hommes affichaient une préférence pour les poitrines plates alors qu'à la Renaissance, ils considéraient que les femmes aux formes généreuses étaient plus attrayantes.

Quant à certaines tribus africaines où les femmes évoluent torse nu, l'anthropologue Fran Mascia-Lee nous apprend qu'elles ne suscitent pas d'intérêt particulier auprès des hommes.

 

 

Crédit photo : Eugène Delacroix, "La liberté guidant le peuple", domaine public, Wikipédia, Commons. 

 

 

C'est au XXe siècle avec l'avènement de la « libération » de la femme jusqu'alors cantonnée dans son rôle de mère reproductrice et nourricière que le sein devient un lieu de pouvoir et de révolte. Du sein dévoilé de la Marianne à celui dénudé des Femen, la femme se projette hors d'elle-même. Le sein n'est plus un objet désirant, la femme se réapproprie son corps, mettant ainsi à mal les fantasmes autour de l'éternel féminin.

 

Dans le même temps, le sein soumis aux diktats des apparences et du paraître, devient pour certaines un accessoire érotique indispensable, d'où leur engouement pour la chirurgie esthétique qui devient alors une nouvelle forme d'aliénation….

 

L'on en oublie la fonction naturelle et première du sein qui n'est autre que l'allaitement pourtant recommandé par l'OMS. Nombre d'incidents ont été relatés dans la presse ces dernières années quant à l'interdiction faite aux femmes de donner le sein à son nourrisson en public, témoignant ainsi  d'un mal être de certains esprits incapables de se défaire d'images prégnantes liées sans doute à la pornographie, la publicité subliminale, voire aux apparitions inquiétantes pour eux des Femen…

 

Il aura fallu une loi pour mettre fin au désordre d'un imaginaire collectif  souvent perturbé c'est ainsi que l'Equality Act de 2010 permet dorénavant aux femmes britanniques d'allaiter en dehors de la maison en  toute légalité !

 

Mais si dans l'Écriture sainte, le prophète Jérémie parlait des femmes avec mépris en évoquant celles qui « montraient leur mamelle nue », on rappellera que le Vatican a revu sa position en 2008 en affirmant qu'il fallait mettre fin à quatre siècles de pudeur quant à la représentation de la Vierge Marie allaitant son enfant.

Dans l'Osservatore Romano, le père Enrico de Covolo préconisait même de revenir à des représentations plus charnelles et plus réalistes de cette scène emblématique de la maternité !

 

Le merveilleux tableau de Joovs van Cleve peint en 1525 nous permet d'admirer une Vierge au sein nu aussi rond et ferme que la pomme que son enfant tient dans l'une de ses mains. Voilà une œuvre emblématique qui devrait faire taire tous les Tartuffe qui ont offusqué la visiteuse du musée d'Orsay en estimant qu'elle avait un décolleté provocant, l'enjoignant à recouvrir une partie de son anatomie pour éviter à tout un chacun « les secrètes surprises du diable »…


 

 

***

 

Pour citer cet article féministe

​​​​Françoise Urban-Menninger, « "Éviter les secrètes surprises du diable"! », texte inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Megalesia 2020, mis en ligne le 12 septembre 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/fum-secretes-surprises

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Megalesia
9 septembre 2020 3 09 /09 /septembre /2020 15:02

Megalesia 2020 | Astres & animaux en Poésie | Travestissements poétiques

 

 

 

 

Papillon à la rose

 

 

 

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

Photographie par

 

Claude Menninger

 

 

 

© Crédit photo : Claude Menninger, "Papillon à la rose", photographie prise durant le confinement, 2020. 

 

 

L'image ci-dessus a inspiré le poème "Papillon à la rose.

                



 

alvéoles d'un rideau de dentelles

où le papillon s'est posé

pétales de rose effleurés

le temps s'est fait la belle

 

je suis ce papillon à la rose

quand mon esprit volage 

rejoint la ronde des nuages

et dans le poème se pose

 

j'écris dans les alvéoles de ciel

où je quête la lumière

en ouvrant grand les ailes

de mon âme toujours plus légère

 

 

***

 

Pour citer ce poème

​​​​Françoise Urban-Menninger, « Papillon à la rose », poème inédit et illustré par le photographe Claude Menninger, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Megalesia 2020, mis en ligne le 9 septembre 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/fum-papillon-rose

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Megalesia
7 septembre 2020 1 07 /09 /septembre /2020 18:19

Megalesia 2020 | Critique & réception 

 

 

 

Jean-François Blavin,

 

« Oscillations vagabondes au crépuscule »,

Éditions Unicité, 2020, 94 p., 13€

 

 

 

Maggy de Coster

Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

 

​​​​​​​© ​​​​​​​​​​Crédit photo : "Première de couverture illustrée du recueil aux Éditions Unicité ".

 

 

Ces poèmes rehaussés des beaux dessins de la talentueuse Nicole Durand reflètent les pérégrinations urbaines d'un poète à l’œil affûté. Ils sont aussi chapeautés d’une très longue préface de  Laurent Desvoux- D’Yrek intitulée : Les terrasses de la divine comédie humaine ». 

Le poème luminaire court mais très parlant décrit l’état d’esprit d’un poète pèlerin parcourant les allées d’un quotidien  à géométrie variable:

 

 « Entre extase et accablement

Je chemine ici ou là ».

 

Et Notre-Dame dans son martyre de trouver une place d'honneur dans le recueil ! Il fallait y penser ! Ainsi peut-on lire : 

 

« Notre- Dame de Paris martyrisée

Mais c’est Paris tout entier qui suffoque »

 

Et c’est aussi le constat de l’hiver qui saisit la ville et la soumet à son « poignard de gel » car « Ce jour il gèle à pierre fendre » mais le poète courageux et téméraire ne cède pas à la panique: « Pas à pas dans la rue il marche ». « Il », c’est bien lui le poète qui se nomme à la troisième personne car le « je » peut bien paraître ostentatoire, il vaut mieux s’effacer derrière le « il » et c’est bien là son jeu. Il est aussi cet homme mûr qui dans la montée des ans se souvient avec

 

bonheur de l’enfance et c’est ainsi que :

 

«  Des jeux enfuis il se souvient

De la pêche sur la jetée  « 

………………….. 

» Et  les sirènes  de sa vie

Voltigent devant l’homme mûr »

 

La nuit, les songes du poète semblent peuplés « d’oiseaux migrateurs » histoire de penser que ses nuits seraient le prolongement de ses journées de balades enchanteresses :

 

« Oiseaux migrateurs de mes curieux sommes

Est-ce souvenance au tamis des jours »

Il ne manque pas de faire un clin d'œil à Rimbaud dans le poème sur le très chic restaurant Le Zimmer de la Place du Châtelet à Paris avec de très belles images ou évocations : 

 

«  Quand le val n’est point tragique

au dormeur

il est d’étranges escales »

 

Avec un luxe de détails, le poète nous invite à découvrir le charme de ce lieu feutré et chaleureux : 

 

« Au-dessus des marbres durs

Il y a comme la scène et le promenoir

d’un théâtre

les tentures rouges, les rideaux écarlates

les lettres de flétrissure, les miroirs,

les sièges cossus, les penseurs, les faux-penseurs,

les imposteurs »

 

Référence est également faite aux héros mythologiques qui veillent sur la Fontaine  Médicis dans un poème dédié à Elsa, la fille du poète, comme cadeau d’anniversaire, aussi considère-t-il :

 

«  Polyphème enfouit sa haine

D’Ulysse sous tant de flocons

Quand la neige caresse Acis

Créant l’émoi en Galatée »

 

Il joue avec les sonorités sans verser dans une  rimaillerie insipide et banale. Il a pour particularité d'omettre les déterminants et de forger des locutions verbales comme dans les vers suivants : " Où se ruaient dames affolées", « dresser constat de l’inavouable » (locution verbale) bien d'autres emplois similaires : originalité qui le rapproche du registre classique : 

 

« C’est déjà intrigante mélopée

A ravir pauvres éperdus et blêmes » p. 89

 

Lancer pelletées :  « […]il  lance

Pelletées de rimes en rade. »p. 41

 

Se créer chemins : « Des laves se créent chemins en rigoles »

Poursuivre quête : « Poursuis alors quête de l’oasis » p.48

 

« Signant clôture d’une vie

Pour l’échoppe de vie vibrante » p.54.

Ici, il y a coexistence d’allitérations et de locutions verbales.

 

Il a aussi l’art d’adjectiver les substantifs comme dans « monts aventuriers » (p. 89) et dans le dernier poème (à la page 91) qui fait retour au premier vocable du titre du recueil : « Oscillations » qui dénote son amour de la montagne, il récidive en adjectivant le mot « moraine » : « Et ma souvenance est moraine » et tout s’achève : 

 

« Comme une transe poétique

Où se lient malheur et bonheur »

 

Le champ lexical de l’auteur relève nettement du registre de la langue soutenue et c’est à loisir qu’il emploie des mots comme : « libation », « vaticination » et bien d’autres. De par sa formation de juriste il puise aussi dans le vocabulaire juridique aussi peut-on lire : « invite comminatoire ». 

 

L’auteur s’accorde certaines licences académiques en employant par exemple le mot « ténèbre » au féminin singulier : « Où est le vrai dans la ténèbre » p.45. 

Emploi rare, usité dans le langage littéraire comme ce fut le cas pour Léon Daudet dans (Bacchantes, 1931, p. 143) : « La nuit était devenue absolument calme et silencieuse, d'une ténèbre douce et ouatée. »

 

Nous relevons d’exquis vers enchâssés dans une succession d'allitérations que nous prenons plaisir à lire :

 

« Et la tornade tordait l’arbre » p.44.

« Le temps si charmant des charmilles » idem.

 

« Des essaims d’huissiers consignant leurs comptes » p. 46.

« En chaos des courants contraires » p.68.

 

Grave, il se révèle également en s’attardant sur le sort de ces migrants désespérés qui s’embarquent sur « Ces esquifs précaires dans le tumulte »

 

Avec lui on comprend que le poète se livre à un « perpétuel travail d’Hercule » par : 

 

 « L’effort des mots pour rendre l’indicible

Pari fou à ne point sortir indemne »

 

C’est dans l’ambiance du Cafés parisiens comme le Hall-1900 du IIIe arrondissement, après avoir savouré son café noir parallèlement aux « Buveurs enflammés de leur vin » et lu son quotidien préféré qu’il se rend disponible à l’accueil des muses. 

Promeneur solitaire, il aime également à se retrouver par « Les radieux matins dans les jardins »

 

C’est la vie dans tous ses aspects qui est consignée dans ce recueil rehaussé d’une belle écriture. 

 

 

***

 

Pour citer ce texte

 

Maggy de Coster, « Jean-François Blavin, "Oscillations vagabondes au crépuscule", Éditions Unicité, 2020, 94 p., 13€ », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiquesMegalesia 2020mis en ligne le 7 septembre 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/decoster-oscillationsvagabondes-blavin

 

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Megalesia
7 septembre 2020 1 07 /09 /septembre /2020 16:13

Megalesia 2020 | Le néopaganisme & la sexualité dans la culture populaire du XXIe siècle | Articles & témoignages | Critique & réception

 

 

 

« Le Cœur Holiday »

​​​​​​

ou la joie de vivre

 

 

 

Dina Sahyouni

 

 

 

© Crédit photo : Le visuel de la chanson "Le Cœur Holiday" de Mika en duo avec Soprano. Capture réalisée par LPPDM via les réseaux sociaux

 


 

Le 28 août dernier, l'auteur-compositeur-interprète Mika a annoncé la sortie de deux nouvelles chansons en Français « Le Cœur Holiday » et en Italien « Bella D'Estate » (une excellente reprise du titre du chanteur Mango). Elles ont été réalisées pour la première avec l'artiste Soprano, quant à la deuxième, avec l'artiste Michele Bravi. Ce sont ses premières participations avec des chanteurs Français et Italien.

Les deux singles ont le vent en poupe depuis leur sortie et l'on pense qu'ils ouvrent un nouveau volet de la carrière artistique internationale de l'artiste Mika par sa façon de chanter (posée et séductrice) et par la sobriété voulue des titres. Par ailleurs, parmi les dernières photographies postées par l'artiste sur les réseaux sociaux, on découvre qu'il s'habille entièrement en blanc. Au-delà de cette élégance qui ne peut que nous rappeler celle du chanteur Joe Dessin, Mika dégage ainsi vêtu une certaine simplicité sereine, et semble apaisé. Il y gagne en épaisseur et grandeur.

Or, c'est en effet fort juste et louable son engagement pour le Liban meurtri par une crise économique sans précédent et les deux explosions du 4 août 2020. L'artiste se démène tous azimuts pour apporter son aide à Beyrouth, la ville où il est né en 1983 en publiant sa « Lettre d'amour à Beyrouth », en organisant le 19 septembre prochain un concert caritatif virtuel « I Love Beirut » et en mettant en place une collecte de dons au profit de deux organismes humanitaires. Mika explique que « l'argent récolté sera divisé entre deux associations qui font un travail incroyable sur le terrain à Beyrouth, en se concentrant sur la réponse d'urgence et la reconstruction de la ville : la Croix rouge libanaise et Save the Children UK » (à ce propos, voir le lien proposé en fin du texte). Toutes ces initiatives dévoilent une nouvelle facette du chanteur : il est un artiste engagé qui n'hésite pas à prendre des décisions inattendues par la majorité des personnes et d'être là où on l'attend pas. Même si cette actualité mérite de s'y attarder et même si les deux nouvelles chansons citées nous intéressent, nous nous contentons d'esquisser une brève analyse de la chanson française qui est un événement en soi puisqu'elle arrive six ans après le titre "Boum Boum Boum".


 

I- De la poésie lyrique et populaire sur un fond de références mythique, légendaire et philosophique

 

Le single, de Mika en duo avec Soprano, s'intitulant « Le Cœur Holiday » est un éloge lyrique à la joie que procurent Érato et Terpsichore (Muses du chant lyrique et de la danse). Le texte de la chanson insiste d'ailleurs sur le fait de ne pas céder aux sirènes des peines, tristesses et catastrophes qui nous frappent et nous affaiblissent, d'être un moderne Ulysse, véhément et combattant, face aux obstacles rencontrés au gré des jours :

 

Vois ces rivières sous mes yeux

Mes prières à ces dieux

J'ai pas vu d'hiver, d'hiver aussi froid

Jamais l'enfer, d'aussi bas

Allez, bouge ton corps à la gauche et à la droite

Allez, on se tord, on n'est pas des automates

Allez, viens danser,

Danser coûte que coûte, on n'a pas besoin, pas besoin de doutes

Allez, secoue-toi, reste pas là dans ton lit

[...]

Garde le cœur debout, garde le cœur holiday

(cf. Mika, « Le Cœur Holiday », août 2020.)


 

Certains médias consultés dernièrement (Aficia, RFM.fr, BFMTV, Sortir à Paris...) voient dans ce message dit « positif » de garder le cœur insouciant, léger et joyeux « un hymne [… et] un véritable appel à la résilience puisqu'il] sonne particulièrement aux oreilles en ces temps sanitaires incertains » ou « ce nouveau titre est une véritable ode à la vie et sonne particulièrement aux oreilles en raison de la crise sanitaire." mondiale. […] "Un rappel à garder la tête et le cœur brillants", a par ailleurs rappelé l'artiste […] ».

 

En fait, après la sortie de l'album poétique et néopaganiste My Name Is Michael Holbrook, Mika renouvelle son attachement à la mythologie et à la philosophie gréco-latine comme à la mythologie africaine avec la chanson POP danse « Le Cœur Holiday » enregistrée l'été 2019 et qui est assez chargée de références explicites et implicites à l'Antiquité et à la mythologie (par exemple « Mes prières à ces dieux » ou les métaphores implicites aux Muses Érato, Terpsichore, à Éros, Épicure, au Golem (ou zombie, à la zombification) avec le terme « automates », au merveilleux des contes et fables avec le visuel et l'aperçu de la vidéo de la chanson, au paradis et à l'enfer, à Apollon avec le terme "soleil", au kairos, aux dieux, au fatum, etc.) De même, il fait référence au continent africain et à l'univers merveilleux et populaire de Disney avec l'affiche et la vidéo de la chanson qui rappellent des films tels Le roi Lion, Le livre de la jungle, etc.) Ce titre est par ailleurs très mélodieux aux paroles faciles à retenir, rythmées et rimées y compris par des rimes internes (comme par exemple « Et si la vie te rend fou, même sans le soleil /Garde le cœur debout, garde le cœur holiday). Il constitue ainsi un titre relevant de la Pop danse et du néopagnisme. Mika réussit à réunir dans une seule chanson qui a l'air d'être légère et simple (voire même facile...), à joindre à la fois l'utile à l'agréable, la légèreté des fables de la Fontaine dans un style contemporain, populaire et urbain.

Bien sûr, l'on peut lui reprocher le choix assez simple des termes mais c'est justement la correspondance entre la légèreté mélodieuse des mots, leur accessibilité à tout public, la musique pop et la profondeur du message émis par le titre qui nous touche et nous semble bien intéressante. La voix urbaine de Soprano qui exprime des « orages dans [sa] voix » dévoile la profondeur de la chanson et accentue la douceur et la phrasée de la voix de Mika.

Les références philosophiques sont nombreuses, parmi lesquelles, on cite celles de l'Antiquité greco-romaine se basant sur les pensées des Stoïciens, Diogène et épicure, et celles de l'Ancien régime rappelant des idées de Spinoza et des penseurs des Lumières. D'autres influences philosophiques peuvent encore être décelées dans ce titre telles les pensées de Nietzsche, Freud, sans oublier des allusions à des idées contemporaines comme la notion en vogue de la « Résilience », etc.

Enfin, n'oublions pas les clins d'œil culturels aux styles urbains, à des lieux de vie des deux artistes par l'intermédiaire des villes citées « Miami et Marseille ». De même, ce titre de poésie lyrique optimiste renferme bien d'autres clins d'œil culturels aux vies privées des artistes, surtout Mika, qui sont dissimilés un peu partout dans le visuel, la vidéo et le texte de la chanson...

 

 

II- « Le Cœur Holiday » est une philosophie épicurienne de la joie et de la générosité

 

 

Comme on l'a déjà dit dans la section précédente à propos des références philosophiques et spirituelles (par les notions des « prières » et « dieux ») anciennes et modernes. Il est question dans ce titre de défendre une philosophie de vie basée sur l'émerveillement presque enfantin face à la beauté de la vie au lieu de cultiver les marasmes des affects tristes qui nous éloignent de la bonté du cœur amoureux de vivre et joyeux d'exister. On insiste dans cette section sur l'influence de la philosophie épicurienne, à la notion du kairos à réinventer chaque jour malgré tout, à l'aide des muses contemporaines (les artistes, danseurs, danseuses, etc.) qui nous donnent envie de les imiter et qui sont là pour dissiper nos peurs, doutes et angoisses par leurs arts.

La philosophie épicurienne est une pensée accessible et lucide, elle appelle à se contenter quotidiennement de ce qui est indispensable et de se réjouir humblement de la vie. Être dans l'Éros en saisissant le kairos. Chaque jour est une occasion pour « Le Cœur Holiday » d'éprouver la vie en lui et de la célébrer en dansant et en chantant. Vivre ainsi en poète bohème, vagabond et non en Orphée mutilé par la douleur de la perte de sa bien-aimée. Vivre en être dionysiaque est la philosophie de ce titre éloquent à plus d'un titre. 

Le terme anglais « Holiday » exprime bien les délices de se réjouir de cette existance-naissance de chaque jour en dansant ses joies et peines « Côute que coûte » comme Lucrèce, Rimbaud, Annie Cordy et tel Freddie Mercury...

 

« Le Cœur Holiday » est ainsi un concept, une notion synonyme de la joie et la génorosité. Ce single ne constitue donc pas une injonction à être heureux, mais une invitation à jouir de son statut d'Existant-vivant en apprenant à vivre pleinement et généreusement tout en pansant nos nombreuses blessures, souffrances, défaites…

 

La musique, le chant, la danse et la poésie sont une manière de célébrer la vie en nous et hors de nous puisque nous mourrons un jour, c'est cela notre condition, alors faisons la fête.

C'est une sorte de pharmakos (provenant du tetrapharmakos ou tetrapharmacum d'Épicure) du XXIe siècle, une ascèse dionysiaque (ou hédoniste) qui rend le cœur joyeux, et l'être tout entier généreux à l'égard de lui-même et des autres. C'est à défaut de refermer, voire guérir nos tristesses, avoir le cœur gai nous permet d'apaiser ses blessures et celles des autres...

Chantons et dansons alors...


 

 

Rappel utile :

À prendre en compte également la cagnotte créée par le chanteur Mika pour le Liban et spécialement Beyrouth. Ainsi, il organise pour le 19 septembre un concert caritatif direct via les réseaux sociaux en soutien à sa ville natale. Veuillez consulter le lien ci-dessous de ces activités :

 

 

Cet article paraîtra imprimé en novembre 2020 dans la revue féministe et paritaire " IRIS ET MÊTIS", no 3 intitulé "Eau".

​​​​​​

 

***

 

Pour citer cet article 

Dina Sahyouni, « "Le Cœur Holiday" ou la joie de vivre », texte inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiquesMegalesia 2020|I- Le néopaganisme & la sexualité dans la culture populaire du XXIe​​​​​​ siècle, mis en ligne le 7 septembre 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/ds-le-coeur-holiday-mika

 

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