27 janvier 2020 1 27 /01 /janvier /2020 15:40

 

Lettre n°14 |Être féministe|Textes poétiques

 

 

À propos du poème

 

de Paul Tojean

 

« L’origine du monde »

 

 

 

Paul Tojean

 

 

 

L’origine du monde, au titre éponyme, emprunté à l’un des plus beaux tableaux de Gustave Courbet a été écrit à l’occasion du bicentenaire de la naissance du peintre, en juin 2019. Ce poème – qui est avant tout un hommage à la Femme à travers une interprétation de l’œuvre picturale – n’est pas seulement érotique, mais également revendicatif et idéologique. Il est extrait du livre Le visage de l’amour au cristal des rêves. Cet ouvrage de poésie édité en un volume de 54 pages en 2019 aux éditions Vernobre, est une célébration à l’amour, à l’érotisme et aux plaisirs amoureux. C’est pour cette raison que cette pièce clôt le recueil comme un chant toujours recommencé. 

 

« L’ORIGINE DU MONDE »

 


(D’après le tableau de Gustave Courbet, musée d’Orsay, Paris.)
 

I​​​​​

Douceur, tendresse, sensualité

Étoile nuptiale cornes de l’érotisme

Tissus, taffetas, lumière tamisée

Un parfum embaume le salon.

 

II 

La Muse est couchée nue sur le dos

Ses jambes ouvertes sont un soleil

Qui éclaire l’univers. Ô Femme-

Poisson. La lune brille sur la mer.

 

III

 

Les draps blancs rejetés sont des vagues

Incessantes qui rythment le désir.

Deux jolis seins roses pleins se dressent

Sous le feu de l’envoûtement charnel.

 

IV

 

Lascivité, caresses et plaisirs

Tétons durcis, lèvres rougies

Ventre lisse peau douce et blanche

Tout le corps paraît en délivrance.

 

V

 

De cette volupté féminine

Pendant et après l’amour

C’est la félicité où prédomine

La jouissance au fil des jours.

 

VI

 

Ô merveilleux sexe féminin !

Arc-en-ciel, rosace de vie

Source de bien-être et de délices

Jardin secret, art de l’érotisme.

 

VII

 

Embrasée de désir au cœur de l’Extase

La Femme est à l’origine du monde

Le mont de Vénus est le centre de la terre

Son ventre un volcan en éruption.

 

VIII

 

Brûlante, désirable et charnelle,

Elle apparaît sans visage sans nom

Mais pourtant Elle est universelle

Au totem des civilisations.

 

IX

 

De belles jambes effilées s’ouvrent

Sur le Paradis dans tout son éclat

Où apparaît une petite tête

Au sein du nouveau monde.

 

 

***

 

Pour citer ce poème

 

Paul Tojean, « À propos du poème de Paul Tojean "L’origine du monde"  », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°14|Être féministe, mis en ligne le 27 janvier 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/lettreno14/originedumonde

 

 

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26 janvier 2020 7 26 /01 /janvier /2020 15:37

 

Lettre n°14 |Être féministe | Faits divers & catastrophes en poésie

 

 

 

 

Bonjour 

 

liberté d'expression

 

 

 

Dina Sahyouni

 

 

 

Crédit photo : Attrape-rêves, domaine public, commons. 

 

 

Pour Mila

 

 

Elle a mal cette humanité qui nous unit,
Mal d'être tout le temps punie,

d'être souillée et aux marchés des sottises vendue.

Elle a mal, l'humanité qui nous unit, elle pleure sans cesse d'être l'objet du déni. 

_ Bonjour liberté d'expression ! _

Elle a le cœur en miettes,

l'humanité a été rendue une pauvre bête,
le visage défiguré, les mains liées,

la plume pliée, 

et le dos courbé en S

tenue en laisse par des malfrats et fanfarons, 

elle gazouille souvent au bord des ruisseaux, 

​​​​​​​​​​​et ses yeux bleus de rêves,

rient encore aux quatre vents...

 

 

***

 

 

Pour citer ce poème engagé 

 

Dina Sahyouni, « Bonjour liberté d'expression », poème féministe inéditLe Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°14|Être féministe, mis en ligne le 26 janvier 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/lettreno14/bonjour

 

 

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23 janvier 2020 4 23 /01 /janvier /2020 16:49

 

Lettre n°14|Être féministe|Écopoésie|Muses au masculin

 

 

 

Le Vallon et Le Lac de Lamartine :

une écriture écopoétique de réinitialisation de la nature 

 

 

 

Ouattara Gouhé

 

Université Alassane Ouattara

Bouaké, Côte d’Ivoire

Résumé 

 

D’un point de vue conceptuel, la nature est considérée comme étant l’« oikos », c’est-à-dire l’habitat paisible, harmonieux, la demeure sans laquelle la vie est impossible. L’actualité révèle, cependant, des tendances discursives socio-culturelles, politiques et scientifiques au sujet de l’impossibilité de la vie consécutive aux problèmes environnementaux. De plus, on doit affirmer, sans risque de se tromper, que très peu de scientifiques et de littérateurs se préoccupent véritablement d’« écouter » la nature dont l’humanité se considère comme la dépositaire attitrée. Or, pour accéder à la compréhension des lois qui interagissent fondamentalement dans l’écheveau compact de la nature, il convient de s’approprier l’essentiel du langage de celle-ci.  Cette dimension, somme toute métalinguistique, se perçoit dans la poésie de Lamartine qui semble présenter quelque fondement d’un « écolangage » poétique. L’écopoétique trouve ainsi sa réelle définition dans l’établissement de rapports connexes entre les phénomènes de la nature et ceux de la poésie.

 

Mots clés : écocritique, écolangage, écologie, écriture écopoétique, nature.

 

 

Abstract

 

From a conceptual point of view, nature is considered to be the “oikos”, that is, the peaceful, harmonious habitat, the dwelling without which life is impossible. Current events reveal, however, socio-cultural, political and scientific discursive tendencies about the impossibility of living as a result of environmental problems. In addition, it is safe to say that very few scientists and writers are genuinely concerned to “listen” to the nature of which humanity considers itself to be the repository. However, to gain an understanding of the laws that fundamentally interact in nature’s compact web, it is necessary to appropriate the essential language of nature. This dimension, in sum, all metalinguistics, can be seen in Lamartine’s poetry, which seems to have some basis for a poetic “eco-language”. Ecopoetics thus finds its real definition in the establishment of related relationships between the phenomena of nature and those of poetry.

 

Keywords  : eco-critical, eco-language, ecology, eco-poetic writing, nature.

 

 

 

 

Introduction

        

Le sujet d’analyse, tel que présenté, suggère des relations conceptuelles entre les lexèmes écopoétique et écocritique. Le souci de clarification conduit donc à cette préoccupation initiale, consistant à tenter quelques définitions, en ayant en conscience la confusion sémantique faite le plus souvent entre ces deux morphèmes lexicaux. Le terme écocritique semble être, en effet, le point de départ depuis 1978, lorsque William Rueckert produit son essai intitulé Litterature and Ecology : An Experiment in Ecocriticism. L’intention a consisté à établir une sorte d’analyse des liens unissant la littérature à l’environnement. De cette disposition fondamentale qu’il faut orienter vers la considération de l’influence mutuelle entre l’environnement et la littérature, il s’avère impérieux d’opter pour une notion plus explicite, suggérant l’idée de « labeur » au regard de la pratique poétique : l’écopoétique.

L’écopétique, dans sa saisie substantive, peut se définir, dès lors, en rapport à l’étymon grec oikos (éco) qui désigne l’habitat, la maison, générant ainsi l’idée de la nature comme domaine d’existence, de coexistence et d’interactivités. Du point de vue qualificatif, l’écriture écopoétique se conçoit dans ses liens avec l'origine verbale poiein comprenant l’intention de travail élaboré par/dans la poésie, avec exaltation et habileté artistique. Le domaine de l’écopoétique est donc la littérature, davantage la poésie, dans son rapport à la recréation d’une esthétique où la nature se repositionne comme étant ce lieu de l’émerveillement existentiel.

De toute évidence, on peut affirmer que la création poétique prolonge le monde et le transforme, en ceci qu’elle peut le représenter, y tracer des lignes de fuites, le réinventer, mais aussi se laisser réinventer par le monde lui-même. C’est bien ce phénomène d’influence mutuelle qui donne à la poésie une double fonction de dé-territorialisation et de re-territorialisation1. On pourra en déduire le fait que certains poètes romantiques, au XIXe siècle, ont véritablement tenté d’établir une sorte d’inter-échange entre la nature et la poésie. Le but étant, dans ce sens, de permettre à la nature de livrer quelques riches secrets qu’elle seule est à mesure d’octroyer ; car elle s’offre, dans tous les genres, comme un domaine inépuisable d’expression, d’interrogation, bref de surimpression infinie.

En cela, Hugo2 et Vigny3 abordent la question de la nature dans leurs œuvres respectives d’où découle l’idée que celle-ci est source de langage supérieur et symbolique, réconciliateur de l’homme avec son environnement. D’un tel postulat linguistique, on dira que la poésie de la nature chez Lamartine ébauche, certes, un univers plus confidentiel, mais au-delà, elle tente d’établir des liens métaphysiques, en quelque sorte, avec les entités naturelles. Ainsi, la poésie devient le lieu ou, comme l’écrit Lamartine, « l’écho profond… des plus mystérieuses impressions de l’âme ». Autant ajouter que la nature est l’écho des plus mystérieuses impressions de l’univers ; car elle « parle » au poète dont le devoir est de dire au monde l’indicible qu’est le langage sacré issu du temple naturel. C’est à cette considération de la nature comme espace consacré à un échange extra-langue qu’ilfaut s’intéresser à travers Le Vallonet Le Lac4 de Lamartine.

Il s’agit, en substance, de voir comment le langage de la nature visite le texte poétique et à quelle fin le poète l’emploie. En d’autres termes, comment le langage poétique lamartinien se présente-t-il à travers le prisme du symbolisme de la nature ? Quelle attitude le poète devrait-il adopter une fois qu’il accède à cette substance idiomatique offerte par la nature ? En substance, il est davantage question de faire prévaloir le langage de l’oikos symbolisé par la nature elle-même. Le choix des deux supports textuels susmentionnés vient confirmer ce postulat. Notre regard sur l’écriture écopoétique lamartinienne, avec comme outils d’analyse la psychocritique et la phénoménologie, fonctionne autour de trois axes essentiels : Lamartine en quête du langage de l’oikos ; Le Lac et Le Vallon, voix poétiques de la nature ; l’écopoésie, une forme d’authentification du monde.

 

Lamartine à l’affut du langage de l’oikos

  1.  

À l’entame de cette série d’analyses sur le langage de la nature, il faut considérer l’écriture du Lac et du Vallon comme étant la mise en mouvement d’un code ineffable de communication découvert par Lamartine. Il s’agit ici de parcourir d’abord quelques bases théoriques évoquées par le poète au sujet de l’encodage d’un certain nombre d’impressions liées à la traçabilité d’éléments langagiers de la nature.

Dans l’un de nos travaux, il a été fait mention de l’idée que Le Lac recèle de questionnements, donnant lieu à la présence d’un imaginaire métaphysique et philosophique5. De plus, l’objectif de  cette émission d’interrogations se situe doublement dans la recherche de la vérité et d’une vocation nouvelle faisant de la poésie le réceptacle des conditions d’un langage à venir. En d’autres termes, ce nouveau langage peut se traduire par la présence subtile de cryptogrammes bien plus universels réservés par la nature à l’art poétique. De ce point de vue, Lamartine nous oriente, dans son commentaire sur le Lac, vers la considération de la nature comme étant « le grand poète »6 :

 

C’est une de mes poésies [Le Lac] qui a eu le plus de retentissement dans l’âme de mes lecteurs, comme elle en avait eu le plus dans la mienne. La réalité est toujours plus poétique que la fiction ; car le grand poète, c’est la nature.

 

 

Mais l’acceptation d’une telle vision métonymique et universaliste de la nature/poésie nécessite une certaine prédisposition psychologique chez l’auteur, si l’on se réfère à quelques passages précis de la préface proposée par Lamartine :

 

 

J’étais né impressionnable et sensible. Ces deux qualités sont les deux premiers éléments de toute poésie. Les choses extérieures à peine aperçues laissaient une vive et profonde empreinte en moi ; et, quand elles avaient disparu de mes yeux, elles se répercutaient et se conservaient présentes dans ce qu’on nomme l’imagination, c’est-à-dire la mémoire, qui revoit et qui repeint en nous. Mais, de plus, ces images ainsi revues et repeintes se transformaient promptement en sentiment7.

 

 

L’âme du poète était ainsi imbibée, dès la prime enfance, de l’imagination qui est « la reine du vrai » selon Baudelaire impressionné par cette faculté. Ce dernier exprime, d’ailleurs, sa conception dans des termes suffisamment fascinants, afin d’indiquer clairement le pouvoir créateur de l’imagination :

 

 

Par imagination, je ne veux pas seulement exprimer l'idée commune impliquée dans ce mot dont on fait si grand abus, laquelle est simplement fantaisie, mais bien l'imagination créatrice,qui est une fonction beaucoup plus élevée, et qui, en tant que l'homme est fait à la ressemblance de Dieu, garde un rapport éloigné avec cette puissance sublime par laquelle le Créateur conçoit, crée et entretient son univers8.

 

 

Baudelaire ne compte pas s’arrêter à la seule considération fantaisiste de l’imagination, il lui donne une fonction à la fois métaphysique et universelle. Pour lui, lerôle universaliste de l’imagination requiert la nécessité d’une sorte de réquisition de toutes les autres facultés qu’il faut mettre en branle, afin de contribuer de manière efficiente à l’acte sublime de créer :

 

 

Tout l'univers visible n'est qu'un magasin d'images et de signes auxquels l'imagination donnera une place et une valeur relative; c'est une espèce de pâture que l'imagination doit digérer et transformer. Toutes les facultés de l'âme humaine doivent être subordonnées à l'imagination, qui les met en réquisition toutes à la fois9.

 

 

Vu la primauté réservée à « l’imagination universelle », on peut s’accorder à l’opinion du poète théoricien pour dire que celle-ci « renferme l'intelligence de tous les moyens et le désir de les acquérir ». « Tous les moyens » supposent aussi bien le langage comme un système communicatif d’expression des ressources de la nature et la volonté d’universaliser celles-ci.

 

De toute évidence, il faut accéder, finalement, à l’idée première qui suggère que le Lacet, Le Vallon de Lamartine constituent une vive expression langagière d’images impressives, en ce que celles-ci ont laissé des empreintes presqu’indélébiles dans la mémoire du poète. De ce fait, il en est arrivé à cette révélation teintée d’émotion : « Mon âme animait ces images, mon cœur se mêlait à ces impressions. J’aimais et j’incorporais en moi ce qui m’avait frappé ». Les images de Lamartine constituent ainsi cette sorte de langage de réverbération de « l’œuvre de Dieu », comme il l’explique lui-même : « J’étais une glace vivante qu’aucune poussière de ce monde n’avait encore ternie, et qui réverbérait l’œuvre de Dieu ! ». Or, d’un point de vue ontologique, on dira que l’œuvre de Dieu est celle de la création dont émane la nature, c’est-à-dire « l’oikos » intériorisé par le poète. Mais, ce paysage mental intérieur mérite d’être authentiqué par la voix poétique empruntée au langage de la nature elle-même. C’est pourquoi le poète ne peut rendre que la parole à lui concédée par le cri de la vie naturelle : « Chanter des vers au bord de mon nid, comme l’oiseau10 ».  

        

Dès lors, il faut penser avec Lamartine que la nature possède, de façon intrinsèque, une sorte d’autonomie artistique et créatrice, à telle enseigne que le poète a tout lieu de sonder son essence, afin d’accéder à l’expérimentation et à l’expression des vibrants symboles charriés par sa secrète « mélodie »11.

 

Pour résumer succinctement ce volet, on dira que le projet poétique de Lamartine se fonde sur la recherche d’une langue dont les paroles sont dictées par la nature pour sa propre réinitialisation. Les caractéristiques majeures d’un tel langage sont découvertes à travers la marque poétique de son père dont les signes semblent aussi proches de la nature que de Dieu :

« Ces belles images qui font voir ce qu’on entend […] Sa parole […] qui me rappelait l’accent religieux des psalmodies du prêtre le dimanche dans l’église de Milly.12 »        Cette « langue », relevant de l’ « ordre divin » semble être, de façon analogique, celle que l’entité nature-poésie transmet subtilement au poète dans le but de la transmutation esthétique.

 

Le  Vallon et Le Lac, voix poétiques de la nature

 

 

La considération de ces deux textes comme voix de la nature suppose la prise en compte, véritablement, d’une « langue » comme l’a indiqué Lamartine. Il s’agit de considérer les aspects par lesquels se révèle une telle expansion langagière et d’en distinguer les caractéristiques diffuses dans les compartiments textuels du corpus choisi. Trois pistes possibles s’offrent à notre investigation et s’expliquent par la présence, la non-présence et l’infinitude de la voix de la nature.

 

1-2. Présence de la voix de la mobilité

 

 

La voix de la mobilité est bien celle qui procède des turbulences et des agitations offertes par l’environnement naturel et qui ont eu quelques impacts impressifs sur la psyché du poète. Celle-ci se perçoit d’abord par l’audition (« […] écouter l’inépuisable balbutiement des vagues »13) avant de se perpétuer dans la conscience psychique du poète.

Dès lors, il lui est loisible d’entendre la voix de la nature, celle qu’il nomme « balbutiement », « gémissements » ou parfois « bourdonnement » ; ces codes langagiers lui réservent, en effet, « des mondes de poésie qui [roulent] dans [son] cœur et dans [ses] yeux »14. Cet aspect des choses se note dans le Lac, visiblement au premier vers de la troisième strophe : « Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ». Également, à la troisième strophe, Le Vallon annonce sa mystérieuse voix ondoyante : « […] deux ruisseaux cachés […] / mêlent un moment leur onde et leur murmure » (vv. 9-11). Dans les deux cas de figure textuelle, l’eau constitue le motif apparent du mouvement de la nature qui se fait audible et suggère l’action poétique. Le vent s’associe à l’eaude façon tacite et complice, afin de lui adjoindre un accord amplificateur de la musique que procure l’environnement naturel.

 

Par voie de  conséquence, on dira que  c’est par l’écoute des « aspects criant »que le poète accède à la réalité de la voix naturelle qu’il s’engage à perpétuer à la mesure de l’immensité ou de la beauté de celle-ci. Un peu comme le poète Wordsworth qui, portant un coquillage à son oreille, entend « une prophétie dite dans une langue qu’il ne connaissait pas mais qu’il comprit ».15 L’expérience prophétique est ainsi mise en avant par Lamartine qui use de ce privilège pour livrer le mystérieux langage de la nature qu’il conçoit comme « des millions de petites voix »16. On pourrait ajouter : « qui lui parlent et lui transmettent une parole à l’horizon de laquelle transparait la vérité ».

 

2-2. La voix de la non-présence

 

 

La non-présence de la voix n’est nullement synonyme ici d’absence absolue de la marque vocale de la nature ; elle est plutôt le signe d’une présence perceptible dans le concret du silence. Le Vallon évoque en effet, « Une voix » [qui] « parle » dans son univers mutique : « son silence » (v. 63)

La voix à laquelle fait allusion Lamartine s’inscrit dans le calme matriciel de la nature ; et pour y accéder, il convient, pour le poète, d’opérer la descente « aux enfers », jusqu’aux entrailles de celle-ci : « Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime ; / Plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours » (v. 49-50). De ce fait, on peut estimer que le langage est bien présent non pas seulement dans le mouvement, mais aussi dans les éléments statiques qu’offre la nature elle-même, vaste champ mutique. Le Lac présente, avec insistance, un paysage de liens connexes entre les végétaux (« noirs sapins » et les non-vivants (« rocs sauvages »), à tel point que les épithètes attribués entrainent l’interlocuteur-poète vers la révélation d’un message inédit : Tout dise : « Ils ont aimé ! » (V. 64).

Un tableau analogue est évoqué par la textualité du Vallon avec la présence de l’axe astral, « le soleil », générateur silencieux de « Lumière et d’ombrage » (v. 53) et qui véhicule l’amour vrai comme proféré au vers 54 : « Détache ton amour des faux biens que tu perds ».

Ainsi, en poète suffisamment conscient d’un si précieux breuvage verbal, Lamartine inonde son poème d’un langage qui n’est autre que celui issu de la nature. Dès lors, on peut affirmer que le prétexte de la fuite du temps, offert par la textualité du Lac, est le tremplin exutoire lui permettant de faire miroiter ce que la nature possède de pure langue communicative : une langue dont la vocation première est de « dire » l’amour universel, comme au dernier vers du Lac (« Que […] / Tout dise : « Ils ont aimé ! »).

 

2-3. La voix de l’éternité

 

 

La voix de l’éternité se conçoit comme celle qui procède de la Nature saisie dans son essence cosmique, voire spirituelle. De ce fait, les références linguistiques mentionnées dans les deux textes de Lamartine font penser à l’évidence de considérations à la fois microcosmiques et macrocosmiques.

Si l’on s’intéresse à la dernière partie du Lac, c’est-à-dire depuis le vers 53 jusqu’à la clausule, on s’aperçoit de la présence subtile d’un « micro-monde », d’une part, et d’un « macro-monde », d’autre part. Le petit monde, en effet, est celui du poète-homme en proie aux contingences immédiates de la matière, et qui emprunte la parole d’abord au silence du lac : « Qu’il soit dans ton repos […] » (V. 53) ; puis à ses turbulences et aux bruyantes agitations des environs : « qu’il soit dans tes orages », « dans l’aspect de tes riants coteaux »,« Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés »(V.54-55). Mais dans ce processus de transfert par la parole poétique, Lamartine semble privilégier l’action du vent, en complicité avec la végétation et le relief comme on le constate à l’intérieur de ces vers :

 

Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages          

Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire (V. 56-58)

 

 

Ces vers laissent ainsi du champ à la voix de la nature de s’exprimer à travers les verbes « frémit », « gémit », « soupire ». Des verbes de sensation, certes, vu l’impression de douceur, de fraicheur et de bien-être qu’ils insinuent ou qu’ils provoquent, mais il n’en demeure pas moins que la nature parle au poète dans une langue qui est bien la sienne. Par ailleurs, dans le souci d’amplifier surement cette parole pure qui imprègne son âme, le poète l’intègre à une sorte de symphonie en i, renforcé par des notes rythmiques. Le rythme est ainsi marqué à l’envi et de façon régulière par : « Qu’il soit », « dans », « et dans », « qui », « que ». Il s’en suit, consécutivement, le fait que les dernières strophes prennent l’allure d’une ligne musicale avec, entre autre, des sonorités dentales (/d/ et /t/), des occlusives sourdes (/k/) en alternance avec les fricatives sourdes (/s/, / ∫/) et sonores (/Ӡ/). Par ailleurs, il convient de noter que ces récurrences phoniques se répandent sur l’ensemble du poème, afin de marquer la ferme volonté du poète de chercher la parole ineffable et de la célébrer.

D’un point de vue macrocosmique, l’univers est évoqué, toujours à travers Le Lac, par la présence astrale qui se combine avec les éléments aériens :

 

        Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface          

De ses molles clartés !

Que les parfums légers de ton air embaumé,

Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,          

Tout dise : « Ils ont aimé ! »

 

 

On a l’impression ici que la voix d’amour livrée au poète par la nature ne prend davantage forme que lorsqu’elle est en harmonie avec les éléments de l’univers tout entier. Dès lors, on ne peut être nullement surpris d’une sorte d’ambiance mystique et spirituelle que consacre Lamartine en combinant les manifestations de la terre (« rochers, grottes, forêts »), de l’air (« ton air embaumé »), de l’eau (« le lac ») et du feu (« l’astre »).

Les cas de figure présentés dans Le Vallon suivent la même progression organisationnelle, du cosmique vers le spirituel. Le poète, en voyageur méditatif, « Plonge  dans [le] sein » (V. 50) de la nature, à la rencontre des principes universels qui conduisent à la découverte de la voix primordiale, celle proférée par « Dieu » :

 

                De lumière et d’ombrage elle [la nature] t’entoure encore :

                […]

                Adore ici l’écho qu’adorait Pythagore ;

                Prête avec lui l’oreille aux célestes concerts

 

                Suis le jour dans le ciel, suis l’ombre sur la terre ;

                Dans les plaines de l’air vole avec l’aquilon ;

                Avec le doux rayon de l’astre du mystère

                Glisse à travers les bois dans l’ombre du vallon. (v. 53-60)

 

 

On s’aperçoit, à travers ces deux strophes, de la prédominance de l’élément aérien (« célestes », « le ciel », « l’air »), preuve de l’invitation du poète à l’élévation spirituelle, dans le but de contempler l’harmonie universelle que célèbre la nature. La terre apparait en tant que support latent des formes pures générées par la nature (« l’ombre sur la terre », « l’ombre du vallon » ; l’eau, évoquée plus haut, semble géométriser symboliquement l’univers dans ses manifestations esthétiques : « Là, deux ruisseaux cachés sous des ponts de verdure / Tracent en serpentant les contours du vallon » (v 9-10). Mais encore plus prégnante est la présence du principe igné, c’est-à-dire le soleil, « l’astre » qui procure l’essence mystérieuse indispensable au poète dont l’obsession est de recueillir puis de proférer la « voix » de l’amour divin :

 

                Dieu, pour le concevoir, a fait l’intelligence :

                Sous la nature enfin découvre son auteur !

                Une voix à l’esprit parle dans son silence :

                Qui n’a pas entendu cette voix dans son cœur ?

 

 

En définitive, la voix de la nature ou de l’univers est bien celle de la nature divine concédée au poète qui se trouve dans l’obligation d’authentiquer le monde, afin qu’il soit le lieu du pur chant d’amour.

 

  1. l’écopoésie, une forme d’authentification du monde

 

 

Il s’agit d’admettre, à la lecture du Lacet du Vallon de Lamartine, que la poésie de la nature, en dépit de quelque considération passionnelle, est un processus linguistique de donation d’amour pour la nature elle-même, dans sa saisie universelle comme représentation du monde. C’est donc un devoir assigné au poète de toujours rendre la terre habitable en lui redonnant sens ; la terre doit être habitable certes, mais à la condition que la nature, composante essentielle, soit tout aussi bien viable que vivable. Telle semble être aussi la vision du romantique allemand Hölderlin, lorsque, dans un poème, il prescrit le fait pour l’homme d’ « Habiter poétiquement le monde » : « Riche en mérites, mais poétiquement toujours, / Sur terre habite l’homme17 ».

On peut se représenter cette tirade, au regard de la poésie de Lamartine, en ayant à l’idée qu’elle constitue une interpellation lancée au poète. D’un coté, en effet, allusion est faite ici à l’homme et à son existence rattachée au monde, à son environnement, par référence à la « terre ».De l’autre coté, il y a la considération que l’ « oikos »/nature est encore habitable, à la condition que l’homme soit poète, c’est-à-dire qu’il s’érige d’abord en un contemplateur rigoureux de la beauté de l’environnement très composite. Muni alors des mystères sacrés octroyés par celui-ci, il a le mérite ensuite d’être le canal à travers lequel tout redevient poésie, c’est-à-dire harmonie sacrée.

L’idée du sacré de la nature est reprise environ un siècle plus tard par Heidegger dans une conférence qu’il intitule Le Poème18. Au sujet d’Hölderlin, il conçoit, en effet, que celui-ci est un poète étrange, sinon même « mystérieux » (geheimnisvoller), qui poétise (dichtet) à partir de ce qui donne voix à son poème {aus der Bestimmung). Il en est ainsi de Lamartine dont la poésie, en l’occurrence, Le Lac et Le Vallon,  fait entendre, avec détermination, la voix du mystérieux langage d’amour de la nature. À son insu peut-être, le poète adoptant cette attitude du « recevant-voyant »se transforme en ce « donnant-vu » pour l’homme, surtout le poète qui réceptionne et intègre la sublime idée que la terre est à authentiquer.

 

De ce qui précède, il convient de retenir que la question de l’écologie n’est pas que discours politique, encore moins socio-économique, elle est davantage poétique, en ce qu’elle relève d’un ordre phénoménologique. Il faut donc accéder à la juste opinion que l’écopoétique (terme emprunté à Bate), à laquelle nous préférons le concept d’« écopoésie », eu égard au caractère parfaitement opérationnel du langage poétique, est bien la voie du « Salut19 » dans le contexte mallarméen. Point n’est question de recréer la nature par la poésie, mais d’utiliser le legs langagier pour épargner à l’oikos un écocide perpétuel.

 

Recréer la nature, c’est un peu cette volonté de l’écrivain à rendre à celle-ci sa propre image représentée, c’est-à-dire, comme le souligne Buell, à rédiger un « script vert ». En revanche, l’écopoésie prend en compte par l’écriture, à la fois, la représentation de la nature et le désir du poète de lui redonner sa fonction initiale d’habitat ou « jardin » génésiaque. L’écopoésie, ainsi que nous le voyons à l’œuvre à travers les deux textes de Lamartine, se conçoit d’abord dans un effort de communion du poète avec la parfaite harmonie naturelle. Par la suite, et consécutivement à cette attitude somme toute mystique, l’écriture prend le relais, afin de perpétuer l’ineffable que profère la nature elle-même pour sa propre sauvegarde. De ce fait, on dira que la nature est sauvée parla volonté sotériologique du poète et sa poésie. Comme on peut le voir, la question de l’équilibre de l’écosystème ou de l’écologie, pour être au diapason terminologique de l’actualité, nécessite bien des dispositions de l’ordre de l’utopie. La poésie est fort bien la reine dans ce domaine par son intention d’insuffler à l’homme et à son âme l’essence de l’amour, afin de rendre la terre encore plus habitable. L’écriture écopoétique aide, de ce fait, le lecteur à façonner une sorte d’imaginaire environnemental, « le confrontant ainsi, comme le souligne Thomas Pughe, à sa propre aliénation par rapport au monde naturel et lui suggérant l’utopie d’une réconciliation entre nature et civilisation humaine »20.

 

En résumé, il faut se rendre à l’évidence que l’utopie du Romantisme traditionnel décelée, par nos soins, chez Lamartine au sujet de la nature /oikos, se combine bien, dans la continuité, à l’utopie du Romantisme contemporain : redonner à la nature sa vie d’origine et aider l’homme (nature humaine) à retrouver l’harmonie de son habitat initial.

        

Conclusion

 

De l’écocritique ou de l’écopoétique il faut y voir, de prime abord, une question de terminologie ayant pour but d’épiloguer sur l’essence des choses, ou de signifier la même et unique réalité : la nature dans ses corrélations et ses interactions avec tous les domaines de l’existence. Ces domaines concernent tout aussi bien le cosmique, le politique, l’économique que le social, le culturel et le littéraire. L’option, ici, qui est à la fois une prise de position, est la considération de l’écopoétique, par rapport à l’écocritique, dans une approche typiquement littéraire et centrée sur la pratique poétique. « La nature réinitialisée » se conçoit, en conséquence, comme une injonction faite au poète : la nature doit retrouver, voire réintégrer sa condition première de « jardin d’éden » ; dès lors, celle-ci accorde à l’art poétique le soin de lui emprunter son langage intime. Ainsi, la poésie de Lamartine n’ambitionne nullement de louer la nature mais de tenter d’écouter sa voix, afin de redécouvrir et de réinstaller la demeure harmonieuse qu’elle fut.

 

 

Bibliographie

 

Charles Baudelaire, « Le gouvernement de l’Imagination », dans Curiosités esthétiques. L’art romantique et autres œuvres critiques, Clonard, Paris, 1923.

Friedrich Hölderlin, « En bleu adorable », Traduction d’André du Bouchet in Œuvres, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1977.        

Hugues Marchal, « L’histoire d’une histoire : reprise, diffusion et abandon d’une découverte botanique et poétique », dans Épistémocritique, Études réunies  par Anne-Gaëlle Weber, édition Belles lettres, sciences et littérature, collection « Ouvrages en ligne », 2015.

Maurice Merleau-Ponty, La Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard, Collection Tel, 14/05/1976.

Ouattara Gouhé, « Le symbole du temps dans les méditations poétiques modernes : un héritage de la Renaissance », dans Revue Le Didiga, n°9 du 2e  semestre 2013.

Stéphane Mallarmé, Poésies, Paris, Gallimard, 2001.

 

Thomas Pughe, « Réinventer la nature : vers une éco-poétique », dans Etudes anglaises, 2005, (Tome 58). 

Victor Hugo, Les Contemplations,  Paris, Flammarion, 2008. 

Méditations poétiques, Paris, Ebooks libres et gratuits http://fr.groups.yahoo.com/group/ebooksgratuits,  décembre 2006, téléchargé le 29/11/2018.

William Wordsworth, par Jorge Luis Borges, dans Conférences, traduit de l’Espagnol par Rosset, Paris, Gallimard, 1985.

Notes

 

 

 

​​

1 Selon l’idée de Deleuze et Guatari, la poésie procède par la dé-territorialisation du monde en observant rigoureusement ses menues parcelles, puis elle se prête au jeu de re-territorialisation de celui-ci, voire de sa réhabilitation.

2 Victor Hugo, Les Contemplations, Paris, Flammarion,  2008.

3 Alfred de Vigny, La maison du berger, Paris, Hachette, Livre BNF, 1 août 2016.

4 Victor Hugo, Méditations poétiques, Paris, Ebooks libres et gratuits http://fr.groups.yahoo.com/group/ebooksgratuits, téléchargé lé 29/11/2018, pp. 86 et 115.

5 Cf.  « Le symbole du temps dans les méditations poétiques modernes : un héritage de la Renaissance », dans Revue Le Didiga , n°9 du 2e  semestre 2013, p. 95.

6 Commentaire du Lac par Lamartine, Consulté le 12/12/2018 dans l’édition du groupe « Ebooks libres et gratuits », http://fr.groups.yahoo.com/group/ebooksgratuits, p. 117. Nous nous offrons l’opportunité de « piller » de larges extraits de ce commentaire et de la préface des Méditations poétiques, dans le but d’une aide précieuse à la compréhension du fait langagier de l’esthétique lamartinienne.

7 Victor Hugo, Les Méditations poétiques, « Préface », 2 juillet 1847, édition du groupe « Ebooks libres et gratuits », http://fr.groups.yahoo.com/group/ebooksgratuits, p. 5, consulté le 12/12/2018.

8 Charles Baudelaire, « Le gouvernement de l’Imagination », dans Curiosités esthétiques. L’art romantique et autres œuvres critiques, Paris, Clonard, 1923, pp. 278-285.

9 Ibidem.

10 Préface des Méditations poétiques, p. 6.

11 Idem, p. 10.

12 Idem, p. 12.

13 Préface des Méditations poétiques, p. 15.

 

14 Ibidem

 

15 William Wordsworth, cité par Jorge Luis Borges, dans Conférences, traduit de l’Espagnol par Rosset, Paris, Gallimard, 1985, p. 52.

16 Préface des Méditations poétiques, p. 16.

17 Friedrich Hölderlin, « En bleu adorable », Traduction d’André du Bouchet in Œuvres, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1977, p. 940.

18 Le texte revu de cette conférence, prononcée pour le 70e anniversaire de F.G. Jùnger, le 25 août 1968 à Amriswil, se trouve dans M. HEIDEGGER, Erlauterungen zu Holderlins Dichtung, Francfort, Kiostermann, 1981, p. 182-197. Traduction de F. Fédier (Approche de Hôlderlin), Paris, Gallimard. 1973, p. 241-254.

19 Stéphane Mallarmé, Poésies, Paris, Gallimard, 2001, p. 3.

20 Thomas Pughe, « Réinventer la nature : vers une éco-poétique », dans Études anglaises, 2005/1 (Tome 58), p. 68-81.

***

 

Pour citer cet article
 

Ouattara Gouhé, « Le Vallon et Le Lac de Lamartine : une écriture écopoétique de réinitialisation de la nature », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°14|Être féministe, mis en ligne le 23 janvier 2020. Url :

http://www.pandesmuses.fr/lettreno14/lamartine

 

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21 janvier 2020 2 21 /01 /janvier /2020 19:00

Lettre n°14 |Être féministe| Critique & réception

 

 

 

Zainab Fasiki.

 

La révolution des

 

mœurs par l’art

 

 

Photographies de l'artiste fournies par

 

Mustapha Saha

 

Sociologue, poète, artiste peintre

 

 

© Crédit photo :​ ​​​Image n°1.

 

 

La bande dessinée de Zainab Fasiki s’intitule « Hshouma », mot clé qui clignote, depuis des siècles, dans les cerveaux marocains comme une alerte culpabilisante. Une machine morale qui broie d’avance toute résistance. Le livre, rouge et noir, indocile et libertaire, se décline comme un blog réfractaire, un graff’zine pamphlétaire. L’esprit soixante-huitard souffle sur les slogans ravageurs. Le message se condense dans sa métaphore. L’image émoustille et scintille comme un sémaphore. Les slogans, les aphorismes, les fragments livrent l’insoutenable vécu dans sa crudité liberticide. Dans cette sémiotique minimaliste, le signe et le signal se répandent en écho. Le cri se fait symbole. La candeur apparente cache une ambition désarmante. Zainab Fasiki veut, à l’instar du poète Arthur Rimbaud, que son dessin soit plus qu’un dessin, qu’il soit catalyseur de révoltes salutaires et locomoteur d’une libération des mœurs, transformateur de la société et transfigurateur de la vie. Qu’il soit une onde de choc, qui délivre les âmes malades de leur tourmente héréditaire.

 

La hshouma, imposée comme une exigence culturelle, une inhibition nécessaire, est, sans conteste, le facteur principal de la servitude volontaire, la raison profonde de la névrose collective et de la schizophrénie sociale. Le mot synonyme d’interdit, ressenti comme une souillure rédhibitoire, une faute impardonnable, une tare déshumanisante, s’accoutre, pour mieux injecter son dard, d’insinuations vexantes et d’allusions infâmantes. À peine murmuré, il fonctionne comme une angoisse indiscernable, un ressort irrépressible d’émotion incontrôlable. Il signifie la honte, l’humiliation, la peur du ridicule, le malaise collectif provoqué par une incartade individuelle. À la moindre inobservance des règles phallocratiques, s’arbore, contre le mauvais œil, la main de Fatima et sa khamsa, son chiffre purificateur. Cette sémantique du tabou se retrouve, sous la plume de la bédéiste enragée, par un retournement dialectique du sens, sous l’effet de l’ironie socratique, une devise transgressive et une bannière subversive.

 

© Crédit photo :​ ​​​​ Image n°2.

 

Zainab Fasiki se projette dans l’image iconique d’une Vénus géante, posant sa main sur une gratte-ciel casablancais pour dénoncer la dévalorisation du corps féminin et protéger ses concitoyennes des exactions quotidiennes. La victime calomniée, discréditée, avilie, s’enferme dans une solitude mortifère. La cible est en même temps bouc émissaire et souffre-douleur, défouloir des médisances abominables, déversoir des privations individuelles et des frustrations collectives.  La hshouma se cristallise particulièrement sur l’image du corps, s’enkyste comme une flétrissure inexorable, une blessure narcissique. Des recherches génétiques ont mis en évidence l’impact du sentiment de honte sur la diminution de la dopamine, stimulatrice de la mémoire, et sur la détérioration des capacités cognitives. La culture patriarcale somme la femme d’être invisible à l’extérieur et soumise à l’intérieur sous peine d’être jetée en pâture aux fureurs libidinales. Les dessins de Zainab Fasiki démontent les mécanismes diaboliques qui transforment les violences sexuelles en sacralités prescriptives et les insubordinations légitimes en désobéissance blasphématoires.

 

Adolescente, Zainab Fasiki se portraitise en posture de panthère prête à bondir, ongles des mains et des pieds vernis de rouge, aiguisés comme des griffes. Le combat d’une vie se décide dès l’enfance. La rébellion s’exprime d’abord dans les tenues vestimentaires, mini-jupes, shorts jean, débardeurs, avant d’exploser dans la nudité mutine. L’indignée timide se sensualise, se métamorphose, par la magie du graphisme, considéré comme une activité ludique inoffensive, en superwoman activiste, passionaria de la révolution des mœurs. Certains dessins sont des références explicites à Wonder Woman de Charles Moulton, l’Amazone justicière avec ses bracelets protecteurs et son lasso dévastateur. William Moulton Marston est psychologue de profession. Il crée et scénarise, en 1940, Wonder Woman, en collaboration avec le dessinateur Harry George Peter, pour contrer l’hégémonie machiste. Le premier communiqué de presse présente le personnage ainsi : « Wonder Woman a été conçue par le docteur Marston dans le but de promouvoir au sein de la jeunesse un modèle de féminité libre, pour lutter contre l’idée que les femmes sont inférieures ». La superwoman est belle et intelligente. Se précise le paradigme de Zainab Fasiki. L’attitude défensive, protestataire, se transmute, au fil des créations plastiques, en militance intensive. « Mens sana in corpore sano », un esprit sain dans un corps sain (Juvénal). « C’est une erreur bien pitoyable d’imaginer que l’exercice du corps nuise aux opérations de l’esprit, comme si ces deux opérations ne devaient pas marcher de concert, et que l’une ne dût pas toujours diriger l’autre » (Jean-Jacques Rousseau, "Émile ou De l'éducation" ).

 

© Crédit photo : image n°3. 

 

L’artiste prend conscience très vite qu’elle ne peut compter que sur ses prédispositions et sa volonté. Elle adopte intuitivement la philosophie du do-it-yourself. Pour s’exprimer librement, elle ressent un besoin d’autogestion avant de fédérer les exaspérations similaires. Je me souviens, pendant la dépression post-soixante-huitarde, d’une lecture vivifiante, « Do it ! Scénarios de la révolution » de Jerry Rubin (traduction française éditions du seuil, 1971), avec des dessins de Quentin Fiore et une préface d’Eldridge Cleaver, dirigeant du Black Panther Party. Un livre-événement, à la fois manifeste du mouvement antimilitariste Yippies (Youth International Party), bande dessinée, apologie de l’activisme libérateur, manuel d’une jeunesse qui désire construire elle-même son devenir, hors des schémas imposés par l’ordre établi. « Une société qui abolit toute aventure fait de l’abolition de cette société la seule aventure possible ». « Le mythe devient réel quand il offre aux gens une scène sur laquelle ils jouent leurs rêves, où ils tirent le meilleur d’eux-mêmes », où ils inventent, sans entraves et sans contraintes, leurs propres manières. Surtout ne pas grandir. Ne pas s’aigrir comme les adultes. Ne pas abandonner ses rêves. Jerry Rubin trouve l’imparable technique pour casser l’autorité et briser les tabous, en prenant les événements à contre-sens, en transformant les sinistres audiences des commissions d’enquête en fêtes carnavalesques, en démasquant le visage hideux de l’oppressive réalité.

 

Zainab Fasiki affirme et revendique sa démarche didactique. Elle braque son projecteur sur les torts de la raison morale et les vices de la vertu. Son travail artistique est une célébration truculente du corps, de la nudité, des orientations choisies, et une dénonciation virulente du harcèlement, du viol, des valeurs moisies. Ses messages ne s’encombrent pas d’argumentations théoriques. La légende incisive sur image corrosive exploite au mieux la communication numérique, l’effet boule de neige de la transmission internétique, la solidarité réseautique des damnés de la société. L’explicitation philosophique se trouve dans les thèses émancipatrices de Wilhelm Reich. « L’exigence de chasteté des jeunes femmes prive les garçons d’amour physique pour créer les conditions typiques de l’ordre social. La rigueur de la morale engendre l’immoralité réactionnaire, l’adultère et les relations extra-conjugales, qui se doublent de phénomènes sociaux grotesques, la perversion libidinale et la sexualité mercenaire ». « Les perturbations mentales, l’altération de la pensée rationnelle, la résignation, la soumission à l’autorité sont liés aux troubles de la vie sexuelle ». « Qui mange à sa faim n’a pas besoin de voler son pain. Qui jouit d’une sexualité satisfaisante n’a pas d’idées sataniques. La régulation répressive des relations sociales discipline la société et dérègle les individus. L’autorégulation de l’économie sexuelle épanouit le corps et l’esprit » (Wilhelm Reich, "La révolution sexuelle", traduction française éditions Christian Bourgois, 1982).

 

La hshouma, arme terrible de destruction psychique, utilise les mêmes techniques de dénigrement, de rabaissement, de bastonnage que le bashing. Internet est décidément une outil communicationnel à double tranchant, générateur du meilleur et du pire. Les sites apologétiques de la virilité dominatrice, avec des mots d’ordre explicite comme « Sois homme », essaiment aussi vite que les plateformes de lutte contre le machisme. Le phallocratisme se glorifie dans la littérature. « Ce bâton de chair est le calame qui inscrit ta postérité dans le livre des siècles, le soc qui laboure la terre-mère, le flambeau qui transmet son feu aux multitudes que tu génères. Soigne-le comme la prunelle de tes yeux parce qu’il te conduit plus loin que ton regard. Mais, tiens bien ton cheval ailé en bride, sinon il devient le doigt qui t’accuse, le tison qui te brûle, la corde qui t’étrangle » (poésie populaire maghrébine).

Le voile islamique, étendard idéologique de l’intégrisme contemporain, s’exhibe dans les rues comme un obséquieux fétichisme. « Couvrez ce sein que je ne saurais voir / Par de pareils objets les âmes sont blessées / et cela fait venir de coupables pensées » (Molière, "Tartuffe ou l'imposteur" ). Les moralisateurs et les pudibonds, qui perçoivent le corps féminin dans son entier comme un organe sexuel, sont les premiers promoteurs de la culture du viol. Les femmes, même voilées de la tête aux pieds, ne sont pas à l’abri des harcèlements incessants. L’intégrisme s’attaque prioritairement liberté vestimentaire préjugée comme une fitna, une source de discorde. Les prêches hargneuses contre le tabarouj (le refus de porter le hijab) sur les télévisions satellitaires s’apparentent aux inquisitions moyenâgeuses.

 

Les citadines, depuis l’époque du protectorat, combinent les tenues traditionnelles et les toilettes occidentales selon les circonstances et les situations. La reconfessionnalisation massive de la société après l’indépendance, dans une confusion délibérée entre gouvernail profane et boussole religieuse, s’est traduite par la moudawana de 1958 (code du statut personnel), inspirée par la charia, conçue comme un texte inaltérable, de droit divin. Cette loi légalise le mariage des filles à quinze ans, la polygamie et la répudiation, et donne un pouvoir régalien au père sur sa famille. Le texte, qui abolit la loi coutumière berbère institué par le mandat français, est érigé en symbole de l’unité nationale dans son identité islamique. La réforme de 2004 arrondit les angles, mais n’abolit le dogme malékite. L’âge minimum légal de mariage pour les filles passe à dix-huit ans. La famille est placée sous la responsabilité des deux époux. Mais la polygamie et la répudiation demeurent même si elles nécessitent un contrôle judiciaire et qu’elles ne dépendent plus des adouls. Les timides refontes législatives ne remettent pas en cause la tutelle de fait sur les femmes. Chaque année, quinze mille personnes sont poursuivies pour liens sexuels hors mariage au titre de l’article 490 du code pénal. Trois mille personnes sont incarcérées pour adultère. L’article 449, dans un inventaire à la Prévert,  punit d’un an à cinq ans de prison tout responsable d’un avortement ou d’une tentative d’avortement « par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres ou tout autre moyen », et particulièrement « les médecins, les chirurgiens, les officiers de la santé, les dentistes, les sages-femmes, les pharmaciens, les étudiants en médecine ou en art dentaire, les étudiants ou employés pharmaciens, les herboristes, les bandagistes, les marchands d’instruments de chirurgie, les infirmiers, les masseurs, les guérisseurs, les mouwalidats et les qaldats (accoucheuses traditionnelles) ». L’avortement est permis par l’article 45 uniquement quand un praticien juge la vie de la mère en danger ou que sa santé est en péril. Et l’article 454 punit d’une peine d’emprisonnement de deux mois à deux ans quiconque fait de la publicité pour l’avortement, même si la provocation n’est pas suivie d’effet, « par des discours publics, des livres, des écrits, des imprimés, des annonces, des affiches, des dessins, des images ».

 

Le projet de loi contre les violences faites aux femmes traîne pendant une décennie dans les sous-débats du parlement marocain avant d’être adopté en février 2018 avec de flagrantes lacunes. La loi, qui n’assigne aucune obligation à la police et à la justice, contraint les victimes à prendre l’initiative de poursuites pénales. Le système judiciaire recèle des absurdités abracadabrantes. Les témoignages féminins ne sont toujours pas recevables dans l’établissement des actes adulaires et pourtant, la fonction d’adoul, notaire de droit musulman, s’est ouverte récemment aux femmes, qui font aussi partie des plus hautes instances théologiques, le Conseil supérieur des Oulémas entres autres. Le communiqué entérinant ces nouvelles dispositions est un joyau de sophistique. « La Conseil supérieur des Oulémas a émis un avis autorisant la femme à exercer la profession de adoul, conformément aux dispositions de la charia relatives au témoignage (chahada) et ses différents types, et les constantes religieuses du Maroc, en premier lieu les principes du rie malékite, et en considération du haut niveau de formation et de culture scientifique acquis par la femme et de par la qualification, la compétence et la capacité dont elle a fait preuve dans les différentes fonctions qu’elle a assumées ». Et pourtant, les règles de l’héritage musulman, le taâssib, accorde toujours la part de lion aux hommes et ne laisse aux femmes que des miettes. Les inégalités plongent leurs racines séculaires dans une organisation sociétale à géométrie variable où les oulémas constituent le remparts infranchissables.

 

Les contradictions et les ambiguïtés se concentrent dans la loi fondamentale. La Constitution du 11 juillet 2011 reconnaît à toutes les citoyennes et les citoyens les droits et les libertés garanties par les conventions internationales, notamment l’égalité des femmes et des hommes, mais n’accompagne ces principes d’aucune application. La charia régit toujours les affaires familiales, le mariage, l’héritage. Et pourtant, d’autres modèles juridiques perdurent ouvertement, comme traditions locales, ou secrètement. Dans le marché du mariage, souk zouaj, qui connaît un regain d’intérêt, ce sont les femmes qui choisissent leurs futurs époux. Des sites sur internet reprennent l’exemple. Certaines sociétés berbères préservent des caractéristiques matrilinéaires. Les figures mythiques de reines berbères comme la Kahina, la prophétesse, Dihya comme la nomme Ibn Khaldoun, morte au combat contre les arabes ou la princesse sahélienne Tina Hinan, originaire du Tafilalt marocain, ancêtre des touaregs du Hoggar, sont des icônes de l’amazighité renaissante. Ibn Batouta constate la liberté sexuelle des femmes et l’absence de jalousie masculine chez les pasteurs nomades. Le tombeau de Tina Hinan est antérieur à l’islamisation d’après les datations au carbone 14. Cette culture ancienne fait prévaloir la filiation maternelle dans l’héritage du droit au commandement. Ses mythes expliquent la naissance des fils de la femme par son accouplement aux espèces non-humaines des djinns et des géants. Les femmes, entretiennent des relations spéciales avec le surnaturel, qui leur procure le pouvoir de divination. Les pratiques matriarcales échappent aux logiques dominatrices par qu’elles s’alimentent d’imaginaires féériques, de cosmogonies fantastiques, de solutions thaumaturgiques. Aucun groupe féminin ou masculin n’a de pouvoir exclusif dans cette organisation égalitaire. La fonction même de chefferie se légitime par la reconnaissance de contre-pouvoirs et ne désigne en fin de compte qu’un rôle d’arbitrage. L’atavique attachement aux valeurs utérines ressurgit dans la résolution des dissensions familiales. La société, sans autorité pyramidale, fonctionne dans l’interactivité transversale.

 

La langue vernaculaire darija manque cruellement de vocabulaire se référant positivement à la sexualité. La libido est considérée, sans autre forme de procès, comme le mal absolu, le domaine sulfureux des furies tentatrices et des harpies débaucheuses. Les parlers amazigh se distinguent, a contrario, par la richesse de leur vocabulaire érotique. Le matrimoine inaliénable, s’allégorise par l’expression « lait vivant ». La matrilignée applique sa sémantique bienfaisante, enveloppante, stabilisante, aux allégories anatomiques, charnelles. L’antériorité du féminin sur le masculin se véhicule dans les récits légendaires. Une goutte originelle se détache du vide cosmique, tombe sur la terre et marque le début des temps. La goutte roule, dépose sa partie la plus dense, le principe féminin, et largue en fin de course sa partie la plus légère, le principe masculin. Les deux pôles complémentaires nécessaires à l’orientation du monde sont issus de la même substance, dissociée par l’entrechoc de la stabilité et de la mobilité. Les généalogies berbères sont générées par les femmes. Les hommes apparaissent comme des êtres étranges, frustes, incultes, surgis d’univers invisibles, contrairement aux femmes créatrices de culture. La femme incarne l’origine, la maison, l’intérieur, le cœur de la société. L’homme, figurant l’extérieur menaçant, l’obscur intrigant, l’inconnu fascinant, nécessite des rituels de domestication, notamment son voilement. La femme, dans sa beauté transparente, demeure dévoilée. Son rayonnement éclaire son environnement. La capacité d’attraction de la femme se mesure au nombre d’adorateurs qui la portent aux nues. Elle choisit librement son amant parmi les compétiteurs des joutes poétiques. Son prestige rejaillit sur toute sa famille. La morale monothéiste, restrictive et répressive, cède la place à une éthique jouissive. La pluralité dialogique se substitue à la prescription uniciste. Les rôles sont réversibles dans l’horizontalité des équivalences. L’entité sociale se dynamise de la dualité stimulante de ses composantes. La centralité féminine se ramifie dans la diversité des existences. Le monde a besoin de ses racines féminines et de ses frondaisons masculines pour épanouir ses potentialités civilisationnelles. Sans ancrage, la mobilité dérive. Sans mouvance, l’assise s’entombe. Le matriarcat berbère est une dynamique humaine.

 

 

 

Note

* Zainab Fasiki, "Hshouma", Massot Éditions. Paris. 2019.

***

 

Pour citer ce texte
 

Mustapha Saha, « Zainab Fasiki. La révolution des mœurs par l’art », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°14|Être féministe, mis en ligne le 21 janvier 2020. Url :

http://www.pandesmuses.fr/lettreno14/zainabfasiki

 

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  • No 14 | ÉTÉ 2023
    Bienvenue ! belle rentrée poétique à vous ! LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm) REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE ET MULTILINGUE DE POÉSIE ENTRE THÉORIES ET PRATIQUES N°14 | ÉTÉ 2023 LES CONTEUSES EN POÉSIE VOLUME 1 CONTER EN VERS* Crédit photo : Mary Durack,...
  • La France invente L’ostracisation culturelle
    N°14 | Les conteuses en poésie | S'indigner, soutenir, lettres ouvertes & hommages La France invente l’ostracisation culturelle Mustapha Saha Sociologue, poète & artiste Crédit photo : Eugène Delacroix, "Portrait de femme au turban bleu”, peinture tombée...
  • Du sable à la mer, poèmes de Nelly Froissart. Recueil paru aux éditions Sans Escale
    N°14 | Les conteuses en poésie | Critique & réception | Dossier mineur | Articles & témoignages Du sable à la mer , poèmes de Nelly Froissart Recueil paru aux éditions Sans Escale Françoise Urban-Menninger Blog officiel : L'heure du poème © Crédit photo...
  • Biographie de Hala MOHAMMAD
    Biographie & publications disponibles numériquement Hala MOHAMMAD Poète & cinéaste syrienne © Crédit photo : Portrait photographique de la poète Hala MOHAMMAD. Biographie Est née à Lattaquié, sur la côte syrienne. Après avoir effectué des études de cinéma...
  • Hala MOHAMMAD : « Avant d’être cinéaste, je suis d’abord une poète. »
    N°14 | Les conteuses en poésie | Entretiens poétiques, artistiques & féministes & REVUE ORIENTALES (O) | N° 3 | Entretiens Hala MOHAMMAD : « Avant d’être cinéaste, je suis d’abord une poète. » Propos recueillis par Hanen Marouani Entrevue avec Hala Mohammad...
  • Biographie de Rachida BELKACEM
    Biographie & publications disponibles numériquement Rachida BELKACEM Ancienne chroniqueuse, poétesse & romancière franco-marocaine © Crédit photo : Portrait photographique de Rachida BELKACEM. Est née en Hauts-de France, résidente en Île-de-France, diplômée...
  • La musique des roses
    N°14 | Les conteuses en poésie | Dossier mineur | Florilège La musique des roses* Poème de Françoise Urban-Menninger Blog officiel : L'heure du poème Peintures par André Evard Photographies prises par Claude Menninger © Crédit photo : Claude Menninger,...
  • Le temps des ardoises !
    N°14 | Les conteuses en poésie | Bémols artistiques | Revue culturelle d'Europe Le temps des ardoises ! Critique & photos par Françoise Urban-Menninger Blog officiel : L'heure du poème © Crédit photo : Françoise Urban-Menninger, "Des tableaux de l'exposition...
  • Interview de la rentrée poétique avec Rachida BELKACEM
    N°14 | Les conteuses en poésie | Entretiens poétiques, artistiques & féministes & REVUE ORIENTALES (O) | N° 3 | Entretiens Interview de la rentrée poétique avec Rachida BELKACEM Propos recueillis en août 2023 par Hanen Marouani Entrevue avec Rachida Belkacem...
  • Esa TOIVANEN : de l’art avec des clous !
    N°14 | Les conteuses en poésie | Bémols artistiques Esa TOIVANEN : de l’art avec des clous ! Maggy de Coster Site personnel Le Manoir Des Poètes Peintures par l'artiste peintre Esa TOIVANEN © Crédit photo : Esa TOIVANEN, peinture en clous, figure no 1. C’est...