Événements poétiques | Le Printemps des Poètes « Désir » | Les femmes & le désir en poésie

Désirance

​​

​Véro Ferré

Tout doucement je m’efface,

Peu à peu je deviens transparente,

Imperceptiblement, je n’ai plus d’existence,

Comme si vieillir était une indécence.

Vos tempes grisonnantes sont élégance,

Mes mèches argentées négligence,

Votre désir de fleur de l’âge est légitime,

Mon entrejambe palpitant inconvenant.

Vous m’avez inculqué la honte de vieillir,

Je devrais user de mille artifices,

Camoufler les traces laissées par les années,

Pour, un tant soit peu, vous épargner.

Votre regard méprisant me fait vieille,

Je vous rebute, je vous révulse,

À vous renvoyer à votre propre finitude,

Il est plus aisé de me disqualifier.

Puisque rien ne sert de lutter, j'acquiesce

Je n’abdique pas, j’accueille

Ma peau parchemin, ses mollesses,

Ses taches avec une infinie tendresse.

Vous me voulez invisible,

Je ne me cacherai pas.

Mon désir devient inaudible,

Je n’y renoncerai pas.

Éros n’est jamais périmé,

Le feu entre mes cuisses rougeoie,

Mon désir palpite et crépite,

Mon automne sera flamboyant.

Osez à présent me regarder

Le rideau n’est pas encore tombé.

***

Pour citer ce poème féministe d'amour 

Véro Ferré, « Désirance », poème  féministe d'amour, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique|Le Printemps des Poètes « Les femmes et le désir en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 11 janvier 2021. Url : http://www.pandesmuses.fr/desir/vf-desirance

Événements poétiques |  Le Printemps des Poètes « Désir » | Les femmes & le désir en poésie

Son corps nu

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Pierre Zehnacker

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© Crédit photo :  Pierre Zehnacker, tableaux de figures féminines, toile no 1.

Nous gravissons une montagne en suivant les chemins de l'inquiétude. En nos cœurs coule le fleuve de l'amour et dans la voix du plus jeune d'entre nous quelque chose se brise. 

​​​​​​ Nous ne sommes pas plus heureux d'avoir souffert. Chaque heure glisse en arrière à l'image de ces larmes qu'un enfant cherchait à refouler. Et dans tout mirage nous devinons l'espace d'un monde ignoré, les hasards de la solitude, la croissance du désir et de l'ombre.

​​​​​​ Y a-t-il la moindre grandeur dans l'oubli de soi-même ?... Vas-tu encore consentir à vivre déchiré ?... De quelle rumeur, s'élevant du fond de l'âme, es-tu devenu l'esclave ?...

​​​​​​ Derrière la porte dorment les rêves des enfants oubliés. Où est la vérité du cœur après l'apparition de cette femme?... Tu ne crois plus au miracle, tu ne crois plus aux neiges d'un hiver défunt, ni aux étoiles d'un firmament perdu dans les limbes d'un songe de printemps. 

​​​​​​ En toute absence survit un désir. En tout désir habite un dieu. Je suis tombé dans la fascination de son visage et j'ai eu peur de la volonté de cette femme. Laisse-moi saisir son ombre dans le mirage de ma faim. Obscur était l'obstacle comme le souvenir des falaises de marbre à l'aube d'un jour sans péché.

​​​​​​ Tu fermes les yeux sur le désir qui te blesse. Où est la portée de son visage quand j'ai essayé de trahir le miroir où mon vain et craintif reflet ne cesse de divaguer ?... Son corps nu dans la ténèbre est ce que laissent les dieux et les fous. 

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Pour citer ce poème d'amour

Pierre Zehnacker, « Son corps nu », poème d'amour et illustration inédits, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique|Le Printemps des Poètes « Les femmes et le désir en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 11 janvier 2021. Url : http://www.pandesmuses.fr/desir/pz-soncorpsnu