Lettre n°15 | Réflexions féministes sur l'actualité
C'est la fin des haricots
pour les
consciences tranquilles
Crédit photo : "Gousses de Haricot Tarbais", Patrick Boilla, Commons.
Les témoignages associés à #MeTooInceste sur les crimes d'inceste glacent le sang. Ce raz-de-marée de paroles qui se libère sur les réseaux sociaux a été déclenché par la parution du livre de Camille Kouchner intitulé La familia grande révélant l'inceste de son beau-père sur son frère et à l'intitative des féministes de "Nous Toutes".1
Assisterons-nous enfin à un véritable questionnement profond et durable des violences extrêmement graves commises au sein des familles et dans le silence des alcôves…?!
"L'inceste" comme "Le tabou de l'inceste" ont été largement étudiés par les anthropologues, éthnologues, psychologues, psychiatres, historiennes, historiens, etc. Et l'on sait que la justice juge sévèrement le viol ou les attouchements par un membre de la famille.
Toutefois, cela ne semble pas suffire à faire surgir une modification pérenne en matière de capacités sociale, médicale et judiciaire de remédier à ces délits et crimes qui touchent particulièrement les enfants, adolescents et adolescentes.
Il manque en effet quelque chose. Oui, quelque chose demeure insaisissable et introuvable pour déclencher une réelle lucidité dans toutes les sphères sociales et permettre aux victimes comme aux personnes vulnérables de se faire entendre et d'être défendues ou secourues à temps.
En tant que poéféminologues et féministes, nous aussi, ne pouvons pas nous taire. En porte-parole de mes collègues, je pense qu'il est encore temps de changer les mentalités, de faire évoluer les esprits et surtout de sauver des vies.
Il est donc temps d'affirmer haut et fort que le consentement ne doit même pas être évoqué, ni pris en compte dans une affaire portant sur des actes sexuels commis sur des enfants, adolescentes/adolescents, personnes vulnérables et en situation de handicap.2
Il est encore temps de secouer les arcanes de nos sociétés meurtrières qui confondent liberté sexuelle, abus et crimes.
Il est encore temps de nommer cela, d'accompagner et de rendre justice aux personnes concernées par l'inceste.
Il est encore temps de comprendre la nécessité d'agir efficacement, rapidement pour bouleverser tout un système dominant qui jette la honte sur celles et ceux qui parlent...
Il est encore temps d'interroger nos façons de recueillir et d'accueillir la détresse des personnes abusées par un détournement du regard ou par un geste de compassion qui mènent nulle part et restent lettre morte.
Agir politiquement est donc indispensable, consolider les lois en vigueur, les améliorer et les appliquer se révèle indispensable.
Oui, les féministes ne laisseront jamais tomber ce combat, il est temps de mettre fin au silence imposé et établi sur ces sujets qui choquent ou dérangent les consciences tranquilles.
Il est temps de leur annoncer ceci :
C'est la fin des haricots pour vos consciences tranquilles.3
Notes
1. Sur "#MeTooInceste", la presse écrite et les médias audiovisuels en parlent depuis plusieurs jours, voir aussi l'article de "France Info" via le lien présent ci-dessous.
2. Autrement dit, la justice doit prologer la durée d'ester en justice (ou la rendre imprescriptible) et refuser aussi l'argument du consentement dans les cas suivants :
— un inceste ou assimilé à cela.
— un adulte agresseur d'enfant ou d'adolescent/adolescente de moins de 18 ans.
— une agression d'une personne en situation de handicap, assimilée ou en difficultés (économique, psychique, neurologique et affective).
— une agression en groupe à partir de deux personnes adultes ou non sur une personne adulte ou non.
3. J'adresse tous mes remerciements à mes collègues pour leur précieuse aide en ce qui concerne tout ce qui se passe sur les réseaux sociaux et les commentaires des journalistes !
Des milliers de témoignages de victimes sont publiés sur Twitter ou Instagram depuis samedi sous ce hashtag. Cette dénonciation de l'inceste fait suite à l'onde de choc suscitée par le livre d...
***
Pour citer ce texte engagé & militant
Dina Sahyouni, « C'est la fin des haricots pour les consciences tranquilles », billet inédit, féministe et militant, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°15 « Eaux oniriques : mers/mères », mis en ligne le 18 janvier 2021. Url : http://www.pandesmuses.fr/lettre15/ds-hashtagmetooinceste
Mise en page par Aude Simon
© Tous droits réservés
Retour au sommaire de la Lettre n°15 ▼