À l'heure où vont s'enfuir les ailes de mes rêves,
Le vide et l'abandon sont de mortelles sèves
Me transperçant le coeur d'un doute kafkaïen.
Mais l'homme tend vers la belle espérance,
La solidarité sur un même chemin,
Car le devoir l'appelle à se faire devin
Pour sauver notre monde aux jardins de l'errance.
***
Pour citer ce poème
Stephen Blanchard,« Coronavirus », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Megalesia 2020|V- Chroniques de la pandémie de COVID-19, mis en ligne le 16 avril 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/coronavirus-sb
Et Césaire vint... Comment, lorsqu’on est poète martiniquais, échapper à l’immense ombre portée par le Cahier d’un retour au pays natal ? Hanétha Vété-Congolo le fait courageusement, en mode féminin, d’abord en balançant son porc (dès 2006 !) au tout début de son premier recueil, Avoir et être1, mais toujours avec le verbe volcanique et parfois liturgique de son aîné. Elle est « debout et libre » en réponse à son ardent appel. Elle s’expose dans une explosion lexicale nourrie du brassage linguistique des Antilles, prônant une paronomasie jouissive qui entraîne le lecteur vers une adhésion consentie. Exemple attachez vos ceintures !) :
« Rien ils ne vous ont rien laissé ces diables pauvres diables sieurs de leurs sueurs seule riche nourrisseure de leur houe houant houant toujours encore toujours houant la houe sous leur ahan ahan ahan houant sarclant le tiges fines acuminées fines fines lames à miel aux tiges de cristallin roux (p . 94)
ou encore :
comment
mettre en culbute le ressenti térébrant du cœur vultueux trépide en quête du vulnéraire miel nappant l’insurmontable tiraillement permanente implosion implorant l’explosion total du corps de l’âme dans l’impérieux de l’ultime » (p. 124)
Au cœur d’un vibrant hommage à la mère on trouve une vive conscience du passé esclavagiste et un autre passage typique :
« la voix la voie engrossée de l’inestimable de l’action la parole du frère marron extravasant la mémoire des Pères en marronnage qui palpe le règne de son legs dans son défi craché aux maîtres mabouya il écharpe la main qui veut le fouet cingler il écharpe le leste bras qui veut de la chair noire nourri le rouge sang de sa diabolique appétence il entend déjà le grand bruit de la parole indocile » (p. 149)
Parfois une voix connue est citée, celle de Derek Walcott par exemple, en anglais dans le texte : « either I’m a nation or I’m nobody » pour affirmer l’appartenance... et la langue n’est pas étrangère.
Le deuxième recueil est intitulé Mon parler de Guinée2et poursuit une recherche verbale et rythmique comme une partition de musique. Ce titre n’a pas manqué de rappeler le célèbre écart entre cœur et langage dont le Haïtien Léon Laleau souffre selon son poème « Trahison », l’impossibilité qu’il ressent
« D’apprivoiser, avec des mots de France,
Ce cœur qui m’est venu du Sénégal. »
Hanétha Vété-Congolo métisse son langage afin d’éviter ce piège. Encore plus que dans Avoir et être, des mots provenus de plusieurs langues s’imbriquent : « elle parle sa lang le langaj du / dedans » (p. 36) et n’hésite pas à écrire de longs passages en créole. Elle se déclare « l’amie des mots » (p. 46) et comme pour le prouver roule le vers suivant dans sa bouche : « grugeure grugeant dans la grugerie de la gruerie ». Plusieurs techniques sont à l’œuvre : le trait d’union disparaît au profit du mot-valise frappant déjà pratiqué dans le premier recueil ; la recherche lexicale est poussée dans les derniers recoins du dictionnaire ; l’invention de mots nouveaux s’enracine dans le tuf du reconnaissable. Tout cela contribue à créer une texture exceptionnelle qui fait que le parler des origines devient une fête de l’esprit, un flux irrésistible. La relation à l’enfant confine à la relation de l’enfant, au cœur du premier – et très long – poème de Mon parler de Guinée tout comme est centrale dans bien d’autres textes précédents.
L’Afrique matricielle et morcelée dans une numération d’ethnies – et partant de langues – dans le poème « clair du dedans » (p. 79-98) : la préoccupation de la « langue d’afrique nous inventée en langue nous » (p. 79) et de son intériorisation sont soutenues jusqu’à la fin :
« afrique vraie de ce jour d’hui délandjé afrique sans langue de ses langues sa langue afrique délanguée à langue flandjé
flanguée ce jour d’hui mais ma parole vraie du dedans vrai d’hier hier hier ici
encore
encore
encore
encore ce jour d’hui » (p. 95-96)
Le sens de l’enracinement génétique et linguistique apparaît clairement dans le passage suivant :
« Nou
Nou nou nou
Nou-caribéen sur pieds afrique
noue
en marche
en marche
marche
en marche
dans la claire sente du jour ouvert de jour ouvert jour lumine clair jour clair lumine jour clair lumine de fruits jardin péyi de fruits jardin à pain oui à pain jardin en fruits à pain oui oui oui à pain à pain yapen clair fruit clair clair clair jardin rouge bleu rouge jardin yapen en jour lumine claires claires lumines du jardin clair de guinée. (p. 104)
Le débit tumultueux de cette poésie-performance comporte un paradoxe : comment porter une attention suffisante aux détails de l’inventivité linguistique lorsqu’on est emporté par ce flux enthousiaste ? Il faudrait les yeux du malfini, rapace antillais capable de passer en un instant d’une extrême presbytie à une extrême myopie afin que sa proie soit toujours au point. « ba mwen lè » lit-on au début de « tras doloris » (p. 119) : « donne-moi de l’air », expression à double tranchant. D’une part, l’appel de l’espace, pour l’oiseau comme pour l’être humain, est clair, mais d’autre part le locuteur veut tout simplement que celui qui le dérange s’enlève pour qu’il s’occupe mieux le travail qu’il entreprend. Comment s’arrêter à de tels nœuds quand on est entraîné vers l’avant avec une telle force ?
Cette poésie mérite une attention toute particulière. Foin des cautions qui l’entourent dans ces éditions, signées pourtant de noms prestigieux : elle n’est pas précautionneuse, mais vivante, avec tout ce que cela comporte de risques.
Notes
1. Avoir et être : ce que J’ai, ce que je Suis, Mazères (F 09270), Le chasseur abstrait, « L’Imaginable », 2009.
2. Paris, L’Harmattan, « Poésie des cinq continents », 2015.
***
Pour citer ce texte
Roger Little,« La poésie-performance de Hanétha Vété-Congolo », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Megalesia 2020, mis en ligne le 14 avril 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/performance-congolo
Le Printemps des Poètes 2020 qui est la fête de la poésie : dire, écouter et partager a dû cesser toutes activités dès la fin de la première semaine malgré un grand élan populaire qui rassemble chaque année de nombreux participants. Pour continuer à célébrer ce Printemps des Poètes nous souhaitons votre présence en participant à ce sondage*.
En partenariat avec l’association Poètes sans Frontières (association à but humanitaire), l’émission Traces de Lumière* invite les auditeurs(trices) et les amis(es) de la poésie à répondre aux trois questions relatives à la poésie.
Je vous remercie d'avance de me retourner le questionnaire dûment rempli à christian.malaplate@wanadoo.fr (téléphone 0681076141) si possible avant le 30 avril 2020. Le résultat sera présenté sur le blog http://traces-de-lumiere.eklablog.fr dans la rubrique "Actualités". Il sera aussi annoncé sur les ondes en mai 2020. Ce résultat paraîtra aussi sur le site psf-letrave.fr et sur divers sites. Vous le recevrez également par courriel.
Vous avez jusqu'au 30avril2020 pour répondre au questionnaire sur la poésie 2020. Vous trouvez aussi en pièce jointe les derniers résultats du sondage réalisée en 2017***.
Avec tous mes remerciements, amitiés poétiques,
Christian Malaplate
Réalisateur de l’émission, Vice-Président de Poètes sans Frontières.
*Présentation du sondage Poésie à télécharger ci-dessous.
**Sur le thème de la poésie et de la musique… un voyage au pays des mots qui ont laissé des traces de lumière) est diffusée sur Radio FM+ 91 fm Montpellier (Lundi de 11h à 12h et rediffusée le lundi de 20h à 21h)
Poètes sans Frontières - Revue L’étrave -Jeux floraux Méditerranéens
letrave@wanadoo.fr – (concours jusqu’au 15 juin 2020) jeuxflorauxmediterraneens@gmail.com
--------------------
Bonjour à toutes et à tous !
L’émission Traces de Lumière (- Sur le thème de la poésie et de la musique… un voyage au pays des mots qui ont laissé des traces de lumière) -diffusée sur Radio FM+ 91fm Montpellier-
(Lundi de 11h à 12h rediffusée lundi de 20h à 21h -) invite les auditeurs(trices) et les amis (es) de la poésie à répondre aux 3 questions relatives à la poésie. Si possible les réponses avant le 30 avril 2020 -D’avance merci ! Christian Malaplate réalisateur de l’émission.
Le résultat sera présenté sur le blog http://traces-de-lumiere.eklablog.frrubrique actualités -Il sera annoncé sur les ondes courant mai 2020. Ce résultat paraîtra aussi sur le site psf-letrave.fr et sur divers sites -Vous recevrez aussi le résultat sur votre mail.
A-Quels sont vos 10 poètes préférés ? (-poètes francophones – poètes du monde…)
1-
2-
3-
4-
5-
6-
7-
8-
9-
10-
B-Quels sont vos 10 poèmes préférés ? (-poèmes francophones – poèmes du monde…)
1-
2-
3-
4-
5-
6-
7-
8-
9-
10-
C-Quel sont vos 3 derniers livres de poésie que vous avez lus ?
A propos de la poésie- vos remarques -vos commentaires -
Nom :Prénom :
Ville :
Téléphone :Mail :
----------------------
Possibilité d’écouter des émissions déjà archivées sur le site :
Christian Malaplate,« Sondage poétique pour l'émission "Traces de Lumière" », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Megalesia 2020, mis en ligne le 14 avril 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/sondagetracesdelumiere
Le Docteur Mustapha Saha publie un livre sur le penseur de la diversité, Haïm Zafrani, grand intellectuel marocain, né à Essaouira en 1922 et décédé à Paris en 2004. « Dans ce nouvel ouvrage, l’auteur présente, avec sa belle plume et le sens de la formule qui le distingue, l’homme dont il était familier depuis fort longtemps, c’est une œuvre féconde dont il a une connaissance intime et qu’il rappelle avec une remarquable précision »
Postface par le professeur Mohammed Kenbib
« Au-delà de la reconnaissance publique, des distinctions académiques, des sollicitations internationales, intervenues sur le tard, Haïm Zafrani mène, jusqu’au bout, une existence de chercheur imperturbable, d’explorateur inébranlable de la diversité culturelle marocaine, loin des sentiers battus, avec la persévérance et la discrétion que l’enseignement talmudique lui inculque dès l’enfance », témoigne d’emblée l’auteur de l'ouvrage. « Tout au long de son existence, Zafrani poursuit un seul but, exhumer et restituer, aux générations présentes et futures, un capital historique exceptionnel, un patrimoine culturel bimillénaire en grande partie méconnu, sous-estimé, refoulé, dans sa complexité, dans ses contradictions, dans ses accords et ses contre-accords », ajoute-t-il, soulignant que « cet intellectuel hors pair a établi l’ancienneté de la judéo-berbérité et de la judéo-arabité de la civilisation marocaine sur des preuves matérielles irréfutables, sur des traces archéologiques de l’époque romaine, sur des textes datés et authentifiés ».
Présertation du Penseur Haïm Zafrani :
Il est auteur de nombreux livres, études et recherches sur l’histoire et la vie culturelle, sociale, économique du Maroc et de l’Andalousie, "revisite méthodiquement les archives négligées, les éditions raréfiées, les manuscrits brunis par l’abandon, se méfie, avant tout, des hypothèses reproduites comme des certitudes, des arguties admises comme des vérités acquises, des sophismes enseignés comme des objectivités universitaires, et vérifie systématiquement l'authenticité des sources qu'il découvre, recoupe les versions des copistes, contextualise le cadre de leur production, en gardant à l’esprit la part idéologique inhérente à toute présentation des faits", écrit le Docteur Mustapha Saha. Pour le sociologue marocain, « toutes les publications de Haïm Zafrani sont fondées sur des documents incontestables, sur des études corroborées, sur des faits avérés, et s’inscrivent non seulement dans la connaissance, mais dans la connaissance de la connaissance. Ce penseur aura couvert, dans la meilleure tradition encyclopédique, tous les champs des sciences humaines et sociales, l'histoire, la sociologie, l'anthropologie, la linguistique, l'esthétique, la poétique, la musicologie, l'économie, la pédagogie, l’éthique, la théologie, le droit rabbinique en maîtrisant la méthodologie de chaque discipline. Haïm Zafrani, infatigable explorateur de la mémoire berbéro-judéo-arabe, est sans conteste l'historien et le penseur référentiel de la diversité structurelle et de la pluralité culturelle, constitutives de la société marocaine depuis ses origines. S’il fallait un seul mot pour définir l’œuvre de Haïm Zafrani, une œuvre prolifique, impressionnante, pour ne pas dire intimidante, par sa dimension et sa densité, ce mot serait sa rigueur, sa rigueur intellectuelle, sa rigueur scientifique, sa rigueur éthique. Une rigueur associée à la vigueur investie dans sa réalisation pendant un demi-siècle, avec la ténacité tranquille des voyageurs du désert ».
Docteur ès lettres et sciences humaines et docteur en études orientales, Haïm Zafrani était notamment membre de l’Institut des hautes études sémitiques au Collège de France et membre correspondant de l’Académie du Royaume du Maroc. Il a dirigé le Département de langue hébraïque et de civilisation juive à l'université de Paris-VIII, dont il est devenu professeur émérite.
Auteur du livre :
Mustapha Saha est sociologue, poète, artiste peintre. Il est cofondateur du Mouvement du 22 Mars à la Faculté de Nanterre et l’une des figures historiques de mai 68 (voir Bruno Barbey, Passages, éditions de La Martinière). Après la mésaventure de Louis Aragon, rejeté par les étudiants, il organise l’intervention réussie de Jean-Paul Sartre dans la Sorbonne occupée. Il signe avec les éditions du Seuil le contrat du premier livre sur la révolution soixante-huitarde, « La Révolte étudiante » et collabore avec Jean Lacouture dans la collection « L’Histoire immédiate ». Il réalise, sous la direction d’Henri Lefebvre, ses thèses de sociologie urbaine (Psychopathologie sociale en milieu urbain désintégré) et de psychopathologie sociale (Psychopathologie sociale des populations déracinées), fonde la discipline Psychopathologie urbaine, et accomplit des études parallèles en beaux-arts. Il est l’ami, dans les années soixante-dix et quatre-vingt, de grands intellectuels et artistes, français et italiens, et se séjourne fréquemment à Rome. Il explore l’histoire du « cinéma africain à l’époque coloniale » auprès de Jean-Rouch au Musée de l’Homme et publie, par ailleurs, sur les conseils de Jacques Berque qui l’exhorte à renouer avec ses racines, « Structures tribales et formation de l’État dans le Maghreb médiéval », aux éditions Anthropos. Après une parenthèse comme sociologue-conseiller au Palais de l’Elysée sous la présidence de François Hollande, Mustapha Saha décide de se consacrer entièrement à la peinture et à l’écriture. Il mène actuellement une recherche sur les mutations civilisationnelles induites par la Révolution numérique (Manifeste culturel des temps numériques), sur la société transversale et sur la démocratie interactive. Il travaille à l’élaboration d’une nouvelle pensée et de nouveaux concepts en phase avec la complexification et la diversification du monde en devenir. Ouvrages et expositions en cours de finalisation : « Le Calligraphe des sable » (livre de poésie présenté par Edgar Morin), « La Société diversitaire », « La Laboratoire marocain », « La dérive algorithmique ». Exposition en préparation : « Panthéon imaginaire des écrivains latino-américains ».
***
Pour citer cet avis
Mustapha Saha,« Communiqué de presse sur "Haïm Zafrani, Penseur de la diversité" de Mustapha Saha, éditions Hémisphère / éditions Maisonneuve & Larose, 2020 », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Megalesia 2020, mis en ligne le 13 avril 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/penseur-diversite
Durant cet été des ennuis informatiques ont perturbé l'actualisation du site & l'ajout de nouveaux textes, la rédaction reprend petit à petit ses activités éditoriales. Merci bien de votre compréhension !
Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.
Bienvenue ! belle rentrée poétique à vous !
LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm) REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE ET MULTILINGUE DE POÉSIE ENTRE THÉORIES ET PRATIQUES N°14 | ÉTÉ 2023 LES CONTEUSES EN POÉSIE VOLUME 1 CONTER EN VERS* Crédit photo : Mary Durack,...
N°14 | Les conteuses en poésie | Entretiens poétiques, artistiques & féministes & REVUE ORIENTALES (O) | N° 3 | Entretiens Hala MOHAMMAD : « Avant d’être cinéaste, je suis d’abord une poète. » Propos recueillis par Hanen Marouani Entrevue avec Hala Mohammad...
N°14 | Les conteuses en poésie | Entretiens poétiques, artistiques & féministes & REVUE ORIENTALES (O) | N° 3 | Entretiens Interview de la rentrée poétique avec Rachida BELKACEM Propos recueillis en août 2023 par Hanen Marouani Entrevue avec Rachida Belkacem...