9 août 2021 1 09 /08 /août /2021 16:57

 

Lettre n°16 | À nos ivresses  & aux Bacchantes | Muses au masculin | Handicaps & diversité inclusive

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le S. D. F. 

 

 

 

 

 

 

 

Yvan Robberechts

 

 

 

 

Crédit photo : "Homeless on Paulista Avenue, São Paulo city, Brazil, Wikimédia, domaine public​​​​​​. 

 

 

 

 

Sous la pluie, blotti sur le trottoir, vissé dans le bitume.

Tes jambes repliées dans ton imperméable en guenilles et tes chaussures ouvertes

te font ressembler à un canard mouillé.

Tu pues la vinasse, la pisse aigre et la mélancolie.

Tu regardes par le trou de tes yeux, derrière les barreaux de ta tête,

les gens passent comme des miradors.


 

Peut-être que tu ressasses ton passé,

tes rêves de chiffons rouges encornés par la vie.

Peut-être que tu arpentes des souvenirs égarés dans une salle des pas perdus.

Ou peut-être que dans ta tête il n'y a déjà plus que du sable.

Un sablier qui efface et fond vers l'oubli.

Dans ton portefeuille tu gardes un photomaton de toi jeune homme,

du temps jadis, du temps d'avant.

Avant cette trogne de gargouille.

Avant d'être cabossé, éreinté, déchu, entarté par la vie.


 

Avant d'être livré à ton ombre de bitume.

Tu t'es levé.

En gueulant.

Tu es passé devant moi sans me voir.

je t'ai regardé t'éloigner

et à cet instant précis j'ai vu,

sur tes épaules,

le diable,

assis en souriant.

 

 

 

© Robberechts, janvier 2021.

 

 

 

***

 

Pour citer ce poème philanthropique 

 

 

Yvan Robberechts, « Le S. D. F. », poème philanthropique inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°16, mis en ligne le 9 août 2021. Url :

http://www.pandesmuses.fr/lettreno16/yr-lesdf

 

 

 

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans La Lettre de la revue LPpdm Poésie philanthropique
9 août 2021 1 09 /08 /août /2021 10:51

 

N° 8 | Dossier majeur | Florilège de poétextes 

 

 

 

 

 

 

 

 

le jardin des ombres

 

 

 

 

 

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

 

 

 

© ​​​​​Crédit photo : Françoise Urban-Menninger, "le jardin des ombres", photographie d'une statue prise dans le parc de Bad Krozingen en Allemagne. 

 

 

 

pluie sur le jardin des ombres

où je ressource mon âme

quand le jour dans ma nuit

dépose les fruits du silence

 

 

irai-je au bout de ma vie

avec le poème pour cri

dans ce jardin où les roses sans bruit

embaument le cœur de ma rime

 

 

j'écris dans l'enclos des mots

qui cernent l'horizon

pour atteindre en moi

la lumière dans le verbe

 

 

© F. Urban-Menninger, poème du 7 août 2021.

 

 

***

 

Pour citer ce poème 

 

Françoise Urban-Menninger (poème & photographie inédits), « le jardin des ombres », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :  N°8 | Été 2021 « Penser la maladie & la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, ​​​​mis en ligne le 9 août 2021. Url :

http://www.pandesmuses.fr/no8/fum-lejardindesombres

 

 

 

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Numéro 8 Nature en poésie Muses et féminins en poésie
8 août 2021 7 08 /08 /août /2021 18:05

 

N° 8 | Critique & réception

 

 

 

 

 

 

 

Dialogues avec le jour

 

 

d'Isabelle Poncet-Rimaud.

 

 

Recueil de poèmes paru chez Unicité

 

 

 

 

 

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

 

 

 

© ​​​​​Crédit photo : Couverture illustrée du recueil chez Unicité, image fournie par la critique F. Urban-Menninger. 

 

 

 

Originaire  de Lyon, Isabelle Poncet-Rimaud a vécu en Belgique et dans diverses régions de France, notamment à Strasbourg où elle a obtenu le Prix de la Société des écrivains d'Alsace ou encore celui de la Ville de Marlenheim.

 

C'est dire un parcours littéraire riche, nourri par la collaboration avec des musiciens, des artistes-peintres, des écrivains ou des compositeurs tel Damien Charron. Son œuvre traduite et publiée en Roumanie, Portugal, Espagne, Albanie, Islande, Grèce, Inde, USA compte aujourd'hui un nouveau recueil « Dialogues avec le jour » qui nous renvoie à nos interrogations et à notre rapport avec cette mort qui nous accompagne depuis notre naissance, plus présente que jamais dans notre quotidien en ces temps de pandémie…

 

 

 

© ​​​​​Crédit photo : Isabelle Poncet-Rimaud, image fournie par la critique F. Urban-Menninger. 

 

 

 

 

Confinée, Isabelle Poncet-Rimaud scrute le monde depuis son balcon, elle en prend le pouls et écrit « Le temps jardine / avant que de faucher. »

L'on songe à la phrase si juste et si percutante prononcée par le philosophe Heidegger « Dès qu'un homme naît, il est assez vieux pour mourir ».

Car bien évidemment, la mort habite les poèmes de l'auteure, le recueil tout entier en est le linceul et Isabelle Poncet-Rimaud de dédier un texte bouleversant à l'une de ses amies disparues « Ô Colette, ton enterrement / en temps de confinement... » Tout est dit dans ces deux vers : la mort, la solitude, l'isolement et l'incommensurable douleur….

Au bord de l'indicible et du silence, l'auteure s'exprime en vers brefs qui tels des soupirs renvoient à une forme de désespérance et d'impuissance « Jour muet. / Les mots, / Lamentablement, / s'entassent. 

Face à « l'impensable », les mots ne font plus le poids et pourtant des « dialogues » se nouent, perceptibles du bout de l'âme par la poétesse qui les transcrit comme autant d'offrandes lumineuses à la vie et d'évoquer presque heureuse « une partition / pour les notes de la vie. »

« Dans la cour, / l'oiseau libre / avertit / de sa soif d'aimer », écrit-elle avant de replonger dans des interrogations sans réponses « Bilboquet désaxé, / le monde d'entre nos mains, a brusquement chuté. »

 

Mais le 10 mai 2020, veille du premier déconfinement, Isabelle Poncet-Rimaud  s'écrie « Le monde n'est plus mon balcon. » et de clore son livret sur le mot « confiance » qui éclaire son cheminement intérieur qui devient aussi le nôtre lors de cette lecture qui tour à tour nous  interpelle, nous apaise, toujours en nous plongeant dans la pleine lumière de cette quête de nous-mêmes où notre origine et notre finitude confinent.

 

 

© F. Urban-Menninger

 

 

***

 

Pour citer cette réception 

 

Françoise Urban-Menninger, « Dialogues avec le jour d'Isabelle Poncet-Rimaud. Recueil de poèmes paru chez Unicité » texte inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :  N°8 | Été 2021 « Penser la maladie & la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, ​​​​mis en ligne  le 8 août 2021. Url :

http://www.pandesmuses.fr/no8/fum-dialoguesaveclejour

 

 

 

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Numéro 8 Muses et féminins en poésie
8 août 2021 7 08 /08 /août /2021 16:36

​​​​​​

Lettre n°16 | À nos ivresses & aux Bacchantes | Poésie des ancêtres | Poétextes thématiques

 

 

 

 

 ​​​​

 

 

Poèmes de faim de vie (extraits)

 

 

&

 

 

Douze chants hérétiques,

 

chant second

 

 

 

 

Thibault Jacquot-Paratte

 

 

Crédit photo : Photographie d'une actrice en "Bacchante Profil de femme avec couronne. Commons.

 

 

 

 

Poèmes de faim de vie (extraits)

 

 

 

Brume citadine mêlée de l'écume de mon souffle

aux boulevards continus où ma vision s'engouffre 

labyrinthe de destinées où l'issu est passage

et profiter de ses errants sans l'devenir j'envisage

et soufflant dans le froid qui s'acharne bruine et pluie

l'orage bientôt en neige ; faire suivi

de ses mots, de ses sacres

de ses moissons de prières

des lueurs de longues nuits

du désespoir le massacre

de vins chauds, d'ambrées bières

engouffre-le chéri,

le passage des fêtes 

et encore faire suivi

continu du pavé c'est tout droit

éternelle marche aveuglée la vaguelette de buée 

le temps qu'il faudra pour ne pa(nne)s essoufflé

qui s'engouffre dans les recoins de creux et de grottes 

creusées où construites en parois nos maisons

et la neige en orage s'évanouissent flocons 

inonde-nous courant, de lieux

chez eux, nuages plancton et flocons, chez eux

ressenti que nous-mêmes l'on retombe en gouttelettes

heurtant à l'air la plage s'érode

s'emporte.

 

*

 

Santé à tous et vous-mêmes,

ceux pour qui vous buvez.

À qui les pas mènent titubants

sombres dans l'obscurité

à la coque fragile coquille

d'œuf en crâne

folie à la routine voit au voyage

l'organisme fonctionner tout seul ;

les courants bougent et décident

les vagues rongent les côtes

les mains palpent les seins de l'amour malhabile

sautent de nos bras et hors de nous les vins

années qui ne nous tiennent plus debout

marionnette de circonstance, 

mais les rois en habits robustes

de qui l'on peint portraits et gravent bustes

savent se défendre mieux que quiconque

et mirent sans zieuter et trinquant

aspirent confiance pour dérouter

et dans les voiles prédire les vents

et craquent coquilles faisons brouiller

sur une assiette voulez-vous votre petit déjeuner?

Il est aussi disponible dans la poêle, dans une feuille

dans du papier journal.

 

*

 

Quand c'qui a eu des beaux massacres

tout le monde a bien mangé

tu t'assois dans ton fauteuil

un cigare à fumer.

Des bains de sang qui coulent à flots

qui forment rivières dans l'caniveau

qu'on draine par aqueduc avec l'eau de nos toilettes

avec quoi on arrose nos plantes.

 

*

 

Image rendue d'une huile parfumée

qui ne reste seule au mur accrochée

qui m'entoure de ses traces, ses mouvements si charmants

elle existe et donc fou elle me rend

la réalité si belle de faveur des lumières

dans la cour de sa f'nêtre je chante air sur air

et en air flotte l'appel tiède de sa chair

aux joues rosées, à la fine figure

toutefois indicible dans son cadre quand est vue

et tableau restera, peinture d'idéaux

qui enjoue autant qu'interne est torture

une autre dose de telle dope; l'on court dans la rue

recherchant une idée vive et douce peau.

 

*

 

La seule drogue qui puisse une emprise sur moi

je ne peux chasser ta présence de mon envie

Quelle est la meilleure façon d'incendier?

Par des mots ou par des gestes ?

D'un aveu ou d'un baiser?

Je n'ai jamais tant voulu tant essayer

la défonce à ne plus voir rien d'autre

mes veines n'ont jamais tant appelé

que mon cœur batte !

Aucune piqûre ne frétille, plus

fumée n'a d'odeur telle

portant à perdre tout sens

et déraison,

à réfléchir d'une autre façon

à qu'est c'qu'a quelle importance.

 

*

 

pourquoi je me drogue alors que je suis

induit en erreur

la paranoïa la plus sincère guide mes actes.

Je remets en cause ce dont je croirais n'être jamais capable 

et pour une raison ou une autre j'aimerais me faire mal.

Je bois, je me drogue

il est tard et je suis fatigué, mais je continue

me force à danser, essaie de m'approcher

de ce qui me fait étrangement du bien

induit en erreur alors que je sais

ce dont je ne serais jamais capable remis en doute.

 

*

 

se connaître soi-même

et masque, ce que l'on ne veut montrer aux autres

les défauts qui nous tourmentent

qui nous transforment en un si faible pour cent de notre capable être.

Je ne boirai pas, je ne prendrai pas de drogue

je refuse de perdre contrôle 

et risquer d'extérioriser mes démons...

À moins que ces vices ne soient la solution ?

 

   

douze chants hérétiques, chant II

 

On buvait des bières en écoutant d'la country

le Québec c'est du beau pays, même s'ils sont arrogant des fois

par endroit y'avait des restes de neige

les premières, les dernières,

il faut faire de la route pour que tout d'un coup

les contrées aient l'air aussi désertes qu'on les voudrait

il sont arrogants des fois ; c'est parce qu'ils s'aiment beaucoup aussi

mais au Québec tout se fait tranquillement, pas vite

la terre a une révolution plus lente

toutes les Maries de l'église catholique

Montréal c'est pas trop mal

mais l'Amérique

c'est pas un continent de villes

décalages

rêves d'où l'on ne se réveil pas

lents

passants

impressionnés par la forme

impressionnés par le désir de l'être

allant du centre-ville au plein air

pour une poignée de billets

ne daignerait pas

pionniers,

aller au lieu de naissance

d'aspirations dépassées

éclatera un jour

bientôt ? Lointain ?

J'espère pour bientôt

la désillusion

mais je suis optimiste

 

fusillé

j'ai ri un grand coup

je suis allé voir ailleurs, et j'y étais

j'ai parcouru le Québec par tous les bouts

toutes les boutes

sauf Anticosti

Ant-

-i-

-(que)-

-(c)-

-(h)osti(e)

qui fut presque vendu aux nazis en 1937

et qui fut vendu au pétrole en 2014.

Tout ça pour un misérable 60% de profits.

À ce prix là,

pas besoin de condoms ! 

C'était un soir au Québec que je m'étais fait traiter de radin car je ne donnais pas l'argent que je n'avais     pas moi-même !

Quelque part, le Québec me rappelle beaucoup l'Afrique.

Comment généraliser un si grand continent !

Tant-pis, je m'y lance – 

c'est vrais qu'en générale partout dans le sud,

les gens vivent plus les uns sur les autres.

Il fait chaud

on est dehors,

on se rencontre dehors

on passe nos journées ensemble

on voit tout ce qu'on fait

on va se voir

globalement, y'a moins d'espace personnel

on s'attend toujours à avoir des points communs 

on se veut des points communs

on en trouve

on en crée 

on en cherche

on en demande !

On s'attend à aimer les même choses

vouloir les même choses ;

le Québec, pour moi, est trop conformiste

je n'déteste pas la mode, mais je n'suis pas commerciale 

La mode au grand M

la mode dans les arts

les coutures vivantes, formes, broderies...

c'est joli, c'est tout.

Au Québec le regard se projette sur notre apparence pour en déterminer le groupe sociale

« T'es tu un... »,

et on tend facilement la main

Dans Mandabi d'Ousman Sembéné

où les gens cherchent leur partie, cherchent à recevoir

où l'on se concerne de ce que pensent les autres

*

 

Santé à tous et vous-mêmes,

ceux pour qui vous buvez.

À qui les pas mènent titubants

sombres dans l'obscurité

à la coque fragile coquille

d'œuf en crâne

folie à la routine voit au voyage

l'organisme fonctionner tout seul;

les courants bougent et décident

les vagues rongent les côtes

les mains palpent les seins de l'amour malhabile

sautent de nos bras et hors de nous les vins

années qui ne nous tiennent plus debout

marionnette de circonstance, 

mais les rois en habits robustes

de qui l'on peint portraits et gravent bustes

savent se défendre mieux que quiconque

et mirent sans zieuter et trinquant

aspirent confiance pour dérouter

et dans les voiles prédire les vents

et craquent coquilles faisons brouiller

sur une assiette voulez-vous votre petit déjeuner?

Il est aussi disponible dans la poêle, dans une feuille

dans du papier journal.

 

*

 

Quand c'qui a eu des beaux massacres

tout le monde a bien mangé

tu t'assois dans ton fauteuil

un cigare à fumer.

Des bains de sang qui coulent à flots

qui forment rivières dans l'caniveau

qu'on draine par aqueduc avec l'eau de nos toilettes

avec quoi on arrose nos plantes.

 

*

 

Image rendue d'une huile parfumée

qui ne reste seule au mur accrochée

qui m'entoure de ses traces, ses mouvements si charmants

elle existe et donc fou elle me rend

la réalité si belle de faveur des lumières

dans la cour de sa f'nêtre je chante air sur air

et en air flotte l'appel tiède de sa chair

aux joues rosées, à la fine figure

toutefois indicible dans son cadre quand est vue

et tableau restera, peinture d'idéaux

qui enjoue autant qu'interne est torture

une autre dose de telle dope; l'on court dans la rue

recherchant une idée vive et douce peau.

 

*

 

La seule drogue qui puisse une emprise sur moi

je ne peux chasser ta présence de mon envie

Quelle est la meilleure façon d'incendier?

Par des mots ou par des gestes?

D'un aveu ou d'un baiser?

Je n'ai jamais tant voulu tant essayer

la défonce à ne plus voir rien d'autre

mes veines n'ont jamais tant appelé

que mon cœur batte!

Aucune piqûre ne frétille, plus

fumée n'a d'odeur telle

portant à perdre tout sens

et déraison,

à réfléchir d'une autre façon

à qu'est c'qu'a quelle importance.

 

*

 

pourquoi je me drogue alors que je suis

induit en erreur

la paranoïa la plus sincère guide mes actes.

Je remets en cause ce dont je croirais n'être jamais capable 

et pour une raison ou une autre j'aimerais me faire mal.

Je bois, je me drogue

il est tard et je suis fatigué, mais je continue

me force à danser, essaie de m'approcher

de ce qui me fait étrangement du bien

induit en erreur alors que je sais

ce dont je ne serais jamais capable remis en doute.

 

*

 

se connaître soi-même

et masque, ce que l'on ne veut montrer aux autres

les défauts qui nous tourmentent

qui nous transforment en un si faible pour cent de notre capable être.

Je ne boirai pas, je ne prendrai pas de drogue

je refuse de perdre contrôle 

et risquer d'extérioriser mes démons...

À moins que ces vices ne soient la solution?

 

 

Douze chants hérétiques, chant second

 

 

 

On buvait des bières en écoutant d'la country

le Québec c'est du beau pays, même s'ils sont arrogant des fois

par endroit y'avait des restes de neige

les premières, les dernières,

il faut faire de la route pour que tout d'un coup

les contrées aient l'air aussi désertes qu'on les voudrait

il sont arrogants des fois ; c'est parce qu'ils s'aiment beaucoup aussi

mais au Québec tout se fait tranquillement, pas vite

la terre a une révolution plus lente

toutes les Maries de l'église catholique

Montréal c'est pas trop mal

mais l'Amérique

c'est pas un continent de villes

décalages

rêves d'où l'on ne se réveil pas

lents

passants

impressionnés par la forme

impressionnés par le désir de l'être

allant du centre-ville au plein air

pour une poignée de billets

ne daignerait pas

pionniers,

aller au lieu de naissance

d'aspirations dépassées

éclatera un jour

bientôt ? Lointain ?

J'espère pour bientôt

la désillusion

mais je suis optimiste

 

fusillé

j'ai ri un grand coup

je suis allé voir ailleurs, et j'y étais

j'ai parcouru le Québec par tous les bouts

toutes les boutes

sauf Anticosti

Ant-

-i-

-(que)-

-(c)-

-(h)osti(e)

qui fut presque vendu aux nazis en 1937

et qui fut vendu au pétrole en 2014.

Tout ça pour un misérable 60% de profits.

À ce prix là,

pas besoin de condoms ! 

C'était un soir au Québec que je m'étais fait traiter de radin car je ne donnais pas l'argent que je n'avais     pas moi-même !

Quelque part, le Québec me rappelle beaucoup l'Afrique.

Comment généraliser un si grand continent !

Tant-pis, je m'y lance – 

c'est vrais qu'en générale partout dans le sud,

les gens vivent plus les uns sur les autres.

Il fait chaud

on est dehors,

on se rencontre dehors

on passe nos journées ensemble

on voit tout ce qu'on fait

on va se voir

globalement, y'a moins d'espace personnel

on s'attend toujours à avoir des points communs 

on se veut des points communs

on en trouve

on en crée 

on en cherche

on en demande !

On s'attend à aimer les même choses

vouloir les même choses ;

le Québec, pour moi, est trop conformiste

je n'déteste pas la mode, mais je n'suis pas commerciale 

La mode au grand M

la mode dans les arts

les coutures vivantes, formes, broderies...

c'est joli, c'est tout.

Au Québec le regard se projette sur notre apparence pour en déterminer le groupe sociale

« T'es tu un... »,

et on tend facilement la main

Dans Mandabi d'Ousman Sembéné

où les gens cherchent leur partie, cherchent à recevoir

où l'on se concerne de ce que pensent les autres

 

Sembéné, il s'en préoccupait aussi

ça le préoccupait

en fumant sa pipe

l'individualisme, on le lie souvent à l'égocentrisme,

à la méchanceté, au manque de sympathie,

en bref, au capitalisme.

Mais les risques liés au manque de soi-même

de différences,

Pff ! Je souhaiterais qu'on en parle plus

comme je souhaiterais que tout le monde discute

ensemble

on a construit des tours

des barrages

des civilisations

on a rempli des musées

(que l'on visitera plus en criant « last call »)

mais quelqu'un les a conçu !

Moi personnellement, je ne mélangerai pas Égo et identité

Idée

entité.

 

J'ai parcouru le Québec de plein de façons

en pouce, à pieds, en voyages payés,

mais comme toujours pour voir l'Amérique du nord,

faut y aller en voiture

mais comme peuvent en témoigner bien des gens

au Québec de nos jours, on trouve parmi les meilleures bières au monde

entre l'Éphémère, la Maudite, l'Eau Bénite

Trois Pistoles, à Chambly

celles de la Nouvelle-France

comme la Claire Fontaine

et pourtant on y trouve tout de même de la Bush, de la Cinquante et de la Blue Label

va savoir !

De toutes façons, je préfère le cidre.

 

 

***

 

Pour citer ces extraits 

 

Thibault Jacquot-Paratte, « Poèmes de faim de vie (extraits) » & « Douze chants hérétiques, chant second », poèmes inédits, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°16, mis en ligne le 8 août 2021. Url : 

http://www.pandesmuses.fr/lettreno16/tjp-faimdevie

 

 

 

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