Mona Azzam, « Rimes éphémères », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique / Festival Le Printemps des Poètes Mars 2022 | « L'éphémère aux féminin, masculin & autre », Recueil collectif des périodiques féministes de l'association SIÉFÉGP, mis en ligne le 21 mars 2022. Url :
Est une tunisienne résidente entre l’Italie et la France. Elle est docteure en langue et littérature françaises de l’université de Sfax et auteure de quatre recueils de poésie(s) publiés entre Tunis et Paris et traductrice. Elle est diplômée aussi de l’université de Sienne (Toscane) en langue italienne et de l’université de Rouen en didactique et pédagogie du FLE. Elle s’intéresse dans ses recheches à la position de la femme dans la littérature et la société à partir de l’analyse des pratiques discursives et énonciatives et à la problématique de l’immigration et des inégalités de genre. Elle a participé à des colloques, des festivals et des évènements culturels nationaux et internationaux. Ses textes ont été publiés dans des revues et anthologies internationales et traduits en d’autres langues comme l’espagnol, l’anglais et l'italien. Elle a reçu également des prix lors de sa participation à des concours de poésie.
Ses publications disponibles numériquement sur ce site :
Si l’on en croit la psychanalyse, le patronyme serait un signifiant déterminant à partir duquel chacun construirait son identité et tracerait son chemin de vie.
Aussi, aucune surprise de découvrir que la quête artistique de Bénédicte Bach a partie liée avec l’eau puisque « bach » en allemand se traduit par cours d’eau ou ruisseau. Quant à la musicalité indéniable des œuvres de l’artiste, il suffit de songer à la famille de Jean-Sébastien Bach composée de très nombreux musiciens et dont il fut le premier en titre !
Bénédicte Bach poursuit un cheminement poétique et onirique qui l’amène, selon ses dires, « à remonter le cours de l’eau jusqu’à la dernière goutte ».
Dans son exposition présentée à Strasbourg à la galerie « La Pierre large » et qu’elle intitule « Le rêve est l’aquarium de la nuit », ses photographies nous immergent d’emblée dans l’élément premier jusqu’aux profondeurs obscures où sont enfouis nos mythes et nos fantasmes fondateurs.
L’artiste plasticienne est à l’écoute du vagissement de l’eau, elle s’abandonne corps et âme à une rêverie contemplative qui l’entraîne dans des abysses à la fois proches et lointaines où elle n’a de cesse de capter « la complainte des vagues » qui « portent en elles les larmes des sirènes ».
Loin de s’enchaîner comme Ulysse, Bénédicte Bach répond à l’appel plaintif des sirènes et ses images se fondent dans l’éblouissement d’une écriture à la fois liquide et musicale.
Ces larmes qui sont autant de notes de musique, la plasticienne nous les restitue dans une installation où des gouttes de résine bleues et vertes, suspendues à de longs filaments, oscillent au-dessus d’un miroir circulaire qui devient un puits sans fond...Notre conscience s’y perd, s’y noie, prise dans le filet d’un rêve hypnotique. Nous retournons dans l’eau foetale de la mer-mère, bercés par le roulis des images de vagues qui déroulent l’infini où notre origine et notre finitude confinent. « Le linceul des rêves » ainsi nommé par l’artiste est cette blanche écume ourlée de fine dentelle qui nous renvoie inéluctablement à ces limbes de la mémoire qui se défont et se noient dans les abîmes de notre inconscient….
Bénédicte Bach possède l’art d’abolir le temps, elle découpe dans l’instant éphémère, des fragments d’éternité dont la luminescence radieuse et éminemment poétique réenchante le regard.
Sa vidéo sonore en couleur « Waterdrop » évoque « l’évanescence du temps », le temps s’égoutte « écho lointain d’un océan rêvé », l’essence d’un tout dans un tout petit rien », écrit l’artiste.
Nul doute que la quête intemporelle de Bénédicte Bach fait écho à celle d’Arthur Rimbaud qui l’illustre dans « Le bateau ivre » par ces vers magnifiques « Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème / De la Mer, infusé d'astres, et lactescent, / Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême / Et ravie, un noyé pensif parfois descend ; »*
Et la plasticienne de nouer et dénouer dans ses œuvres, la trame d’un long poème où l’ombre et la lumière dansent à la crête des vagues depuis la nuit des temps. Dans « Carnage », Audiberti fait fusionner l’eau qui reflète le ciel et qui devient cet « azur liquide » que Bénédicte Bach a su incontestablement capter dans ce temps immobile où l’âme de la rêveuse a jeté l’ancre.
* Voir Rimbaud, Œuvres complètes, Établissement du texte, présentation, notices, notes, chronologie et bibliographie Jean-Luc STEINMETZ, Paris, Éditions GF Flammarion, 2010, pp. 130-133, p. 130, §/quatrain n°24.
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Pour citer cet article inédit
Françoise Urban-Menninger, « La mer & l’éphémère chez Bénédicte Bach », illustrations par Bénédicte Bach, Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique / Festival Le Printemps des Poètes Mars 2022 | « L'éphémère aux féminin, masculin & autre », Recueil collectif des périodiques féministes de l'association SIÉFÉGP, mis en ligne le 19 mars 2022. Url :
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