Françoise Urban-Menninger, « Hommage à Giverny», illustration de l'artiste Chris Roro, Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Numéro Spécial | Printemps 2022« L'humour au féminin » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 12 janvier 2022. Url :
Anne Neige, « Chorégraphie de la ponctuation», Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Numéro Spécial | Printemps 2022« L'humour au féminin » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 12 janvier 2022. Url :
HM – Dorra Azzouz, vous cherchez-vous plus une voie dans le monde de la poésie ou de l’art ? Et lequel de ces deux, s’invite le premier chez vous ?
D.A – Pour moi, la poésie et la peinture sont un couple uni, soudé et inséparable. Chacune de ces disciplines n’existe pas sans l’autre dans ma vie personnelle ou professionnelle. Donc, il n’est pas seulement une question d’écrire poétiquement mais aussi et surtout de peindre poétiquement. Et encore, j’écris ma poésie, je la peins, je la sens, je la pense et je la vis pleinement en chaque instant.
Les sentiments qui m’accompagnent s’expriment de la manière la plus spontanée et parfois raisonnée et qui ont cette motivation de vouloir s’extérioriser sur un papier comme sur une toile ; les deux à la fois, en même temps et en parallèle. Ils vont spontanément, naturellement et involontairement ensemble et cela me permet d’être plus créative de plus en plus. Des sentiments qui se manifestent à travers ces deux vaisseaux et qui me sont très productifs et très généreux à mon égard pour alimenter continuellement et fréquemment ma poésie et ma peinture.
H.M – Comment vous êtes-vous retrouvée dans ce monde poétique et artistique ?
D.A – Depuis mes 13 ans, je me cherchais alors je m’enfermais des heures et des heures dans ma chambre afin de trouver cette quiétude et cette paix pour lire et surtout pour rêver. À partir de ces moments d’intimité ou de solitude agréable, j’ai découvert en moi ce talent ou cette envie d’écrire des vers, des lignes, des poèmes, des haïkus ; sans savoir même les nommer ou les intituler comme aujourd’hui, d’ailleurs. Je ne sais pas donner des titres à mes toiles ou à mes textes que rarement ou après un conseil. Tout était fait dans l’immédiateté, dans l’urgence et dans la spontanéité. J’étais trop jeune et je ne comprenais pas vraiment la différence entre rédiger un texte ou un poème mais j’étais complètement prise par l’emprise de la sonorité, du rythme, de la musicalité et de ce soin posé et imposé accordé nécessairement à la similarité vocalique à la fin de chaque vers.
H.M – Vous avez évolué dans un univers de mode et de design comme votre biographie le mentionne clairement. Dans ce monde où le côté esthétique est central et primordial, votre orientation vers la peinture est-elle due spécifiquement à ce point-là ?
D.A – Oui, malgré mes études menées dans le domaine des beaux-arts, je ne vous cache pas que mon amour pour la peinture s’est révélé plus tard et surtout après avoir voyagé et travaillé dans le monde de la mode et du design qui ont profondément influencé mes choix et mes décisions pour me lancer dans cette belle aventure.
H.M – Quelle est votre astuce ou stratégie pour améliorer votre prestation ou rendement dans l’écriture et dans la peinture ou autrement dit comment pouvez-vous prendre soin de ces deux talents à la fois puisque vous insistez sur leur indissociabilité ?
D.A – Mes deux astuces et conseils sont la persévérance et la confiance en soi malgré tous les défis et les contraintes qu’on peut rencontrer dans la vie au quotidien et dans le domaine culturel et artistique qui n’est pas, entre autres, un domaine facile du tout.
Personnellement, j’écris et je peins presque tous les jours. J’adopte mes deux passions comme une discipline régulière car sans le travail constant, on ne saura pas évoluer et on ne saura pas aller trop loin. Je les adapte à mes préoccupations de tous les jours pour ne pas les écarter de mon vécu une seule seconde ou pour ne pas me retrouver étouffée sans moyen d’expression artistique et poétique. Mon amour pour la poésie et pour la peinture me représente en tant que personne et en tant que femme ambitieuse, sensible, immigrée et surtout en tant que citoyenne du monde.
Ce que je suis en tant qu’être se trouve dans mes vers et dans mes toiles et c’est la raison pour laquelle j’ai été créée. Voilà, je le pense de cette manière.
H.M – Un rituel de chaque jour pour apprécier et préserver au plus mieux votre créativité et activité artistique et poétique dans un monde qui menace, chaque jour, notre sensibilité et humanité ?
D.A – J’écris chaque jour et j’utilise plusieurs langues pour m’exprimer dans ma poésie. J’ai appris à écouter bien et même trop tout au long de ma journée.
J’écoute pour ne pas oublier. J’écoute pour apprendre plus de mots, plus de leçons, plus de sensibilité et pour m’enrichir surtout sur tous les plans. J’écoute beaucoup les autres artistes, les écrivains, les acteurs, les psychiatres et même les histoires racontées par des personnes dans la rue parce que je crois en cette notion d’échange et de partage surtout. J’aime aussi écouter de la musique.
Il m’arrive aussi de me réveiller à trois heures du matin pour écrire des mots qui sauront former au réveil un texte ou un poème puis je prends mon temps pour contempler et méditer cette composition, cette évolution dans le silence absolu. Je prends également mon temps pour regarder attentivement les objets qui m’entourent, les gens qui passent à côté de moi, qui me transmettent une énergie particulière ou différente. Et mon bonheur suprême et extrême est dans la nature qui m’aide à me ressourcer et à me renouveler.
Pour la peinture, c’est de la mode et de l’architecture d’intérieur que je m’inspire beaucoup surtout pour la combinaison des couleurs qui ne cesse pas de s’enrichir et de se manifester différemment et chromatiquement sur ma toile à chaque fois que je change de lieu, je voyage ou je change de paysage. Aussi, en écoutant de la musique classique, ma main et mon corps accompagnent ces rythmes bien étudiés et bien structurés et cela inspire et nourrit aussi ma touche du pinceau.
H.M – Vous qui n’avez pas hésité à évoquer dans l’une de vos déclarations que vous n’avez pas fini vos études et que vous êtes fièrement autodidacte dans le domaine artistique ainsi que dans la vie, quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui nous lisent et qui peuvent être dans le besoin d’avoir un conseil bien ciblé ?
DA – Comme je l’ai déjà affirmé précédemment, il faut avoir une grande confiance en soi. La sensibilité artistique et poétique est un don divin. Un cadeau du ciel qui est né en nous et pour nous et non pas contre nous.
Ce n’est pas parce qu’on n’a pas eu de diplôme qu’il ne faut pas continuer à apprendre autrement, à s’éduquer et à s’informer sans retenue. Peut-être, plus librement, plus richement et plus humainement. Le plus important est de garder cette flamme de curiosité et ne jamais baisser les bras peu importe la délicatesse des situations. Il faut y croire : « Tout vient à temps à qui sait attendre ». La patience, le courage et la persévérance sont aussi un art. Tenez donc bien, tenez bon et croyez en vous sans cesse et infiniment !
H.M – L’immigration et la résilience par l’art ? Comment les gérer et les digérer pour faire une force ou pour se remettre debout à nouveau ?
D.A – C’est à travers l’art que j’ai pu m’intégrer et que j’ai pu faire face à toute cette ignorance ou indifférence envers la migrante ou l’émigrée que je suis en faisant preuve chaque jour ou à chaque fois que l’occasion se présente à moi, que je ne suis pas une « profiteuse » mais une « travailleuse » des lumières et donneuse de richesse artistique. Cela, je l’affronte avec beaucoup de courage et d’endurance.
Enfin, je reste toujours abasourdie devant cette majorité qui ne croit pas à la force que peut offrir la différence et la diversité par la mise et la remise en valeur de la richesse et la variété des idées humaines quand elles s’unissent et quand elles se présentent ensemble sous une forme d’une belle mosaïque pour le bien de l’humanité.
H.M – À ma connaissance, vous préparez des publications de poésie dans l’avenir proche. Pouvez-vous nous en dire plus ?
D.A – Oui, je prépare présentement un blog qui me permettra de publier mes poèmes et mes peintures. Je compte aussi rassembler et publier mes poèmes dans un recueil dès que je vais avoir une réponse favorable de la part de l’une des maisons d’éditions que j’ai pu contacter, dernièrement. J’attends encore et je garde toujours espoir. Sinon, je contacterai d’autres éditeurs jusqu’à ce que mon recueil voie le jour un jour. J’ai la totale et l’entière conviction que j’ai un cadeau à partager avec le monde tôt ou tard. Il sera donc prochainement entre les mains et sous les yeux de qui saura l’apprécier. Je publie pour être lue et pour promouvoir les bonnes valeurs surtout de l’échange et du partage.
H.M – Avez-vous un projet d’exposition artistique de vos tableaux quelque part ?
D.A – Pour l’instant, je préfère finir ma nouvelle collection ; une collection monochrome qui sera différente de sa précédente qui était imbibée de couleurs. Et comme toujours, je me rendrai à des galeries habituelles ou nouvelles pour les exhiber.
H.M – Avant de vous laisser partir et avant de vous dire merci de ce bel échange, quel est votre mot de la fin ou que proposez-vous comme recettes de vie qui peuvent nous servir toutes et tous dans notre vie ?
D.A – Si vous aimiez ce que vous faites, vous aimeriez ce que vous êtes. Croyez en vous, vous êtes la seule ou le seul à avoir cette capacité et à savoir la valeur de ce cadeau qui est le talent. Rappelez-vous que même les jumeaux ou les jumelles n’ont pas les mêmes empreintes et là, je ne parle pas seulement de l’acte d’écrire ou de peindre mais aussi de celles ou ceux qui aimaient cuisiner, préparer des gâteaux, faire de la broderie ou coudre (etc.) parce que tout travail manuel fait par la passion est un art. Et malgré le rejet et toutes les misères du monde et malgré la faim et la soif dans le sens vrai ou figé, avec l’amour, tout peut s’affronter et s’affranchir surtout si vous tenez bon et vous ne résignez pas.
Elle viendra, cette personne qui croira en vous, et oui ! Une seule suffit et tout se déclenchera et ne s’arrêtera jamais. Affichez-vous sans honte et sans crainte. Ne restez surtout pas caché-e-s et dépassez vos doutes et peurs.
Rassurez-vous que tous les mensonges du monde ne sachent jamais vous freiner, si vous ne les écoutez pas.
Blog et site internet sont en cours de réalisation.
Dorra AZZOUZ, est née à Tunis le 20 décembre 1973. Elle a fait des études dans le domaine des beaux-arts à l’École d’Art et de Design (EAD) en Tunisie. Elle a travaillé aussi en tant qu’hôtesse de l’air dans la compagnie aérienne Kuwait Airways au Koweit pendant quelques années pour réussir à bien s’intégrer dans les plus prestigieuses maisons de haute couture et de mode comme : Chanel, Valentino, Bulgary aux Émirats Arabes Unis en occupant, en leur dedans, le poste d’assistante de vente. Elle a enseigné l’art au consulat Français d’Abou Dhabi et continue à le faire jusqu’à nos jours dans de divers centres culturels finnois. Elle ne se lasse pas de découvrir le monde et de se découvrir par elle-même et pour elle-même afin de donner le meilleur d’elle-même et afin de servir poétiquement et artistiquement le monde dans lequel nous vivons par ses mots réconfortants et ses couleurs éclatantes.
Elle a participé à plusieurs expositions et anthologies artistiques et elle a cité à titre d’exemple le travail collectif qui a regroupé des écrivains de plusieurs nationalités dans le cadre d’une collaboration avec l’université de Tampere en Finlande.
Il s’agit bel et bien d’un travail collectif qui a été mis déjà en ligne sur le site Amazone et qui s’intitule : « Opening Boundaries Toward Finnish Heterolinational Litratures », édité par Mehdi Ghasemi. Aussi, elle a participé avec SKS « The Finnish Literature Society » par un récit qui raconte l’histoire d’une réfugiée et ce travail est en cours de publication. Un programme riche d’expositions artistiques à Helsinki est en perspectives dans plusieurs endroits comme à la Galleria Fogga, au centre culturel Caisa, à la Galleria Kookos, à l’Ambassade de la Tunisie, au centre culturel français (...)
Hanen Marouani, « Interview avec Dorra Azzouz », texte inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 10 | Automne-Hiver 2021-22 « Célébrations » & Revue Orientales, « Les figures des orientales en arts et poésie », n°1, mis en ligne le 11 janvier 2022. Url :
Il aimait les images plus basses de la neige, du givre, les corbeaux en exil, les arbres dépouillés, noirs, sur fond de ciel gris, et au fond de lui le sentiment de cette femme qui se ronge, qui cède à l'angoisse, et se noie... Et l'encre du ciel nuageux passa dans les veines du temps pour assombrir la destinée... Un vieux puits s'endort, et demain sera demain. Il ne reste plus qu'un visage avec cet air étrange qui ne veut rien dire. Dehors sont les ronces, les arbres qui luttent contre le vent, et les hommes... Ces choses qui font de l'hiver une absence et un horizon flou. Comme si tout essayait de se répéter sans y parvenir tout à fait... Comme si quelque livre, enclos dans la mémoire, diffusait sans fin la lumière aveugle d'une nostalgie impossible.
Vous vous doutez bien qu'il y a quelqu'un qui vous observe, et que la vanité de vivre est l'un des charmes de ce monde. Des filles qui se promènent dans le silence du poème à la recherche d'une aube encore inconnue, miraculeuses, fragiles, telles des lucioles qui ne font jamais d'ombre... Et leurs pas discrets, comme dérobés au désintérêt des choses, composent des abécédaires irrévocables d'une délicatesse toute musicale. Figures tendres et stériles qui se refusent pourtant à écrire les dialogues dont je me consolerais... Et s'abstiennent d'aimer comme ces abeilles qui butinent sans fin la neige éternelle de fleurs inexistantes... Nul ne s'approche d'elles, quand a soufflé le vent, nul ne se souvient de leurs lèvres pâles esquissant un baiser muet à l'adresse de l'automne, dans une tristesse de rose fanée et de deuil…
Le rêve d'un dieu inconnu promène le chant du soir au fond de la vallée, saluant la désirable insignifiance de leur ennui.
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Pour citer ce poème illustré
Pierre Zehnacker (poème & photographie), « Dans le silence », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 10 | Automne-Hiver 2021-22 « Célébrations », mis en ligne le 11 janvier 2022. Url :
Pierre Zehnacker (poème & photographie), « Dans le silence », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 10 | Automne-Hiver 2021-22 « Célébrations », mis en ligne le 11 janvier 2022. Url :
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