N° IV | AUTOMNE 2024 | NUMÉRO SPÉCIAL 2024 | Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) | 1er Volet | Critique & réception / Chroniques de Camillæ
Un voyage grandiose dans les livres
Critique
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© Crédit photo : Première de couverture illustrée de l’ouvrage « Paris est un livre » par Alexis Margowski aux Keribus éditions, 2024.
À propos de Paris est un livre par Alexis Margowski, Keribus éditions, 2024. 350 p.
Pour que le livre imprimé « résiste aux chocs de la modernité » (p. 47), Alexis Margowski a conçu, écrit et publié un livre de textes et photographies dans la lignée du Voir Dit de Pernette du Guillet et Guillaume de Machaut. Paris est un livre n’est pas seulement un livre réussi, il est la poésie vivante d’un auteur dans sa pudeur, ses songes, ses labyrinthes et sa réalité en 2024. L’étude littéraire, « Paris, capitale mondiale des livres » (p. 41), par Alexis Margowski a la densité de lectures dues à des heures passées en bibliothèque.
Ce livre ressortit à l’« œuvre parfaite » d’un compagnon du devoir. S’y ajoute l’extravagance de celui qui rend visite à un temple : Paris, la ville-livre, et ses 630 absidioles que sont les librairies, plus les bouquinistes « arrimés » à la Seine : « Au total, les quais sont riches de 932 boîtes » (p. 43).
Cette sage folie de pages imprimées et d’images contient baguenaudes, folastries et même des fatrasies. Elles nous enivrent, comme autrefois les planches de caractères hiéroglyphiques d’un atelier de typographe. L’auteur accomplit ce voyage en lui-même qu’est pour lui Paris, et il nous donne le plus beau de Paris. C’est le trésor d’un wanderer romantique, radical et sans concessions, un trésor que l’on peut toucher, feuilleter, garder à la maison. Les photographies prises sur le vif et les nombreux textes de ce Voir Dit tourbillonnent comme des feuilles pleines de vie. À coup sûr, elles nourriront le vortex du futur. Elles l’empêcheront peut-être d’être explosif.
Paris est un livre développe nos capacités imaginatives. « Pour voyager loin, il n’y a pas de meilleur navire qu’un livre » (Emily Dickinson, p. 46). Naviguons dans la barque solaire, bari, la barque d’Isis, où sont Martin Bruno (photographe), des écrivains, des journalistes, guidés par le « Prélude »-étoile de Jacques Attali. Alexis Margowski est le nautonnier qui conduit le voyage sur des flots argentés, ceux des modestes échoppes où les pages des livres sont d’une richesse inégalée. Jusqu’alors, personne n’avait pensé à étoffer la rêverie architecturale avec des « bouquinistes » et des librairies.
Plus le lecteur navigue dans cette barque, plus il est pris par la magie, dont l’un des sommets est « L’anthologie passionnée » de 270 citations d’auteurs :
3 - « On écrit comme on accouche ; on ne peut pas s’empêcher de faire l’effort suprême ». Simone Weil.
13 - La vie de Paris contient pour chacun des milliers d’éternités - et l’immensité vertigineuse du rêve. » Théodore de Banville.
37 - « Dans la vie, rien est à craindre, tout est à comprendre. » Marie Curie.
Dès lors, ce livre élégant devient le paradigme de la modernité. En termes symboliques, c’est l’ouroboros de notre désir d’immortalité des vérités qu’il transmet pour que l’avenir ne soit pas dramatique.
À l’issue de sa lecture, Paris est un livre impose un immense respect. Il invite les lecteurs à élargir leur horizon. Ils sont charmés par tant d’offrandes, de partages entre passé et avenir, émotion immédiate et silence... Il est résolument moderne que les choix établis pour cette représentation de Paris comportent un « Recueil littéraire » de dix-neuf textes, où Alfred de Vigny, Théophile Gautier, et Théodore de Banville, ainsi que le hiératique quatuor Hugo-Rimbaud-Verlaine-Baudelaire n’occultent pas Adrienne Monnier, à qui la Maison de la poésie-Théâtre Molière vient de rendre hommage (voir sur le site : « L’Odéonie »). Adrienne Monnier est une voix pleine de sagesse. L’entendre fait espérer que le destin des femmes de lettres va devenir moins oppressant. C’est un monde différent, si vivant. Tout un monde, comme ce livre. L’« Ode à Paris » (p. 277) de la poétesse Camille Aubaude « clôture en toute beauté le « Recueil » de 19 textes » (A. Margowski) en annonçant que la voix des Prophétesses ourdit l’avenir.
© Camillæ
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Pour citer ce texte inédit
Camillæ (ou Camille Aubaude), « Un voyage grandiose dans les livres », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2024 NUMÉRO SPÉCIAL | NO IV | « Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) », 1er Volet, mis en ligne le 27 décembre 2024. URL :
http://www.pandesmuses.fr/noiv/ca-unvoyage
Mise en page par David
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