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Patientia
Réflexion philosophique par
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Crédit photo : Peinture tombée dans le domaine public : « Allégorie de la Patience » de l'artiste peintre Vasari, Capture d'écran glanée sur Wikipédia.
Il m’arrive de trébucher sur un mot et de chuter de tout le long de mon esprit sur un cadavre exquis.
Car comment émerger de ce fatras où les mots nous enferment ?
Prisonniers de nos pensées, nous nous heurtons aux barreaux des concepts que nous avons nous-mêmes forgés avec la minutie et la circonspection d’un jeu de patience.
Patience, voilà ce mot est lancé comme un os à un chien !
Patience, ce mot a-t-il encore tout son sens dans la furie de ce monde qui a perdu tout repère ?
D’après son étymologie latine, patientia renvoie à la souffrance. A-t-on vraiment envie d’endurer aujourd’hui cette dernière même si selon Tertullien, la patience est une vertu universelle ?
Je me souviens de ce dicton, repris en chœur par une kyrielle de femmes de mon entourage « Il faut souffrir pour être belle »... Être belle pour qui ?
En quoi la patience devrait-elle être souffrance si elle a partie liée avec la réflexion, voire la méditation selon certains philosophes, tel Aristote ?
Sans doute parce qu’elle contient en elle, l’idée intemporelle d’une attente. Une « attente » à la Godot comme celle que l’on pressent dans la pièce de Samuel Beckett. Une attente qui ne mène qu’à la dissolution lente mais inéluctable de soi. Une attente, en forme de parenthèse plus ou moins longue entre notre naissance et notre mort. Voilà en quoi réside cette patience, attendre le mot de la fin qui mettra un point final à notre existence et à ses élucubrations conceptuelles.
Car la mort échappe à tout concept, elle les emporte pour les annihiler dans cet incommensurable chaos du silence où l’esprit le plus avisé en perd jusqu’à son latin.
Patientia n’est autre que cette fausse sœur qui nous tient dans cette attente où jamais rien n’arrive ou se passe, elle hait l’inattendu et a horreur de défier le temps, elle le laisse nous épuiser jusqu’à ce que mort s’ensuive.
© Françoise Urban-Menninger, janvier 2024.
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Pour citer ce texte illustré & inédit
Françoise Urban-Menninger, « Patientia », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I « Inspiratrices réelles & fictives », 1er Volet, mis en ligne le 27 janvier 2025. URL :
http://www.pandesmuses.fr/noi2025/fum-patientia
Mise en page par David
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