N° I | HIVER 2024 | Seules, seulettes : des poésies de nos solitudes / 1er Volet | Muses au masculin | Spiritualités, croyances...
De l’imposture d’être poète,
Des certitudes immédiates &
À chacun sa saison en enfer
Crédit photo : Rita Asfour « Alone Counting Seagulls », peinture, image libre de droits, capture d'écran de la photographie libre de droits du site Commons.
De l’imposture d’être poète
Mes mots sont les impacts d’un tir perdu
J’écris à bout portant
Plus de riposte désormais
Je n’en sortirai pas intact
Dualité chérie
Préserve-moi indemne
Sauve-moi de l’imposture d’être poète
Il me faut me dédouaner d’être poète
D’incarner le meilleur d’entre tous
Et ce qu’on s’aperçoit avoir négligé nous revient à la gueule
Ma toute puissante faiblesse se met à l’œuvre
Pareil pour ma nature subversive
Qui au juste me manipule
Qui célèbre mon déclin
Signe de main et départ
J’écris et je m’éloigne de moi-même
Écrire me fait clamser avant tout le monde
Alors n’écrit pas
Des certitudes immédiates
Mes prières n’ont pas de ciel pour prier
Pas de refuge
Dieu le savait
Le vrai Dieu et l’Oracle me l’avait prédit
Suis-je audible
Oui
J’écris là où les agneaux viennent boire
Je tranche la gorge aux agneaux qui viennent boire
Je suis un prédateur des mots
J’applique la charia des mots
La loi des vainqueurs
Poésie chérie
Mon espérance de vie diminue à ton approche
À ton contact aussi
J’obtiens la faveur de renaître une nouvelle fois
J’entrevois la promesse améliorée des mots d’urgence et de secours
Pour cela j’ai baisé tous les anges niais spontanés et sincères
C’est le prix à payer pour que tout disparaisse
À chacun sa saison en enfer
Et j’écris dans un monde usé de l’intérieur
Je garde la face
Face à l’adversité des poètes vainqueurs
Moins expérimentés
Celui qui meurt ici devient un Christ Gratuit
Je lance des regards fermés de l’intérieur
Des regards coupables
Et visibilité zéro sur le monde
Un désastre littéraire
Non
Je ne suis pas la douleur de mes poèmes
Je fais fausse route paraît-il
De quoi faire mentir l’ordinaire voire un peu plus
J’écris avec mes racines et mes ressources
J’écris pour des conflits futurs
Des guerres perdues vite
Juste faire mentir l’ordinaire
Car Dieu écoute nos prières d’enfant
Et entend nos appels d’adultes
Seuls les signes le prouvent
© Stéphane CASENOBE, poèmes extraits d'un tapuscrit en préparation.
***
Pour citer ces trois poèmes orphiques inédits
Stéphane Casenobe, « De l’imposture d’être poète », « Des certitudes immédiates » & « À chacun sa saison en enfer », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° I | HIVER 2024 | « Seules, seulettes : des poésies de nos solitudes », 1er Volet, mis en ligne le 14 février 2024. URL :
http://www.pandesmuses.fr/noi/casenobe-etrepoete
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