N°14 | Les conteuses en poésie | Critique & réception
Pedro Vianna, Livre LIX, « En vis-à vis
de la vie », Janvier/Août 2023, 55 p.
Note de lecture de
Crédit photo : Helen Isobel Mansfield Ramsey Stratton (1867-1961), illustration de la déesse « Proserpine » dans un livre sur les mythes, domaine public, capture d'écran d'une image libre de droits.
Pedro Vianna nous livre comme d’habitude un recueil de poèmes qui nous accapare tant par la richesse de son style, par ses métaphores propres à lui, que par son sens de l’innovation linguistique :
« impossibliter le possible
possibiliter l’impossible »
mourir d’immortalité »
Comme ces verbes existent dans les autres langues latines alors pourquoi ne pas les utiliser ? Alors n’en déplaise à l’Académie française, il a osé ces emplois.
Remarquons également qu’il est réputé dans l’art de détourner les dictons et de les reformuler à sa manière comme par exemple : « Il faut de tout pour faire une vie »
Cela dit, la vie est faite de tout et du contraire de tout.
Il s’agit de poèmes à tiroirs où il se cache des écheveaux pas toujours faciles à démêler. Il y a tout son vécu qui est consigné dans ce recueil et tous les paradoxes que comporte la vie et il en vient à la conclusion suivante :
« il y a des abîmes célestes
des montagnes abyssales
qu’il faut tenter de franchir »
Des considérations ontologiques qui le mettent en jeu. Ne se considère-t-il pas comme un :
« étrange résultat
de la surprenante rencontre
d’un spermatozoïde rapide
et d’un ovule absorbant »
Ce qu’il y a de surprenant c’est peut-être parce que dans ce cas de figure on arrive à la conclusion que : 1+1 =1
Il n’a pas choisi de naître mais il est « catapulté » malgré lui « dans le flux de la vie » alors il refuse d’être sous la coupe d’une société conformiste, de se soumettre à son diktat ni d’être formaté. Il est celui qui veut laisser une trace mais sans ostentation donc il fait dans la modestie :
« demeure mais fais-toi souvenir
Fais-toi souvenir mais estompe-toi doucement »
Tout est pour lui incompréhension dans cette vie dans laquelle il est « catapulté » :
« j’ai frappé aux bonnes portes
personne ne m’a ouvert
et je suis parti »
S’adapter ou disparaître progressivement, sachant que la mort, qui a toujours émaillé son existence, est indissociable de la vie. Il se veut le sujet de sa propre loi et il convient de changer le cours des choses :
« à la monotonie des jours qui changent
il faut opposer
le changement de la monotonie des jours
et vice-versa »
Être maître de soi et éviter toute velléité d’imitation servile qui conduit tout droit à l’aliénation culturelle, du péril linguistique aussi se questionne-t-il :
« est-il encore possible
d’aimer en français
ou désormais est-on contraint
de lover
pour pouvoir se lover
dans les bras berçants »
La mort n’est peut-être pas une fin en soi mais une fin en soie, le chemin qui mène à l’inatteignable ainsi il se démarque par son réalisme pessimiste :
« la vie
la plus belle horreur qui soit »
L’éternité serait un concept galvaudé puisque le poète lui assigne une fin. Peut-être à chacun son éternité ?
« une larme
qui coule jusqu’au bout
« jusqu’à la fin
de l’éternité »
© Maggy DE COSTER
NDLR : Ce recueil est en lecture libre sur ce site : http://poesiepourtous.free.fr/
***
Pour citer ce billet inédit
Maggy De Coster, « Pedro Vianna, Livre LIX, « En vis-à vis de la vie », Janvier/Août 2023, 55 p. », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 14 | ÉTÉ-AUTOMNE 2023 « Les conteuses en poésie », volume 1, mis en ligne le3 octobre 2023. URL :
http://www.pandesmuses.fr/no14/mdc-pedrovianna-livrelix
Mise en page par David
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