N°14 | Les conteuses en poésie | Faits divers & Catastrophes / Poésie des aïeules
Fraternité
(après l'inondation de 1910)
Poème choisi, transcrit & commenté par Dina Sahyouni
/image%2F1507988%2F20231031%2Fob_49fb39_3.jpg)
Crédit photo : Barbier, « Inondation à Paris », janvier 1910, peinture tombée dans le domaine public, capture d'écran d'image trouvée sur le site Commons par LPpdm.
À Madame Lucie Félix-Faure-Goyau
Dans les champs un lugubre exode
Entraîne des gens harassés,
Parmi les sillons défoncés...
Silence ! C'est la mort qui rôde.
S'avançant à chaque moment,
Comme un loup-cervier prêt à mordre,
Dans l'horreur et dans le désordre,
Passant irrésistiblement,
C'est l'eau qui monte, l'eau qui chante
Sa grande chanson d'épouvante,
Force énigmatique et méchante,
Qui, sous la neige et la tourmente,
Vient étendre son linceul noir,
Sur des deuils et du désespoir !...
Les travailleurs de la campagne,
Qui ne connaissent pas la peur,
Sont glacés jusqu'au fond du cœur,
Et la terreur les accompagne !
Les enfants courent demi-nus,
Appelant à grands cris leur mère,
qui s'affole et qui ne sait plus,
Que sangloter sur leur misère !...
Car, sous les auvents démolis,
C'est le craquement lamentable
Des murs qui croulent dans l'étable
Sur les troupeaux ensevelis...
Oh ! pour ceux qui sont sans demeure,
Pour chaque petiot qui pleure,
Et voudrait un morceau de pain,
Donnons, sans attendre à demain.
C'est dur la faim, dur la déroute,
C'est dur de pleurer dans la nuit ;
Pour ceux que le fléau poursuit
Et qui grelottent sur la route.
Donnons, qu'un vent d'humanité
Passe sur notre âme qui tremble,
Pour que nous fassions, tous ensemble,
Le geste de fraternité !
/image%2F1507988%2F20231031%2Fob_d90812_2.jpg)
Crédit photo : « Inondation de 1910 à Paris, rue de Seine » image du domaine public, capture d'écran d'image trouvée sur le site Commons par LPpdm.
Référence livresque
Le poème transcrit ci-haut provient de l'ouvrage tombé dans le domaine public de VIRENQUE, Claire (18??-1922), Les souvenez-vous, Paris, Bibliothèque du temps présent Librairie Henri Falque (précédemment au 2 rue Honoré-Chevalier – 86, rue Bonaparte, 76, rue de Rennes), 1911, pp. 75-77.
Cette édition cite deux autres recueil de poésies écrits par Claire Virenque. De la même auteure/autrice ;
L'enclos du rêve, 1 vol., Alphonse LEMERRE éditeur et Les heures d'amour (poèmes chrétiens), 1 vol., Édition de La Poétique.
Commentaire sur ce poème philanthropique et humanitaire :
Le poème humanitaire intitulé « Fraternité » est dédié voire est adressé à Lucie Félix-Faure-Goyau. Et l'on y observe une description détaillée des conséquences désastreuses de l'inondation de 1910. Ce poème historique ou poème document fait partie simultanément d'un ensemble très important d'écrits poétiques et des poétiques linguistiques et artistiques relevant des archives et témoignages historiques et artistiques qui documentent l'histoire des faits divers, faits sociaux, événements, scandales, phénomènes, crises et catastrophes (naturelles, militaires, sexuelles, sanitaires, humanitaires, écologiques, etc.)
***
Pour citer ce poème témoignage & humanitaire de l'aïeule
Claire Virenque, « Fraternité (après l'inondation de 1910) », poème choisi, transcrit & commenté par Dina Sahyouni de VIRENQUE, Claire (18??-1922), Les souvenez-vous (1911), Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 14 | ÉTÉ-AUTOMNE 2023 « Les conteuses en poésie », volume 1, mis en ligne le 12 octobre 2023. URL :
http://www.pandesmuses.fr/no14/cvirenque-fraternite
Mise en page par David
© Tous droits réservés
Retour au sommaire du N°14▼
Lien à venir