N° 10 | Célébrations | Critique & Réception | Dossier majeur | Articles & Témoignages
L'art est une fête de Barbara Polla,
illustré par Julien Serve, livre paru aux
éditions Slatkine
/image%2F1507988%2F20210913%2Fob_f7aeb1_arts.jpg)
© Crédit photo : Couverture illustrée par Julien Serve, livre paru aux éditions Slatkine.
Médecin, écrivain, poète, politicienne, mère de famille, Barbara Polla est aussi galeriste à Genève où elle a inauguré, il y a une trentaine d'années, un espace atypique dans un ancien laboratoire baptisé Analix Forever.
Mais loin d'avoir une « galerie verticale », Barbara Polla l'a investie avec le groupe de musique Court-Circuit créé le jour même de l'inauguration avec Philippe Hurel ! Le samedi et le dimanche « c'était magique » raconte Barbara car les gens venaient attirés par la musique et les interprètes jouaient sur des balançoires de David Shaw. Pour le flûtiste Pierre-André Valade, c'était l'endroit où tout était possible, il décrit « un jardin idéal de l'art et de l'esprit ».
Et c'est bien dans cet esprit que l'auteure use de phrases magnifiques à propos de Nikias Imhoof dont elle résume ainsi le talent « La musique parle par Nikias ». Elle évoque encore Rimbaud ou Sylvia Plath en parlant de Nikias « ...il écrit des silences. Il fixe des vertiges ».
C'est dire la passion qui anime Barbara Polla, totalement habitée par une curiosité insatiable qu'elle revendique dans le domaine de l'art et son désir d'apprendre, de toujours continuer à apprendre…
Et c'est cette qualité essentielle qui lui confère sans aucun doute son éternelle jeunesse d'âme et d'esprit qui lui vaut l'amitié fidèle de dizaines d'artistes de par le monde. Elle-même qualifie sa galerie de « grâce de l'inachevé », l'art reste ouvert sur l'ailleurs mais aussi sur la connaissance de tout un chacun.
Barbara Polla ne se soumet pas aux diktats de l'art officiel, elle suit son instinct mais aussi accorde sa confiance à ses différents commissaires d'exposition. En témoignent les très nombreux événements présentés à la galerie, notamment une exposition consacrée à Abdul Rahman Katanami « maître en barbelé » qui loin d'esthétiser les douleurs les transcende avec du fil de fer barbelé pour mieux piquer les yeux et érafler les bonnes consciences.
Il revient également à Barbara Polla d'avoir organisé le 1er colloque international de l'architecture émotionnelle, un concept novateur qui contre celui qui consiste à « bétonner » sans réflexion de certains architectes décervelés.
Dans un autre domaine Barbara prône « un féminisme artistique » qui s'éloigne des idées de quelques militantes radicales prétendument d'avant-garde. L'auteure envers et contre tous ou toutes, met à l'honneur le sexe masculin en tant qu'œuvre d'art comme elle l'a déjà fait dans son livre « Éloge de l'érection » (Éd. La Muette).
Bien évidemment, ses choix et prises de décisions ne font pas l'unanimité ! Est-ce pour cela qu'elle n'est plus invitée au centre culturel suisse de Paris ? Peu importe, l'auteure surmonte tous les échecs qui sont autant d'expériences, son énergie déborde dans sa vie comme dans ce livre et contamine le lecteur pour lequel ces pages deviennent une fête à goûter sans modération !
Car ce qui fait la force de Barbara et de son ouvrage, ce sont les liens privilégiés qu'elle sait nouer avec les artistes. Sarah Lucas affirme même que « les artistes se découvrent à travers elle » !
Les dessins de Julien Serve, diplômé des Beaux-Arts de Paris-Cergy accompagnent telle une petite musique sensible et intelligente, souvent teintée d'humour, les propos de l'auteure et donnent le ton à cette fête de l'âme qui ne peut que séduire et combler notre curiosité artistique.
Nul doute que Barbara Polla a su répondre à la question que se posait Marie Zawiesza dans un article paru dans le Monde quant à la distinction entre les œuvres et le divertissement qui ne cesse de s'estomper !
On l'aura compris, si « L'art est une fête », il ne peut être que « Le désir sans fin »... Et Barbara Polla, « femme hors normes » en référence au titre d'un de ses livres (Éd. Odile Jacob), de poursuivre toujours et encore « sa guérilla culturelle » pour le meilleur de l'art car, conclut-elle avec philosophie, « l'art est une fête et une célébration de l'humain.e »…
© F. Urban-Menninger
***
Pour citer ce texte
Françoise Urban-Menninger, « L'art est une fête de Barbara Polla, illustré par Julien Serve, livre paru aux éditions Slatkine », texte inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 10 | Automne 2021 « Célébrations », mis en ligne le 14 septembre 2021. Url :
http://www.pandesmuses.fr/no10/fum-artestunefete-barbarapolla
Mise en page par David SIMON
© Tous droits réservés
Retour au sommaire du N°10 ▼À venir