Événements poétiques | Megalesia 2021 | Instant poétique avec
Le cri des banshees
&
Je t'aime
(mais je ne t'appartiens pas)
Traductrice, Italie
Crédit photo : "Banshee", dessin, domaine public, Commons.
Le cri des banshees
Tout au long des fleuves et des falaises,
des étangs et des tourbières,
des collines et des bruyères
se répand en sifflant le cri des banhees.
Pareil à l’appel au vol de gaies hirondelles
et au glatir des aigles qui chassent,
il incombe sur les hommes voraces
comme l’aile de corbeau de la nuit meurtrière.
Leur cri est un pleur déchirant
de femmes-femelles-fées,
d’esprits élémentaires, d’âmes courbées
et – ainsi dit-on – sans cœur.
Et pourtant depuis toujours
elles sont blessées, humiliées,
tuées, torturées, accablées de douleur.
Qui peut résister,
et survivre, à l’écho des racontés
de tant de malheur et d’indignité?
Les banshees aux yeux rougis par les pleurs
et aux longs cheveux ébouriffés
sont à la recherche de quelqu’un qui les libère
des toiles fines et étroites d’araignées
qui enveloppent leurs membres emprisonnés.
Le chant ancien qu’elles gardaient dans le cœur
s’est changé en vacarme de fureur.
Vous, les hommes qui haïssez les femmes,
vous devez craindre les banshees !
Mais si vous cherchez à comprendre
leurs cris et leurs larmes,
elles iront, peut-être, épargner vos vies.
Je t'aime (mais je ne t'appartiens pas)
Je t’aime
mais je ne t’appartiens pas.
Comme toi, j’appartiens à la terre,
j’appartiens à la vie.
Je t’aime et je partirai avec toi,
mais pas dans ta valise.
Je traîne avec fierté mon bagage
tout comme tu le fais avec le tien.
Nous partagerons pourtant nos moyens,
nos expériences, la subsistance et le lit.
Notre tour sera agréable,
mais pas toujours idyllique :
parfois, il sera pénible,
voire, parfois, impossible…
mais, tu le sais, notre but
est de nous prêter mutuel secours,
une aide paisible pour grandir,
créer, vivre, nous réjouir.
Je t’aime
et c’est avec toi que je veux explorer
chaque route et chaque sentier
jusqu’à chaque bifurcation
où nous déciderons
de poursuivre par le même chemin.
Mais lorsque le voyage se termine
ou la destination, pour les deux,
n’est pas la même,
s’il va falloir qu’on se sépare,
alors nous irons nous embrasser
en nous souhaitant bon voyage
et bonne continuation.
Sans chagrin ni inimitié,
nous repartirons
et par la fenêtre du train
nous nous saluerons
d’un doux geste de la main.
***
Pour citer ces poèmes féministes
Loredana Bottaccini, « Le cri des banshees » & « Je t'aime (mais je ne t'appartiens pas) », poèmes féministes inédits, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique|Megalesia 2021, mis en ligne le 30 mars 2021. Url :
http://www.pandesmuses.fr/megalesia21/lb-banshees
Mise en page par David Simon
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