Megalesia 2020 | Le néopaganisme & la sexualité dans la culture populaire du XXIe siècle | Florilège de textes poétiques
Violence conjugale
&
Ne, je ne crois pas !
Crédit photo : "Mutilated Woman" "Femme mutilée", peinture de 1915-1916 par Amadeo de Souza-Cardoso (1887-1918), domaine public, Wikimedia.
Violence conjugale
Elle vivait une belle histoire d’amour
Semblable aux contes de fées
Qu’elle lisait petite fille.
Elle était tombée éperdument amoureuse
Et nageait en plein bonheur.
L’avenir s’annonçait radieux.
Sauf que, sauf que...son prince n’était pas charmant.
Il l’accablait de reproches :
Sur le repas qu’il jugeait infect,
Sur sa tenue qu’il jugeait vulgaire,
Sur n’importe quel sujet.
Elle se taisait, elle encaissait.
Convaincue de le mériter,
Convaincue d’être une ratée
Ou autre nom d’oiseau.
Dans un élan de témérité et d’effronterie,
Elle se permit de répliquer.
Elle reçut une gifle magistrale
Qui la jeta à terre.
Elle en resta médusée,
Incapable de la moindre réaction,
Incapable de la moindre réflexion,
Dépourvue de cette clairvoyance
Qui lui aurait conseillé de fuir
Sans tarder, loin, le plus loin possible.
Larmoyant, l’élu de son coeur implora son pardon
Qu’elle s’empressa d’accorder.
Il lui offrit même un magnifique bouquet de roses
Qu’elle accepta avec émotion.
Elle crut à une seconde lune de miel.
Une nouvelle lune de miel
Qui s’acheva quelques mois plus tard dans un cimetière…
Ne, je ne crois pas !
Crédit photo : "Apollon et Daphné", peinture par Giovanni Battista Tiepolo (1696-1770), domaine public, Wikimedia.
Je marche nonchalamment dans cette rue commerçante. Je flâne en regardant les vitrines. Comme la plupart des femmes, j’aime les belles tenues. Je rêve devant les mannequins qui portent les derniers vêtements à la mode et des articles tendance. Je me promène seule et je ne prête aucune attention aux gens qui m’entourent.
Je me suis arrêtée pour admirer un sac à main. Une vraie merveille qui est, hélas !, hors de prix ou plutôt qui n’entre pas dans mon budget. Non, je ne peux raisonnablement pas l’acheter. J’hésite vraiment…
Toute à mes tergiversations, je ne remarque pas les deux individus qui s’approchent. Je les entends juste déclarer :
- Elle est baisable.
- Ouais, t’as raison, elle est baisable…
Leurs propos crus me clouent sur place. Je reçois toute la violence qu’ils comportent. Comme une gifle. Oui, ils m’ont frappé. Pas avec leurs poings. Ils m’ont frappée avec leurs mots.
Je suis incapable de répondre. Je suis abasourdie.
Pourquoi se permettent-ils de me juger ? Quelqu’un leur a -t-il demandé leur avis ? Non, je ne crois pas !
Ces hommes sont-ils eux-mêmes l’incarnation de la beauté ? Se prénommeraient-ils Apollon ? Non, je ne crois pas !
Apprécieraient-ils qu’on parle ainsi de leur mère ? Non, je ne crois pas !
Alors, Messieurs, quand vous croisez une femme, vos commentaires, gardez-les pour vous !
***
Pour citer ces textes engagés (ou féministes)
Pascale Mathieu, « Violence conjugale » et « Ne, je ne crois pas ! », textes inédits, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Megalesia 2020|I- Le néopaganisme & la sexualité dans la culture populaire du XXIe siècle, mis en ligne le 9 juillet 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/2pm-violence
Mise en page par Aude Simon
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