Critique & réception
Louis-Philippe Dalembert,
En marche sur la terre,
Éditions Bruno Doucey, 2017, 131 p., 15€
Site personnel : www.maggydecoster.fr/
Site du Manoir des Poètes : www.lemanoirdespoetes.fr/
Écrire de la poésie est un acte de générosité et cela ne se commande pas. Louis-Philippe Dalembert a bien la poésie chevillée à l’âme, elle l’interpelle en tout temps et en tout lieu, se saisit de lui et envahit tout son être. Aussi nous concède-t-il « ma poésie saigne / et se rebelle. Vivant loin de sa terre natale Haïti chérie, ce pays où la vie est tirée au sort, il se fait le chantre de l’indétrônable pauvreté qui la gangrène et pose en même temps un regard attendri sur tous ses frères humains, ces mal-aimés que les puissants de ce monde ont rejetés, ces victimes de guerre de Sarajevo, du Liban.
En marche sur la terre, débute par un poème liminaire, un exorde poétique intitulé « là d’où je viens » qui est comme un marqueur identitaire révélateur de l’origine du poète.
Dans ce recueil de poèmes l’auteur se veut informel en dérogeant aux conventions typographiques et orthographiques relatives à l’usage des majuscules en début de phrase et pour les noms propres, il préfère les minuscules. Le recueil s’articule autour de trois parties bien distinctes suivie d’une postface :
« de toutes parts et point d’ici », là il se révèle l’homme universel qui erre de contrée en contrée en y laissant ses empreintes, en creusant ça et là ses sillons.
« de guerre et d’amour », c’est la description de l’horreur qui décape la vie.
« lettres d’ailleurs », ici le poète s’adresse à des gens qu’il affectionne particulièrement comme sa grand-mère par exemple.
Une postface intitulée « besoin de poésie » termine l’ouvrage.
Ce recueil est comme un mémento où sont rangés les souvenirs d’un vagabond, comme Louis-Philippe Dalembert se définit lui-même, qui a roulé sa bosse aux quatre coins du monde. Un témoignage poignant des malheurs qui accablent les plus faibles, livrés à leur triste sort. C’est l’aveu d’impuissance d’un être au cœur sensible face aux calamités qui s’abattent sur ses semblables de par le monde.
C’est la complainte de l’homme aux semelles de vents, pour emprunter à Verlaine la métaphore par laquelle il caractérisait Rimbaud. Faute d’avoir raté le pari de « changer la vie » comme l’a préconisé le poète de Charleville-Mézières, il songe à retourner au bercail retrouver les odeurs de l’enfance et se ressourcer :
« Maintenant que j’ai voyagé
que je voyage la vie
j’ai envie par moments
de m’arrêter
comme lorsque enfant nos semelles vagabondes
nous ramenaient à la maison
Mais il est vite rattrapé par la désillusion jusqu’à laisser entendre :
« mais j’ai perdu
le chemin du retour
quelque rapace amblyope et gourmand
aura gobé les cailloux
que j’avais oublié de semer »
C’est la joie et le bonheur de vivre dans le partage sur cette terre où il se considère comme un étranger itinérant.*
Voir aussi la présentation de ce recueil chez l’éditeur : http://www.editions-brunodoucey.com/en-marche-sur-la-terre/
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Maggy de Coster, « Louis-Philippe Dalembert, En marche sur la terre, Éditions Bruno Doucey, 2017, 131 p., 15€ », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°10, mis en ligne le 31 mars 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/marchesurlaterre.html
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