Lettre n°14 | Être féministe | Megalesia 2020| Travestissements poétiques
Lettre de l’amoureux
&
Je le travesti du moi
Poèmes reproduits respectivement des recueils Murmures, et Lettres à Océan de savoir 2009-2010 avec l'aimable autorisation de l'autrice/auteure et de sa maison d'édition.
Lettre de l’amoureux
Le temps passe et un soupçon de vanité hante mes jours, rompt au fond, l’insolence de velours que je porte dans les yeux.
Je voudrais t’écrire, la plume se tait.
Les mots flottent dans la sphère des idées.
Je voudrais te dire, la parole se noue
Au fond de ma gorge, une truble floue
Mon regard amoureux de tout
Ce qui fait de toi
Mon âme sœur.
.........................que faire d’une passion dévorante qui pourchasse mon être quand ton ombre traverse mes rêves…
Je ne dors plus, je suis l’homme insomniaque qui rôde sur les supports,
Je me rends victime de ton amour, ultime voltige de mes sens…
Je ponce le regard pour veiller bien tard sur ta présence.
Les troubles envahissent mes contrées, je suis le mâle des souhaits de certaines mais point des tiens,
Je n’obtiens que le désordre et les frémissements du soi.. Guéris-moi.
Je meurs..
Je meurs..
Je meurs…
Ô
Eau d’amour,
Ode d’amour,
Ressuscite-moi…
Poème de Murmures.
Crédit photo : Commons, domaine public, "CSD in Munich lila Drag Queen".
Je le travesti du moi
Le je travestit mon identité, il me procure des modes de pratiques de soi* : des tas de processus d’assujettissement…
La loi Je me hèle, elle renferme mon être dans l’assujettissement discursif…
Je marche le long de mes ombres énonciatives et quête l’instant de Devenir…
« [...] Ne me demandez [plus] qui je suis »**, le je me clone…
Ne me redemandez plus qui je suis, ce Je ne me suffit guère…
Le je prostitue mon être, il m’étrangle en m’épousant…
S’il m’assujettit, il reste pourtant l’autre qui me façonne à son image.
Je passe par lui pour exister, je le revendique pour exister mais il est temps de dénoncer la supercherie, on ne devient pas Je par accoutumance mais presque toujours par sollicitude…
Je est le travesti du moi, il amuse la galerie en troublant toujours l’ordre linguistique…
Travestis-moi encore, il me reste toujours du temps pour retourner ma veste…
* et ** proviennent des écrits de Michel Foucault
Poème de Lettres à Océan de savoir.
***
Pour citer ces poèmes
Dina Sahyouni, « Lettre de l’amoureux » & « Je le travesti du moi », poèmes reproduits de Murmures et Lettres à Océan de savoir, 2009-2010, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°14|Être féministe & Megalesia 2020, mis en ligne le 12 avril 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/lettreno14/megalesia20/dinah
Mise en page par David Simon
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