Version traduite
Nabil Helmi Chaker,
« La divorcée » & « Jeune fille orientale » |
Nelly Taza
Textes traduits avec l'aimable autorisation de l'auteur et de sa maison d'édition
La divorcée |
Tout ce qui est en elle incite à la contemplation... visage enfantin, innocent... sourire paisible, calme… amabilité…. En plus d'une bonne éducation. Quand elle était au lycée, un homme plus âgé qu'elle de plusieurs années a demandé sa main. Selon l'opinion commune déterminant le choix d'un bon époux, il avait toutes les caractéristiques : belle maison... commerces… Solde pécuniaire et... d'une famille connue. L'argent a masqué tous les défauts. Certes, sa demande a été acceptée chez tous puisqu'il leur représente la stabilité, le bonheur et le bien-être. Et elle, elle était encore jeune, soumise, n'ayant pas le droit de refuser et de…… Imad l'avait silencieusement aimée… De deux ans son cadet, sa dignité l'empêchait d'agir en adolescent, mais le cœur ne connaît que ses propres lois… Elle ne s'est intéressée ni à son regard, ni à son attente sa sortie du lycée… Lui, il a fait semblant d'oublier, mais en vain.. Des années se sont écoulées avant qu'il ne la rencontre par hasard au marché. Elle marchait en tenant par la main un enfant de trois ans et un autre d'un an dans une poussette… Sur son visage se dessinaient clairement une fatigue et une tristesse. N'est-elle pas heureuse dans sa vie conjugale ? Ou bien c'est à cause des responsabilités de la famille et des préoccupations d'enfants ? Son sourire ? La puérilité de son visage ? Où sont-ils ? Elle avait l'aspect d'une femme épuisée, capitulée… Imad avait continué à la contempler jusqu'à sa disparition dans la foule. Aujourd'hui, Imad occupe un poste dans une société… Ses fiançailles avec l'une de ses collègues ont été rompues en lui causant de nombreux problèmes. Le projet a échoué à cause de la différence scientifique et sociale. Après, il a décidé d'attendre jusqu'à ce qu'il découvre l'amour réel. Lors d'une visite rendue à une famille de ses proches, il a été surpris par sa présence là-bas : Doha ! Un peu confus, ses traits détendus, il a pris place. — Imad, ami de mon mari et de toute la famille. À dit la dame avant d'ajouter : — Doha, la plus chère des amies du temps des études. Doha eut un sourire spontané avant de dire : —Je le connais. Sa sœur n'était-elle pas notre collègue au lycée ? Mais je ne l'ai pas vue depuis longtemps ! Monsieur Imad, vous n'avez pas trop changé. Un grand plaisir lui prit… Elle me connaît. Elle se souvient de moi… Tout en souriant, il lance : —Comment allez-vous, et les enfants ? —Nous sommes séparés depuis un an… Les enfants sont avec lui. Avec un air d'étonnement.. — Comment, et pourquoi ?, — Ce sujet est long et douloureux. Je ne veux pas rouvrir une blessure qui s'est cicatrisée. Imad, en proie à des questions bouillonnantes, l'a tendrement regardée. Faudrait-il que vous passiez une telle expérience seulement pour satisfaire l'ignorance et l'égoïsme des autres ? Payer le prix de votre jeunesse et de vos nerfs ? Troubler pour toujours le parcours de ta vie ? Maudit soit l'argent qui légalise tout. Vous voilà maintenant divorcée, triste, mère de deux enfants partagés par ci et là, sans stabilité… Ils auraient des personnalités confuses et déséquilibrées… résultat de la désintégration familiale et de l'absence d'affection, ayant dans leur mémoire et pour toujours ces événements douloureux.. Un silence bien court s'est établi. Puis, ronronnement d'une voiture, son de klaxon.. Elle se teint debout pour partir. —Je dois m'en aller… C'est mon frère qui va m'accompagner à la maison. Ils se serrèrent la main. C'est la première fois… Un frisson délicieux parcourt tout son corps. — Oum Chadi, dites-moi comment ? Pourquoi ? — Pauvre ! Elle n'a pas de chance. Dès le début, elle a compris ses défauts : d'une humeur, maniaque, déséquilibrée, gâté par l'argent… Mais sa famille… Que Dieu les pardonne… Toutefois, c'est …. Le destin. Croyez-moi, c'est une bonne épouse, mère merveilleuse.. Mais sa dignité est au-dessus de toute considération.. Lui, il est complètement mauvais, ingrat, oublieux…Il est tombé amoureux d'une jeune fille qui lui a ravi sa raison et son argent. Il l'accueille chez lui au vu et au su de Doha et les enfants. Il rigole avec elle de façon insolente. En l'absence de Doha, elle entre dans la chambre de cette dernière et se sert de ses propres objets; son parfum, son maquillage, ses habits… Mais ce n'est pas sa faute étant petite, belle, démunie, éprise par les feux de luxe. Cet imbécile l'a déduite avec beaucoup de choses… Quand Doha s'est révoltée pour sa dignité et a émis des objections, il lui a dit : — Elle viendra pour devenir la maîtresse de cette maison. Fais autant que tu voudrais. Il l'a épousée et emmenée à la maison. Doha s'est effondrée et a quitté la maison tout en demandant le divorce. D'abord, il a refusé, mais sous les pressions et l'insistance, il a dû céder à contre cœur. La voilà aujourd'hui chez ses parents…abattue, blessée de son amour-propre. —Oum Chadi ! Acceptera-t-elle si je demande sa main au mariage ? Demandez-lui, demain, parlez-lui ! A sollicité tendrement Imad. L'affaire conclue, Imad, au comble du bonheur, se rend souvent chez Doha qui a recouvert la sensation de son existence et de son être. La vie est encore belle avec des gens qui ne se méfient de la divorcée à l'instar de l'ensemble de la société qui toujours s'attaque à la femme, tandis qu'elle protège l'homme par les coutumes, les traditions et par.. la loi. Auprès d'Imad, civilisé sur les deux plans : intellectuel et social, elle a goûté pour la première fois le bonheur et le repos…. Quant à son ex-mari, il est toujours aux aguets : En prenant connaissance de l'affaire, sa première réaction a été de lui envoyer les enfants pour vivre avec elle de façon permanente, espérant par cela de lui troubler la vie avec Imad, mais Imad et elle, ils ont reçu les enfants à bras ouverts. Il a essayé de défigurer l'image d'Imad en soulevant les dires et en inventant de fausses histoires autour de lui. Tout le monde en est fatigué… Le projet a échoué par un grand problème qui fait d'elle victime d'une dépression nerveuse. Son ex-mari a été haineux? Il l'a congédiée par force … blessé du fait qu'elle refuse de retourner à lui malgré les promesses alléchantes… elle l'a méprisé, l'a repoussé… Deux ans se sont passés … Imad a su que Doha s'est engagée par mariage avec un homme âgé, veuf, riche, vivant seul, ayant une fortune et une autorité dans son travail. Il n'a pas d'enfants ? – Si, mais chacun d'eux a sa vie indépendante. En hâte, Imad s'est dirigé chez Oum Chadi pour l'interroger: — Dites-moi ! Est-elle heureuse ? Oum Chadi a observé le silence, changé de discours. Lui, il n'a pas insisté.. Il a quitté distrait la maison. —Mon Dieu ! Serait-ce son destin uniquement parce qu'elle est divorcée ? Pourquoi la société lui refuse de mener sa vie comme toutes les femmes ? De se marier avec l'homme qu'elle veut et désire au lieu d'un autre plus âgé qu'elle et bien distant de son esprit. Pourquoi lui interdire une personne capable de la comprendre, la regarder avec un œil de respect et accepter ses conditions de vie ? "Un jour, debout au feu, attendant le vert pour pouvoir traverser la rue, une voiture luxueuse s'est arrêtée…. Il regarde attentivement… Il connaît l'élégante dame derrière le volant… Oh, Mon Dieu !!!! C'est Doha ! Il s'est cloué en place…. Qu'est-ce qu'elle a fait de son âme ? … Maquillage exagéré couvrant l'innocence de sa face mais racontant une histoire de souffrance bien claire. Il a baissé la tête et …… traverse…." |
Jeune fille orientale
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Amour et coquetterie ont été son enfance…ses souhaits étaient des ordres… Jamais elle n'a senti la différence de la confession religieuse existant entre son père et sa mère… C'est une question relative… En grandissant, elle a entrevu une certaine tension entre eux, malgré leurs études supérieures et leur large culture. De temps en temps, elle a été face à une discussion intense, mais raisonnable, qui n'a pas atteint la limite de…. — Reprends ta conscience… Pour Roula et pour mon sacrifice durant des années… Il faut que tu respectes mon être. Pour toi, j'ai défié mes parents et la société.. En dépit de toute tentative de me dissuader, je t'aime et je tiens à toi… Mais, l'amour-propre… Tu joues au feu… Je ne te reconnais … Tu me trompes ? Tu montres le contraire de ce que tu caches ? De sa mère attachée à la vertu et aux préceptes des religions célestes… Son père est le contraire… cultivé et laïc… Dans l'esprit de sa fille, il sème ses idées que la mère trouve "corrompues" dans une société conservatrice et attachée à ses coutumes et traditions… La fille a vécu la lutte entre le conservatisme et les traditions d'une part et la liberté intellectuelle et sociale importée… C'est ce que la mère craint pour sa fille : les pensées de son père. Une fois son diplôme universitaire obtenu avec la mention Bien. Il a été décidé d'envoyer la fille en bourse d'études en vue de poursuivre ses études supérieures. La mère en est contente : elle se soustrait de cette ambiance qui est devenue de plus en plus tendue et sa personnalité se cristallise en dépit de la souffrance de la séparation, elle reste son seul espoir de la vie. Le père a bien accueilli la décision, il l'a applaudie. En Europe, elle pourrait adopter ses idées tout en vivant avec sur le terrain. Ce père qui fait le chantre de l'amour spirituel et de la relation conjugale… sacrée, n'est, en réalité et au fond de lui-même, qu'un homme voluptueux, esclave de corps, prisonnier de toute femme fatale… Une contradiction terrible caractérise sa personnalité, ce qui a fatigué sa femme qui a découvert tant de choses au fond de son âme. Après le départ de Roula, la mère s'est assurée que son mari avait une maîtresse du même âge de sa fille ou bien un peu plus âgée, coquette, avec un passé déshonorable… Lui, il a avoué tout simplement tout en disant : "Tu dois être réaliste !" et commence à agir de façon plus libre.. Il a annulé son existence… et a fait venir à la maison son amante – qui agit à la manière des putains – pour passer avec elle la plupart de la journée, ce qui a exaspéré son épouse qui a essayé de la chasser… Mais lui… Il s'est révolté tout en proférant férocement et fortement les menaces. —Et si je fais comme toi ??? Prendre un amant que j'emmène à la maison, tu seras alors satisfait ? —Fais-le, si tu veux ; lance-il froidement. —Tu acceptes de m'enlever mon immunité conjugale.. tu ne t'exaspéreras pas pour ta dignité ? Ton amour-propre d'homme oriental ne se réveillera pas en toi ? Tu ne te réfugieras pas sous le toit de la loi qui te protège et me déshonore ? Malgré tout, il s'est marié avec la coquette qui lui a imposé toutes les conditions préservant son droit matériel… Quant au staut social : peu importe.. et il a tout accepté. Sa femme a demandé le divorce.. Lui, il a refusé obstinément… Oum Roula représente pour lui un nom et une haute valeur sociale ??? Et l'autre, c'est pour satisfaire les désirs de son corps et dissiper un complexe. Roula est au courant de tout à travers les lettres de sa mère dans lesquelles elle explique sa souffrance, sa sensation de négligence, son amour-propre blessé, sa terrible solitude… en attendant son retour : elle, le seul espoir existant. Son père lui a expliqué la question par une analyse psycho-scientifique tout en racontant des choses sur les besoins de l'âme humain et les exigences de l'esprit et du corps… la liberté… la sincérité envers soi-même. Les conditions de vie en Europe où elle vit, l'ont poussée à lui justifier ses actes. Elle a écrit à sa mère : "C'est sa vie… Qu'il la mène comme il veut. Et toi, vis la tienne.. Range-là de sorte qu'il ne soit pas là-dedans". La mère est foudroyée… Qu'est-ce qu'il a fait de sa fille ? Il lui a lavé le cerveau… Il a gagné le round.. et elle, elle est désespérée après avoir tout perdu avec la dernière carte présumée gagnante : sa fille. Là-bas, Roula s'est liée d'amitié avec un étudiant européen. Cette liaison s'est vite transformée en amour… Mais quelle différence de conception de ce sentiment existe-t-elle entre nous et eux… Malgré ses prétentions de réalisme et de libertarisme.. elle garde en elle une jeune fille orientale qui croit que l'amour doit être couronné par le mariage… stabilité… famille… nom, entité et société… Son ami est bien beau… Il a des amitiés… fait des compliments… va avec n'importe quelle fille qui lui plaît tout en considérant ça comme son droit naturel, mais quelle attitude entretient-il envers elle ? La plus intime, mais….sans attitudes sentimentales, ni relation sexuelle…il sait qu'elle refuse, comme toutes les filles orientales, le principe des liaisons sexuelles sans rapports sociaux et normes morales. Une fois, il a essayé de l'embrasser.. ; elle s'est frissonnée et s'est éloignée de lui en signe de refus… Il s'est levé tout en criant à vive voix : "Tu n'es même pas une femme…tu n'es qu'une statuette sans sentiments". Il a blessé sa féminité… Elle a pleuré avec amertume… Elle ne veut pas capituler… Elle a peur d'avoir le sort des autres filles… Comment elle pourrait se présenter devant sa mère : symbole de chasteté et de pureté ? Comment elle pourrait faire face à elle-même et...à la société ? —Mon Dieu ! Comment Je pourrai poursuivre ma vie dans un pays dont les valeurs morales sont dégradées, sales, sans normes ni restriction ni dissuasion. Il s'est senti dur avec elle… Il s'excuse doucement tout en l'invitant à prendre un café dehors… Elle a discuté le sujet avec lui… Il a perçu la contradiction régnant dans sa personnalité : la lutte entre ses racines et ses caractères acquis. — Allons nous marier… lance-t-il en souriant. Et de poursuivre : "Le papier enregistré saura-t-il confirmer notre union ? Te permettra-t-il de faire l'amour ? Ta mère a-t-elle tiré profit de ce papier dit acte de mariage ? Ton père ne l'a-t-il pas quittée pour une autre ? Quelle absurdité ! Ce contrat ne lui sert à rien pour le conserver… Le véritable engagement sera scellé par les sentiments et non pas par le papier…tant que je t'aime, je reste avec toi… Sinon !!! Oublions ça… Maintenant, je ne peux assumer que la responsabilité de moi-même… Je vais finir mes études, assurer mon avenir, vivre ma vie… J'ai encore beaucoup de choses à faire… Je 'en prie, Roula, Vivons la vie telle qu'elle est… Ne complique pas les choses !
L'image de ses parents lui revient avec toutes ses contradictions. La lutté a déformé sa culture et l'a rendue perplexe.. Ses jugements sont troublés… Je ne pourrai pas continuer… Ici…tous les hommes sont pareils… J'ai encore les années d'études à parfaire… Reviendrai-je ?—Mais chez qui ? Ma mère ? Pour tromper ses espérances. Mon père et sa femme où règne une ambiance tendue… Les bavardages des gens...je perds mon diplôme et tout avec. Elle marche nerveusement; distraite, ses pensées se bousculent… Perte…distraction… La pluie tombe sur elle… Elle ne sent pas l'humidité… Des larmes chaudes… Elle est parvenue à un endroit sur le pont au-dessus du fleuve qui partage la ville…s'est lancée…s'est coulée avec le flot… Adieu !
* Oum : mère |
Pour citer ces nouvelles |
Nelly Taza (trad.), « Nabil Helmi Chaker, ''La divorcée'' & ''Jeune fille orientale'' » (textes traduits avec l'aimable autorisation de l'auteur et de sa maison d'édition), in Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : Dossiers « Poésie des femmes romandes », « Muses & Poètes. Poésie, Femmes et Genre », n°2|Automne 2012 [En ligne], (dir.) Michel R. Doret, réalisé par Dina Sahyouni, mis en ligne le 31 octobre 2012. Url.http://www.pandesmuses.fr/article-la-divorcee-jeune-fille-orientale-105377901.html/Url. http://0z.fr/CQ6hX |
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