Critique & réception
Christophe Schaeffer
aImer à quatre temps
préface de Werner Lambersy, Éditions Librécrit,
coll. « Hors collection », 2017, 82 p.
Site personnel : www.maggydecoster.fr/
Site du Manoir des Poètes : www.lemanoirdespoetes.fr/
© Crédit photo : couverture illustrée du recueil,
image fournie par Maggy de Coster
Un long poème illustré par des figures très significatives de Julie Delarme. Une complainte amoureuse qui se décline en quatre temps comme les quatre saisons d’une épreuve annoncée. Sublime bonheur évaporé dans les larmes, la séparation, le remords et le couperet !
Le poète cherche à « relever sa peine » et à la troquer contre un « mélo dit d’amour / pour aller mieux » car malade d’amour il est ce patient qui, assis au bord du vide, voit s’estomper le bonheur de vivre à deux :
S’écoulent le long du fleuve triste
Nos étreintes félines
Cela n’est pas sans rappeler Lamartine qui, dans son « Isolement », à la suite de la perte de « sa » Julie, déclare : « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». Quand l’amour vous échappe il vous laisse un goût bien amer dans la bouche. Mais comment conjurer l’amer persistant d’un amour défunt ?
« aImer » évoque la persistance du désir de désirer l’autre face à « la dureté d’être » et s’apparente à un drame qui se joue à huis clos quand affleurent les maux et que pleuvent à torrents des regrets. Et le poète de pousser un cri de désespoir qui résonne en ces termes :
Comment sortir
Du cercle des défunts amants
À ne pas nous sentir vaincus
Anéantis par le temps
« Combien de soupirs je rendis ! » s’exclama Alphonse Allais, dans sa « Complainte amoureuse » ! Combien d’épreuves traversai-je ! Combien de déluges essuyai-je ! s’écrierait Christophe Schaeffer ! Aussi laisse-t-il soupirer son cœur endolori :
Je sais que ce chemin jusqu’à la lune
Est l’épreuve de soi
Et bien que sans vaisseau ni fortune
Un dos de buffle me contentera
Étant celui qui aime « d’un amour sidéral », il lui est sans doute difficile d’apprendre à être quand l’être aimé se dérobe de son champ existentiel. Et le vide de s’emparer de son être comme un corps inanimé enseveli dans la brume des jours :
Je suis ce trépas silencieux
À la poursuite de ta nuit
C’est un cœur qui souffre en silence et qui se perd dans un « délire d’amour » « Sous la mitraille des jours » quand :
L’aube
S’étire doucement
À l’endroit du monde
Où naissent tous les amants
« aImer, en quatre temps », un recueil de poèmes à aimer et à lire jusqu’au bout. En qualité de philosophe Christophe Schaeffer nous entraîne sur la voie de « l’humaine condition » explorée par Socrate, Montaigne et Kant pour ne citer qu’eux. Aussi nourrit-il l’espoir d’« escalader l’humaine montagne ».
Présentation de l'auteur
Christophe Schaeffer est musicien, plasticien, docteur en philosophie (Thèse autour de l’œuvre de Lévinas) et est l’auteur une d’une douzaine d’ouvrages. Premier recueil de poésie publié en 1990 : Fecha (éd. Saint-Germain-des Prés). L’avant dernier (2015) : Traces D’hématome (éd. Librécrit, préfacé par Bernard Noël).
Extrait du recueil choisi par la chroniqueuse Maggy de Coster
Tourner l’astre
Indéfiniment
Inviter l’être
Et le non-être
À la porte des chemins
Du jour et de la nuit
Relever la peine
Au centre des flammes
En contre-plongée du cœur
Le ciel s’élevant
Au-dessus des voix
Nous sommes le souffle Uni-
Vers
L’empreinte humaine
de
Soi
***
Maggy de Coster, « Christophe Schaeffer,, aImer à quatre temps, préface de Werner Lambersy, Éditions Librécrit, coll. « Hors collection », 2017, 82 p. », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°10, mis en ligne le 12 mai 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/schaeffer.html
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