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Sur le deuil
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Crédit photo : "Sauge officinale", image trouvée sur Commons
Les fantômes sourient aux sons du luth. Le chant apaise la roche gorgée d’eau par les pluies d’été. La poétesse ne vit plus dans la Maison des Pages qu’elle a restaurée. Aset, son amie, voit un arracheur casser une tige de sauge qui donne une boisson réputée pour ses vertus régulatrices, la myramya des femmes de Syrie.
Le pied de sauge médicinale devant la porte de la Maison des Pages a grandi au fil des ans, protégé par l’ignorance. Les porteurs de déprédation ne peuvent connaître une plante bien aimée, l’essence des bienfaits, fragile et secrète comme la maison des poètes. Ils ont déjà démembré un bégonia blanc à coups de talon, sans s’incliner devant les fleurs défuntes. La sauge, ils l’ont eue à coup de jets d’urine. Ils s’émulent ainsi, disent avoir du courage. Ils ont une idée fixe : régner.
Ô Nature ! les nullards de la Déprédation transcendent leur règne en avilissant par des actes absurdes les fleurs qui décorent la terre. Seraient-ils victorieux, les tyrans, s’ils s’ouvraient à l’intelligence ?
Le malheur et le crime rendent leur mort heureuse ! Ils assouvissent leur ivresse par ce qui est bon, beau et pur. Hathor, où es-tu ? Reviens mettre fin au carnage... Sans vertu humaine, l’arracheur de sauge a le sens de l’excès qui détruit l’œuvre de l’aube. Ma voix porte ce message : que la Maison des Pages vous protège des leurres afin d’être plus heureux !
La Sauge reverdissait sous les pluies diluviennes qui ont régénéré la terre. La Terre lavée des déjections des hommes, des corps tristes et laids, sourds au chœur léger du monde. Le vicieux qui a cassé la branche est passé sur un engin de mort. La candide sauge plaisait aux Dieux.
Arrachée, elle meurt sous mes yeux.
Amie, l’homme est sans mémoire, mais Toi, ne te détourne pas du chant du monde !
Il est tragique l’acte des violeurs portant à notre sexe le coup qui jette la disgrâce. Enfants, hommes et pères à la noire renommée écrasent ce qui m’enchante. Ronde des enfants dressés par la haine inassouvie.
Fais que l’acte fatal qui m’a glacée arrache au cœur du nullard les rameaux d’espoir !
Toi, reste dans le Sacre de l’Amour selon ton envie, proscris les vampires aux lauriers de poussière, garde toi des orages, adore le soleil qui trône sur les arts, efface les vains transports, souris à la joie dans le souffle de l’autre qui t’aime. Respecte le mystère qui est le dais de la vertu, continue à vivre entre voix et silence pour prendre ton essor dans l’essence des milliers d’espèces de roses, qu’ils vont réduire à une seule. |
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Sur le deuilhttp://www.pandesmuses.fr/2016/10/sur-le-deuil.html |