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Aristote et Ariane Mnouchkine |
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Ça commence pareil… A… Ah.
Et c’est pareil !
Umberto Eco était fasciné par la partie de la poétique d’Aristote sur la comédie. Ariane Mnouckine a mis en scène des hommes, des femmes, a fait un film sur Molière, a mis en scène Molière… a aimé Molière et mille autres théâtres.
Ariane est une femme. Et ses secrets sont ses secrets.
Aristote est un homme et j’ai dévoilé son secret ou plutôt ce que d’autres que lui ont voulu secret : être poète comique, c’est, comme l’ont si longtemps fait les femmes, au fond, s’occuper que tout roule… que les enfants se sentent bien, etc.
Aristote (-324, -322) avait, donc, écrit un texte sur la poétique comique. Et aussi ceci dans la Rhétorique, 1361a6 :
Pour les filles, les vertus physiques sont la beauté et la taille, les vertus de l’âme, la tempérance et le goût du travail, dénué toutefois de servilité. Il faut chercher à ce que chacune des qualités mentionnées soit présente, tant en privé que collectivement, tant chez les hommes que chez les femmes, car les peuples – comme les Lacédémoniens – chez qui la condition des femmes est mauvaise sont privés quasiment de la moitié du bonheur.
Umberto est mort. Il y a peu. Son œuvre immense est dans mon cœur enracinée. Ariane est là, active, heureuse de vivre, heureuse de mettre en scène, heureuse de défendre des valeurs de courage, d’intégrité, de respect, d’universalisme. Ariane est là, soleil, et son théâtre… Soleil est son théâtre*.
Je n’oublierai jamais le dernier Caravansérail, ce moment où la scène, tout d’un coup, très simplement grâce à un immense et souple tissu bleu que les acteurs agitent à cour, à jardin, se transforme en sublime fleuve, en mer.
Et maintenant, Ariane, tu es ma mer, tu es ma mère. Mon lierre. Ma lierre. Ma liane.
Car l’année prochaine, fidèle à Umberto, fidèle à Ariane, j’entreprendrai un travail cherchant à reconstituer cette fameuse partie de la Poétique qui fascine tant.
Car je serai une femme qui pense. Car je serai une femme qui écrit. Car je serai une femme qui respire, enfin. Et qui se sent utile.
ProfesseurE des écoles. Pro fator, celle qui parle devant. Des enfants. Des infans. Ceux qui ne parlent pas encore.
J’aurais deux casquettes, et même trois : éducatrice, penseuse, poète. Je souhaite à toutes les femmes du monde entier de connaître ce bonheur-là.
In memoriam Umberto Eco.
La rose a un nom : Ariane ! Dont je suivrai le fil…
* Un livre d’art d’ Ariane Mnouckine, Le théâtre du soleil. Les cinquante premières années paru aux éditions Actes sud, http://www.actes-sud.fr/livre-dart-les-cinquante-premieres-annees-du-theatre-du-soleil : « Être conscient que ce qu’on voit est la vie – mais ne pas oublier qu’il s’agit de la vie au théâtre – décuple le plaisir. Je pense que le théâtre est fait pour raconter le monde, pour l’éclairer et nous donner la force de le comprendre et donc de le transformer. Je n’arrive pas à concevoir cet art sans ce rapport-là au monde. [...] Prix du meilleur livre sur le théâtre, 2015
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http://www.pandesmuses.fr/2016/09/Ariane-Mnouchkine.html |