Texte
|
La glose
|
Khris Anthelme
Rédacteur du Ppdm et responsable
de la rubrique "Formes fixes de la poésie"
|
Une glose est un poème qui parodie un autre poème très connu à raison d'un vers parodié par strophe. Elle fut introduite en France avec Anne d’Autriche et des poètes Espagnols (cf. Wikipédia). Peu de poètes Français en ont composé. Les exemples qui suivent sont en strophe de 4 vers et en contiennent autant qu’il y a de vers dans le poème glosé. Chacun de ces vers constitue, à son rang, le quatrième vers de chacune des strophes de la glose.
Exemple 1. Glose sur les quatre premiers vers d’un sonnet de Pierre de Ronsard (1524-1585) intitulé : « Je vous envoye un bouquet que ma main »
Je vous envoye un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs épanies,
Qui ne les eust à ce vespre cuillies,
Cheutes à terre elles fussent demain.
Tant leur parfum embaumait mon chemin
Usant des tons des douces violettes,
Pour vous les porter tendres et coquettes,
Je vous envoye un bouquet que ma main
A façonné sur des teintes bénies
Sous d'autres lieux aux nuages moins lourds
Vous offrant mes vers qu'un ciel de velours
Vient de trier de ces fleurs épanies.
Si les couleurs du temps sont assaillies
Par un vent hors saison, il veut lofer
Simplement pour le cœur vous réchauffer ;
Qui ne les eust à ce vespre cuillies
Ces rimes n'auraient l'odeur du jasmin,
Sombres elles seraient à vos mirettes ;
L'autan ne pouvant vous conter fleurettes
Cheutes à terre elles fussent demain.
K_A (04 / 2013)
Exemple 2. Glose sur les quatre premiers vers d'un sonnet d’Arthur Rimbaud (1854 / 1891) intitulé : « Ma bohème »
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! Et j’étais ton féal ;
Oh ! Là là ! Que d’amours splendides j’ai rêvées !
Là, dans cette contrée aux artères pavées
Offertes à la pluie, était-ce un sort astral
Par la lune affrété ? Sous son regard spectral
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Pour m’extraire de l’ombre un soir de floréal
En taquinant la nuit, semelles motivées
Cherchant d’autres ailleurs, les manches relevées
Mon paletot aussi devenait idéal ;
Notre but devait être intense et linéal
À l’époque, combien de stances j’ai couvées
De gare en gare en maudissant les arrivées !
J’allais sous le ciel, Muse ! Et j’étais ton féal ;
Déjà l’on bavardait aux heures éprouvées,
Souviens t’en, triturant un reste de mental
Mon verbe sur l’aurore était sentimental,
Oh ! Là là ! Que d’amours splendides j’ai rêvées !
K_A (04 / 2013)
Pour citer ce texte
|
Khris Anthelme, « La glose », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°8 [En ligne], mis en ligne le 21 juin 2016. Url : http://www.pandesmuses.fr/2016/06/L8-la-glose
|