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© Crédits photos : Mon corps m'appartient ! Le colloque en images, photographies réalisées par Françoise Urban-Menninger, 2015.
C'est autour de ce slogan féministe lancé par le MLF que la Ville de Strasbourg a organisé son sixième colloque consacré aux « Violences faites aux femmes » le 17 novembre 2015.
Mine Günbay, adjointe au Maire en charge des droits des femmes et de l'égalité de genre, a ouvert cette journée par une minute de bruit dédiée aux femmes réduites au silence et victimes de barbarie.
Ce colloque, a-t-elle précisé, se doit d'être « une lueur d'espoir » pour toutes les femmes afin qu'elles puissent retrouver leur dignité.
Anne Cécile Mailfert a imaginé un retournement ubuesque de situation qui se situerait en 2050...Que se passerait-il si les femmes étaient au pouvoir et que dans un inversement des rôles, on implantait des utérus dans le corps des hommes pauvres?
Et d'expliquer que « les blagues sexistes, ça tue » de même que les publicités qui entrent dans « le continuum des violences ». L'exemple type en est celui de numéricable : « Téléchargez aussi vite que votre femme change d'avis ! », ou pire encore la vieille « réclame » vantant les vertus de Babette, une crème semi-épaisse : « Babette je la lie, je la fouette et parfois elle passe à la casserole »…
Et Anne Cécile Mailfert d'annoncer la nécessaire création de « La Fondation des Femmes » qui verra le jour le 8 mars 2016.
Le regard historique jeté sur les violences faites aux femmes, permet à tout un chacune de remonter jusqu'à la figure de Pénélope, femme passive par excellence et de saisir que dans la Grèce ancienne, le viol n'était pas un problème car la femme ne pouvait pas se refuser. L'on songe à la tragédie de Lucrèce qui, après avoir été violée, se suicide ou à l'enlèvement d'Europe.
Des gravures datant du 17e siècle attestent du fait avéré quant aux « corrections légitimes » dont les épouses étaient l'objet. Quant au 20e siècle, il a vu se développer la pratique des viols dans les conflits armés. C'est ainsi que bon nombre de femmes bosniaques ont été violées par les Serbes...L'on peut se remémorer également les scènes de défoulements collectifs où des femmes qui avaient « frayé avec l'ennemi et conçu des enfants illégitimes » ont été tondues après la guerre en France dans le même esprit que les chasses aux sorcières diligentées au Moyen-Age.
Marilyn Baldeck a mis en lumière la traduction juridique du consentement sexuel (ou non) notamment dans le code civil français où la parole de la victime n'a pas la même valeur que dans le droit anglo-saxon où le consentement explicite prime. Dans le droit français, les menaces doivent être concomitantes au viol, c'est à dire en clair que « céder, c'est consentir » ! Par ailleurs, la loi de 2010 instaure une présomption de consentement légal dans le mariage, rendant ainsi difficilement recevables les plaintes des épouses.
Florence Montreynaud, historienne, fondatrice des « Chiennes de garde » et de « Zéro Macho » a abordé sans détour les violences faites aux femmes dans l'espace public. Il n'existe pas à ce jour de jurisprudence concernant les insultes envers les femmes alors que les injures à caractère raciste sont réprimées !
Il en est de même pour les publicités qui donnent une image dégradante de la femme. Aucune censure n'existe dans ce domaine en France contrairement à ce qui a été mis en place dans d'autres pays! Voilà pourquoi certaines femmes sont entrées en résistance en dénonçant les slogans sexistes et en écrivant sur les affiches !
L'excision est un thème que Marie-Jo Bourdin a soulevé en rappelant qu'en 2007, on comptait 140 millions de femmes excisées de par le monde et qu'aujourd'hui une fillette est excisée toutes les 15 secondes…
Cette pratique, que l'on peut faire remonter dans l'antiquité, renvoie vraisemblablement au mythe de la bissexualité originelle. On a pu démontrer que Néfertiti avait été excisée et que les pays occidentaux avaient usé de cette pratique au 19e et au 20e siècles pour soigner l'hystérie et supprimer la masturbation !
Marie-Jo Bonnet a évoqué une autre forme de violence, celle dont les lesbiennes sont les victimes. Considérées parfois comme des « branches mortes » par leurs proches, certaines souhaitent faire congeler une partie de leurs ovules afin de pouvoir se les faire réimplanter plus tard mais pour cela, selon l'intervenante qui parle d'une nouvelle forme « d'industrialisation », elles deviennent également des « donneuses » car elles doivent se départir d'une partie de leurs ovules au profit de receveuses potentielles.
Monique Maitte, porte-parole du collectif des SDF de Strasbourg a littéralement bouleversé l'auditoire en témoignant des violences faites aux femmes SDF particulièrement vulnérables.
Dans le même esprit, Maudy Piot, psychanalyste, a éclairé le public quant au quotidien méconnu des femmes handicapées dont quatre sur cinq sont victimes de violence et les subissent le plus souvent sans en parler. C'est pour cela qu'elle a créé l'association FDFA , « Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir ».
Les problèmes spécifiques aux femmes issues de l'immigration ont été explicités par Françoise Poujoulet, déléguée régional de la CIMADE.
Pour clore cet important colloque, une toute nouvelle association, la « Rue'L » implantée à Mulhouse, a dénoncé, par le biais de sa présidente, l'universitaire Patricia Legouge, le harcèlement de rue que l'on peut contrer, selon Yvette Palatino, par la self défense, c'est pour cela que cette championne de boxe anglaise a créé sa dynamique association intitulée « Allez les filles ! ».
C'est sur cette injonction, non dénouée d'humour, que le colloque s'est achevé avec quelques mots prononcés par Mine Günbay et Anna Matteoli appelant à préparer dès à présent la prochaine rencontre de 2016 !
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http://www.pandesmuses.fr/2015/11/mon-corps-m-appartient.html |