Lettres & Arts
« La poésie, un cri jailli des profondeurs », Aimé Césaire.
Compte rendu de la célébration des 103 ans d'Aimé Césaire
Photographies par Claude Menninger
C’est la fulgurance de ce cri, sa magnificence qui ont été célébrés dans un vibrant hommage rendu au poète Aimé Césaire Le 25 octobre en soirée à la Maison de l’Amérique latine à Paris. Une fois de plus, Mona Gamal El Dine, Présidente de l’Association Isis Arts&Cultures, a su rassembler dans une même ferveur, universitaires, poètes, artistes, éditeurs dans le plaisir festif de savourer cette langue française dont Aimé Césaire disait qu’elle était « un outil magnifique ».
C’est ainsi qu’en présence de Christiane Taubira et de George Pau Langevin, anciennes ministres, Mona Gamal El Dine a ouvert cette manifestation exceptionnelle. Ozona Soyinka, porteuse du projet « 2003, année Aimé Césaire, Toi & Moi tous unis pour un monde meilleur », auteure de « Symphonies Nègres », ouvrage publié chez Idom Éditions, fut la première intervenante. Marie Du Pêcher lui succéda en chanson avec un texte d’Aimé Césaire « Dorsale bossale ». Philippe Tancelin, poète, directeur de collections de poésie aux Éditions de l’Harmattan, interpréta avec beaucoup de passion et de façon éblouissante des extraits de poèmes tirés de « Cou coupé », « Algues », « Ferrements », « Viscères du poème »... Son intervention fut suivie par celle du poète Daouda Keita, originaire du Mali, puis par celles de Daniel Cohen, écrivain, éditeur du livre « Du fond d’un pays de silence » rédigé par Lylian Kesteloot, spécialiste des littératures négro-africaines francophones, directrice de l’Institut fondamental d’Afrique noire, chargée de cours à la Sorbonne, également présente qui réaffirma avec force la place prépondérante du poète Aimé Césaire dans la littérature française.
Maggy de Coster, fondatrice du « Manoir des Poètes », lut avec justesse et conviction son très sensible essai sur Aimé Césaire, s’appuyant sur son texte emblématique « Cahier du retour au pays natal ». S’ensuivit la lecture de divers poèmes « Barbare », « Soleil et eau » par le poète Alain Pizzera. Joséphine Laurens, violoniste, poète, offrit un moment de grâce au public avec ses interprétations de « Soleil serpent » ou de « Tam-tam » de nuit »... Jean-François Blavin, poète et nouvelliste parisien, poursuivit sur cette lancée avec les lectures de « Dits d’ errance » ou « Le temps de la liberté ». Catherine Jarrett, poétesse, lut sur un rythme incantatoire et soutenu l’un de ses écrits « Ma bête langue » tandis que Nadia Agsous fit découvrir à son auditoire l’hommage d’Edward Glissant adressé dans une lettre à Aimé Césaire alors que celui-ci était hospitalisé.
Mona Gamal El Dine et son fils Horus octroyèrent un bref mais intense et lumineux moment de poésie dans la lecture d’un poème d’Aimé Césaire, ils étaient accompagnés par Christian Gadré à la roue à vielle. D’autres participations s’enchaînèrent, celle de Rodrigo Ramis, originaire du Chili, celle bouleversante de François Fournet qui reprit avec talent un extrait des « Pur-sang ».
Bernabé Laye du Bénin avec « Fragments d’encres » et la lettre de Seghers à Aimé Césaire enrichit la soirée de même que William Mingau-Darlin dont on se doit de retenir cette superbe assertion : « Je ne suis pas venu sur la terre pour faire la guerre mais pour cueillir des fleurs ».
La séance s’acheva en apothéose avec le mini tour de chant d’Urbani Rinaldi qui enthousiasma le public avec ses interprétations en chansons et au piano de poèmes d’Aimé Césaire, Glissant, Pépin...
Ce soir-là, l’auditorium de la Maison de l’Amérique latine fit salle comble devant un public ravi, j’oserais dire comblé, heureux de fêter les 103 ans d’Aimé Césaire et de faire rayonner cette francophonie que le poète se plaisait à définir tel « un humanisme intégral qui se tisse autour de la terre ».
Une nouvelle fois, Mona Gamal El Dine, également Fondatrice des Poètes pour la Paix, a réussi le magnifique pari de réunir des poètes de différents pays dans une rencontre artistique autour des valeurs intemporelles, universelles qui transcendent toutes les frontières car la poésie est cette musique de l’âme dont Aimé Césaire confiait qu’« elle était en nous, en nous les hommes de tous les temps ».
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Françoise Urban-Menninger, « "La poésie, un cri jailli des profondeurs", Aimé Césaire. Compte rendu de la célébration des 103 ans d'Aimé Césaire », photographies par Claude Menninger, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°9 (publication partielle de nos derniers numéros imprimés de 2016) [En ligne], mis en ligne le 1er décembre 2016. Url : http://www.pandesmuses.fr/103.html |